Le livre de Johannes - Jorgen Brekke / Le bloc - Jérôme Leroy / Un vrai jeu d'enfant - François-Xavier Dillard
Voici trois romans policiers qui m'ont plu.
Je commence par Le livre de Johannes de Jorgen Brekke (Editions Balland). C'est le premier roman d'un écrivain norvégien qui semble prometteur. Deux crimes avec le même mode opératoire (la victime est écorchée vive et décapitée et sa peau est subtilisée) sont commis, l'un dans le Musée Edgar Poe à Richmond en Virginie (USA), l'autre, dans une chambre forte de bibliothèque à Trondheim en Norvège, lieu où se trouve le fameux "Livre de Johannes" dont la reliure est en peau humaine (datant de 500 ans). Deux enquêtes sont menées en parallèle, l'une par Felicia Stone, une jeune enquêtrice américaine à Richmond, l'autre par Odd Singsaker, un inspecteur norvégien qui revient de congé de maladie (il a été opéré d'une tumeur au cerveau). De plus, le romancier qui connaît déjà les ficelles pour tenir son lecteur en haleine nous fait remonter le temps en 1528 en Europe pour nous faire connaître l'un des premiers tueurs en série, un moine mendiant auteur du "Livre de Johannes". Tout ceci est bien entendu de la pure fiction mais je vous recommande ce roman de 472 pages.
Voici maintenant deux romans recommandés, le premier par Le canard enchaîné (journal satirique paraissant le mercredi, lu par mon ami ["La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas"]) et le deuxième par Direct Matin (oui, je sais, cela n'a rien à voir) (1). C'est mon ami qui m'a offert les deux livres et je l'en remercie.
D'abord, Le bloc de Jérôme Leroy (Gallimard Série noire), que je recommande pour sa qualité d'écriture. Même si on connaît la fin de l'histoire dès le début, l'histoire est haletante. Deux narrateurs, Antoine Maynard et Stanko, prennent la parole alternativement. Tout deux appartiennent au Bloc Patriotique (suivez mon regard...). Fascistes, racistes, ils sont aussi humains. Ils nous racontent comment ils en sont arrivés à appartenir à ce parti de la droite extrême. Le premier est tombé amoureux de la fille du leader du parti, l'autre s'est retrouvé, faute de mieux, chef du service d'ordre du Bloc. L'un des deux va mourir, on va se débarrasser de lui. Il le sait. Il attend la mort avec stoïcisme. Je le répète, c'est très bien écrit et on s'attache aux personnages, surtout à Stanko (celui qui va mourir). Qu'il ait tort ou raison, il a ses opinions et il s'y tient. Le romancier que je ne connais pas a vraiment beaucoup de talent.
Puis Un vrai jeu d'enfant de François Xavier Dillard (Fleuve noir), qui a composé son roman en courts chapitres où 5 ou 6 narrateurs, héros de cette navrante histoire, prennent la parole à tour de rôle. Quand je dis "navrante", ce n'est pas ce que je n'aime pas, bien au contraire. Il s'agit d'un transport de bijoux qui ne tourne pas comme prévu. A Paris, pour un bijoutier de la Place Vendôme, Emma, étudiante fauchée, accepte moyennant rémunération de transporter des bijoux valant plusieurs millions d'euros dans un sac à dos. Elle doit les porter chez un photographe. Le problème est que pas mal de personnes sont au courant, dont un flic (Marc) et quelques malfrats dont François. Il y a aussi un garde du corps. L'histoire se déroule entre la place Vendôme, la Concorde et la Madeleine et aussi sur la ligne 14 du métro, pour se terminer dans une "planque" du Vexin. Pour un premier roman, le romancier est prometteur.
(1) Pan sur mon bec! Suite à un gentil message de M. Dillard qui me remerciait du billet et était intéressé par l'article du Canard dont je disais qu'il plébiscitait le roman, je me suis aperçue (après de vaines recherches) que mon ami m'avait induite en erreur sur le journal qui avait publié l'article. Je présente toutes mes excuses au romancier, j'espère qu'il ne m'en tiendra pas rigueur.