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Après Noukette, Cuné et Papillon je vous conseille de lire le nouveau roman d'Antoine Bello, Scherbius (et moi), qui m'a procuré un grand plaisir de lecture (Editions Gallimard, 437 pages épatantes). L'histoire se passe entre 1977 et 2004. Maxime Le Verrier, psychiatre de renom, accepte, à la demande d'un confrère, le professeur Monnet, venu en personne, de prendre comme patient un certain Alexandre Scherbius. Dès que Le Verrier accepte, Monnet, en un clin d'oeil, enlève ses lunettes, arrache sa fausse barbe, fait s'envoler la farine sur ses cheveux et c'est donc Scherbius qui se présente devant Le Verrier. Scherbius est un être insaisissable qui n'arrête pas d'affabuler. C'est un imposteur à personnalités multiples. Page après page, on découvre les nombreuses vies de Scherbius. Il est tour à tour jeune moine dans un monastère, militaire, enseignant, diplomate, joueur au casino (où il gagne suffisamment pour vivre). Il se dit aussi capable de concourir au JO de Moscou en 1980 au tir à l'arc. Scherbius n'arrête pas de broder sur sa vie qui le mènera quelques années en prison car c'est aussi un escroc. L'ensemble est assez vertigineux car ce que l'on croit être vrai est faux. Le Verrier, quant à lui, pendant toutes ces années où il s'est occupé de Scherbius, a écrit un ouvrage sur la personnalité extraordinaire de son patient et tout ce que ce dernier a pu lui raconter. Cinq éditions augmentées chaque fois de quelques chapitres, paraissent avec un intervalle de cinq ans entre 1978 et 1998, et une ultime édition, la sixième, sera édité en 2004. Et chaque fois, l'ouvrage sera un succès. Comme Scherbius, Bello qui est un conteur hors pair, et nous mène en bateau pour notre plus grand bonheur. A vous de me dire si Scherbius et Le Verrier sont la même personne.