En guerre - Stéphane Brizé

Sélectionné en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, En guerre de Stéphane Brizé est un film coup de poing dont on sort sonné. A Agen, Lot et Garonne, l'usine Perrin, fabricant de pièces détachées d'automobiles, doit fermer, alors qu'elle est bénéficiaire: elle n'est, selon la direction, pas assez "compétitive". Les 1100 salariés avaient pourtant consenti de lourds sacrifices: 40 heures payées 35 depuis 2 ans selon un accord écrit entre la direction et l'usine. Laurent Amédeo (Vincent Lindon, impérial) et quelques autres syndicalistes organisent des piquets de grève afin d'empêcher la production. Par ailleurs, ils font tout pour obtenir avec un contact direct avec le patron allemand (francophone et francophile) pour lui expliquer leur point de vue et demander pourquoi cette fermeture. En guerre est filmé caméra à l'épaule comme un reportage télévisé. On est au plus près des grévistes. Leurs revendications sont clairement exprimées. Laurent, lui ne veut pas de l'argent des indemnités qu'on lui propose. Il veut travailler et avoir son chèque à la fin de chaque mois. Des grévistes le suivent dans son combat, d'autres, au bout de quelques semaines, voient leurs intérêts d'une autre manière. C'est ce que cherche la direction: diviser les gens. Le discours très "langue de bois" de la partie adverse est édifiante. C'est une guerre sur le front social. J'ai été frappée par plusieurs scènes dont celle qui se passe au MEDEF où les grévistes se font refouler par la police et celle de la confrontation (enfin!) entre le patron allemand et les grévistes. La séquence finale que je ne dévoilerai pas laisse le spectateur hébété. A la fin de la projection à laquelle j'ai assisté avec mon ami, des spectateurs ont applaudi. J'avais aimé la Loi du marché, mais ce film-ci lui est supérieur par la manière de filmer et la qualité du scénario. Dommage qu'il n'ait rien eu à Cannes. Lire les billets enthousiastes de Pascale et Ffred.

Comments

[Organza]

01/06/18 - 08:56
je suis de votre avis, le film tourne trop autour de Vincent Lindon ..... c'est un bon documentaire et j'ai préféré la Loi du marché

[ffred]

Le film français de l'année tout simplement

[yuko]

Bonjour Dasola, comme toi, j'avais beaucoup aimé La loi du marché mais j'avoue être un peu passée à côté de ce film... Vincent Lindon doit être super lui aussi même s'il est souvent associé à ce genre de rôles.. Bonne journée à toi !

[écureuil bleu]

Bonjour Dasola. Je le regarderai dès que je le pourrai. J'avais bien aimé La loi du marché. Bonne journée

[dominique]

On peut attendre de la voir à la télé, car ce genre de film ne mise pas sur l'esthétique de l'image, de sorte que le grand écran n'est pas indispensable pour l'apprécier.

[Ronnie]

En grève totale vis à vis de ce cinéma là .... ;-)

[choup]

j'aime beaucoup ce que tu en dis, j'espère avoir l'occasion d'aller le voir!

[franny]

entièrement d'accord avec toi, un tres grand film! et malgré certains avis, je trouve que la presence de Lindon ajoute un plus et c'est une tres bonne idée d'avoir mélangé acteurs pro et non pro.

j'étais sonnée en sortant!! merci pour votre article!

[matchingpoints]

Nous ne le louperons pas à la télé, c'est certain. Vincent Lindon semble abonné au cinéma engagé !

[claudialucia]

J'avais beaucoup aimé La loi du marché. Alors si celui-ci est encore meilleur, il ne faut pas que je le rate !

[Gambadou]

A voir donc

[Ingannmic]

Je l'ai vu hier soir, et je suis en accord avec tout ce que tu écris, y compris sur le fait que ce film est encore meilleur que La loi du marché, qui était déjà très bon. En plus, ce film a eu pour moi une résonance très particulière, ayant assisté au combat de mon père, délégué CGT, dans les années 80, pour éviter des licenciements au sein du grand groupe où il travaillait. Heureusement, ce combat

ne s'est pas achevé aussi dramatiquement que dans le film, mais j'ai beaucoup pleuré, parce qu'il m'a rappelé beaucoup de choses, que c'est filmé avec une grande justesse, les acteurs sont complètement crédibles, et on se dit que les ouvriers engagés sont peut-être les derniers révolutionnaires de notre époque au sein de laquelle les mouvements et les combats sociaux ont perdu de leur ampleur au profit du confort relatif que procure un consumérisme de plus en plus généralisé, mais qui laisse cependant beaucoup de personnes au bord de la route...

[Marilyne]

Bonjour Dasola, je n'ai pas vu La loi du marché. Bien que j'apprécie Vincent Lindon, j'hésite pour celui-ci, pour les mêmes raisons qu'Aifelle.

[maggie 76]

C'est bête mais je ne supporte pas Vincent Lindon, ne suis donc pas tentée par ce film

[Luocine]

J'ai entendu des critiques très très

sévères sur ce film. En particulier sur le fait que cela tournait trop autour de Vincent Lindon . Il était le seul à être individualisé les autres ceux qui ne sont pas acteurs on ne connaît rien de leur vie. En gros Vincent Lindon faisait un numéro mais qu'il n'y avait pas de film. Cela ne m'a pas donné envie dy aller.

[Pascale]

Oui on est complètement sonné pendant et après le film. La scène finale...

Et tout le combat stressant du pot de fer contre le pot de terre où chaque chose obtenue est une victoire alors que ça ne sert qu'à gagner du temps.

Je trouve que même les cadres et leur discours formaté semblent manipulés.

Strictement rien à voir avec Rémi Fraisse militant écolo, pas syndicaliste et victime d'une bavure... dune violence policière.

Vincent est GRAND.

[aifelle1]

"Terrible de réalisme", c'est la raison pour laquelle je ne pense pas y aller ... j'ai trop vu ça dans la réalité et il suffit de suivre l'actualité.

[ta d loi du cine]

Dans ce film, tous les acteurs crèvent l'écran, alors que chacun reste à fond dans son rôle. Serait-on à leur place que l'on dirait la même chose (... peut-être!). La langue de bois de fausse empathie délivrée "d'en haut" par les directeurs de ceci ou de cela vaut, non pas son pesant d'or, mais bien son pesant de cacahuètes... Pris de plus haut, et sans dévoiler la fin du film, cette fiction met en évidence l'impact énorme, aujourd'hui, que peut avoir un mort lors d'un conflit: que l'on songe à Rémi Fraisse décédé sur le site de l'ex-projet de barrage de Sirven. Pour les média, c'est une aubaine (chic, du papier à vendre, et de l'audience pour la télé). Pour le public, Margot pleure; et si Margot pleure, le politicien s'inquiète pour ses prochaines élections. Donc on fait quelque chose (... pour redorer l'image). Aujourd'hui, un mort suffit. Mais demain, n'en faudra-t-il pas dix par dossier avant que quelque chose bouge? Ce film est pour moi terrible de réalisme.