Derniers chrysanthèmes / A l'approche de l'automne - Mikio Naruse
Ayant découvert Mikio Naruse il y a seulement quelques années (mes billets ici et là), j'ai su par mon ami ta d loi du cine que deux films de Mikio Naruse inédits en France étaient programmés dans une salle Art et Essais du Quartier Latin. J'ai affronté les frimas de l'automne et me suis dirigée vers la salle de cinéma. A ma grande surprise, je n'étais pas toute seule. Il y a eu pour chacun des deux films une queue sympathique qui attendait patiemment pour entrer dans la salle, un samedi après-midi.
J'ai d'abord vu A l'approche de l'automne qui date de 1960. Il se passe dans un quartier populaire de Tokyo. Hideo, 12 ans, arrive avec sa maman Shige de la province de Nagano. Shige est veuve mais grâce à son frère vendeur de primeurs (depuis deux générations) à Tokyo, elle a trouvé un emploi dans une auberge. Elle est aux petits soins avec les clients en général dont un en particulier. En ce mois d'août étouffant, Hideo aide son oncle et ses cousins pour les livraisons. Hideo a une passion dans sa vie, les insectes. Il garde d'ailleurs avec lui un scarabée. Sa maman l'ayant abandonné pour partir avec le client de l'auberge, il se retrouve seul, même s'il s'est lié d'amitié avec Junko, la fille de la gérante de l'auberge. A un moment donné, les deux enfants partent pour le bord de la mer et ils déambulent dans une partie de la ville en friche. Tout le film est empreint de tristesse, confirmée par le plan final d'Hideo (un jeune garçon qui m'a émue) tout seul avec son scarabée. Un beau film.
Je passe à Derniers chrysanthèmes qui lui, date de 1954. Encore un film pas très gai qui narre l'histoire d'Okin, une ancienne geisha qui exerce la profession d'usurier en prêtant de l'argent à d'autres geishas retirée de leur profession. Mais elle ne prête pas qu'à des geisha, à des hommes aussi. Okin n'est pas très sympathique. C'est une femme seule qui vit avec une jeune femme sourde. Elle n'a aucune pitié pour les mauvais payeurs, se déplaçant chez les uns ou chez les autres pour récupérer son argent. Tomae et Tomi, deux geishas retraitées qui ne peuvent pas régler leur loyer avec leur maigre retraite, font régulièrement l'expérience des visites impromptues d'Okin. En revanche, cette dernière va déchanter face à la visite de deux anciens amants, Seki et Tabe (elle avait encore des sentiments pour lui), qui viennent aussi lui demander de leur prêter de l'argent. Le film est très pessimiste sur la condition humaine mais il ne dramatise rien. Un film à voir. Je suis contente (1) d'avoir reconnu à l'écran que l'actrice qui joue Okin (vérification faite, elle s'appelle Haruko Sugimura) joue aussi dans Voyage à Tokyo.
(1) Merci Pascale...