Le maître des livres - Umiharu Shinohara
Encore une série manga relativement longue (autant que Silver Spoon, mais moins que Les gouttes de Dieu) que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente après en avoir lu tous les tomes. Mais cette fois-ci, je ne les ai pas découverts au fur et à mesure de leur parution, mais sur une période rapprochée, et en bonne part grâce aux bibliothèques parisiennes. Juste retour des choses, puisque cette série très didactique nous fait découvrir... l'univers des bibliothèques au Japon.
Le maître des livres, SHINOHARA Umiharu, Komikku, 15 tomes
(2011-2017 au Japon, 2014-2018 en France)
Le "maître des lieux" est selon toute vraisemblance Mikoshiba, un grand escogriffe coiffé "au saladier" ce qui le fait surnommer "champignon" par ses jeunes lecteurs irrespectueux. Le reste de l'équipe est constitué de deux jeunes femmes aux parcours plus ou moins improbables avant que la propriétaire les recrute, et de quelques bénévoles d'âges divers. La "mission" du bibliothécaire telle qu'elle est présentée dans cette "saga" est de pousser chaque lecteur à la découverte d'un livre qui lui conviendra... ce qui réclame un savoir encyclopédique, l'amour de son métier et des talents de psychologue!
Le "public'" qui gravite autour de la "Rose trémière" (bibliothèque privée, ainsi appelée du prénom de sa fondatrice, si j'ai bien compris) est constitué de différentes générations: des jeunes qui fréquentent l'établissement (écoliers, collégiens ou lycéens voire étudiants); leurs parents; les salariés de la bibliothèque (et leurs ami(e)s), cependant que nous sont narrés leurs parcours familiaux et professionnels avant d'atterrir dans ces lieux; quelques grands-parents ou vieillards sans enfants... Chaque petite intrigue impliquant quelques-uns des personnages et leurs interactions est l'occasion de mettre en valeur un pan des métiers du livre (essentiellement en bibliothèque): l'accès au livre en langue originale ou en traduction, en texte intégral ou en version pour enfant...
Les suggestions de notre "maître des livres" offrent de leur côté l'opportunité de montrer des ouvrages soit "universels" (liés à la culture européenne, anglo-saxonne [souvent des livres initiatiques qui sont aujourd'hui des classiques, comme L'île au trésor, Le prince heureux, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède]...) soit d'origine japonaise (La montre musicale). La découverte d'un livre donne souvent lieu à une morale applicable au lecteur auquel le livre a été conseillé. J'ai relevé qu'y figurent peu de livres d'origine africaine ou asiatique (autre que le Japon).
Au fil des 15 volumes étendus sur plusieurs années, et des différentes tranches de vie avec quelques "fils conducteurs" ou arcs narratifs, on voit les enfants évoluer, changer de classe voire d'établissement. A noter que le dessin accentue me semble-t-il le côté "visages juvéniles", avec des adultes dessinés comme des ado- ou des adulescents. Si les adultes évoluent aussi, leur passé est évidemment plus riche pour donner matière à des "flash-back" (même pour les "seniors"... que l'on découvre donc "rajeunis"). N'oublions pas que, avant d'être rassemblés en volumes, les "chapitres" sont publiés dans des magazines spécialisés chacun dans un genre de manga. Les éditeurs faisant correctement leur travail, chaque dernier chapitre de chaque tome doit se terminer sur un suspense donnant envie d'aller plus loin... Les différents récits de vie qui s'entrelacent au fil des chapitres approfondissent les connaissances concernant tant les bibliothèques municipales, les bibliothèques au sein des établissements scolaires, que, comme c'est le cas de celle au coeur de l'ouvrage, les bibliothèques privées (financées par une entreprise voire un particulier).
Je relève pour finir une citation dans le dernier tome, vraie sans doute dans tous les pays: "une bibliothèque non approvisionnée en livres perd sa raison d'être, elle devient inutile" (t.15). Enfin, c'est vrai surtout pour les bibliothèques "de lecture", moins pour les bibliothèques "de conservation"?
DocBird a chroniqué plusieurs volumes de la série, par exemple le tome 8. Juju Gribouille met quelques extraits dans ses chroniques (tome 1 ou tome 2). Le blog Chroniques d'un vagabond a parlé de la série. Galleane avait présenté le tome 1. Blog-O-Noisettes en a aussi chroniqué plusieurs tomes au fil des ans, tout comme Cap! Ô Capès doc. Liste non exhaustive que je complèterai éventuellement au fil de l'eau...
Peut-être cette série connaîtra-t-elle d'autres éditions dans quelques années (édition double - mais nombre impair de tomes! Ou édition "Perfect")?