Je viens enfin de voir, quelques semaines après sa sortie, American Gangster. Le film dure 2h30 chrono et on n'a pas le temps de s'ennuyer, mais, à mes yeux, le message du film n'est pas clair et même un peu douteux. Pendant les 20 premières minutes du film, j'ai eu un peu peur : je n'ai rien compris. Il y a de courtes séquences dans lesquelles on voit tour à tour Russell Crowe et Denzel Washington. Dans l'une, ce dernier commet un acte plutôt monstrueux, il arrose d'essence un homme baillonné et y met le feu. Je me suis dit: "qu'est-ce que c'est que cette histoire?". Puis, au fur et à mesure que l'histoire se déroule, les personnages se mettent en place. Nous avons d'un côté le "gentil" flic, Richie Roberts (Russell Crowe) qui, aidé d'une petite équipe, est chargé de démanteler un réseau d'héroïne pure; de l'autre côté, nous avons le "méchant" dealer, Frank Lucas (Denzel Washington). Un troisième larron se mêle à l'histoire, un flic (Josh Brolin) à la tête d'un réseau de policiers corrompus qui cherche à coincer Frank Lucas pour récupérer le magot de la drogue. Mais c'est surtout Frank Lucas qui est le héros du film. Il a des principes et une certaine éthique d'entrepreneur quant à la façon d'exercer son "métier" de trafiquant de drogue. Grâce aux sommes colossales qu'il récolte, il donne une vie douillette à sa maman et à ses frères. Il a une vie rangée, il va à la messe. Il fait l'aumône aux pauvres de son quartier. De temps en temps, Ridley Scott nous montre, dans des scènes "flash", les drogués (la plupart sont de la communautés afro-américaine) en train de se piquer, peut-être pour nous rappeler que Frank Lucas n'est pas celui que tout le monde croit. Il a un aplomb extraordinaire : il est capable de tuer un rival, en pleine rue, devant des centaines de témoins, sans que personne ne bronche. On est presque admiratif. Tout ça pour dire que le film est bien fait (certes), mais je m'interroge sur l'opportunité de tourner ce genre de scénario violent (tiré d'une histoire vraie); et le dealer est presque sympathique. Cela me gêne.
vendredi 21 décembre 2007
American Gangster - Ridley Scott
Commentaires sur American Gangster - Ridley Scott
- Intéressant point de vue. Il est vrai que c'est douteux que de faire du personnage de Denzel Washington le héros du film. Je ne l'ai pas vu mais dès que ça sera le cas, je te donnerai mon avis là dessus...
- Personnellement, la représentation de Lucas/Washington m'a paru intéressante, mais ne m'a pas gêné : ça m'a fait plaisir de voir ce côté rôle inversé, alors qu'en comparaison le personnage de Russel Crowe m'a paru un peu superficiel.
Sinon, film qui m'a beaucoup plu, en particulier car d'habitude je ne parviens pas à apprécier ce réalisateur. - BofJe n'ai pas vraiment accroché à ce film. Je ne suis pas un grand fan des deux acteurs principaux. Si la mise en scène est assez bonne, le scénario lui manque de lyrisme et de force, au contraire des excellents la nuit nous appartient ou Les promesses de l'ombre. Ici juste un polar de plus. Une déception pour moi en vérité.
- Le parrain côté noirSentiment mitigé sur ce film (qui se laisse regarder, au 1er degré).
J'y ai trouvé plein de références ("déjà vu"): la trilogie du Parrain de Coppola, bien sûr (le "clan" familial, en marge de la société et de sa loi). Mais aussi L'Année du dragon (le lien direct "sur le terrain" avec les producteurs de drogue). Ou The King of New York (ascension et chute d'un caïd).
Au-delà du film, ce qui peut le plus insupporter est que Frank Lucas est un personnage historique (il aurait même été conseiller technique sur ce film). Peut-être aurait-on pu, par décence, attendre sa mort avant de faire son "apologie" (?). Mais bon, je suppose que c'est cela aussi, l'Amérique... - Ying et YangPeut-être le but du film était-il de montrer que justement rien n'est tout noir ou tout blanc? De rappeler les sources du "gangster noir" ou du blingbling américain? De dénoncer le rôle de l'armée américaine dans cette farce?
j'y ai trouvé énormément de choses et de messages en tous cas - American GangsterBonjour,
Depuis Coppola et sa trilogie "Le Parrain" jusqu'au phénomène gangsta rap où 50 Cent est devenu roi, le culte du bandit a la vie dure.
Personnellement, je parviens à prendre le recul suffisant pour ne pas que cette démarche quelque peu hagiographique me trouble. Le vrai problème du film de Ridley Scott est surtout de manquer d'originalité et d'arriver trop tard. Trop tard après Coppola ("Le Parrain"), après De Palma ("Scarface"), après Scorcese ("Les Affranchis")...
Un film sympathique, mais loin d'être la réussite trop souvent proclamée. Un film surtout qui n'attend pas la puissance d'autres films, plus anciens, du maître.
Amicalement,
Shin.
Nouveau commentaire