Stöld - Ann-Helén Laestadius
C'est Aifelle qui m'a donné envie de lire Stöld qui comporte 519 pages (Editions 10/18). Ce roman a été écrit par une Suédoise d'origine samie et tornédalienne. La vie des Samis (et non des Lapons, un terme péjoratif) m'a toujours intéressée. Et là, on entre dans l'intimité de plusieurs familles de ce peuple autochtone, d'abord en 2008, puis en 2018 et enfin en 2019 en Suède du nord. La vie des Samis tourne autour de l'élevage de rennes (la renniculture) qui sont désormais à moitié apprivoisés. En 2008, Elsa, une petite Sami de 9 ans, assiste à la mort de son faon (une femelle) qui vient d'être tué de manière brutale par un braconnier suédois, qui revend clandestinement la viande de renne. Elsa est traumatisée et n'ose rien dire à ses parents. Pendant cette première partie du roman, il ne se passe par ailleurs pas grand-chose mais on en apprend beaucoup sur la vie des Samis, qui ont une vie sédentaire, même si les hommes s'absentent plusieurs jours voire des semaines pour s'occuper des rennes. Ils se déplacent en motoneige. C'est une société patriarcale où les femmes s'occupent des enfants et de la cuisine. On fait la connaissance de la grand-mère (àhkku), du grand-père (àddjà). J'ai appris que les Samis considéraient qu'il y avait 8 saisons dans l'année (le pré-hiver, l'hiver, le pré-printemps, le printemps, etc). Il n'y pas qu'une langue samie mais neuf langues. La romancière insiste sur le racisme à l'encontre des Samis qui sont considérés comme des moins que rien. C'est peut-être pour cela que certains Samis se suicident comme par exemple un cousin d'Elsa. Entre 2008 et 2018, la famille d'Elsa sera menacée, des rennes seront massacrés et les plaintes déposées par Elsa et sa famille resteront sans suite. En 2018, Elsa a 19 ans et c'est une jeune femme déterminée qui ne rêve que de vivre avec ses rennes. Pour une femme, ce n'est pas courant d'avoir son troupeau. Elle donnera toujours la préférence aux rennes sur les humains. Un roman qui m'a plu même s'il est parfois un long par rapport à l'intrigue et à ce que cela raconte. A mon avis, la romancière aurait pu réduire d'une cinquantaine de pages. Mais c'est une histoire dépaysante à découvrir. Les nombreux chapitres sont numérotés en sami et à la fin de l'ouvrage, un glossaire rassemble les termes samis utilisés dans le roman.
PS: rajout ci-dessous du logo de l'activité "Lire (sur) les minorités ethniques" organisée sur l'année 2023 par Inganmic.