L'illusion du mal - Piergiorgio Pulixi
Après L'île des âmes qui m'avait beaucoup plu et qui se passait exclusivement en Sardaigne, j'ai eu le plaisir de retrouver les deux enquêtrices Eva Croce et Mara Rais dans L'illusion du mal (Edition Gallmeister, 600 pages haletantes). Les deux femmes aux personnalités très différentes vont devoir affronter un personnage déterminé qui va être surnommé le Dentiste. Un individu grimé enlève un homme accusé de pédophilie mais qui n'a jamais été condamné. Dans une vidéo qui devient rapidement virale intitulée "La loi, c'est toi", le kidnappeur demande à ceux qui sont connectés de voter pour ou contre la mort de l'homme qu'il a enlevé et à qui il a arraché toutes les dents. Vito Strega (sorcière en italien), un criminologue milanais de renom, va prêter main-forte aux deux femmes. L'enquête se déroule entre Cagliari en Sardaigne et Milan en Italie. Un deuxième enlèvement a lieu, il s'agit cette fois-ci d'une présentatrice d'une émission de télévision racoleuse. Pour elle, le jugement du public sera un peu plus clément que le précédent. Au fur et à mesure que l'enquête avance, on apprend qu'il y a plusieurs Dentistes. Quand un premier est abattu, un deuxième prend le relais. Je ne vous dirais rien de plus sur l'histoire qui est divisée en très courts chapitres. J'aurais grand plaisir à retrouver Eva et Mara, des inspectrices douées et attachantes ainsi que Vito Strega dans le roman suivant de Piergorgio Pulixi. Enfin, j'espère qu'il y en aura un traduit en français (il semble qu'il y en ait encore beaucoup en italien). Le titre original du roman en italien est "Un colpo al cuore" qui est le titre d'une chanson de Mina (je ne connaissais pas cette chanteuse italienne). Le Dentiste écoute cette chanson quand il torture ses victimes. Lire le billet de Pierre Faverolle et Jostein.
L'île des âmes - Piergiorgio Pulixi
Je viens de terminer un polar sarde qui dépayse bien. L'île des âmes de Piergiorgio Pulixi (Edition Gallmeister, 535 pages) se passe de nos jours dans le sud de la Sardaigne, en particulier à Cagliari. Moreno Barrali, un policier à la retraite qui se sait condamné, aimerait bien qu'avant sa mort deux meurtres perpétrés en 1975 et 1986 soient enfin résolus. Il s'agissait de deux jeunes femmes (jamais identifiées et dont les corps n'ont jamais été réclamés) qui ont été retrouvées sur des sites ancestraux, parmi les nuraghes (des ruines en pierre qui datent de l'âge de Bronze). Deux inspectrices, Mara Rais et Eva Croce, sont mutées au département des crimes non élucidés. Ces deux jeunes femmes que tout oppose vont essayer de résoudre ces "vieilles" affaires, mais très vite, elles abandonnent pour mieux se consacrer à un nouveau meurtre. De nouveau, il s'agit d'une jeune femme retrouvée sur un site sacré. Le modus operandi semble le même, mais avec des variations. Ce roman nous fait visiter la Sardaigne et nous décrit quelques coutumes dont certaines très barbares. C'est une île (ou plutôt un archipel d'innombrables îlots séparés non par la mer mais par des langues de terre) où les superstitions sont vivaces. Dans le genre de récit, ce roman m'a beaucoup fait penser à la "trilogie du Baztan" de Dolorès Redondo qui se passe au pays basque espagnol. A priori, on devrait retrouver les deux inspectrices dans un roman ultérieur.
Maudit printemps / Un homme seul - Antonio Manzini
Neuf mois après son arrivée au Val d'Aoste, on retrouve dans Maudit printemps (Folio policier, 346 pages) le sous-préfet Rocco Schiavone qui va être confronté à une enquête difficile. En effet, Chiara Berguet, une jeune fille de 19 ans issue d'une famille d'industriels locaux, a été enlevée. Son enlèvement n'est pas signalé tout de suite à la police car les parents ont peur des conséquences. En parallèle, deux hommes perdent la vie dans un accident de voiture dans la région d'Aoste. L'un d'eux était un employé de chez Berguet. On apprendra que ce sont eux, les ravisseurs de Chiara. La société de Berguet a connu momentanément des problèmes pour payer ses factures aux fournisseurs ou pour payer les salaires. Même si tout semble être rentré dans l'ordre grâce à une banque de la région qui a fait un prêt, il n'empêche que l'entreprise de Berguet est convoitée, et Chiara est en danger de mort puisque personne ne sait où elle est séquestrée, ses ravisseurs ne pouvant plus rien dire. Heureusement que Rocco Schiavone, aidé par ses collègues, n'aura de cesse de retrouver Chiara. Quand arrive la conclusion de l'histoire, un drame survient. Schiavone était en ligne de mire d'un tueur. C'est malheureusement une femme de sa connaissance venant de Rome qui sera tuée par erreur de plusieurs balles d'un pistolet 6,35. C'est pourquoi l'on retrouve Schiavone, quatre jours après, dans Un homme seul (Folio policier, 417 pages). Il mène plusieurs enquêtes en même temps: qui a voulu le tuer? Qui a tué en prison, et sur l'ordre de qui, Mimmo Contrera (membre de la N'drangheta - la mafia calabraise) et organisateur de l'enlèvement de Chiara Berguet? Schiavone est toujours bien épaulé par ses collègues et désormais, il a une chienne, Lupa, qu'il a recueillie et qui lui tient compagnie. Elle n'a pas de race définie. Il déclare qu'elle appartient à la race des "saint-rhemy-en-Ardennes" (appellation totalement inventée). Quand le roman se termine, le tueur au 6,35 n'a toujours pas été arrêté. L'enquête devrait se continuer dans 07-07-2007 chez Denoël (et pas encore paru en poche), et quatre autres romans avec Schiavone sont encore inédits en français. Pour résumer, j'aime beaucoup le personnage d'Antonio Manzini, ce Schiavone aux méthodes peu orthodoxes mais efficaces, et qui aime se fumer un joint le matin dans son bureau pour se mettre en train pour le travail.
Piste noire / Froid comme la mort - Antonio Manzini
Cela fait un moment que je voulais chroniquer Piste noire d'Antonio Manzini (Folio policier, 290 pages), lu il y a 4 ans. Et puis je me suis procuré les trois tomes suivant. C'est pourquoi je me décide à écrire un billet sur les deux premières enquêtes du sous-préfet (et non commissaire) Rocco Schiavone, un flic romain qui a été muté à l'insu de son plein gré dans la vallée d'Aoste depuis trois mois. On apprend vers la fin de Piste noire qu'il a molesté un jeune homme violeur de petites filles. Le problème est que le violeur est le fils d'un homme politique, membre du gouvernement italien, qui s'est chargé de trouvé à Schiavone un poste très éloigné de Rome. Bien évidemment, Aoste n'est pas Rome, et Rocco, qui porte aux pieds des Clarks pas du tout adaptées à la montagne, n'est pas à l'aise pour vivre dans cette région où les températures sont fraîches et la neige abondante. Il n'aime ni le froid, ni la neige et Rome lui manque tous les jours. On comprend assez vite qu'il est veuf, et il aime s'adresser à sa femme défunte quand il est seul chez lui. Même s'il ne se remet de sa disparition, il a entamé malgré tout une liaison avec Nora, la propriétaire d'un magasin d'Aoste. Pour en revenir aux intrigues proprement dites, dans Piste noire, à Champoluc (sur les hauteurs de la vallée d'Aoste), un homme est retrouvé écrasé par une dameuse. La piste de l'accident est envisagée mais Schiavone soupçonne qu'il s'agit d'un meurtre. Avec des collègues qu'il apprécie, Italo Pierron et Caterina Rispoli, il va mener l'enquête. Je ne vous dirai rien de l'histoire annexe que l'on suit avec intérérêt et qui montre une autre facette de Schiavone. Malgré son mauvais caractère, son langage de charretier et le fait qu'il fume un joint le matin quand il arrive à son bureau, Rocco devient très vite attachant.
J'ai été très contente de le retrouver dans Froid comme la mort (Folio policier, 292 pages) lors d'une enquête qui se passe trois mois plus tard. Un matin, une jeune femme, Ester Baudo est retrouvée chez elle, pendue, par sa femme de ménage. L'époux était en train de faire du vélo. Ester faisait partie d'un club de lecture et d'écriture et s'était liée à Adalgisa Verrati, une employée dans une librairie. Cette dernière joue un rôle central dans l'histoire. Dès le début, Schiavone croit que c'est un meurtre mais je vous laisse découvrir le retournement final.
Je viens de commencer Maudit Printemps (Folio policier, 346 pages) avant de lire Un homme seul (Folio Policier, 417 pages).
Lire les billets sur Piste noire de Sharon, Eimelle, Jean-Marc Laherrère
Lire les billets sur Froid comme la mort de Blacknovel, Clarabel et à nouveau Sharon.
Noli me tangere (Ne me touche pas) - Andrea Camilleri / Irezumi - Akimitsu Takagi
Ayant lu quelques billets positifs sur ce court roman (138 pages) d'Andrea Camilleri (Editions Métailié) et ayant bien apprécié Le tailleur gris lu il y a sept ans, j'ai aimé dans Noli me tangere, la façon dont Camilleri raconte l'histoire de Laura Garaudo, une belle jeune femme qui disparait volontairement du jour au lendemain du foyer conjugal. Elle est marié à un grand écrivain nettement plus âgé qu'elle. Elle venait de terminer son premier roman (pas encore publié) et elle est surtout l'auteur d'une thèse intitulée "Sur les problèmes d'attribution des fresques de Fra Angelico au couvent San Marco à Florence". Une des fresques est appelée "Noli me tangere" (du latin). C'était aussi le surnom que l'on donnait à Laura quand elle était étudiante. Le commissaire Luca Maurizi mène une enquête pour essayer de localiser Laura. Il interroge quelques proches, sa meilleure ami, un ancien amant. Le texte du roman est un mélange d'interrogatoire, de coupures de journaux, de lettres inachevées, de retours en arrière. J'ai aimé même si je m'attendais à une autre conclusion. Mais quand on lit la note de l'auteur à la fin du roman, on apprend qu'il s'est inspiré du destin pas banal d'une brésilienne. Lire les billets d'Alex-mot-à-mots et Miriam, Philisine Cave et Noukette.
Irezumi (Edition Folio policier, 329 pages) d'Akimitsu Takagi (1920-1995) est un roman policier paru en 1948 au Japon. L'histoire qui nous est racontée se passe en 1947 à Tokyo dévastée par la guerre. Avant que l'histoire ne commence vraiment, l'écrivain s'adresse au lecteur en lui précisant que l'irezumi est le tatouage traditionnel japonais en vogue au XIXème siècle mais qui est mal vu au XXème siècle par la société nippone. Elle assimile tatouages avec les yakuzas et des femmes de mauvaise vie. Et c'est encore le cas aujourd'hui. Pour ce qui est de l'intrigue, il s'agit de plusieurs crimes dont l'un est commis dans une salle de bain fermée de l'intérieur de la maison où habitait Kinué, une belle jeune femme tatouée d'un Orochimaru (un serpent géant). Fille d'un tatoueur renommé, elle avait une soeur jumelle (disparue depuis la bombe d'Hiroshima) et un frère, tous les deux aussi tatoués, l'une d'un Tsudane (un escargot géant) et l'autre d'un Jiraiya (un crapaud géant) La première victime que l'on découvre est Kinué. Le meurtrier l'a démembrée et son torse tatoué a disparu. S'ensuivent deux autre meurtres dont le frère de l'amant de Kinué. Quatre suspects dans l'histoire dont un docteur, genre savant fou obsédé par les tatouages. Après plusieurs fausses pistes, la police est dans une impasse. Elle va s'en remettre à un jeune homme prodige en mathématiques qui résout les meurtres en peu de temps. J'ai aimé ce roman qui tient en haleine jusqu'au bout grâce à plusieurs coups de théâtre. Lire le billet de Jérôme.
Livres lus et non commentés depuis le 20/11/17
Après mon retour du Chili, je me suis remise sérieusement à la lecture.
Voici quatre romans, deux islandais et deux italiens. L'un des quatre m'a vraiment beaucoup plu (je remercie Dominique pour son conseil).
Je commence par celui que j'ai le moins aimé, Tenebra Roma, le nouveau roman de Donato Carrisi (Editions Calmann Levy, 299 pages), dans lequel on retrouve le pénitentier Marcus déjà rencontré dans Le Tribunal des âmes et Malefico. Il est amené à enquêter sur une série de meurtres pendant 24 heures dans Rome en proie au chaos à cause de pluies diluviennes qui provoquent le débordement du Tibre. Rome est pillée. Les meurtres perpétrés ont un lien avec une société secrète religieuse, l'Eglise de l'éclipse. J'ai trouvé l'intrigue embrouillée et pas très crédible. Je ne "marche" pas quand c'est trop mystique ou ésotérique. La résolution de l'histoire tient sur les trois ou quatre dernières pages et puis c'est tout. Cela se lit bien mais demeure assez oubliable.
Je passe à une deuxième petite déception, le roman islandais Ör d'Audur Ava Olafsdottir (Editions Zulma, 236 pages), dont j'avais tant aimé Rosa Candida. J'ai oublié l'histoire assez vite et j'ai été obligée de le refeuilleter pour écrire le billet. Ör, qui est un terme neutre (ni masculin, ni féminin), veut dire "cicatrices" en islandais, des cicatrices sur la peau, mais le terme s'applique à un pays ou à un paysage malmené par une construction ou par une guerre" (Note de l'auteur à la dernière page du livre). En Islande, Jonas Ebeneser, âgé de 49 ans, porte sept cicatrices sur le corps, 4 au-dessus du nombril et 3 au-dessous. Depuis plus de huit ans, il n'a pas touché de femme. Divorcé de Gudrun, il a une fille qui porte aussi ce prénom. Sa vieille mère qui vit dans une maison de retraite s'appelle aussi Gudrun. Quand le roman commence, Jonas qui est malheureux passe son temps à faire des réparations, du bricolage avant d'en finir avec la vie. Mais il se fait d'abord tatouer un nymphéa blanc sur le corps. Il appris que Gudrun Nymphea n'est pas sa fille biologique. Pour éviter que sa famille proche soit traumatisée par son suicide, il part dans un pays qui n'est pas nommé, ravagé récemment par la guerre. Il se donne une semaine avant de mourir, et il emporte donc le strict minimum, dont une perceuse. Je m'arrête là et vous laisse découvrir la suite. Ce n'est pas déplaisant à lire, bien au contraire, mais je ne suis pas arrivée à m'attacher au personnage de Jonas, qui est le narrateur. Lire les billets enthousiastes de Micmelo et de Lou.
Je continue avec La femme de l'ombre d'Arnaldur Indridason. Il s'agit du tome 2 de la Trilogie des ombres (Editions Métailié, 317 pages). Il n'est pas forcément nécessaire d'avoir lu le tome 1, les histoires étant distinctes même si l'on retrouve les enquêteurs Flovent et Thorson. Cela se passe toujours dans les années 40, en plein conflit mondial, à Reykjavik. En 1943, l'Islande est une base des Alliés. Malheureusement, les relations entre les miliataires et les habitants de Reykjavik sont parfois tendues et à juste raison. Le corps d'un homme est rejeté par la mer, un deuxième homme est sauvagement tabassé dans un pub et meurt suite à ses blessures, enfin une jeune femme disparaît alors qu'elle fréquentait les militaires de la base aérienne. Flovent et Thorson se partagent le travail. C'est un roman d'atmosphère. Plusieurs personnages dont une femme dont on ne connaîtra le prénom qu'à la toute fin de l'histoire sont présents tout au long de ces histoires qui s'entremêlent plus ou moins. Indridason a très bien su jouer avec la chronologie des événements. Il y a un décalage dans le temps entre deux récits. On s'en rend compte au fur et à mesure de la lecture. Je n'ai pas boudé mon plaisir, même si ce n'est pas un coup de foudre. Les personnages de Flovent et Thorson manquent un peu de vie. Malgré tout, comme Aifelle, je lirai le troisième tome.
Je termine par mon "chouchou", Huit montagnes de Paolo Cognetti (Editions Stock, 299 pages), que j'ai eu envie de lire grâce à Dominique. En juillet 1984, Pietro Guasti part pour la montagne dans la région du Val d'Aoste pour la première fois. Lui, l'enfant des villes, découvre la randonnée en montagne avec son père, un montagnard fervent. Mais Pietro souffre du mal des montagnes sans oser l'avouer. Cependant, c'est là que Pietro rencontre Bruno Guglielmina, né dans ces montagnes, qui n'arrête pas de travailler dur. Une belle amitié va débuter qui durera plus de 20 ans, même s'ils se perdent de vue pendant quelques années. Comme Dominique, j'ai aimé tous les personnages, même ceux qui sont moins présents, comme les deux mères des deux garçons. Le père de Pietro, pas très commode, a beaucoup de dignité. L'écriture est limpide. Je me suis sentie bien en leur compagnie et je les ai quittés à regret. Un roman qui a été justement récompensé du Prix Médicis Etranger cette année.
Rome brûle (Suburra II) - Carlo Bonini / Giancarlo de Cataldo
Rome brûle de Carlo Bonini et Giancarlo de Cataldo (Métailié noir, 293 pages) est la suite de Suburra qui m'avait tant plu. L'histoire se passe de nos jours, presque quatre ans après les événéments de Suburra. Samouraï purge une longue peine de prison dans une prison de haute sécurité. Sebastiano Laurenti, son héritier, mène les affaires à sa place et lui rend des comptes. Fabio Desideri, un jeune (mais très dangereux) chef mafieux aux dents longues, se tient en ambuscade. En mars 2015, le pape François décide d'un Jubilé extraordinaire qui va demander beaucoup de travaux. Les chantiers comme celui du métro vont plus ou moins vite selon le déblocage de l'argent versé par la mairie à des entreprises dirigées par des hommes peu intègres conseillés par des sociétés comme celle de Sebastiano. Des sommes énormes sont en jeu, tous les coups sont permis et, suite à une grève des transports, la ville éternelle brûle à cause des feux allumés dans beaucoup de coins de rues par des citadins. J'ai trouvé l'histoire aussi passionnante que celle de Suburra. Bonini, qui est journaliste d'investigation, et de Cataldo, magistrat à la cour de Rome ont beaucoup de talent. Ce volume peut se lire indépendamment du premier.
Tu tueras le père - Sandrone Dazieri
Tu tueras le père de Sandrone Dazieri (Editions Presse Pocket 724 pages) est un thriller qui se lit bien malgré sa longueur. Il m'avait été recommandé (avec petite coccinelle!) par ma libraire que je remercie. La jeune commissaire Colomba Caselli, âgée de 32 ans, reprend du service après un long congé dont on apprendra la cause au cours de l'histoire. Elle souffre encore d'angoisse. Pour retrouver un jeune garçon qui vient d'être enlevé, elle va demander de l'aide à Dante Torre. Ce dernier, âgé de d'une quarantaine d'années, avait été enlevé à l'âge de 6 ans et enfermé dans un silo dans la banlieue de Rome pendant 11 ans. Il n'a jamais pu voir son ravisseur qui a priori s'est suicidé. Dante souffre de nombreux troubles comme la peur du noir, et dort sur la terrasse de son appartement. Il n'arrête pas de se gaver de tranquillisants et aime boire des cocktails. Le "père" du titre fut son bourreau qui pour le punir l'obligeait à se donner des coups violent sur sa main gauche qui s'est atrophiée. Colomba et Dante forment un duo cabossé par la vie auquel on s'attache rapidement. Ils vont mener une enquête douloureuse car il semble que le ravisseur de Dante ait de nouveau frappé, 25 ans après qu'on l'ait cru mort. Et il n'agit pas seul. Je vous laisse découvrir la résolution de cette intrigue aux vastes ramifications. En mai 2017, un deuxième volet doit paraître. Je le lirai certainement quand il paraîtra en poche.
En attendant Bojangles - Olivier Bourdeaut / Tout va très bien Madame la comtesse - Francesco Muzzopappa
Peut-être attendais-je trop de En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut, n'ayant lu que des articles élogieux. C'est une de mes collègues qui m'a prêté son exemplaire. Toujours est-il que les 157 pages du roman (Editions Finitude) m'ont laissé une impression mitigée. Je n'ai pas trouvé que l'histoire était fraîche, ou légère, ou poétique. Le récit alterne deux récits, celle du petit garçon et celle de son papa plus ancré dans une réalité pas très rose. L'auteur évoque les asiles psychiatriques, la schizophrénie, les "fous" qui déménagent de la tête, la bipolarité. L'histoire d'amour entre Georges et Renée ou Henriette ou Pauline (Georges n'appelle jamais sa femme par le même prénom plus de deux jours de suite) est belle mais triste. On se marie pour le meilleur et pour le pire. Ce couple aura connu le meilleur mais on est surtout témoins du pire, quand on lit le récit du père impuissant devant les excentricités de sa femme souffrant entre autres de troubles bi-polaires. J'ajouterai que je ne comprends pas comment on peut danser sur Mr Bojangles chanté par Nina Simone. Cette chanson triste comme la fin du roman donne plutôt envie de pleurer.
Lire les billets, positifs, d'Aifelle, de Keisha, de Tulisquoi, de Zazy, d'Ingannmic, d'Eva Shalev, de Noukette, de Laure et de Leiloona.
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Je passe à un roman qui n'a rien à voir mais qui m'a bien distraite pendant un voyage en train. Dans Tout va très bien Madame la Comtesse (Edition Autrement, 253 pages), nous faisons la connaissance de Maria Vittoria dal Pozzo della Cisterna, une comtesse italienne de 68 ans qui n'a pas la vie facile. Elle aime boire du vermouth et est friande de Gocciole (une marque de biscuits). Veuve et quasiment ruinée, elle vit seule dans un grand domaine hypothéqué et n'a plus à son service qu'Orlando, un majordorme qu'elle paie une misère. Il est aussi poète. La Comtesse est la mère d'un grand fils, Emanuele, beau comme un Dieu mais bête comme une huître, qui lui donne bien du souci. Elle apprend par les journaux "people" qu'il s'est entiché d'une "bimbo" pas farouche à qui il a offert un très beau bijou appartenant depuis longtemps à la famille de la Comtesse. Un concours de circonstances fait que la Comtesse croise un braqueur de banque qui est aussi menuisier, et un jeune désoeuvré. Ces deux rencontres fortuites lui permettent de mettre au point un plan afin de récupérer le bijou. Je vous laisse découvrir les nombreuses péripéties de cette histoire très amusante racontée à la première personne. Lire le billet d'Eimelle.
Suburra - Carlo Bonini / Giancarlo de Cataldo
Après l'adaptation filmique qui m'avait beaucoup plu, voici Suburra -le roman- de Carlo Bonini et Giancarlo de Cataldo (Edtions Metailié noir, 470 pages haletantes) qui m'a emballée. Je l'ai lu pratiquement d'une traite. On retrouve les "bandits"à Rome avec parmi eux Numéro 8, le maître d'Ostie, Samouraï et quelques autres, dont la bande des gitans dirigée par Rocco Anacleti. On retrouve Sabrina, une pute dégourdie, Morgana, la petite amie de Numéro 8, camée jusqu'aux yeux. Nous faisons connaissance de Farideh, la fille d'un ébéniste gravement blessé par les hommes de main d'Anacleti, et surtout d'Alice, une jeune femme déterminée administratrice d'un blog "laveritesurrome.blogspot.com" qui milite contre la Mafia romaine, cette mafia qui veut qu'Ostie et les bords de mer soient bétonnés pour des projets immobiliers juteux. On revoit aussi le député Malgradi, celui qui est une des causes de la guerre entre clans mafieux. Et il ne faut pas oublier les serviteurs de l'Etat, incarnés par des procureurs et quelques policiers intègres comme le lieutenant-colonel Marco Malatesta, ancien disciple de Samouraï. Malgré ces nombreux personnages, le lecteur n'est pas perdu en route, grâce à la construction précise du récit qui racontent plusieurs histoires pour n'en faire qu'une.
Simone dit aussi beaucoup de bien de ce roman que je vous recommande. Je l'ai d'ailleurs préféré à Romanzo Criminale du même de Cataldo.