Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet - Antoine Bello
Dans ma bibliothèque municipale d'arrondissement à Paris, les nouveautés sont prêtées une semaine. Sur un présentoir, j'ai vu le nouveau roman d'Antoine Bello, Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet (Edition Gallimard), chroniqué par Cuné (entre autres). Je me suis dit: "allons-y, je le prends". Je l'ai lu en une journée avec beaucoup de plaisir. Seule la conclusion m'a laissée un peu sur ma faim. Ce roman est un bel hommage à l'oeuvre d'Agatha Christie (dont Le meurtre de Roger Ackroyd, Un couteau sur nuque, ABC contre Poirot, etc.). Le narrateur, un ancien policier, Achille Dunot, souffre d'une amnésie antérograde suite à un accident (il a reçu des livres de bibliothèque sur la tête!). Comme sa mémoire ne forme plus de nouveaux souvenirs, il se réveille chaque matin en ayant tout oublié des événements de la veille. Marié à Monique, Achille a par ailleurs un chien fidèle appelé Hastings. Achille se sert d'un cahier pour tout noter de l'enquête qu'on lui a demandé de mener. Claude Brunet (neurologue, spécialiste en sciences cognitives et nobelisable en puissance) se retrouve suspecté d'avoir peut-être fait disparaître sa femme, Emilie Brunet née Froy (une femme très riche grâce à ses parents), ainsi que Stéphane Roget, l'amant d'Emilie, instructeur de yoga. Et pourtant, c'est Claude Brunet qui a prévenu la police au sujet de la disparition des deux amants et offre une forte récompense pour les retrouver. En revanche, si Emile décède, son mari hérite. Achille, qui est un grand connaisseur de l'oeuvre et de la vie d'Agatha Christie, cherche à trouver la solution à travers les différentes enquêtes d'Hercule Poirot et avec les autres héros d'AC. Il est aussi question de deux films d'Alfred Hitchcock, L'Inconnu du nord-express et La Corde. Des liens littéraires et personnels se tissent entre Achille et Claude sur l'oeuvre d'Agatha par l'intermédiaire de leur journal qu'ils s'échangent: l'un faisant lire son journal à l'autre et vice-versa. Achille ne peut s'empêcher de dissimuler certaines pensées dans des détectandes scripturaux (voir à la fin du roman d'où vient ce mot "détectande"). On peut considérer Achille et Claude comme deux faces d'une même personne (Antoine Bello lui-même?). Je dirais que ce roman est un brillant exercice de style qui donne furieusement envie de (re)lire l'oeuvre d'Agatha Christie.