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Le blog de Dasola
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7 août 2021

Les grands espaces - Catherine Meurisse

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) viens de découvrir une bande dessinée parue en 2018. C'est un cadeau d'anniversaire qui m'y a amené. Ayant à offrir, pour la deuxième fois (à une deuxième personne), le roman graphique L'oasis (de Simon Hureau, 2020, Dargaud, mais qui n'est pas le sujet du présent billet), j'y ai rajouté cet album-ci, dont j'avais repéré l'argument il y a quelque temps déjà. Son auteur a longtemps été la seule femme membre de l'équipe permanente des dessinateurs de Charlie Hebdo (où elle signait ses dessins de presse "Catherine"). Elle a quitté Charlie peu après le massacre de janvier 2015.

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Les grands espaces, Catherine Meurisse, Dargaud, 2018, 90 pages (mise en couleur Isabelle Merlet - bravo!).

Cet album revisite avec poésie l'enfance de Catherine et de sa (grande) soeur dans les années 1980, à la campagne où ses parents, néo-ruraux avant l'heure, avaient acheté une ferme en ruine pour y faire vivre la famille. Une maman à la main verte et un papa bricoleur, rien de tel pour vous donner une éducation écologique! Nous assistons au fil des pages à la "construction" de Catherine (et de sa grande soeur), entre Pierre Loti, Proust, Versailles, quelques peintres... Tout un passé revisité a posteriori par l'adulte qu'elle est devenue.

Je me permets de citer quelques-unes des magnifiques planches: pas forcément les plus esthétiques, pas forcément les plus belles, mais celles qui résonnent et font sens, pour moi.

P1120452  p.2. L'idéal des parents?

 P1120454 p.38-39 ... et autant pour La faute de l'abbé Mouret de Zola (un peu trop imaginatif...).

 P1120453 p.30. Ah, "le" paysan (qui a dû s'adapter pour survivre)...

 P1120455 p.56-57. Cette double page illustre comme un léger décalage entre la famille et l'éducation de Catherine, et l'univers rural du Poitou s'ouvrant à la modernité (le Futuroscope a été inauguré en mai 1987). Mais, je vous rassure, une ex-Présidente de la région Poitou-Charente en prend aussi pour son grade dans d'autres pages... avec quelque anachronisme puisqu'elle ne l'a été qu'au XXIe s. (avant de devenir ambassadrice des pingouins - un jour, je reparlerai d'oiseaux)!

 P1120456 p.86. La planche qui, dans l'album, suit celle-ci explique que les parents ont tous deux perdu les "maisons d'enfance" où ils avaient grandi...

Catherine évoque dans l'album ses débuts de future dessinatrice professionnelle (un premier projet pour le Festival du Cabicou?), mais n'y parle pas de Charlie Hebdo. Elle l'avait déjà fait dans La légèreté, que j'avais chroniqué ici.

Au final, ces Grands espaces constituent une oeuvre magnifique et touchante. La longue liste des remerciements finit par une "Pensée pour Charb, qui attendait cet album". 

DesHistoiresetdesBullesMême si l'ouvrage ne figurait pas, avant que je l'y inscrive, sur le challenge ci-contre, nombre de blog ont chroniqué cet album bien avant moi, entre autres Violette, Hélène, Sabeli du blog Le carré jaune, le blog Enseigner dehors en ville, Lisou du blog Les pipelettes en parlent, StemilouElsy et CaramelMes échappées livresques, Le dragon galactique... sans oublier Aifelle.

Liste non exhaustive - je vous invite à en chercher encore d'autres et/ou à lire l'album bien entendu!

Terminons en signalant que Catherine a été la première auteur de BD élu(e) à l'académie des Beaux-arts (section peinture), en janvier 2020.

*** Je suis Charlie ***

6 octobre 2021

Au nom de la loi - Pietro Germi

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Avant de repartir à Riga, j'ai souhaité vous emmener en Sicile en 1948-1949 avec Pietro Germi (1914-1974). Avec mon ami, on vient de voir Au nom de la loi (In nome della Legge en VO), publié en DVD/Blu-Ray tout récemment. Nous ne l'avions jamais vu. L'histoire est adaptée d'un roman écrit par un magistrat et juriste, Giuseppe Guido Loschiavo (1899-1973). Il semble que c'est le premier film qui parle ouvertement de la Mafia. Le film commence dans une contrée désertique. Un homme attend le train qui doit le reconduire à Palerme. On ne saura pas pourquoi il s'en va. Son successeur Guido Schiavi (Massimo Girotti) vient d'être nommé juge dans la petite ville de Capodorso où les coutumes ont la vie dure. Face à lui, il va affronter un baron, propriétaire terrien qui a mis au chômage toute une partie de la population après avoir fermé une mine de soufre de la région. Ce baron qui est un être détestable (il bat sa femme) est épaulé pour défendre ses terres par des hommes à cheval et fusil à l'épaule, dirigés par Passalacqua (Charles Vanel, surprenant), le chef de la mafia locale. Guido ne reste pas insensible au charme de la femme du baron. Les paysages de ce film pourraient faire penser à certains décors de western et les hommes à cheval font penser aux cow-boys dans lesdits westerns. Le juge est un idéaliste qui aimerait changer les choses, mais il a du mal. Je ne vous dirai rien de la fin qui peut sembler optimiste. Il faut noter que le scénario adapté a été écrit par Pietro Germi lui-même, Mario Monicelli et Federico Fellini (si, si). Un très bon film à (re)découvrir.

7 janvier 2023

Indélébiles - Luz

Alors que le massacre de l'équipe de Charlie Hebdo remonte aujourd'hui à huit ans, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) choisis ce mois-ci de vous présenter comme "hommage du 7" un billet sur le livre de souvenirs que Luz a consacré à ses copains assassinés (parution en novembre 2018 chez Futuropolis). Je me le suis procuré courant 2022.

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Ça commence comme un rêve sinon comme un cauchemar: Luz, perdu dans le noir, arrive à la salle de rédaction pour un bouclage, mais personne ne voit qu'il est là, et Cabu, dernier à quitter la rédaction, l'y enferme en éteignant la lumière... Après cet épisode introductif, notre auteur réveillé se lève, va prendre une bière au frigo, la décapsule: occasion de commencer à se remémorer (sur plus de 300 pages) différentes séquences, des tranches de vie en noir & blanc. En tout premier lieu (p.15 à 26), comment il a rejoint les dessinateurs de La grosse Bertha, arrivant de sa province, à l'été 1991... un an avant le début de la re-fondation de Charlie Hebdo: l'histoire de sa rencontre avec Cabu qui sortait de l'imprimerie du Canard enchaîné lorsque lui s'y rendait, qu'il a osé abordé en bafouillant de nervosité et qui, ayant ri à son dessin d'actualité, l'emmène à La Grosse Bertha, l'introduit dans l'équipe, suggère de publier son dessin... Timidité du jeune provincial de pas même 20 ans! Il en conclut que, pour collaborer depuis chez lui, un fax lui est indispensable (pas d'internet à l'époque - j'ai connu). Des planche bleutées nous ramènent à la nuit d'insomnie, introduisant tels ou tels souvenirs et évocations... 

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L'un des premiers épisodes montre Charb en action, préparant des blagues pas forcément fines (mais parfois en flux circulaire). Le 21e anniversaire de Luz est fêté grâce à Charb (avec une semaine de retard) à la Rédaction de Charlie Hebdo en janvier 1993. Charb devenu un vrai copain "complice" via leur passion commune pour Les Simpson, à l'occasion d'un des Festivals "Scoop en Stock" de la presse lycéenne et étudiante à Poitiers en 1992 [je ne sais plus si c'était l'année où le petit canard dont je faisais partie à l'époque y a été primé dans la catégorie "journal étudiant", ou une autre...].

La séquence qui débute p. 44 montre la sortie des presses du premier numéro de Charlie, à l'imprimerie (après la scission d'avec La grosse Bertha). [Ces pages m'ont encore rappelé un épisode où toute notre rédaction, crevée par une nuit blanche de bouclage, attendait le retour de repas de notre imprimeur pour voir enfin nos exemplaires sortir à la chaîne (et chacun de se précipiter ensuite à la porte de la quinzaine de "centres périphériques" pour nos quatre facs afin d'y vendre à la criée le nouveau numéro...). Fin de cette seconde parenthèse personnelle].

Luz ne se prive pas de réflexions sur le travail du dessinateur. Sur huit pages, nous avons droit ensuite à une évocation de séance de gommage de crayonnés, sur table puis autour de la table... avec toute l'énergie rageuse de Riss (je crois?). Je ne sais pas si Luz possède effectivement des "chiures de gomme" pouvant être attribuées à chaque dessinateur selon sa méthode (comme évoqué p.60)...

L'ambiance dans la salle de rédaction, les "jours de bouclage", est mise en scène à de nombreuses reprises (avec l'indispensable Luce pour rappeler les délais à tenir), et montre bien l'engagement militant des dessinateurs-journalistes (à l'époque de la seconde cohabitation, notamment) en-dehors de leur salle de travail. On est plongé dans le bain d'une manif dans le contexte de l'époque, et un gnon qui vaut à Luz un point de suture sur le crâne (et une troisième mi-temps post-manif) refait surface. Dessinateur, c'est un métier!

Séquence pédagogique concernant l'académie de la grande Chaumière: Cabu y a emmené les "p'tits jeunes" (Charb, Riss, Luz) faire du dessin d'après modèle vivant... Je retrouve dans mon exemplaire une coupure d'un article paru dans Le Canard Enchaîné du 31/08/2022 (p.5): à ce moment-là, la Grande chaumière semblait sous la menace d'être expulsée de l'atelier où avaient lieu les séances depuis des décennies... Vérification faite ce jour, les activités continuent (même avec des horaires restreints pour raisons financières, depuis septembre 2022): https://www.academiegrandechaumiere.com/

Voici un exemple de séquence d'ambiance de rédac', ensuite (il faut lire chaque bulle, apprécier chaque détail et chacun des personnages croqués), qui commence par le dessin ci-dessous.

P1150624 p.95, une image magnifiquement construite, autour de la "figure tutélaire" (rayonnante?) de Cabu ("le mentor")... 

Vient ensuite un bel hommage à Gébé, accompagné en manif: est-ce une anecdote vécue, un souvenir de discussions qui ont réellement eu lieu, ou un regret de ne pas avoir assez parlé avec ce dessinateur et auteur complet de son vivant (il a été Directeur de la publication de Charlie jusqu'à sa mort en 2004)?

P1150623 L'auteur en lévitation après une couv' publiée et reprise par des manifestants... (p.118-119 - hommage à Gébé - "juste Gébé"). Les pages qui précèdent expliquent bien le processus contributif (itérations successives pour un dessin, sa légende, sa construction) qui pouvait régner au sein de la rédac'. Cette élaboration collective sera montrée à une autre occasion dans l'une des dernières séquences, lorsque Luz s'acharne à (re)travailler sa toute première couv'...

Mais il n'y avait pas seulement Charlie Hebdo dans la vie de dessinateur de Luz à l'époque. Il raconte ainsi une séance de dédicace à Angoulême pour un canard sans beaucoup de lecteurs (Chien méchant), où les dessinateurs boivent des coups en attendant le chaland, font passer de fausses annonces à la sono, et dessinent sans filtre... (à la plus ou moins grande satisfaction des dédicataires et de leurs "accompagnateurs"). On a droit plus loin à nn autre grand moment de dédicace, sur un support original, à la fête de l'Huma... 

Et puis retour au journal, pour de courtes évocations de séances de travail à la fois collectives et individuelles: chacun dans son dessin, mais en demandant parfois de l'aide pour croquer un personnage, pour trouver une photo sur laquelle s'appuyer (sans internet, encore)... séquences reliées les unes aux autres par ses réflexions nocturnes et colorées (les séquences, elles, sont en noir et blanc). "C'est vrai que, parfois, on était plus droles à faire le journal que dans le journal" (cf. dessin plus haut, de la p.142).

L'une des explications possibles du titre arrive peu avant la page 200: ayant pris de mauvaises habitudes en tenant feutre ou pinceau, Luz avait les doigts en permanence incrustés d'encre, ce qui n'était pas sans poser quelques soucis intimes... (séquence auto-dérisoire!).

Ma (courte) séquence préférée reste la série de réactions de Cabu devant la nouvelle photocopieuse (une jolie historiette, que j'avais découverte comme "bonnes feuilles" au moment de la sortie du bouquin, dans une publication de presse...).

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Côté avancées technologiques, on a aussi droit à l'arrivée de la "tablette graphique" utilisée par Tignous. Bah oui, mais si quelqu'un arrache le fil alors que le dessin n'était pas sauvegardé, il n'en reste rien... 

Luz nous partage encore ses souvenirs sur diverses aventures. Par exemple, en reportage dessiné lors d'une tournée musicale de Renaud et Val durant la guerre de Bosnie... On n'a pas envie d'être à sa place! La Bosnie, c'est compliqué. Chez les sado-masos (avec sa compagne), l'atmosphère est autre. En banlieue, c'est autre chose, un autre univers. Et son infiltration chez les Chiraquiens en 1995 a été l'occasion de tenter le "dessin dans la poche" dont Cabu maîtrisait la technique! Encore une séquence retraçant une visite à la prison d'Angola en Louisiane (lors d'un reportage avec Val, alors Directeur de la publication), qui enchaine sur l'art de dessiner pendant les concerts: cette fois-ci, c'est Luz qui (dé)montre une nouvelle technique à Cabu: la "perception rétinienne".

Finalement notre insomniaque se rendort (il est 4 h du matin), ...et une dernière séance en bichromie commence. C'est le jour de la mort de Johnny Hallyday. J'ai trouvé cette ultime séquence très belle. Elle est colorée avec discrétion. On y voit un bouclage à la rédaction, à l'occasion du décès de ce chanteur populaire en France (intervenu en décembre 2017...): tous les "anciens" croisés par Luz sont présents / se présentent pour l'occasion, notamment Cavanna, Gébé, Renaud bien sûr ("alors comme ça, on a éliminé la concurrence?")..., et cette fois-ci, contrairement au début du "roman autobiographique", ils lui parlent et entendent ses réponses (et ceux qui ne se sont jamais croisés en réalité interagissent aussi).    

P1150625 Une belle double-page colorée: le dialogue apaisé (p.302-303)

Et la couv' du numéro bouclé ce jour-là, bien sûr, c'est Cabu qui réussit à la dessiner (et tous de s'extasier). Je ne peux vous la montrer: il faut juste l'imaginer. Bel hommage.

Le 7 janvier 2015, Luz avait 43 ans. Du coup, il est arrivé en retard à la conférence de rédaction, ce qui lui a vraisemblablement sauvé la vie contrairement à tant de ses copains. Si vous songez toujours aux journalistes assassinés (au moins une fois par an, lorsque leurs proches pensent à eux tous les jours), si vous êtes toujours Charlie, alors lisez cet album.

Je suis certain d'avoir croisé ici ou là sur la blogosphère une chronique sur Indélébiles. Mais aujourd'hui, dans l'urgence, je n'ai pu en trouver que deux via moteur de recherche: The killer inside me et Collectif polar. Si je tombe directement sur d'autres par la suite, je les rajouterai en "post-scriptum".

 *** Je suis Charlie ***

7 novembre 2022

Bidoche - Fabrice Nicolino

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente aujourd'hui un cinquième livre de Fabrice Nicolino, que j'ai acheté récemment. Bidoche est par contre un livre déjà ancien, mais il reste intéressant par l'éclairage qu'il donnait déjà, à l'époque, sur les filières industrielles de la viande et plus généralement de l'alimentation. Pour rappel, Fabrice Nicolino est l'un des survivants blessés de Charlie Hebdo, et le seul dont les membres inférieurs conservent les traces non pas d'un, mais de deux attentats. 

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Bidoche, éd. LLL (Les Liens qui Libèrent), 2009, 381 p.

Pour qui ne connaît pas le sujet (évoqué dans le bandeau rouge), ce titre constitue une bonne mise en bouche pour soulever le coeur du système de l'industrie agro-alimentaire en France depuis l'après-Seconde Guerre Mondiale et le mettre au jour. Au long du livre, Nicolino raconte, rencontre, rend compte, révèle, dévoile, explique... 

L'auteur commence par préciser qu'il mange (encore) de la viande, mais de moins en moins: le livre explique pourquoi. Il commence par s'intéresser aux hommes, avant les animaux. Pour le dire vite, avec l'augmentation de la productivité agricole apparue dans les années de l'après-guerre, la France a cherché à ce que sa population toute entière ne se retrouve plus dans la situation de restrictions alimentaires qui était celle en vigueur sous l'Occupation. Pour cela, il fallait augmenter les rendements végétaux, et privilégier des "races" animales plus productives (des animaux à viande qui engraissent plus vite, qui ont des muscles plus volumineux; des femelles laitières inséminées artificiellement à partir de reproducteurs sélectionnés; des poules pondeuses "optimisées" pour cela - et différentes des poules "à viande")... Les sagas des différentes filières nous sont contées. Et puis, on voit, on comprend le basculement se faire à partir du moment où l'élevage ne vise plus seulement à d'apporter des produits animaux en "quantité suffisante" à la population française, mais lorsque un système "industriel" cherche à développer ses produits financiers (quitte à utiliser tous les moyens pour inciter le "consommateur" à consommer): on est passé de la production d'aliments "pour vivre" à la recherche de parts de marché pour gagner encore davantage d'argent en diminuant autant que possible les coûts de production. Bref, le système capitaliste, dans toute son horreur. Pour obtenir les "rendements maximaux" de ces "usines à viande" (ou à oeufs, ou à lait...) standardisées (au détriment de la diversité des anciennes "races locales" de terroir), la "ration" doit être optimisée en terme de coût et de profitabilité (prise de poids par l'animal). Aliments miracles (au détriment des vieux pâturages...): le maïs (qui peut être produit en France... mais est extrèmement gourmand en eau), et surtout le soja, importé massivement d'Amérique du Sud (au détriment des forêts primaires et des populations locales). La Bretagne a été choisie pour y développer en masse la production porcine: on en constate depuis déjà quelques décennies les résutats environnementaux (pollution des eaux potables et algues vertes sur les plages).

Beaucoup de thèmes s'entrecroisent dans ce livre cohérent: au départ, la volonté politique de transformer la paysannerie traditionnelle, ventilée à l'époque en trois catégories: ceux qui devraient disparaître (inadaptés et inadaptables); ceux qui étaient considérés comme les "premiers de cordée" de ce temps-là, capable d'atteindre la masse critique visée en supportant les investissements nécessaires; et ceux qui devaient bénéficier d'un "accompagnement" vigilant de la part des pouvoirs publics ou... para-publics. Puis les moyens pour ce faire: imitation de ce qui se pratiquait déjà aux Etats-Unis, en terme de passage à une industrie de plus en plus soutenue par la chimie (engrais pour les plantes, et pratiquement pour les bêtes, traitées à coup d'antibiotiques, à défaut d'hormones comme nos "concurrents" des Etats-Unis). Tout au long de l'ouvrage, notre journaliste cite des noms, donne des détails, le tout non sans l'ironie caustique qui fait partie de son style. Les collusions incestueuses entre chercheurs et laboratoires, députés soutenant telle ou telle filière à coup d'amendement plus ou moins téléguidé, lobbyistes orchestrant l'organisation de colloques, campagnes de presse coordonnées, éléments de langages cités en boucle... sont explicités. Un certain "comité Noé", cercle informel dont la liste des membres n'est pas "publique", a été mis en place pour contrer tout discours susceptible de mettre en péril les intérêts (financiers) de l'industrie agro-alimentaire. Il est clair que le consommateur final français (nous) est manipulé (puisque c'est pour notre santé, on vous dit!).

Après vous avoir exposé ce que j'ai personnellement retenu du livre, je vais en profiter pour dire quelques mots à propos des "vegans", idéologie à la mode en 2022, en pointe sur ce qu'ils appellent "antispécisme". Bidoche, en 2009, ne mentionne pas le terme de vegans sauf erreur de ma part. Le terme (la marque...) a connu une éclosion médiatique plus tardive en France. A l'époque, L214, aujourd'hui célèbre pour ses vidéos filmées clandestinement dans des abattoirs, s'occupait surtout du gavage des oies et canards pour produire du foie gras (évoqué dans Bidoche). Aujourd'hui, L214 interroge plus généralement sur la légitimité de tuer les animaux "sans nécessité", et j'ai bien l'impression que vouloir les manger (et/ou/puis se vêtir grâce aux produits qu'ils nous fournissent, entre mille et un motifs d'"élever" les animaux) ne sera jamais, à leurs yeux, une raison légitime... Pour ce qui concerne les "visées ultimes" et les conséquences finales de cette action quand elle aura été poussée à son terme, je préconise la lecture de La cause vegane, un nouvel intégrisme?, de Frédéric Denhez, dont la lecture m'avait personnellement intéressé (même si, je l'avoue, je n'ai pas enquêté pour savoir par qui ou par quels intérêts il était soutenu ou financé).

J'ai pris par contre la peine de vérifier la position de Fabrice Nicolino sur les vegans. Sans prétendre être exhaustif, je citerai un article (paru dans Charlie Hebdo N°1394 du 10/04/2019) concernant une action de L214 contre le sort fait aux 1000 milliards de poissons tués dans le monde chaque année pour notre alimentation, qui contient les phrases suivantes: "Je ne suis pas vegan et ne compte pas le devenir. J’ai ferraillé contre ce mouvement, et je recommencerai, mais dans l’amitié qui me lie aux deux fondateurs de L214, Brigitte ­Gothière et Sébastien Arsac." Dans CH N°1355 du 11/07/2018, il mettait en garde contre les excès possibles.

Evidemment, pour une raison d'âge (le mien, et le sien), je fais bien plus confiance à la qualité des informations de Fabrice Nicolino qu'à celles d'un quelconque freluquet de 20 ans militant de fraîche date chez telle ou telle association, ou même qu'à un journaliste ou un diplômé Master 2 de ceci ou de cela (de moins de 25 ans) frais émoulu de l'Ecole de journalisme, de la Fac ou d'un Grande Ecole quelle qu'elle soit. Ces "jeunes" parfois excessifs, à mon avis, n'ont pas eu le temps d'acquérir l'épaisseur et la largeur d'esprit qu'amènent les années et - désolé du gros mot - les expériences successives non moins que partagées.

*** Je suis Charlie ***

12 juillet 2022

L'affaire Lerouge - Emile Gaboriau

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C'est allant d'un blog à l'autre que j'avais noté chez une blogueuse le fait qu'elle chroniquait des polars "classiques". Et cela a été l'occasion pour moi de lire un deuxième roman d'Emile Gaboriau (1832-1873) - je n'avais pas chroniqué le premier. L'Affaire Lerouge (Edition France Loisirs, 455 pages) débute en mars 1862. Une femme, Claudine Lerouge, est retrouvée assassinée dans son pavillon dans le hameau de la Jonchère qui dépend de Bougival, à l'ouest de Paris. La victime n'avait semble-t-il pas d'ennemis. Ce n'est pas un crime crapuleux car des pièces d'or sont retrouvées dans un tiroir d'un meuble. Un juge d'instruction appelé Daburon est chargé de l'instruction de l'affaire. L'enquête elle-même est menée par un homme appelé Tabaret, dit "Tirauclair", que connaît l'inspecteur Lecoq (personnage que l'on retrouve dans d'autres romans de Gaboriau). Tabaret, après quelques investigation, est sûr que l'assassin (homme ou femme) est jeune. Je ne vous dirai rien de plus de l'histoire qui est racontée en détail sur W.K.pedia. Je veux seulement donner quelques-unes des mes impressions. J'ai trouvé que l'histoire se traînait un peu en longueur. J'ai mis du temps à lire ce roman. Il faut dire que l'Affaire Lerouge a d'abord été publié en feuilleton. L'histoire est tirée d'un fait divers qui s'est passé à la même époque, sous le Second Empire. On n'y parle pas du tout de politique, mais dans l'épilogue il est question d'abolition de la peine de mort. Car on a été à deux doigts de l'erreur judiciaire. L'intrigue est concentrée sur une dizaine de personnages de toutes conditions sociales. Un roman que j'ai été contente d'avoir lu.

7 août 2022

C'était Calais - Hors-série Charlie Hebdo, décembre 2016 / janvier 2017 - Coco & Foolz

Ce mois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente dans le cadre de mes "hommages du 7" touchant Charlie Hebdo un "Hos-série" sans beaucoup de rapport avec l'actualité. 

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 C'était Calais, novembre 2016, 48 pages, 6 euros

Ce Hors-série fait partie d'un lot que j'ai acheté il y a quelques mois (fin 2021 / début 2022...), 5 ans après sa parution, donc. Au moment où la France est en vacances, je me suis dit que je pourrais rappeler a contrario que la vie dans un département au bord de la mer n'est pas charmante pour tous tout le temps.

P1150429L'édito signé Riss, p.3, explique ce reportage et ce "hors-série comme destinés à "prendre date". C'est au moment où il était question de démanteler la "jungle" de Calais que Coco et Foolz, deux des dessinateurs de Charlie Hebdo, ont effectué ce "reportage dessiné". Pour rappel, des migrants venus de nombreux pays, souvent de religion musulmane, toujours pauvres, et souvent en proie à la guerre civile, ne rêvent que de passer en Angleterre pour y trouver de meilleures conditions de vie que celles qu'ils peuvent espérer chez eux, et pouvoir, éventuellement, soutenir leur famille restée au pays, qui s'est souvent saignée aux quatre veines, pour les envoyer vers le mirage occidental - je résume. A part la page signée Riss, il n'y a rien d'autre à lire que les légendes des dessins (qui contextualisent), ou leurs "récitatifs"", qui donnent un peu plus de détails... Tout y est dit, si l'on prend la peine de lire chaque mot.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire au vu du titre, ce reportage ne couvre pas seulement Calais, mais aussi Grande-Synthe (dans le Nord). Au fil des pages, nos reporters dessinent des tentes, des cabanes, des migrants, des boutiques de bric et de broc, la gadoue, la police, les bulldozers qui "démantèlent", des bénévoles, des vigiles, des voisins... Il faut regarder chaque détail, lire chaque mot gardé pour la bonne bouche...

Nous n'avons que les seuls dessins, et aucun contexte sur le "comment" ou le "pourqoi"du reportage, pas "d'histoire": quelles ont été exactement les dates du reportage? Qui en a eu l'idée ou l'initiative? Pourquoi, comment, en fait? Je regrette donc un peu le manque (à mon avis) d'analyses, de QQQOCP,... et de solutions. Je suppose que c'est parce qu'il n'en existe aucune, absolument aucune. Les flux de ces "migrants" en transit ne tarissent pas. Six ou sept ans après, il y en a toujours qui cherchent à passer en Angleterre, malgré le "Brexit" et autres changements politico-sociologiques. Sur les embarcations de fortune fournies par les passeurs, certains se noient, dans l'indifférence générale. Et le "pire" est certainement devant nous en terme de nombre de personnes concernées.

De mon côté, je n'ai guère réussi à choisir de montrer d'autres dessins. C'est difficile de résumer une synthèse: on ne peut guère "comprimer" davantage, il faudrait faire des choix, je préfère suggérer à mes lecteurs intéressés par le sujet d'investir eux-mêmes dans l'acquisition de cet ouvrage. Ce que l'on peut trouver déprimant, c'est qu'il n'y a pas de perspective. Les migrants arrivent, seuls ou parfois en famille, traversent pour certains, cependant que bénévoles et associations, inlassablement, essaient d'alléger la misère et d'améliorer les conditions de vie, dans le provisoire et un perpétuel recommencement... tandis que les pouvoirs publics, eux, cherchent à rendre "la vie dure" à tous ces "indésirables" pour à la fois respecter les obligations internationales (vis-à-vis de l'Angleterre) et éviter un "appel d'air" craint comme la peste.

Pour qui prend la peine de "suivre" un peu ce sujet, ce HS qui date déjà d'il y a quelques années recoupe d'autres articles que la presse évoque de temps en temps, à l'occasion (quand elle n'a pas d'autres sujets à aborder...), sur le "business" que représente l'activité pour les réseaux de "passeurs" organisés en mafia. Souvent, à mon avis, ces articles paraissent dans une visée "utilitariste", sont destinés à mettre en évidence l'absence de moyens de tels ou tels intervenants, lorsqu'il s'agit de sanctuariser un budget, ou d'essayer d'obtenir davantage de moyens, au moment d'arbitrages budgétaires... 

Ce hors-série est toujours en vente (6 euros) sur la boutique, mais sans que sa fiche comporte davantage d'explications.

Pour ma part, j'avais déjà abordé ce thème quelques années avant (décembre 2014) en évoquant le livre La jungle, un reportage photo de Jérôme Erquer sur le même thème.

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Dasola m'a offert un album récemment sorti qui reprend une quinzaine de dessins de Cabu publiés dans Le nouveau Candide en 1967 pour illustrer des articles sur la rafle du Vel d'Hiv. J'en parlerai un prochain mois.

*** je suis Charlie *** 

7 septembre 2022

Au diable vauvert - Maryse Wolinski

Ce mois-ci, dans le cadre de mes "hommages du 7", c'est un simple roman que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais commenter. Mais bon, pas n'importe quel roman, puisqu'il s'agit du premier publié par Maryse Wolinski. Cela fait aujourd'hui presque un an que la veuve de Georges est décédée. J'ai trouvé ce livre d'occasion il y a quelques semaines, mais je vais ci-dessous me cantonner à une chronique littéraire "classique". 

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Le dessin de couverture, non signé, est bien sûr de Georges, pour l'édition en "poche" (J'ai lu N°2560, mars 1989) du 1er roman de Maryse (Flammarion, 1988, pour la 1ère édition). Mon exemplaire avait été acheté en octobre 1989 par son ou sa premier(e) propriétaire...

La première partie commence par l'exposition des personnages, autour de la famille Sainte-Lagüe, dans l'après-guerre de 1940-44. Ida se trouve être la mère de famille. Anna, sa fille, l'héroïne principale, a 5 ans au début du récit, lorsque naissent ses deux frères jumeaux Antoine et Amaury. Etienne Sainte-Lagüe, le père, représente une sorte de hobereau local. Parmi l'entourage de la famille, on trouve encore Clémence, la grosse cousine (secrètement amoureuse du père), Fernand, le fermier, et Raymond son fils, de 4 ans plus âgé qu'Anna, et enfin Estrella, la belle Andalouse, mère d'Inès (sa seconde fille), une des maîtresses d'Etienne, devenue fille-mère (de Violetta).

A l'occasion de la naissance des jumeaux, Etienne décide de racheter le château local (en ruine), Seyrac-de-Haut qui surplombe le village et la Baise, rivière capricieuse. Ah, et le Diable vauvert, me direz-vous? Il s'agit d'une bâtisse abandonnée dépendant du château, que découvre à 5 ans Anna lorsque la famille s'installe dans celui-ci. Et voilà le décor planté pour une tragédie clanique. A 10 ans, Anna ne supporte pas d'entendre dire que ce sont ses frères qui reprendront les vignes familiales (p.34). Anna a les mêmes yeux vairons que sa tante maternelle décédée. Sa seule amie est Elisa, le même âge qu'elle, fille d'une voisine. Dès ses 16 ans, pour sa part, Raymond a déjà tous les vices (il boit, notamment)... 

La deuxième partie, la plus longue, reprend l'histoire lorsque, à 22 ans, diplôme de l'Ecole d'agriculture de Bordeaux en poche (elle y a passé 3 ans en internat [?]), Anna revient sur le domaine (p.60). Elle doit épouser un étudiant en droit, Philippe, fils des plus importants viticulteurs de la région. Et, le lendemain de son retour, encore un drame: une sale affaire, dans laquelle les coupables seront finalement... ses frères. Verdict: cinq ans de prison, dont un avec sursis. Alors qu'Anna avait pris fait et cause pour la victime, ses beaux-parents potentiels, eux, conseillaient de "ne pas rompre la loi du silence" (p.116). 

Dans la troisième partie, quelques années plus tard, Anna a fini par épouser Jules, le maire dilettante, malgré ses quelques années de plus qu'elle, et a pris en main en son nom la coopératve viticole, les affaires de la commune... Mais survient la mort du père, avant celle du mari (un accident de voiture, avec le volant pris un peu trop imbibé...).

Maintenant que j'ai raconté une partie de l'histoire (qui s'étend sur plus de 200 pages, je le rappelle), quel est mon sentiment sur ce livre? Je dirai que sa lecture n'est pas forcément faite pour apaiser l'esprit. Bien sûr, ces histoires d'enfants et d'enfance ne comprennent ni vampires, ni zombies, ni magie, ni superpouvoirs ou technologies surpuissantes... Rien que du naturel! On n'est pas vraiment non plus dans de la "Chick Litt" (si ce n'est que l'héroïne dévoile au fil des ans des talents d'entrepreneuse et de politicienne). Mais les péripéties sont noires, ou plutôt sanglantes.

Quelles autres oeuvres puis-je évoquer sur le thème de l'enfant mal aimé par sa mère? Je pourrais l'inscrire dans la lignée d'autres livres que j'ai lus jadis: Poil de Carotte, de Jules Renard, Vipère au poing, d'Hervé Bazin. Dans Malevil de Robert Merle, le schéma initial est inversé: ce sont les deux soeurs qui sont préférées au garçon... Et n'oublions pas le sort pas très enviable des gamines campagnardes tel que dépeint par Colette dans Claudine à l'école (paru en 1900!) [chroniqué le 26/07/2023].

Vu l'ancienneté du livre Au diable vauvert, en cherchant sur internet, j'ai seulement trouvé un article universitaire, datant de 2014, de Lori Saint-Martin, enseignante canadienne à l'Université du Québec à Montréal et spécialiste des études féministes en littérature. 

Le site personnel (officiel) de Maryse Wolinski est toujours en ligne (avec un nom de domaine personnalisé). Il n'a pas été mis à jour après son décès, je suppose qu'Elsa n'en a pas les codes (ou bien aura souhaité le conserver "tel quel"?). La fiche du roman Au diable vauvert y permet de se le procurer en ligne.

*** Je suis Charlie ***

31 août 2022

Les roses de la nuit - Arnaldur Indriðason

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Grâce à Kathel (dont le billet renvoie à d'autres liens), je me suis rendu compte que je n'avais pas lu Les roses de la nuit (Points Seuil, 283 pages) d'Arnaldur Indriðason avec Erlendur. Une lacune de ma part que je viens de réparer. Et bien cette enquête avec Erlendur et ses deux adjoints m'a plu grâce à une intrigue bien menée. A Reykjavik, le corps d'une jeune fille, dont on connaîtra l'identité assez tard dans l'histoire, est retrouvé sur la tombe d'un homme célèbre, Jon Sigurdssonle, héraut de l'indépendance islandaise. Anna Birta, la victime, était une jeune fille paumée et droguée. Elle se livrait aussi à la prostitution. Erlendur et son équipe découvrent qu'elle venait des fjords de l'ouest tout comme Sigurdsson. Pour en venir à Erlendur, il est divorcé depuis longtemps et a des rapports houleux avec ses deux enfants, Eva Lind et Sindri. La première se drogue et le deuxième est alcoolique, et l'ex-femme d'Erlendur a des sentiments haineux envers son ex-mari. Malgré tout, Erlendur veut absolument savoir qui est le meurtrier et pourquoi Birta a été tuée. A partir de là, l'affaire prend une tournure plus sociale et politique. Arnaldur Indriðason aborde la question des quotas de pêche, de l'émigration, de la désertification de certaines parties de l'Islande à cause du chômage. Les émigrants doivent trouver à se reloger dans une ville comme Reykjavik. D'où le fait que l'on apprend que ceux qui rachètent les quotas de pêche et les promoteurs de logements sont les mêmes personnes. Et Birta dans tout ça? Je vous laisse découvrir la relation entre ce qui lui est arrivé et le reste. J'ai trouvé l'histoire passionnante avec des personnages comme Jonas auquel on s'attache. Je conseille ce roman qui se lit très vite. 

7 décembre 2022

Charlie Hebdo, 1992-2015 - Charb

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) ne vois aucune raison de m'énorgueillir pour le n-ième "hommage à Charlie Hebdo" que j'ai péniblement réussi à rédiger vaille que vaille. S'il y a a sujet à appréciation, c'est bien sur l'objet lui-même, une "somme" sobrement intitulée Charb, Charlie Hebdo 1992-2015

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Cette "compilation" en 333 pages est parue en novembre 2016. Je me suis acheté mon exemplaire en août 2019. Je me rappelle avoir remarqué en début d'année 2022, au moment où ce recueil constituait le cadeau offert aux nouveaux abonnés à Charlie Hebdo, que l'"offre [était] valable jusqu'au 31/01/2022"... y compris dans le N°1541 paru mercredi 2 février! Comme quoi il peut arriver qu'une publication prenne un certain retard. 

Le livre commence par trois pages de préface où Luz s'adresse au lecteur (il y précise bien que le livre ne couvre pas toute la production de Charb, mais seulement celle publiée dans Charlie). Les dessins sont classés par année (de 28 [en 1992!] à jusqu'à 60 dessins par année): je suppose qu'il s'agit plutôt d'un recueil exhaustif que d'une sélection? A l'époque où je l'avais acquis, j'avais moi-même consulté les deux premières années de Charlie Hebdo nouvelle série, et il me semble que la plupart des dessins aperçus au fil des pages du journal se retrouvent dans les années concernées du livre (à l'époque, j'avais fait en bibliothèque un relevé des dessins "intemporels" dont je pensais suggérer à Charlie la "repasse" à raison d'un par semaine pour les numéros de ce XXIe siècle, dans une rubrique dédiée). Charlie Hebdo "seconde série" a désormais plus de 30 ans, depuis cette "refondation" en juillet 1992 où Charb - entre autres jeunes dessinateurs - a rejoint les "historiques" de la 1ère série!

Pour en revenir au recueil, on y trouve jusqu'à 6 dessins par page (mais c'est rare), et au total plus de 1000 dessins (en faisant le total des 24 années, j'en ai compté exactement 1055 - avec les habituelles approximations de comptage, entre une double-page foisonnante et un minuscule crobard, qui comptent tous deux pour "1"...). Chaque année s'ouvre souvent sur une couverture de Charb emblématique de cette année-là. Bien entendu, les couv' figurent dans le recueil "Les 1000 Unes 1992-2011" qu'il faudra bien que je finisse par présenter un jour.

J'ai décidé de vous présenter en "citations" uniquement ma propre sélection parmi les dix premières années (1992-2001). Du coup, voilà une bonne raison pour (vous) offrir ce recueil, un beau cadeau pour garder la mémoire!

P1150570 p.10, l'un des tout premiers dessins, en 1992 (n'apparaît-il pas daté aujourd'hui?).

P1150572 p.55, dessin de 1995.

P1150571 p.22, reprise de la couv' du N°40 (31 mars 1993).

P1150573 p.48, dessin de 1995 (en 2022, il ne s'agit plus des mêmes personnes, mais...?).

P1150574 p.63, dessin de 1996 (encore un dessin intemporel?).

P1150575 p.67, dessin de 1996 (avant qu'on parle d'économie circulaire?).

P1150576 p.80, dessin de 1997.

P1150577 p.94, est-ce que la situation s'est améliorée depuis 1998? On pourra bientôt passer un coup de fil à la machine pour qu'elle se mette en marche - et, après-demain, pour qu'un drone nous fasse boire la tasse?

P1150578 p.102 (dessin de 1998, bien sûr...).

P1150579 p.114 (1999): COP, COP, COP... Cocorico?

P1150580 p.136 (dessin de 2000).

P1150581 p.136 encore (2000 toujours). Points de vue et images du grand monde. 

P1150582 p.145: nous y voilà bientôt (2001).

*****

P.S.: dans Charlie Hebdo N°1585 de ce mercredi 7 décembre 2022, je me trouve particulièrement en accord avec l'édito signé par Riss p. 3, titré "Conseil d'ami pour le XXIe siècle", qui commence par "Vivre sans électricité, c'est le défi de la semaine". Je vous cite encore une phrase (vers la fin de la colonne): "En réalité, notre niveau de consommation d'énergie n'a pas été conçu pour satisfaire nos besoins vitaux, mais ceux du marché, qui a besoin de millions de consommateurs pour exister." Vous pouvez lire le texte complet sur le site du journal.

*** Je suis Charlie ***

18 décembre 2022

Deux livres à offrir en cadeau à des jeunes d'âge scolaire

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais vous offrir deux idées de petits cadeaux pédagogiques.

Lorsque nous étions retournés à Guédelon avec dasola il y a quelques mois, j'avais été très intéressé par une démonstration de géométrie appliquée à la construction, au travers de laquelle percolait la passion du "formateur". Ses instruments? Le compas et la règle. Mais nous n'avions pas été accueillis sur le site, comme en 2008, avec une "introduction à l'usage de la corde à 13 noeuds". Du coup, j'avais acheté à la librairie du site l'opuscule que je vous présente aujourd'hui.

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Mesurer et tracer au Moyen-Âge, Guédelon, 2022, 64 pages

Le livre donne des informations sur les différentes unités de mesure, en lien avec le corps humain (donc, bien entendu, variables d'un lieu à l'autre, même si leurs rapports respectifs étaient stables).

P1150602 p.7.

Guédelon a "standardisé" ces différentes unités... 

P1150599 p.10-11.

Page 13, est évoquée la "fameuse" corde à 13 noeuds, dont il est dit qu'elle a été inventée par les Egyptiens il y a plus de 4000 ans. Le titre général de la page est "Les instruments de mesure et de tracés sur un chantier au Moyen Âge".

P1150600 p.21.

Par contre, Wikipedia (consulté le 16 décembre 2022) fait état d'une controverse et insiste sur l'absence de preuve d'usage de la "corde à 13 noeuds" au Moyen-Âge (que ce soit dans l'iconographie ou dans les textes). Conclusion: selon les chercheurs cités, ce serait un "mythe néo-pédagogique" qui remonterait à 1966. Si ce n'est pas vrai, c'est bien trouvé! Le livre peut en tout cas constituer un bon "aide-mémoire" pour des notions de géométrie appliquée: la démonstration du théorème de Pythagore, la définition d'un carré, d'un triangle, d'un trapèze...

Bien entendu, cela n'empêche pas d'aller faire, en saison, une visite familiale au Château-fort.

Et, pour finir sur une anecdote concernant les mathématiques: je connais un professeur de maths qui me chante parfois les louanges du système duodécimal (12), pour multiplier les compétences en calcul mental aux gamins, notamment. Mais, à ma connaissance, il n'a pas encore écrit de livre sur le sujet... 

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*          * 

Le second ouvrage, que je viens de "cueillir" dans une librairie de quartier dans laquelle mon actuel club CIGALES vient d'investir, est encore plus polémique. 

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Le nucléaire n'est pas bon pour le climat, Hervé Kempf, Seuil coll. Seuil libelle, septembre 2022 

Hervé Kempf est journaliste et fondateur du site Reporterre. Il est aussi l'auteur de plusieurs livres sur les thématiques environnementales et la critique du capitalisme (et des capitalistes). Dans ce récent ouvrage, il critique le "pari" fait sur la relance du nucléaire en France, non sans des arguments qui me paraissent solides, d'une part sur le problème des déchets nucléaires, et surtout, d'autre part, sur le risque d'accident d'une centrale nucléaire en France (en contradiction avec le discours officiel comme quoi un accident nucléaire, tel que Tchernobyl ou Fukushima, ne pourra jamais avoir lieu en France). Je pense que la lecture de cet opuscule (54 pages en gros caractères) peut aider à se construire un avis sur le sujet. 

Pour conclure sur ce sujet en donnant ma propre opinion: je suis intimement persuadé que, lorsque se sera produit, en France, l'inéluctable accident aux conséquences catastrophiques clairement annoncées dans ce livre (territoire plus ou moins étendu contaminé et inhabitable, morts par centaines sinon par milliers [y compris pour des causes collatérales: accidents de la circulation, stress...], coût se comptant en centaines de milliards d'euros)... Une fois l'accident advenu, disais-je, tous les experts du monde seront sans conteste capables de nous expliquer par le menu, minute par minute, comment il s'est produit, à la suite de quelle intervention humaine intempestive et/ou de quel événement imprévu parce que totalement imprévisible... alors qu'on nous a seriné depuis des décennies qu'un tel accident était impossible. La question n'est pas là. La question est que nous devrions, le plus rapidement possible, décider de nous passer totalement d'une technologie aussi dangereuse. J'ai dit (et écrit).

A part ça, bonnes fêtes à tous, nous y sommes presque, ce n'est plus qu'une affaire de jours (pour les Fêtes, je veux dire).

26 octobre 2023

Claudine à Paris / Claudine en ménage / Claudine s'en va - Colette & Willy

20232-300x300_2023seraClassiqueJe (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) liquide aujourd'hui la "tétralogie" de Claudine que j'avais abordée dans le cadre d'un challenge spécifique. Cette fois-ci, j'en inscris les trois derniers (!) volumes seulement pour le challenge "2023 sera classique" co-organisé par Nathalie et Blandine. Mais, pour le troisième tome, il s'est bien agi cette année de ma première lecture, quand le deuxième m'avait été offert en 1981 tandis que je m'étais offert en 2009 le quatrième (sans le relire depuis). Cela fait tout de même quatre mois que j'avais annoncé la chronique de ces trois volumes... 

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Claudine à Paris, Willy et Colette, 1901, Le livre de Poche N°213, impr. en 1980, 248 pages
Claudine en ménage, Willy et Colette, 1903, Folio N°335, impr. en 2005 (DL dans la collection: 1973), 243 pages
Claudine s'en va, Colette & Willy, 1903, Le Livre de Poche N°238, impr. en 2001, 191 pages

Comme déjà signalé, on remarquera que Le Livre de Poche "oubliait" Claudine en ménage... qui ne figure d'ailleurs pas davantage dans la liste des "parus dans le Livre de Poche" en 2001. Les mystères de l'édition... 

P1160755Claudine à Paris (paru en 1901) est la suite directe de Claudine à l'école, quelques semaines plus tard: père, fille, servante-cuisinière (Mélie) et chatte (Fanchette) sont partis s'installer à Paris pour que notre malacologue (le père, spécialiste des mollusques et plus particulièrement des limaces!) se rapproche des grandes bibliothèques et des collègues parisiens. Claudine fait la connaissance de sa tante (veuve), du petit-fils de celle-ci (un Marcel qui n'est pas sans faire songer à Proust), et du papa (veuf de la fille de la tante) de ce dernier, un certain Renaud. Celui-ci lui fait rencontrer des "gens de lettres", des journalistes, des personnages réels de l'époque: dans le roman, Maugis, par exemple, qu'elle rencontre à l'opéra où l'a emmenée le fameux oncle, est inspiré... d'un certain Willy; ailleurs, Claudine se voit comparée à Polaire (p.102). Mais les liens avec "Montigny" ne sont pas oubliés: nostalgie de Claudine, échange de correspondance avec telles ou telles, ... et retrouvailles avec Luce, désormais "installée" à Paris. C'est dans ce volume en particulier (et non dans Claudine à l'école comme je le croyais avant ma relecture de cette année) que j'ai retrouvé ce qui m'avait le plus frappé quand j'étais jeune: vieillard libidineux à la limite de l'inceste, fillette mère avant l'âge de 14 ans... De son côté, dans ces livres fortement autobiographiques, Colette s'est tout de même rajeunie de quelques années. 

P1160756Rappelons-le encore, les événements de Claudine en ménage semblent se dérouler de manière contemporaine à leur publication (à quelques mois près), cependant que le mariage de Colette suivi de son introduction par Willy dans le milieu des lettres et du théâtre parisien avait eu lieu, lui, à partir de 1893. Mais certains des événements transposés dans le roman sont intervenus, "dans la vraie vie", au début du XXe siècle seulement. Que se passe-t-il donc dans Claudine en ménage? La narratrice, qui est toujours Claudine elle-même, s'interroge sur "son ménage", et cherche à se remémorer et à "mettre en ordre" ce qui s'est passé dans les quinze derniers mois... Mariage après trois semaines de fiançailles, et le voussoiement de Claudine "épouse de 19 ans" à son époux qui la tutoie. Après les voyages post-noce tout juste évoqués ("retour d'Allemagne"), un passage à l'école de Montigny "il y a trois mois" occupe trois douzaines de pages. De son côté, papa fuit Paris pour retourner en cette proovince, et Renaud (c'est lui, le désormais époux de Claudine!) reprend un "jour pour recevoir" (faire salon). Une certaine Rézi y apparaît (p.92). Quinze jours plus tard, Claudine et elle se fréquentent. Agaceries et badinages... et pas mal de "prises de tête". Et les maris, là-dedans? Quel embêtement, quels empêcheurs de se connaître plus intimement! Mais l'un des partenaires est amusé par l'idée de trouver une "fillonnière" (p.174). Surprise et trahison, p.212: le ménage à trois, ce n'est pas toujours facile à supporter. Et Claudine fait ses paquets pour revenir à son tour à Montigny... (il reste encore une trentaine de pages ensuite!). Notons pour finir que le papa macologue cite la Maison d'édition Gauthier-Villars (p.224)!    

P1160757Le titre Claudine s'en va est en lui-même une pirouette. Colette s'amuse avec la mise en abyme de trois couples (dont Claudine et Renaud, qui ne sont guère que des comparses). La narratrice est ici Annie, qui a épousé à 20 ans Alain, plus âgé de 4 ans (ils se connaissaient depiuis l'enfance). Le livre est sous-titré "Journal d'Annie". Enfin, le couple formé par Marthe (soeur d'Alain, donc belle-soeur d'Annie) et son époux Léon, écrivain professionnel, a aussi son importance dans ce "récit". Au début de l'ouvrage, Alain laisse Annie à Paris en partant pour un voyage d'affaires en Amérique du Sud (y vendre un élevage de taureaux dont Annie a hérité par un oncle). Et voici une épouse soumise abandonnée à elle-même, avec pour consigne de visiter une seule fois Renaud et Claudine, "ménage réellement trop fantaisiste pour une jeune femme dont le mari voyage au loin". Elle doit par contre consulter souvent Marthe et sortir souvent avec elle. Mais quand le chat n'est pas là, les souris peuvent apprendre à danser. Entre séjour thermal (à Arriège, ville d'eau imaginaire... peut-être dans le département de l'Ariège qui en possède au moins trois?) et visite au festival de Bayreuth, la jeune Annie va se frotter à bien du monde et comprendre bien des choses (bon, ne nous illusionnons pas, on n'est pas chez Emmanuelle, hein!): jusqu'à finir par perquisitionner la correspondance privée de son cher et tendre au domicile conjugal, ce qui l'en fera partir. Difficile aujourd'hui (2023) de savoir à qui Colette s'identifie le plus: Annie, Claudine, Marthe? Je dirais: peut-être un peu aux trois, à des époques différentes, advenues ou à venir... lorsqu'est paru ce livre! Mais je suppose qu'il doit exister bien des thèses sur le sujet.

Maintenant, il me reste à lire le dernier de la série. Non pas La maison de Claudine (qui n'a en fait rien à voir avec la série, mais davantage avec des méditations de Colette ou des souvenirs mettant en scène sa mère Sido), mais La retraite sentimentale, que je n'ai jamais lu. 

3 août 2023

Claudine à l'école - Colette / Lucie Durbiano (BD)

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J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) découvert seulement il y a quelques semaines l'existence d'une adaptation en bande dessinée du premier roman de Colette, Claudine à l'école, grâce au thème du mois dernier du challenge "Les classiques c'est fantastique" et plus particulièrement au billet de Fanny. Après mon propre billet sur le roman (qui participait aussi au challenge "2023 sera classique" co-organisé par Nathalie et Blandine), j'ai emprunté la fameuse BD en bibliothèque. 

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Claudine à l'école, Lucie Durbiano d'après l'oeuvre de Colette, Gallimard Bande Dessinée, 2018, 116 pages

L'adaptation en bande dessinée commence "dans le vif du sujet", avec dès la première page ene entrée matinale de Claudine à l'école (si, si). Evidemment, la traduction en image du livre avec ce que le dessin peut montrer d'une manière plus explicite que les mots sur le papier (même si cela reste fidèle au parti-pris du livre de suggérer plus que de montrer) nous épargne les longues pages de "récitatif" où notre "Claudine" parle d'elle-même et de sa vie "bourgeoise".

Dans cet album au dessin de style très "ligne claire", l'action s'enchaîne à toute allure et sans temps mort. Tout passe par les dialogues. Par moment, les vignettes peuvent faire songer aux "enfants" d'Hergé: Jo et Zette, ou Quick et Flupke... A d'autres, des passages plus adultes ou en tout cas plus "lestes" qu'Hergé n'aurait jamais publiés nous transcrivent crûment les sous-entendus de Colette. On a droit à quelques extraits de Pierre Louÿs illustrés très explicitement devant lesquels les gamines tombent en arrêt.

Nous voyons "de l'extérieur" Claudine agir et réagir, parfois via cette "communication non verbale" que permet le "croquage" de ses expressions corporelles... voire tel phylactère à pensée imagée. Mais il constitue une exception. On ne voit guère Claudine penser, la plus grande partie du texte du roman est transposé en dialogues. Du coup, on trouve dans l'album beaucoup de "bulles" [phylactères] (tout le texte doit y passer), car il n'y a aucun encadré narratif, et seulement de rares onomatopées ou bruitages, ou des signes conventionnels (chagrin et pleurs avec gouttes encadrant un visage, éclairs indiquant un regard furibond...).

La composition est, elle aussi, classique. Les planches sont le plus souvent composées de trois bandes horizontales de deux ou trois cases chacune. Certaines planches sont un peu plus "irrégulières", avec par-ci-par-là une subdivision horizontale en deux vignettes dans une ligne. On a aussi quelques planches avec un "gaufrier" de quatre lignes de trois cases presque carrées, je n'ai pas réussi à trouver selon quelle logique. Et, de loin en loin, quelques planches "pleine page", telle celle (le bal) qui conclut l'album. Voici quelques pages à titre de "citations".

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P1160078 p.13...  P1160079 ...et p.14. Des images licencieuses (bien avant youporn). Je n'ai jamais eu l'occasion de parcourir les oeuvres originales de Pierre Louÿs ou Albert Guillaume (?).

P1160080 p.22-23. Un peu trop "tripoteur", le toubib belâtre. Et il y a pire quelques temps et pages après (cf. plus bas p.87). De nos jours, ce médecin des écoles se retrouverait certainement en prison. 

P1160082 p.24-25. On change radicalement de sujet. Notre Claudine apparaît très câline et tactile.

P1160086 p.36-37. Une évocation...

P1160087 p.56. Elle ne lui a pourtant rien fait, cette porte fermée...

P1160088 p.72. Notre Claudine apparaît parfois contradictoire, cyclothymique, ... et toujours gamine. Toujours ce décalage entre des dialogues qui peuvent être vifs (dans les "bulles" appelées phylactères) et la sagesse du trait.

P1160089 p.87. Et pan! Ce n'est certes pas ce qui était attendu.

P1160090 p.116. La fête continue... Le ridicule ne tue pas, mais fait rire.

Hein, en voilà une école différente de Poudlard (je suis encore en train de relire Harry Potter, mais chut!).

Plus sérieusement, Lucie Durbiano a déjà publié plusieurs oeuvres chez Gallimard depuis 2006, j'y jetterai un coup d'oeil si je les croise en bibliothèque. 

7 février 2023

Le droit d'emmerder Dieu - Richard Malka

J'aurais pu (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) écrire qu'on m'avait offert pour Noël 2022 ce livre, Le droit d'emmerder Dieu, de Richard Malka. Mais il vaut mieux conserver mon éthique et ne pas enjoliver la réalité: je me le suis simplement offert (à) moi-même mi-janvier. Mon exemplaire provient d'un nouveau tirage, daté décembre 2022, alors que la première édition du livre remonte à octobre 2021. 

Cet ouvrage correspond à la plaidoirie rédigée par Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, pour la fin du procès des attentats de janvier 2015, procès qui a eu lieu devant la cour d'assises spéciale de Paris du 20 septembre au 16 décembre 2020, pour juger 14 personnes accusées d'avoir été complices des trois attentats ayant causé 17 morts du 7 au 9 janvier 2015. 

P1150696Au début de ce petit livre (93 pages, rappel chronologique compris), l'avocat Richard Malka explique qu'il a l'habitude d'écrire ses plaidoiries. Le 4 décembre 2020, port du masque dans la salle d'audience et épuisement après trois mois d'une audience parsemée d'attentats et de morts l'ont amené à écourter, à l'oral. L'éditeur et l'auteur ont choisi de livrer ce texte dans sa version écrite, plus longue que celle effectivement prononcée.

p. 10: "le sens de ce procès, c'est aussi de démontrer que le droit prime sur la force. (...) Les attentats de Charlie et de l'Hyper Cacher ne sont pas seulement des crimes. Ils ont une signification, une portée politique, philosophique, métaphysique". Richard Malka explique que ce procès est l'occasion de parler, non seulement des accusés, mais aussi des idées que l'on a voulu assassiner et enterrer. Il souhaite parler pour répondre aux terroristes qui demandent que nous renoncions à nos libertés.

À partir de la page 21, le livre retrace la chronologie des événements qui se sont achevés par le massacre perpétré contre la rédaction le 7 janvier 2015, des années après l'affaire des caricatures de M*h*m*t. Il décortique scrupuleusement la chronologie (Danemark), avant même la publication en France par France Soir en janvier 2006. Il rappelle que ce sont des imams danois ("de la mouvance des frères musulmans essentiellement, avec quelques salafistes") qui ont constitué un dossier à destination du "monde arabe", et ont affabulé en rajoutant, aux caricatures effectivement publiées au Danemark puis en Egypte, deux dessins tirés d'un site suprémaciste de blancs américains, et une photo n'ayant aucun rapport avec l'islam: un masque de cochon, que nos imams ont légendé en prétendant que c'était ainsi que leur prophète était représenté en Occident! "Cette falsification a fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes qui n'ont pas vu les véritables caricatures publiées" (p.28).

L'avocat qu'est Richard Malka ne se prive bien entendu pas de quelques effets rhétoriques en fustigeant entre autres le Président turc: massacrer des milliers de musulmans, ce n'est pas islamophobe mais publier des dessins, ce serait islamophobe? "Et puis j'ai un scoop pour le président Erdogan puisqu'il reproche à Emmanuel Macron d'avoir permis la publication de Charlie Hebdo [qui le caricaturait en octobre 2020]: nous ne soumettons pas nos caricatures au président de la République avant publication. Et même s'il voulait les empêcher, il ne le pourrait pas et il ne trouverait pas un tribunal pour le suivre. Cela s'appelle la liberté de la presse et l'indépendance de la justice (...)".

L'auteur retrace également l'histoire du blasphème en France, en remontant jusqu'aux Encyclopédistes du XVIIIème siècle, alors que le pape a mis L'Encyclopédie à l'index pour hérésie. Il rappelle que la Révolution française a abouti entre autre à ce que soit supprimé du code pénal, en 1791, le délit de blasphème. En 1881, lors des débats pour la grande loi sur la presse de la Troisième république, quand il est question de l'offense à la religion, Clemenceau répond, à l'Assemblée, à l'évêque Angers invoquant la blessure des catholiques outragés: "Dieu se défendra bien lui-même, il n'a pas besoin pour cela de la Chambre des députés". Formule que Richard Malka met en parallèle avec celle du mufti de la mosquée de Marseille à propos des caricatures: "un musulman qui croit que Dieu n'est pas assez grand pour se défendre tout seul est un musulman qui doute de la toute-puissance divine et n'est pas un bon croyant". Conclusion: "ce n'est pas compliqué à comprendre. Dieu peut se défendre tout seul contre les pauvres mortels que nous sommes, ce n'est pas la peine de supprimer ses créatures" (p.42). Richard Malka plaide donc, en toute logique, contre tout renoncement de l'esprit critique, du droit de caricaturer... Ce serait renoncer à ce merveilleux droit d'emmerder Dieu. "Et ça, Cabu, tout gentil qu'il était, hé bien il ne pouvait pas" (p.44). Il faudrait citer l'intégralité du texte, qui a l'unité d'un discours... Lorsqu'il retrace l'histoire de Charlie Hebdo (première puis seconde série), avant puis après l'affaire des caricatures, Richard Malka insiste sur la dégradation de la situation de Charlie Hebdo entre 2006 et 2015, qui a inexorablement conduit à l'attentat, en fustigeant la responsabilité des intellectuels et des politiques, pour lesquels il faudrait, au contraire, renoncer à tout ce qui peut "faire des vagues".

Pour ma part, j'ai lu cet opuscule très vite, en à peine plus d'une heure. Je vous invite à vous en imprégner.

J'ai trouvé quelques blogs qui ont eu aussi le courage d'en parler, bien avant moi: Vagabondageautourdesoi, Sin City, Lintervalle. Chacun donne aussi un ou plusieurs autres liens.

Le droit d'emmerder Dieu a reçu le Prix du livre politique en 2022. P1010613 

Je n'ai toujours pas chroniqué le livre Janvier 2015 - Le procès de Yannick Haenel (texte) et François Boucq (dessin), ouvrage paru en janvier 2021 aux éditions Les échappée. Pour le compte de Charlie Hebdo, ils ont suivi au quotidien le procès (près de deux mois et demi), avec des chroniques publiées sur le site internet et dans l'hebdomadaire. J'en parlerai certainement un mois ou l'autre.

************** 

En utile complément contemporain, je souhaite citer la conclusion d'une interview de Riss dans le Journal du Dimanche (22/01/2023, p.23) à propos du soutien apporté par Charlie Hebdo, avec ses moyens que sont articles et caricatures, à la révolte des jeunes iraniens et iraniennes contre le théocrate qui verrouille tout le pouvoir politique de leur pays: "À Charlie, quand on choisit un dessin, il ne s'agit pas d'insulter ou d'injurier. Notre critère, c'est que ça fasse réfléchir les gens."

*** Je suis Charlie ***

26 février 2023

Azincourt par temps de pluie - Jean Teulé

Profitant de son absence, j'ai (ta d loi du cine, "squatter") chipé ce livre sur la PAL de la maîtresse de blog (dasola). J'espère que cela ne la découragera pas de rédiger, le moment venu, son propre billet après lecture!

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Pour ma part, je n'avais encore jamais lu de romans de Jean Teulé (mais juste chroniqué une biographie de Charlie Schlingo dont il avait écrit le scénario pour Florence Cestac). Je ne sais donc pas comment il traite (de) la Grande Histoire ailleurs. Dans Azincourt par temps de pluie (éd. J'Ai lu n°13668, 220 p., imprimé en décembre 2022, pour l'édition que j'ai entre les mains), il nous la donne à voir sous un jour plutôt sanglant. 

Le livre se déroule sur deux ou trois jours (avant, pendant et près la bataille), du 24 au 26 octobre 1415. De manière très vivante (beaucoup de dialogues), Jean Teulé nous expose ces sacrés Français, grands seigneurs, en train de se disputer la peau du lion anglais avant de l'avoir tué, cependant que le souverrain anglais maintient une discipline de fer dans sa petite armée professionnelle. Il a fait le choix de nous présenter un rapport de 1 à 5 pour les forces en présence, alors que les chiffres varient y compris parmi les chroniqueurs de l'époque. Je n'oserai pas m'avancer sur le fait que la "fille à soldats" (surnommée "Fleur de Lys") qui se retrouve seule parmi les quelque 30 000 Français d'abord, parmi leurs cadavres ensuite est bien un personnage attesté sinon historique, ou non... mais elle sert de témoin (et, ma foi, si on l'avait écoutée - le bon sens féminin -, l'Histoire aurait pu en être changée). Mais Jean Teulé n'a pas écrit une uchronie. Il est amusant de noter que, plutôt que de présenter une bibliographie, il crédite avec humour ses "collaborateurs involontaires" (sic!) en fin de livre (de Michelet à Charles d'Orléans). Pour ma part, la description de l'entretien des arcs anglais p.26 m'a fait penser à l'Odyssée, lorsque les prétendants s'efforcent d'assouplir l'arc d'Ulysse avant que celui-ci les massacre... Ironie de l'Histoire: Jean Teulé n'a pas manqué de nous rappeler que l'armée anglaise était dans un sale état sanitaire (chiasse - même s'il parle courtoisement de dysenterie) pour avoir consommé des moules avariées en guise de pique-nique. Deux mille soldats anglais en étaient mort avant la bataille.

Comme dans La controverse de Valladolid ou dans La négociation, on a ici des antagonistes. Mais cette fois-ci, on finit par se battre, une fois le temps des échanges diplomatiques terminé. Et dans ce cas, le meilleur gagne. Jean Teulé et Wikipedia sont d'accord! Il nous a clairement été exposé les raisons pour lesquelles les faits se déroulent de telle manière. Le combat proprement dit débute p.119. C'est un massacre. En première ligne, les Français et leurs lourdes armures sont plantées dans la gadoue, reçoivent les flèches anglaises, n'y voient rien par les petits trous de leurs visières, et ne peuvent qu'attendre passivement de se faire massacrer lorsque les arcs sont abandonnés pour les haches et autres armes anti-armures. La première vague de prisonniers est éliminée: il faut bien continuer à se battre jusqu'à la déroute adverse.

Et, une fois que les combattants ont quitté les lieux, y abandonnant les monceaux de cadavres français, l'auteur n'oublie pas de nous montrer la récupération par la population locale des moindres bouts de tissu ou de métal dont ils auront l'usage, brut ou refondu... Ce roman de "vulgarisation historique" se lit vite et avec aisance.

J'ai trouvé plusieurs blogs qui en avaient parlé: A livre ouvertAu détour d'un livreLes lectures de Cannetille, PlumefilCanel

Philippe Dester n'a pas aimé. Nono a évoqué le livre pour rendre hommage à Jean Teulé (son blog cite encore un autre livre sur Azincourt). J'ai appris que Dominique Pinon lit la version audio grâce au blog Baz'Art.

Après coup, ce roman m'a fait penser au traitement que fait, en bande dessinée, Jean-Yves Delitte des grandes batailles navales. J'en ai lu quelques titres. Un billet à faire un mois ou l'autre?

7 mars 2023

Les Russkoffs - Cavanna

Ça débute avec une histoire de pénurie d'obus pour lutter contre les Russes. Et "les provinces, ça va, ça vient, surtout les frontalières" (p.13).

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) commente ce mois-ci Les Russkoffs, où François Cavanna raconte la suite (durant la seconde guerre mondiale) de son célèbre premier volume autobiographique Les Ritals, que je chroniquerai un mois ou l'autre [chroniqué le 7 novembre 2023]

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(Le livre de poche N°5505 ****, 410 p., 3e trim. 1981)

Alors, pourquoi ce titre-là et pourquoi maintenant? Le numéro 1596 de Charlie Hebdo daté du 22 février 2023 se présentait comme un numéro spécial Cavanna, qui aurait eu 100 ans (né en février 1923). Du coup, j'ai sorti de ma liste d'idées d'articles-hommages "Charlie" puis de ma pochothèque personnelle le livre, redevenu d'actualité, Les Russkoffs. Il est construit avec quelques retours en arrière, et se termine abruptement. En exergue de ce livre figurent comme dédicataires d'abord "[à] Maria Rossipova Tatartchenko, où qu'elle puisse être", puis 24 autres prénoms slaves féminins, suivis d'une vingtaine de gars français. "(...) et aussi / à tous ceux et à toutes celles dont j'oublie le nom mais pas le visage, / à tous ceux et à toutes celles qui ramenèrent leur peau, / à tous ceux qui l'y laissèrent, / et, en général, à tous les bons cons qui ne furent ni des héros, ni des traitres, ni des bourreaux, ni des martyrs, mais simplement, comme moi, des bon cons, / et aussi / à la vieille dame allemande qui a pleuré dans le tramway et m'a donné des tickets de pain."

Les Russkoffs du titre, pour ce que j'en ai donc compris, ce sont en premier lieu les femmes "de l'Est" (slaves) elles aussi réquisitionnés pour le travail en usine d'armement, ensuite les prisonniers de guerre russes - plus mal nourris que les Français? -, et en dernier lieu les soldats de l'armée rouge victorieuse, croisés en fin d'ouvrage quand ils vainquent, pillent, violent, et aussi exécutent sommairement ceux qu'on leur désigne comme "fascistes". Mais procédons par ordre.

Le premier chapitre (sur 17), titré "le marché aux esclaves" nous pose le jeune François en train de travailler sur une presse pour fabriquer des ersatzs de pointe d'obus, chacun des "vingt petit[s] Français pâlichon[s] maigrichon[s] étant flanqué de deux bonnes femme", et nous narre comment il (en) est arrivé là. Prisonniers de guerre français croisés durant le voyage (ne pas parler mal de Pétain!), interprète belge (flamand) à l'arrivée... et mise au boulot (en trois-huit à l'usine d'armement) dès la première nuit d'installation au camp.

Maria, c'est l'une de ses deux assistantes, qu'il prend d'abord pour une Allemande avant de comprendre (p.46) qu'elle est, non pas russe, mais ukrainienne (d'un pays qu'il situe très vaguement sur la carte). Et notre François va se montrer très motivé pour apprendre sa langue... 

Le troisième chapitre, titré "Pour le tsar!" (à la Michel Strogoff), revient en arrière en une soixantaine de pages (53-114) pour narrer l'exode de juin 1940, vécu par notre jeune Cavanna de 17 ans. Après avoir vainement attendu le car promis par l'administration des PTT, notre jeune vacataire part à vélo en direction de Bordeaux où l'ordre est de se replier (sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'au licenciement!). Un voyage initiatique bien qu'inutile puisque les Allemands motorisés allaient plus vite que des réfugiés à pied ou même en vélo (notre François était parti avec son vélo de course tout neuf mais aux boyaux fragiles). N'ayant pas l'âge militaire, les Allemands le laissent revenir en région parisienne. Finis les PTT: voici Cavanna tireur de chariot pour aller sur les marchés, maçon... (court chapitre titré "Ma banlieue à l'heure allemande", p.203-221). Avant de se faire "piéger" dans l'entreprise où il venait d'entrer après une offre alléchante: et paf, requis pour le STO!

En Allemagne, Cavanna travaille donc d'abord pour l'industrie d'armement, puis est muté (par mesure disciplinaire) dans un Kommando des gravats, pour déblayer, jour après jour, Berlin bombardé quotidiennement. C'est entre autres sous les bombes alliées sur Berlin en 1944-45 qu'il s'est construit son opinion sur la guerre, de même que Cabu s'était forgé son propre antimilitarisme en tant qu'appelé en Algérie (entre mars 1958 et juin 1960). Il l'a vécue à hauteur d'homme. Il nous raconte une vie quotidienne de préoccupations alimentaires (à un moment, Maria refuse de manger un steack de cheval, contrairement au jeune Français habitué par sa mère), encadrée par des gardiens plus ou moins "peau de vache" ou "complaisants", une fragile survie de couple, de groupe, pour une histoire individuelle mais pleine d'anecdotes. Par exemple, p. 300-301, il raconte par suite de quel concours de circonstance il a été amené à casser la gueule à un gestapiste dans un tramway (sans conséquences, grâce à l'humanité d'un simple flic allemand pas spécialement pro-Gestapo). Il évoque la camionnette qui exhortait par haut-parleur les requis français à rejoindre la Waffen-SS... (p.310).

Mais je ne veux pas tout raconter (lisez le livre, écrit d'une langue drue, truculente et pressée). Fin février 1945 (p.317), le camp est évacué en train vers la Poméranie, pour aller y creuser de dérisoires fossés antichars dans le sable local. Puis ordre est donné de se diriger (à pied) vers "ailleurs". Et Maria et lui quittent la colonne malgré les risques, avant de rencontrer les "libérateurs" russes. Après quelques bivouacs, arrive la fin, ou comment un homme et une femme se perdent... Pendant que François était parti "au ravitaillement", Maria s'est fait rafler par les Russes malgré ses protestations. Et jamais Cavanna n'est arrivé à la retrouver, ni avant ni après son propre retour en France, dit le livre publié en 1979. Alors même que d'autres ont réussi à préserver leur "couple de guerre": qui a ramené "sa" Russkoff" (p.303: évasion, engagement dans la 2e DB, pour revenir en Allemagne chercher sa Klavdia), qui sa jeune Berlinoise brune (Ursula, p.308), qui envisageait de rester sur place (600 hectares de terre et la veuve allemande en prime, pour quelqu'un qui, au pays, ne possédait rien que ses deux bras, p.364). Le STO, finalement, ça aura donné les premières chansons de Brassens, mais aussi ces mémoires de Cavanna.

Pour les lecteurs et lectrices de 2023, je souhaite insister sur le fait qu'il ne s'agit pas là d'un roman, mais d'un témoignage de première main sur le quotidien vécu en particulier à deux et en général en groupe, dans un pays étranger où l'auteur n'est pas venu de son plein gré mais où il a vécu les horreurs de la guerre (y compris en assistant à des morts violentes).

J'ai trouvé peu de blogs en ayant parlé: Les plumes baroques (dernier billet en juillet 2020), Aspirant auteur (dernier billet en juin 2017). Je ne m'interdirai pas d'en rajouter "au fil de l'eau".

Et dans le numéro "centenaire" de Charlie que j'évoquais plus haut? En 16 pages, on trouve plus d'une douzaine de citations choisies par d'actuels rédacteurs ou dessinateurs (dont tous ne l'ont peut-être pas connu?), et quelques phrases à sa mémoire par rapport à Charlie dans la plupart des chroniques régulières. Jacques Littauer, notamment, évoquait Les Russkoffs (p.5). 

*** Je suis Charlie ***

13 février 2023

Le disparu de Larvik - Jorn Lier Horst

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Le disparu de Larvik (Edition Folio, 471 pages) est le quatrième Jorn Lier Horst que je lis après Fermé pour l'hiver, Les chiens de chasse et L'usurpateur. J'ai eu du plaisir à retrouver l'inspecteur William Winsting et sa fille Line. Cette dernière qui est enceinte doit accoucher dans peu de temps. En attendant l'heureux événement, Line se lie d'amitié avec Sofie Lund qui vient d'emménager dans une maison voisine. Line apprend que Sofie Lund, jeune mère de famille, est la petite-fille d'un certain Frank Mandt décédé récemment. Il était chef d'un gang qui importait des amphétamines. Pendant ce temps, Winsting reprend une enquête sur la disparition six mois auparavant de Jens Hummel, un chauffeur de taxi, dont on ne sait pas ce qu'il est devenu. Sophie Lund fait ouvrir un coffre situé dans le sous-sol de sa maison. Dans ce coffre, il y a de l'argent, des papiers, des cassettes audio et surtout un revolver. Elle confie l'arme à feu à Line. Bien entendu, cette dernière fait passer l'arme à son père qui apprend que ce revolver a servi lors d'une fusillade au cours de laquelle une jeune femme a été tué, la nuit du jour de l'An. Ce meurtre a eu lieu peu de temps avant la disparition du chauffeur de taxi. L'arme n'avait jamais été retrouvée mais un suspect avait été très vite arrêté, et son procès est sur le point de démarrer, alors qu'il est peut-être innocent. Après avoir été déçue par Fermé pour l'hiver, j'ai trouvé l'intrigue du Disparu de Larvik plutôt complexe est bien menée mais l'ensemble m'a paru long. J'avais aimé Les chiens de chasse. Lire les billets d'Eva, Jean-Marc Laherrère, MAM & BMR

10 juin 2023

Challenge "Les épais de l'été" 2023 (21 juin au 23 septembre)

samedi 10 juin 2023 (dernière mise à jour de ce billet : samedi 23 septembre 2023)


 == Attention : le présent billet est resté "épinglé" en tête de blog jusqu'au 23/09/2023 inclus, mais les billets "réguliers" continuaient à arriver, juste en-dessous de celui-ci et de sa partie récapitulative ... ==

À la suite de Brize qui, après avoir créé et fait vivre durant 11 éditions son challenge "Pavé de l'été", n'a pas souhaité l'organiser en 2023, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous propose à mon tour de poursuivre un an de plus le défi, avec :

Epais
[Challenge Les épais de l'été 2023, organisé chez dasola par ta d loi du cine]

* L'objectif reste le même: lire (et chroniquer) un livre de 600 pages minimum (dont l'édition papier -à mentionner- doit exister en un seul volume).
Il est indispensable de préciser quelque part dans votre billet le nombre de pages.
Dates de publication des billets: du mercredi 21 juin 2023 au samedi 23 septembre 2023 (inscriptions acceptées jusqu'au 31 août 10 21 23 septembre). 

* Une bonne motivation pour vider sa PAL d'un ou plusieurs volumes en profitant de la période estivale!

* Ces dernières années, Brize avait baissé la barre à 550 pages. Disons qu'en replaçant la barre à 600 pages, je laisse de l'espace à tout blogueur-euse qui souhaiterait aussi reprendre le concept, mais avec un plancher inférieur ;-)

* * * * *  

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== À noterSibylline du blog La petite liste a repris le concept intégralement et a ouvert dès le 2 juin les inscriptions pour vos participations chez elle.

  - Si vous ciblez un livre entre 550 et 600 pages, vous pouvez donc vous inscrire chez elle.

  - Si c'est plus de 600, n'hésitez pas à vous inscrire aux deux (chez elle et ici) ;-) ==

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Quelques précisions tout de même sur celui que je vous propose pour ma part.

Bien entendu, je ne peux pas dire avoir, plutôt qu'un autre, le moindre aval de Brize pour reprendre le challenge pavé de l'été: comme elle l'a écrit, chacun est libre de reprendre l’idée de ce challenge s’il le souhaite et de s’organiser, pour le mener, comme bon lui semble.

* À part le nombre de pages, le challenge ne comprend aucune contrainte ni suggestion, ni aucun thème (il peut s'agit d'un ou plusieurs romans, d'une biographie, d'un essai...). Ce qui signifie qu'il est tout à fait possible, autorisé, voire même conseillé, de faire "d'un livre deux challenges", en dotant votre billet non pas d'un mais de plusieurs logos (classiques, littérature de l'imaginaire, mois thématique, ...ou que sais-je encore!).
Si vous ne savez où en trouver, bon nombre de challenges sont répertoriés chez Pativore.

* Je ne fréquente pas les livres numériques... mais je suppose qu'il me faudra les accepter le cas échéant (sauf si quelqu'un d'autre insiste pour créer un challenge à part?).

* Je ne m'occuperai d'aucune page f*ceb**k ni de relais sur Inst*gr*m (je n'y suis pas présent et n'ai aucune intention d'y être): là encore, s'en occupe qui veut!

* Vous pouvez d'ores et déjà vous inscrire par un commentaire sous le présent article (qui sera mis à jour quotidiennement).
Je ne sais pas encore si j'utiliserai un système de "boite à liens" ou non (non fait pour les précédents challenges que j'ai déjà organisé ou co-organisé) [voir "Challenges en cours", colonne de droite, en haut, ou bien "Challenges terminés", colonne de gauche, en bas]. 

* Mon fonctionnement sera plutôt "light": sans doute pas de billets "de rappel" ni de "bilans intermédiaires. Mais le présent billet "récapitulatif" sera mis à jour tout au long du challenge, au fil des inscriptions d'une part, des publications de chroniques d'autre part.

* Un "Bilan final" sera bien entendu publié après la clôture, avec quelques statistiques (on ne se refait pas!) [Billet publié le 24 septembre 2023].

* À noter que, sur le blog de dasola, nous n'avons pas l'habitude de répondre systématiquement à chacun de vos commentaires.
Par contre, chaque billet référencé sera lu et commenté chez les blogueuses-eurs concerné-e-s (qui y auront intégré logo et lien vers la présente page).

* Je ne suis pas très chaud pour accepter des chroniques postées sur les plateformes monopolistiques que sont b*b*lio, livr*ddict et autres b**knode (je n'y suis pas inscrit et n'ai pas l'intention d'y aller).
Par contre, pourquoi ne pas aller "squatter" pour publier votre billet chez l'un ou l'autre blogueur-euse de votre connaissance (cela arrive à des gens très bien...)?
Ça peut aussi permettre de se motiver pour des lectures communes, pourquoi pas?

Edit du 17/06/2023 suite à la question de claudiaLucia de ce jour. Comment compter le nombre de pages? En regardant (aaaargh!) sur les sites de la Fn*c ou d'*m*z*n. Dans son cas, les deux donnent l'édition de 1954 d'Olympio pour 604 pages, donc, non-fiction ou pas, c'est bon ;-)

Edit du 21/06/2023 suite à la question d'Ideyvonne: comme dit "entre les lignes" plus haut, tout ce qui est "non-fiction" (études, livre d'histoire, "beaux livres", etc.) est acceptable (et pas seulement la littérature). Et aussi les "essais", bien sûr [Edit du 01/08/2023, après une question de Jigs].

Edit du 12/07/2023: je précise bien que l'édition "épaisse" doit exister, mais que ce n'est pas forcément celle que vous avez eue entre les mains... N'hésitez pas à participer si cette condition d'existence est remplie. Certain(e)s en seraient presque trop honnêtes à mes yeux et font preuve de trop de scrupules ;-)

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Inscriptions [43 (datées) parfois déjà dans la blogroll], objectifs annoncés à venir (4 pour 2 660 pages, par 4 participantes& participations publiées (avec nombre si plus d'un billet) [106 "épais" pour 79 164 pages, par 34 participant(e)s, avec 92 livres différents, par 77 auteurs ou co-auteurs (avec date de publication du billet)]:

Agnès (27/06/2023), 3 livres: Elizabeth Jane Howard - Etés anglais (La saga des Cazalet, tome 1) [608 pages - 27/06/2023] - Anne-Marie Garat - L'enfant des ténèbres [944 pages - 30/07/2023] - David Graeber et David Wengrow - Au commencement était... [752 pages - 10/09/2023]

* Aifelle (17/07/2023): Julia Glass - En ces temps de tempêtes [608 pages - 03/08/2023]

* Anne (24/06/2023): Yann Arthus-Bertrand - 365 jours pour réfléchir à la terre [800 pages - 24/06/2023]

* Athalie (10/06/2023), 3 livres: Zhang Yueran - Le Clou [640 pages - 12/07/2023] - Nicolas Mathieu - Leurs enfants après eux [608 pages, en gros caractères - 07/08/2023] - Michael Christie - Lorsque le dernier arbre [672 pages - 11/09/2023]

* Audrey (10/06/2023) [cf. colonne de droite]: Elena Armas - The Spanish Love Deception [672 pages]

* Belette2911 (12/06/2023), 15 livres: J. K. Rowling - Harry Potter et les reliques de la mort (Harry Potter, tome 7) [896 pages - 28/06/2023] - Nadine Matheson - L'équarisseur (Anjelica Henley, tome 1) [600 pages - 30/06/2023] - David Gemmell - Le coeur de corbeau (Rigante, tome 3) [640 pages - 04/07/2023] - Stephen King - Conte de fées [736 pages - 19/07/2023] - David Gemmell - Le cavalier de l'orage (Rigante, tome 4) [752 pages - 26/07/2023] - John Gwynne - Malice (Le livre des terres bannies, tome 1) [640 pages - 30/07/2023] - Jérôme Camut et Nathalie Hug - Le calice jusqu'à la lie (W3, tome 3) [992 pages - 04/08/2023] - Stephen King - Salem [832 pages - 10/08/2023] - Terry Hayes - Je suis Pilgrim [912 pages - 14/08/2023] - David Gemmell - Les épées de la nuit et du jour (Drenaï, tome 11) [600 pages - 19/08/2023] - Stephen King - Tout est fatal [704 pages - 22/08/2023] - Greg Iles - Brasier noir (Natchez Burning, tome 1) [1056 pages - 29/08/2023] - John Gwynne - Bravoure (Le livre des terres bannies, tome 2) [672 pages - 30/08/2023] - Ray Celestin - Mascarade (Michael Talbot et Ida Davies, tome 2) [624 pages - 12/09/2023] - Karl Marlantes - Faire bientôt éclater la terre [860 pages - 19/09/2023]

* Canel (31/07/2023) [cf. colonne de droite]

* Cannetille (20/08/2023)

* Carole Nipette (10/06/2023): Bret Easton Ellis - Les éclats [616 pages - 16/08/2023] 

* Claudialucia (10/06/2023), 4 livres: Stefan Zweig - Balzac [664 pages - 21/06/2023] - André Maurois - Olympio ou la vie de Victor Hugo [604 pages - 05/09/2023] - Jo Nesbo - Leur domaine [688 pages - 06/09/2023] - Jussi Aldler-Olsen - Sel (les enquêtes du département V, tome 9) [672 pages - 11/09/2023]

* Dan (18/06/2023)

* Dasola (24/06/2023), 5 livres: Eva Garcia Saenz de Urturi - Les rites de l'eau [608 pages - 10/07/2023] - Ghislain Gilberi - Sa Majesté des ombres (La trilogie des ombres, tome 1) [740 pages - 21/07/2023] - Stefan Ahnhem - La neuvième tombe [736 pages - 12/08/2023] - Philippe Sands - Retour à Lemberg [768 pages - 15/08/2023] - Jo Nesbo - Leur domaine [688 pages - 05/09/2023] 

* Doc Bird (10/06/2023), 3 livres: Liane Moriarty - Neuf parfaits étrangers [672 pages - 11/07/2023] - Karine Giebel - Toutes blessent, la dernière tue [800 pages - 17/07/2023] - Margaret Atwood - Les testaments (La servante écarlate, tome 2) [650 pages en grands caractères - 20/09/2023]

* Doudoumatous (10/06/2023): Zhang Yueran - Le Clou [640 pages - 12/07/2023]

* Ecureuil bleu (11/06/2023): Edmonde Permingeat - Tu es moi [628 pages - 14/09/2023]

* Enna (26/06/2023), 2 livres: Jussi Aldler-Olsen - Sel (les enquêtes du département V, tome 9) [672 pages, écouté en audiolivre - 26/08/2023] - Robert Galbraith - The Ink Black Earth (Cormoran Strike, tome 6) [1248 pages, en VO - 30/08/2023] 

* Erwelyn (23/06/2023) [cf. colonne de droite]: John Christopher - Les Tripodes [612 pages]

* Gaëtane (26/07/2023): Hans Fallada - Seul dans Berlin [768 pages - 16/07/2023]

* Gambadou (11/06/2023), 2 livres: Albert Cohen - Belle du Seigneur [852 pages - 30/08/2023] - Amor Towles - Lincoln Highway [640 pages - 06/09/2023]

* Gromovar (16/08/2023): Larry McMurtry - Lonesome Dove (Gus McCrae & Woodrow Call, tome 1) [848 pages, en VO - 16/08/2023]

* Ingannmic (10/06/2023), 8 livres: George Sand - Histoire de ma vie [864 pages - 27/06/2023] - Zhang Yueran - Le Clou [640 pages - 12/07/2023] - Jo Nesbo - Leur domaine [688 pages - 22/07/2023] - Michael Christie - Lorsque le dernier arbre [672 pages - 28/07/2023] - Joyce Carol Oates - Un livre de martyrs américains [864 pages - 22/08/2023] - Alexandre Dumas - Le comte de Monte Cristo [1504 pages - 28/08/2023] - Malcolm Lowry - Au-dessous du volcan [608 pages - 06/09/2023] - R. J. Ellory - Le carnaval des ombres [768 pages - 12/09/2023] 

* Isabelle (22/07/2023)

* Jigs (20/06/2023), 2 livres: Anthony Doerr - La cité des nuages et des oiseaux [704 pages - 29/07/2023] - Umberto Eco - Le pendule de Foucault [672 pages - 17/09/2023]

* Kathel (10/06/2023), 3 livres: Francesca Melandri - Tous, sauf moi [640 pages - 03/07/2023] - Elizabeth George - Une chose à cacher (Inspecteur Linley, tome 21) [864 pages - 18/07/2023] - Goliarda Sapienza - L'art de la joie [800 pages - 24/07/2023] - Sok-Yong Hwang - Le vieux jardin [704 pages] 

* Keisha (10/06/2023), 2 livres: Hélène Gestern - L'odeur de la forêt [704 pages - 10/07/2023] - Hanya Yanagihara - Vers le paradis [816 pages - 27/07/2023]

* Lhisbei (02/07/2023): Marie Robinette Kowal - Sur la lune [736 pages - 06/09/2023]

* L'or rouge (06/08/2023) [cf. colonne de droite]

* Maggie 76 (24/07/2023): Soren Sveistrup - Octobre [736 pages - 24/07/2023] 

* Manika 27 (26/07/2023): Alice Ferney - Cherchez la femme [720 pages - 12/07/2023]

* Mara (16/06/2023), 17 livres: Lucinda Riley & Harry Whittaker - Atlas (Les sept soeurs, tome 8) [768 pages - 21/06/2023] - Bernard Minier - M, le bord de l'abîme [640 pages - 24/06/2023] - Martha Hall Kelly - Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux (Les femmes Ferriday, tome 1) [672 pages - 25/06/2023] - Sarah Lark - Le chant des coquillages (Fleurs de feu, tome 2) [792 pages - 02/07/2023] - Lucinda Riley - L'ange de Marchmont Hall [710 pages - 04/07/2023] - Min Jin Lee - Pachinko [640 pages - 07/07/2023] - Santiago Posteguillo - Moi, Julia - un empire, une destinée [944 pages - 10/07/2023] - Pierre Lemaitre - Le grand monde (Les années glorieuses, tome 1) [768 pages - 15/07/2023] - Elizabeth Chadwick - Le chevalier d'Aliénor (Guillaume le Maréchal, tome 1) [672 pages - 29/07/2023] - Mazo de la Roche - La naissance de Jalna / Matins à Jalna (Jalna, la saga des Whiteoak, tomes 1-2) [800 pages - 06/08/2023] - Lucinda Riley - La chambre aux papillons [640 pages - 08/08/2023] - Anne Jacobs - La villa aux étoffes (tome 1) [648 pages - 13/08/2023] - Elizabeth Chadwick - L'hiver d'une reine (Aliénor d'Aquitaine, tome 3) [672 pages - 16/08/2023] - Margaret Atwood - Captive [624 pages - 22/08/2023] - Alexandre Dumas - La reine Margot [672 pages - 01/09/2023] - Anne Jacobs - Les filles de la villa aux étoffes (la villa aux étoffes, tome 2) [696 pages - 11/09/2023] - Annie Barrows - Le secret de la manufacture de chaussettes inusables [696 pages - 18/09/2023]

* Marilyne (10/06/2023) [cf. colonne de droite]

* Martine (15/06/2023): Elizabeth George - Une chose à cacher (Inspecteur Linley, tome 21) [864 pages - 30/08/2023] 

* MHF (22/08/2023), 4 livres: Alice Ferney - Cherchez la femme [720 pages - 12/07/2023] - Karine Giebel - Glen Affric [768  pages - 09/08/2023] - Robert Goddard - L'énigme des Foster [604 pages - 21/08/2023] - Robert Goddard - Sans même un adieu [800 pages - 29/08/2023] 

* Michel Tabras (01/07/2023): Elizabeth Jane Howard - Etés anglais (La saga des Cazalet, tome 1) [608 pages - 01/07/2023]

* Miriam (27/07/2023) [cf. colonne de droite]: Barbara Kingsolver - Un autre monde [672 pages]

* Nathalie (17/07/2023): Daphné du Maurier - Rebecca [640 pages - 30/06/2023]

* Patrice (11/07/2023), 2 livres: Alexandre Dumas - Les Trois Mousquetaires [852 pages - 31/08/2023] - Anni Kytömäki – Gorge d’Or [640 pages - 20/09/2023]

* Sacha (01/07/2023), 3 livres: Thomas Hardy - Loin de la foule déchaînée [768 pages - 30/06/2023] - Alexandre Dumas - Les Trois Mousquetaires [852 pages - 28/08/2023] - Nino Haratischwili - La huitième vie [1200 pages - 04/09/2023]

* Sandrion (29/07/2023), 4 livres: Dolores Redondo - Tout cela je te le donnerai [768 pages - 16/07/2023] - Hans Fallada - Seul dans Berlin [768 pages - 29/07/2023] - Julia Glass - En ces temps de tempêtes [608 pages - 02/08/2023] - Ernest Hemingway - Iles à la dérive [672 pages - 24/08/2023]

* Sibylline (19/07/2023): J. K. Rowling - Une place à prendre [792 pages - 15/07/2023]

* Sunalee (26/06/2023), 5 livres: Larry McMurtry - Les rues de Laredo (Gus McCrae & Woodrow Call, tome 2) [784 pages - 23/07/2023] - Nino Haratischwili - La huitième vie [1200 pages - 30/07/2023] - Owen Hatherley - Landscapes of Communism. A History through Buildings [612 pages - 24/08/2023] - Bret Easton Ellis - The Shards [608 pages, en VO - 27/08/2023] - Luther Blissett - Q – L’oeil de Carafa [752 pages - 17/09/2023] 

* Ta d loi du cine (10/06/2023), 3 livres: J. K. Rowling - Harry Potter et la coupe de feu (Harry Potter, tome 4) [784 pages - 31/07/2023] - Michael Mann et Meg Gardiner - Heat 2 [704 pages - 26/08/3023] - J. K. Rowling - Harry Potter et l'Ordre du Phénix (Harry Potter, tome 5) [1040 pages - 18/09/2023] 

* Violette (07/08/2023), 2 livres: R. J. Ellory - Seul le silence [608 pages - 10/08/2023] - Philippe Jaenada - La petite femelle [744 pages - 12/09/2023]

24 septembre 2023

Bilan du Challenge Epais de l'été 2023

L'été se termine, et avec lui le challenge "Les épais de l'été" (lancé par moi, ta d loi du cine, "squatter "sur le blog de dasola), dont le billet commençant par un énorme logo est resté épinglé en tête du présent blog tout l'été: c'est fini! Merci à toutes et tous pour vos participations ;-)

Epais

Il est temps de rédiger un billet de bilan.

Voici donc les chiffres finaux arrêtés au 23 septembre (et que l'on a pu voir monter, jour après jour, dans le billet récapitulatif, avec date de publication du billet): 106 "épais" pour 79 164 pages, par 34 participant(e)s, avec 92 livres différents, par 77 auteurs ou co-auteurs.

Je vais commencer avec un petit palmarès des participant-e-s par nombre de billets. Avec 17 participations, le pompon a été décroché par Mara qui arrive en tête, suivie dans l'ordre par Belette (15), Ingannmic (8), Dasola et Sunalee (5). En sont restés à 4 (ce qui est déjà fort bien!): ClaudialuciaMHF et Sandrion. En ont lu 3 (et, n'est-ce pas, pour un challenge qui durait trois mois, c'est pas mal du tout!): Agnès, Athalie, DocBirdKathel, Sacha... et Ta d loi du cine. Ont réussi à lire 2 épais bouquins (bravo!): Enna, GambadouJigs, Keisha, PatriceViolette. Les autres participant-e-s ont "rempli le contrat" avec une participation prise en compte dans les délais: merci à Aifelle, Anne, Carole Nipette, Doudoumatous, Ecureuil bleu, Gaëtane, Gromovar, Lhisbei, Maggie, Manika27, Martine, Michel Tabras, Nathalie, Sibylline. Et j'espère surtout que je n'oublie personne (participation de dernière minute, non signalée...)!

Neuf inscriptions n'ont pas été honorées (ce sera pour une prochaine fois), avec 3 ou 4 annonces que j'avais précisées (avec optimisme...) dans le "récapitulatif" (ils y sont désormais barrés). Comment avait dit Brize, une fois, dans l'un de ses 11 Bilan de Pavé de l'été? Ah oui: veni, vidi, non vici.

Si l'on veut avoir un aperçu des auteurs ayant eu le plus de succès (avec plus d'un livre): Alexandre Dumas a inspiré 4 participants (pour 3 classiques: six Mousquetaires, une Reine et un Comte). On compte 4 ou 5 J.K. Rowling (selon qu'on décompte ou non à part Robert Galbraith), pour 3 tomes différents de la saga Harry Potter et deux autres titres, et un total de 4 participant(e)s. Certains ont chroniqué plusieurs titres d'un même auteur (pas toujours dans le cadre de la même série), surtout parmi nos recordwomen: ainsi, Belette s'est "acharnée" sur David Gimmel et Stephen King (3 fois chacun) ainsi que sur John Gwynne (2), cependant que Mara a chroniqué 3 Lucinda Riley (dont un posthume), 2 Elizabeth Chadwick, 2 Anne Jacobs. Et Ta d loi du cine (si, si) a relu deux Harry Potter.

En regardant cette fois-ci les oeuvres (ce qui, bien sûr, recoupe le classement par auteurs): deux titres ont inspiré chacun trois participations: Le clou de Zhang Yueran, et Leur domaine de Jo Nesbo. Plusieurs titres ont été chroniqués par deux participants (parfois en VF et en VO): Bret Easton Ellis (pour Les éclats / The Shards). Mais aussi des oeuvres de Jussi Alder-Ossen, Michael Christie, Hans FalladaAlice Ferney, Elizabeth George, Julie Glass, Nino Haratischwili, Jane Howard... que vous trouverez dans le "récapitulatif"! Quelques auteurs ont été chroniqués "à deux titres différents" (Margaret Atwood, R. J. Ellory, Robert GoddardLarry McMurtry). Je signalerai juste pour mémoire la diversité des genres: nous avons eu aussi bien des livres contemporains que des classiques, des nouvelles oeuvres que des rééditions, représentant nombre de pays (nationalité de l'auteur, pays où se déroule l'intrigue - les deux ne coïncident pas toujours), des types d'ouvrages différents (fiction ou non-fiction, littérature, fantasy, polars, romans historiques ciblant des époques variées...), soit un panel très large. Pour le détail, allez voir le récapitulatif ;-)

0 logo retenu_paves2023Je souhaite aussi mentionner Les pavés de l'été 2023 que Sibylline a organisé sur son blog La petite liste, puisque nous avions en parallèle organisé indépendamment nos propres suites au challenge Le pavé de l'été que Brize avait lancé et maintenu durant 11 éditions (de 2012 à 2022), en annonçant ne pas l'organiser en 2023 (mais laisser qui voulait en reprendre l'organisation être libre de le faire). Sibylline a pris en compte ses participations à partir de 550 pages (contre 600 pour Les épais de l'été 2023).

Du coup, elle et moi, nous avons en commun 22 participants pour 82 livres de plus de 600 pages. Sibylline compte en outre 26 participations: 3 pour des publications sur Instagram que j'excluais expressément, 13 billets par 8 participants inscrits chez moi qui ont aussi chroniqué des livres entre 550 et 599 pages (qui n'entraient pas dans mon champ), une ancienne participante chez Brize qui a chroniqué cette année un seul livre de 576 pages, et quatre autres participants ayant au minimum un livre d'au moins 600 pages (7 chroniques au total, qui "auraient pu" venir chez moi...), à côté de deux de moins de 600 que je n'aurais pas pris.

De mon côté, malgré l'information qui figurait dans mon billet de présentation, 13 de mes participants se sont inscrits exclusivement sur Les épais de l'été (pour un total de 24 items). Il s'agit souvent de "fidèles commentateurs" chez dasola. Je pense que Sibylline aurait rejeté un des livres que j'ai accepté: 800 pages dont 365 avec une photo...

Pour promouvoir cette "suite" que nous donnions au Pavé de l'été que Brize n'organisait pas en 2023, j'avais pris la peine d'aller "tirer par la manche" à peu près tous les blogueurs ayant participé à au moins une des éditions chez Brize et ayant un blog encore actif en 2023 (environ 80 sur plus de 150), en tâchant autant que possible de déposer un commentaire sur leur blog. Mais il est possible que mes commentaires chez eux soient passés en "SPAM" et qu'ils ne les aient jamais lus (ce sont souvent des blogs sous la plateforme wordpress). En tout cas, 26 de mes 43 inscrits avaient participé à au moins une (et même à 11, pour Enna et Keisha!) des éditions du "Pavé de l'été" de Brize. Finalement, 23 des "anciens" de Brize ont contribué aux Epais de l'été avec au moins un billet en 2023. 

Quelques observations complémentaires (si ce n'est pas abuser de votre attention...):

Il est arrivé qu'un titre de livre soit annoncé des semaines voire des mois à l'avance (certaines lectures n'ont d'ailleurs pas été concrétisées, en tout cas pas jusqu'à la rédaction d'un billet); à l'inverse, en prenant la peine de signaler l'existence des challenges estivaux sur de gros bouquins, j'ai obtenu un certain nombre d'inscriptions rétrospectives. Je crois qu'il a exceptionnellement dû m'arriver de cligner des yeux s'il y avait bien le lien mais pas le logo, ou inversement. Il existe des blogs qui ne veulent pas (ou ne savent pas - ce ne sont pas forcément les mêmes) insérer un logo récupéré ailleurs et/ou un lien dans leur billet déjà publié... En tout cas, avec plus de 100 billets ayant participé au challenge qui se déroulait sur trois mois, il a en moyenne été rédigé plus d'un billet par jour sur de "gros bouquins". 

Dans mon "récapitulatif", j'ai pris le parti de mentionner le nombre de pages que compte une oeuvre chroniquée. Je revendique une part de subjectivité dans ces indications. Entre l'édition lue par le blogueur et l'édition "longue" existante, je privilégie la plus longue. Même si une oeuvre publiée en deux tomes existe et même si chacun suffisait à faire un pavé, j'ai privilégié pour mes comptages l'édition (en Pléiade!) qui existe en un seul volume. J'ai (exceptionnellement) rajouté des qualificatifs lorsque plusieurs éditions existaient, soit qu'il s'agisse de celle sur laquelle porte le billet, soit au contraire pour "justifier" la prise en compte dans le challenge via une édition en remplissant les conditions: "écouté en audiolivre; en VO; en grands caractères...". Je n'ai par contre jamais eu de cas où plus d'une de ces "précisions" soit nécessaire. Comme je l'avais précisé, certains sont trop honnêtes et "ne veulent pas tricher", parce que l'édition qu'ils ont lue ne compte pas le nombre de pages requis, cependant qu'il en existe une ou plusieurs autres remplissant les critères et faisant que j'aurais avec plaisir accepté leur billet...

En stricte arithmétique, si chaque participant-e avait fait un commentaire sous chaque billet rédigé par les autres (et avait aussi répondu chez lui), on aurait pu espérer la génération de ... beaucoup de commentaires sur la blogosphère (en tout cas, le billet "récapitulatif" a battu un record chez dasola: 123 commentaires - par 46 blogueurs différents). Certains déploreront peut-être de n'avoir eu que peu de commentaires malgré leur inscription aux challenges. La question qui se pose est: et vous, au fait, chez combien d'autres participants avez-vous fait des commentaires? Pour ma part, je m'étais engagé à aller en faire un sous chaque billet. Mais certaines plateformes (mais je ne vais pas dénoncer, hein wordpr...) semblent réfractaires à mes commentaires: j'ignore si mon "profil" est blacklisté par certains utilitaires antispam... ou par le blogueur lui-même (qui, peut-être, accepte exclusivement les commentaires de personnes déjà connues?), ou encore si mes commentaires attendent une validation expresse dans une catégorie "Indésirable" où le blogueur ne songe jamais à aller... et qui finit par les supprimer automatiquement au bout d'un certain délai. Il y a tellement de paramètres et de réglages possibles... 

À titre personnel, encore une fois, je n'aurai pas réussi à chroniquer ni même à finir de lire mon gros Stevenson. Ce sera pour une prochaine fois (prochaine édition, prochaine année...)! Et si j'avais mis la barre à 650 pages (comme je le ferai peut-être l'an prochain?), seuls 31 livres auraient été éliminés, et il y aurait encore eu 28 participant-e-s pour 75 billets! Peut-être qu'idéalement, il faudrait compter le nombre de caractères (hors espaces!) plutôt que le nombre de pages... Ce sera peut-être possible le jour où tous les livres seront disponibles sur "liseuse", je ne pense pas que ce soit déjà le cas (et vive le papier!).

Je termine en réitérant mes remerciements à toutes et tous les participant-e-s, et aussi à Brize qui avait initié en 2012, puis porté pendant 11 éditions, ce concept d'un challenge estival sur des "pavés" qui constituait un rendez-vous annuel connu, attendu et même préparé par certains et certaines, pour avoir laissé qui voulait le faire en reprendre l'organisation pour 2023. 

31 juillet 2023

Harry Potter et la coupe de feu - J. K. Rowling (livre) / Mike Newell (film)

Epais  0 logo retenu_paves2023

Vu que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) croulais déjà sous une demi-douzaine de billets ou articles en cours dont je procrastine toujours la finalisation, j'ai bien évidemment, le weed-end dernier, consacré une quinzaine d'heures à tout autre chose, à savoir une n-ième relecture d'un "épais" livre, et le n-ième visionnage d'un long film et des bonus qui l'accompagnent en DVD. Voici donc ma première participation au challenge "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, et à celui, "Les pavés de l'été", organisé de son côté par Sibylline sur son blog

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[Edit 02/08/23] Image prise une fois l'appareil photo de dasola revenu de voyage!

L'idée de relire et de chroniquer le premier tome de la saga à avoir dépassé (en français) les 600 pages m'est donc venue (j'accuse personne, hein!) suite aux billets de Belette qui, dans le cadre de nos challenges estivaux sur de gros bouquins, a non seulement rédigé son premier billet de participation sur le septième tome de la célèbre heptalogie, mais a encore chroniqué successivement deux tomes d'une autre même saga. Bon, arrivons-en à nos coupes de feu. 

J'ai acquis mon exemplaire de Harry Potter et la coupe de feu en 2004, d'occasion, bien après sa sortie tant en "grand format" qu'en Folio jeunesse, mais avant la sortie du film qui en a été tiré. Dans ce quatrième tome de la saga principale de J. K.. Rowling, beaucoup de choses vont par quatre: qu'il s'agisse du nombre de "champions" pour le Tournoi des Trois sorciers, du nombre de défis que devra surmonter Harry Potter pour triompher des trois épreuves qu'il est censé compter, des triangles amoureux que comportent les différents couples de héros... Car cette quatrième année d'études, où notre héros a désormais 14 ans, est bien celle de la découverte que "les filles, c'est compliqué". Ce qui est bien plus important qu'une pierre philosophale, une chambre des secrets, ou un vrai-faux coupable, non? Et ne parlons pas des ravages du "quatrième pouvoir"!

Comme chacun sait, la "coupe de feu" du titre est censée ne pas contenir de nom d'élèves sorciers âgés de moins de 17 ans. Donc... vous avez lu le livre, ou bien le titre est un indice suffisant? Notre Harry va une nouvelle fois se trouver au coeur d'une sombre machination agencée par son ennemi de longue date, "vous-savez-qui". Mais il maîtrise de mieux en mieux sa baguette et ses sorts (non sans travail et sans mal), et finit par savoir se défendre. Sorts et baguettes magiques ne peuvent malheureusement pas grand-chose pour (ou contre) les problèmes relationnels. Le "meilleur copain" se retrouve en rivalité, la "meilleure copine" s'entiche des elfes de maison, et la fille qui tape dans l'oeil est déjà prise. Harry se montre un peu trop enclin à la procrastination et doit à diverses interventions extérieures ses propres avancées dans l'action. Mais le beau gosse finira mal... 

Comme chaque volume, l'histoire se finit avec l'arrivée des vacances et le départ de Poudlard... en attendant la nouvelle saison, pardon, le nouvel épisode / la prochaine année scolaire et le prochain livre! J'espère que je n'en ai pas trop dit sur ce livre paru en novembre 2000?

Parmi les quelque 160 participant-e-s à une ou plusieurs des 11 éditions (2012-2022) du "Pavé de l'été" de Brize, seules deux avaient chroniqué ce volume-là: Lutin82 en 2018, Belette en 2019.

* * * * * * * *

En ce qui concerne le film de Mike Newell (sorti cinq ans après, fin novembre 2005), je l'ai revu alors que je n'avais pas fini de relire le livre. Enfin, disons que je n'en avais pas achevé la lecture suivie, mais que j'avais déjà jeté quelques coups d'oeil furtifs pour me remettre en mémoire les principales péripéties. J'ai donc pu constater une nouvelle fois que, forcément, les 2H37 du film (générique compris, je suppose) sont loin de rendre compte de l'intégralité de nos 762 pages du livre. Je suis d'accord avec le constat de dasola (qui n'a lu aucun des sept livres) lors de son premier visionnage: les spectateurs non lecteur du livre n'ont pas toutes les clés pour comprendre... Il a fallu sabrer dans les personnages, les péripéties, compresser les durées... et faire des choix (je n'aurais pas voulu être à la place des scénaristes - c'est un métier!). 

Ainsi, les Dursley sont escamotés. Ceux (ou celles!) qui ont rêvé sur les pages décrivant la Coupe du monde de Quiddish risquent d'être déçus. L'un des personnages haut en couleur du livre est inexistant. Ce n'est pas dans cet opus qu'on verra agir les "grands frères" de Ron. Les longues et fastidieuses heures de recherche en bibliothèque sont à peine évoquées. Et il nous manque certains des tenants et aboutissants pour ce qu'il est advenu ou ce qu'il adviendra à l'un des principaux personnages du livre... me suis-je aperçu une fois "sorti" du film et en pouvant prendre un peu de recul sur ce que je venais de voir.

Du coup, comme dasola l'avait évoqué à l'époque, je pense personnellement qu'il vaut mieux avoir lu le livre pour comprendre certains détails (qui est qui, pourquoi telle action...). Mais peut-être qu'aujourd'hui, des spectateurs sont capables de savourer les images et l'histoire sans connaître de la saga autre chose que ce qu'en a rendu le cinéma.

Il y a eu, par contre, des "développements" apportés à certaines péripéties. Ainsi, l'épisode avec le dragon dure plus de quatre minutes à l'écran - dont des images de poursuite époustouflantes. Même si tout n'en a pas été conservé dans la version finale, la "scène du bal" ou la formation préalable ont apparemment été ... intéressants à tourner pour les jeunes acteurs (les bonus du DVD apportent un éclairage savoureux, entre scènes coupées et entretiens avec le trio principal). Et la rencontre finale est douloureuse à souhait (même si la jambe d'Harry semble plus valide que dans le livre?).

Parmi les blogueurs "cinéma" qui fréquentent le présent blog, seul Sélénie a chroniqué le film (sous réserve de mauvaise recherche de ma part bien entendu). Je pense que cela peut s'expliquer par l'ancienneté de sa date de sortie et par la disparition des blogs "allociné" (il y a une douzaine d'années).

Bon, un peu de sérieux, je vais essayer ces prochains jours de (finir de) rédiger au moins un billet ou deux avant de me lancer dans Harry Potter et l'ordre du phénix...

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Ouf, au moins, j'aurai réussi à participer à mon propre challenge avant la fin de son deuxième mois d'existence (avec un "épais" comptant pour 784 pages)... Si j'en reprends les chiffres à ce jour: lancé le 10 juin, il compte désormais avec moi 36 inscrit-e-s, dont 23 ont rédigé au moins un (pour 13 participantes) et jusqu'à neuf billets (six participantes en ont déjà inscrit 2, une en est à trois billet, une autre à quatre, cependant que la recordwoman est talonnée avec six billets). En outre, huit livres sont annoncés, dont six par six inscrites n'ayant pas encore rédigé de billet. Donc, avec ces 23 participations déjà répertoriées chez dasola (sans parler des inscriptions seulement chez Sibylline), je considère que le défi de succéder à Brize et à son "Pavé de l'été (2012-2022)" est d'ores et déjà relevé. À 40 participations, ce sera une réussite; à 60, un succès; à 80, un triomphe!

Edit du 21/09/2023: Bon sang mais c'est bien sûr, Harry Potter peut aussi participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

29 avril 2023

Tromelin, ses naufragés, ses esclaves abandonnés - quatre livres

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente aujourd'hui quatre ouvrages différents (mais tous bleus!) autour d'un même thème.  

Tromelin_4_livres

Comme tout le monde, j'avais entendu parler de Tromelin il y a déjà quelques années, lorsqu'ont été médiatisés les résultats des fouilles archéologiques sur le campement des esclaves qui y ont survévu abandonnés durant plusieurs années. En croisant de temps en temps sur des blogs les chroniques de tel ou tel livre sur le sujet, j'ai fini par avoir envie de les lire! Grâce aux différentes bibliothèques de la Ville de Paris, c'est chose faite.

On connaît l'histoire: le 31 juillet 1761, de nuit, le vaisseau L'Utile (flûte!) fait naufrage sur les récifs d'un ilôt localisé trop approximativement sur les différentes cartes de l'époque. Il transporte quelque 142 marins et officiers, et quelque 160 esclaves embarqués clandestinement à Madagascar à destination de l'Ile Maurice (alors nommée Ile de France). Sous la conduite du lieutenant Barthelemy Castellan du Vernet, les survivants construiront un nouveau navire à partir des bois de L'Utile. Mais il ne peut les transporter tous. Devinez qui sera, le 27 septembre (au bout de deux mois d'efforts communs), abandonné sur l'île, avec promesse solennelle de revenir les chercher? Les derniers des esclaves vont survivre 15 ans. Quand le quatrième des vaisseaux envoyés parvient à les évacuer par pirogue vers le navire, le 29 novembre 1776, seules survivent sur l'ilôt sept femmes et un bébé.

J'ai donc lu trois oeuvres de fiction et un rapport archéologique. Les trois font preuve d'imagination à partir des mêmes éléments connus.

Tromelin_Civard-Racinais_BureauLes Robinsons de l'île Tromelin. L'histoire vraie de Tsimiavo - Alexandrine Civard-Racinais, illustrations d'Aline Bureau (Belin jeunesse, 2016).

Alexandrine Civard-Racinais est journaliste, auteure, vulgarisatrice de contenus scientifiques, Aline Bureau s'est spécialisée en illustration jeunesse. Ce livre de fiction se présente comme un témoignage, écrit à la première personne au jour le jour, celui de la maman du bébé (dont la mère figurait également parmi les rescapées). Très "identificatoire", cet ouvrage paraît destiné à un public jeunesse. Il compte une trentaine d'illustrations, en couleur ou en noir et blanc, au format allant du cul-de-lampe à l'illustration couleur pleine page sans texte. Détail: j'ai cru voir qu'il respecte la réalité historique avec certains esclaves aux cheveux crépus et d'autres aux cheveux lisses, témoignant du brassage réalisé par les trafiquants de "bois d'ébène". La fin du livre comporte quelques vignettes explicatives très pédagogiques.

P1150794 p.64-65 

P1150795 p.36-37 P1150796 p.38-39

Le blog de la dessinatrice Aline Bureau n'est plus alimenté depuis mars 2018. Le site internet de l'autrice Alexandrine Civard-Racinais annonce ses dates de conférences. 

Le pays des mots (4 billets!) l'avait chroniqué en 2017. 

********************

Tromelin_FrainLes naufragés de l'île Tromelin - Irène Frain (Michel Lafon, 2009 / J'ai lu n°9221, 2010).

Ce livre est classé comme un roman. Irène Frain a eu accès à la documentation rassemblée par l'archéologue Max Guérout et a elle-même séjourné sur l'île. Pour ma part, je lui reconnais surtout le mérite d'avoir fortement médiatisé cette histoire peu connue auparavant. Les naufragés de l'Île Tromelin est écrit "de l'extérieur" par une narratrice omnisciente (qui sait aussi ce que pensent les personnages), au présent de narration ou au passé composé, avec des phrases courtes et simples.

Toutes proportions gardées, son livre me fait songer à certains de ceux que j'ai pu lire jadis sur l'histoire du Bounty (par exemple celui de Sir John Barrow, classique paru en 1831, qui expose à la fois l'histoire de la mutinerie, puis tant la navigation du capitaine Blight que le sort ultérieur des mutins). 

Je n'ai pas l'impression que le "site officiel" "www.lesnaufragesdeliletromelin" indiqué en fin d'ouvrage soit toujours actif (si aucun ayant-droit n'a pris la peine de renouveler le nom de domaine, il a dû être racheté...)? Par contre, le site personnel d'Irène Frain est accessible et donne notamment des dates de rencontres avec les lecteurs.

Les blogs suivants (liste non exhaustive!) ont chroniqué le livre (parfois au moment de sa sortie, en 2009... à partir d'envois en service de presse ou en "partenariat"?): GrominouZofiaFumet de lecturesBettyBook22l'ancien blog d'Antigonel'ancien blog de Lucie, GangoueusKeisha (qui recense plusieurs autres liens), LaëlLeiloonaLouStephie, Hérisson (sur le blog délivrer des livres), Alicia, Géraldine (qui avait aussi publié un entretien avec Irène Frain). Cathulu n'a pas aimé, Gambadou non plus...

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Tromelin_SavoiaLes esclaves oubliés de Tromelin - Sylvain Savoia (Dupuis, coll. Aire libre, 2015).

Cette BD entrelace les passages d'époque, en présentation classique, avec des dialogues forcément fictifs, et les pages d'une sorte de "making off" de l'histoire du projet, dont j'ai trouvé la lecture nettement plus exigeante (pas de cases, beaucoup de texte à la première personne...).

Lorsque je suis rentré dedans dans un second temps, j'ai personnellement été captivé par "l'histoire de l'histoire" (ou plutôt la description de la vie de l'équipe d'archéologues là-bas, dans des conditions précaires). Il faut tout amener sur place, matériel et vivres, tout bien prévoir car les liaisons avion sont rares (il est bien sûr possible d'effectuer une évacuation médicale si indispensable)... et les équipements sont à la peine (éolienne qui ne marche plus, ordinateur qui tombe en panne, groupe électrogène principal aussi, tracteur...). Peut-on excuser l'erreur classique (p.47 et ailleurs): en archéologie, on ne met pas "à jour" des vestiges, on les met "au jour"? Les archéologues adorent le mot "perturber" (lorsque des vestiges en place ont été détruits par des constructions postérieures - ici p.82). Par contre, j'ai guetté en vain un "sol rubéfié" (témoignage d'incendie), ici remplacé par les "sols sablonneux" résultant d'épisodes cycloniques!

P1150798 p.20-21, le jour du naufrage. P1150797 p.82-83, les vestiges des cases de pierre mis au jour

Blog qui en ont parlé: MokaJeanJacques, Krol.

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Tromelin_Guerout_RomonTromelin. L'île aux esclaves oubliés - Max Guérout & Thomas Romon (CNRS éditions / INRAP, 2010)

Max Guérout, ancien officier de la Marine nationale, a mené quatre expéditions qui s'étalent entre 2006 et 2013 (cette dernière non couverte, donc, par le présent livre, mais bien par la BD précédente). Il consacre de nombreuses pages (fruit de sa recherche documentaire dans les archives) à resituer le contexte historique, maritime, commercial, en métropole comme dans l'Océan Indien, de l'époque du naufrage. Ce livre apparaît comme extrèmement complet, et s'appuie sur des faits documentés.

Je n'ai pas trouvé de chronique le concernant, mais Docbird cite un autre ouvrage de Max Guérout, Esclaves et négriers, qui contient un DVD Les esclaves oubliés de Tromelin.

***** 

Au final, j'ai classé dans cet article les quatre ouvrages dans l'ordre croissant de mon intérêt personnel: ce que j'ai le plus apprécié est bien ce qui raconte la démarche historique et archéologique basée sur des faits. Je pense que les différents profils de lectrices ou lecteurs peuvent être plus ou moins attirés par l'un ou l'autre... 

13 mai 2023

A nous la terre ! - Collectif

Un billet express pour un petit recueil de nouvelles que j'ai (ta d loi du cine, "squatter "chez dasola) lu très rapidement!

P1150801
A nous la terre, 9 auteurs, 2021, Folio n°7003, 136 pages, 5 euros 

J'ai trouvé cet opuscule dans un bac de bouquinerie pour 20 centimes d'euros. le sous-titre "Les écrivains s'engagent pour demain", et certains des noms sur la couverture, m'ont fait m'en saisir. Je ne le regrette pas, même si (c'est le jeu de la diversité!) certaines nouvelles m'ont davantage "parlé", intéressé ou plu, que d'autres.

* Le côté gauche de la plage - Catherine Cusset (10 pages): souvenirs de baignade - nue, de l'enfance à l'âge mûr. Cela ne m'a pas trop parlé.

* J'ai été nature - Eric De Luca: deux pages, quasi-mystiques. Bof.

* Des coeurs battants - Jean-Baptiste Del Amo (10 pages). Je n'avais jamais entendu parler de l'auteur. j'ai bien apprécié cette nouvelle, qui retrace les évolutions écologiques sur quelques décennies.

*  Instinct - Sonja Delzongle (10 pages). Souvenirs éthologiques (fiction ou réalité?), qui ont fait joliment écho, pour moi, au livre de Jane Goodall chroniqué il y a quelques semaines. Bien.

* L'ordre des pierres - Luc Lang (14 pages): dans les Pyrénées, une randonneurs solitaire, en autonomie sac au dos, savoure sa balade. 

* Le sansonnet - Carole Martinez: 11 pages trop "poétiques" pour moi, où, entre les lignes, on sent l'emprise toxique et la déchéance d'un couple et de ses composantes... 

* Kephart - Ron Rash (17 pages - la nouvelle la plus longue): j'ignorais tout d'Horace Kephart, vu que la page wikipedia en anglais qui le concerne reste à traduire en français (consultée le 5 mai 2023)... Ron Rash tire de la vie de ce "naturaliste" américain une nouvelle intéressante. Un paragraphe m'a fait songer à Serena.

* Mont-Blanc, la mort lente - Jean-Christophe Ruffin (8 pages): j'y ai appris que des voies d'escalades ouvertes au XXe siècle dans les Massif des Drus, dans les Alpes, n'existent plus aujourd'hui, suite à des milliers de mètres cubes d'éboulements au XXIe, sans doute en lien avec l'accélération du réchauffement climatique d'origine humaine... On ne peut donc plus que rêver sur Premier de cordée (Roger Frison-Roche), qui nous parle d'un temps et d'escalades révolus.

* La pieuvre - Monica Sabolo (11 pages): de jolis souvenirs d'enfance, une initiation au "monde du silence" pour une fillette... 

Le livre est bien en vente sur le site de Folio (mise en avant des versions ".pdf" et ebook), mais l'opération ne semble pas avoir été renouvelée en 2022 ni 2023. Une recherche sur le site de Folio avec "WWF" ne ramène rien. Plus largement, via [moteur de recherche], une recherche sur les mots-clés "Partenariat Foliio et WWF" ramène surtout une foule d'entreprises dont on peine spontanément à imaginer le caractère "écologique", qui se seront offert ("à bon compte"?) un certificat de "greenwashing" grâce au WWF...

Les moteurs de recherche m'ont seulement ramené un billet sur le blog Au fil des pages

7 mai 2023

Pas complètement BÊTE... mais pas encore MÉCHANT (période bleue) - Cabu

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente, pour mon billet-hommage du jour, un album exhumé de ma PAC (pile à chroniquer). Je m'étais acheté dès février 2015 (quelques semaines après le massacre de Charlie Hebdo) ce recueil des dessins de jeunesse de Cabu, qu'il publiait alors dans une presse qui n'était pas encore très "contestataire", entre 1957 et 1960.

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Cabu, pas complètement BÊTE... mais pas encore MÉCHANT,
période bleue, Editions du Layeur, 2008, 162 pages

La préface de Cavanna, dans ses trois paragraphes percutants, évoque expressément Peynet et ses amoureux, pour vanter immédiatement le mouvement qu'a su insuffler Cabu à ses vignettes. 

Les près de 160 dessins de cet ouvrage mettent en scène de grands dadais dont certains ressemblent à Duduche, des jeunes filles timides évoquant Catherine... mais bien loin de Catherine saute au paf! et encore plus de Camille-le camé. On peut admirer dans ces pages force filles espiègles au sourire mutin et au regard en-dessous, avec parfois une petite fleur au coin des lèvres (laquelle n'a sans doute pas la même signification que le brin de paille de Lucky Luke?): pas encore de cigarette à remplacer? Parfois, ce sont les adultes qui sont tournés en dérision, parfois la jeunesse elle-même, innocente ou délurée, entreprenante ou trop timide... Fille affriolante ou garçon boutonneux, suis-moi, je te fuis / fuis-moi, je te suis! Et j'enfoncerai une porte ouverte en disant que cela reste très "fleur bleue" (comme le sous-titre le sous-entend).

L'ouvrage est subdivisé (plus ou moins arbitrairement?) en chapitres: l'ingénue (p.7), le flirt (p.33 - deux acteurs présents à l'image - sauf exception!), le lycée (p.75), le troufion (p.105), les autres (p.127), Châlons (p.153). Je vous en propose une courte sélection.  

P1150814 p.30: la couv' légendée, c'est mieux!  

P1150815 p.37: Paris, quelle image... 

P1150816 p53

P1150817 p.64 (c'est pas gentil, mais je rigole à chaque fois... CLAC!).

P1150824 p.87

P1150818 p.97

P1150820 p.102 (ça me parle, ça... Je porte toujours le même depuis 2016!)

 P1150821  p.134: le temps passe si vite... 

Dans le dernier chapitre, intitulé "Châlons", il est expliqué que le jeune Jean Cabut a envoyé à partir de 1953 des dessins à l'édition locale de L'Union de Reims, avec une collaboration épisodique qui se maintiendra jusqu'en 1958 et son appel sous les drapeaux, direction l'Algérie.  

P1150823 p.158. Dom Pérignon, dessiné par "K-bu" alors âgé de 17 ans: carrément de la préhistoire (1955)! 

Outre L'Union de Reims, la plupart des dessins du recueil sont paru dans Ici-Paris, Paris Flirt ou Paris-Match.

Le livre est sorti l'année des 70 ans de Cabu, dans une collection où deux ouvrages, l'un de Lefred-Thouron et l'autre de Willem (qui ont aussi dessiné pour Charlie), avaient été publiés avant le sien. Trois autres recueils de dessins de Cabu étaient aussi mentionnés chez le même éditeur. Aujourd'hui, le site des éditions du Layeur semble ignorer tous ces ouvrages (sans doute sont-ils épuisés de longue date?). 

Pour finir, de même que j'avais annoncé l'an dernier que je finirai par traiter cet ouvrage de Cabu, de même je peux à toutes fins utiles signaler que j'en ai encore bon nombre déjà en ma possession et à évoquer un mois ou l'autre! 

*** Je suis Charlie ***

9 mai 2023

Les enquêtes de Morse - 9ème saison

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Pour une fois, je vais parler d'une série télé dont je suis fan depuis la première saison. Cette série est la préquelle de la série Inspecteur Morse qui a débuté il y a 35 ans. Les enquêtes de Morse se déroulent fin des années 60, début des années 70. Après des études universitaires et avoir fait l'armée, Endeavour (Effort) Morse est devenu sergent dans un commissariat à Oxford. Son mentor et supérieur hiérarchique est l'inspecteur Frederik Thursday. D'autres policiers font partie du commissariat, dont le superintendant Bright et le sergent Strange. Ce que j'aime dans cette série, ce sont les intrigues policières et le fait que les policiers sont des hommes avant tout, avec leur vie de famille, leurs fêlures, leur problèmes quotidiens. Pour en venir à Morse, il est célibataire, aime les mots croisés et il boit trop, mais c'est un homme brillant, intelligent, intuitif et qui souvent résoud les crimes tout seul. A la fin de la saison 8, j'étais convaincue que la série était terminée, et puis, oh joie!, dimanche 7 mai,  je vois qu'une neuvième saison débutait sur France 3. Elle est composée de trois épisodes. Le premier épisode de cette ultime saison (semble-t-il) a été réalisé par l'acteur principal Shaun Evans. Prélude est le titre de ce premier épisode, où une violoniste meurt d'un choc anaphylactique. Et dans cet épisode, on retrouve quelques personnages, comme le fils de l'inspecteur Thursday et Joan, la fille du même inspecteur, qui vient de se fiancer. Je recommande cette série parue en DVD (sauf la 9ème saison). Et il faut voir les épisodes de préférence dans l'ordre, selon moi.

Et vous, connaissez-vous et regardez-vous cette série?

17 mai 2023

La révole nature - Aline Geller

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) n'ai pas réussi à emmener avec moi la "maîtresse de blog" découvrir dimanche dernier La révole nature, le film documentaire objet du présent billet, au cinéma L'Entrepôt (75014). C'est dommage, car la documentariste était présente, ce que j'ignorais lorsque j'ai décidé d'aller le voir.

Affiche_La-revole-nature_40x60cm-BD_JPG_web_rvb (bande-annonce)

Ce documentaire a pour sujet le vin naturel, c'est-à-dire plus que "Bio": comme il est dit dans le documentaire, le jour où il sera obligatoire d'afficher sur l'étiquette d'une bouteille tous les produits utilisés pour le raisin d'abord, la vinification ensuite (ce qui semble prévu pour fin 2023?), le consommateur sera peut-être quelque peu désabusé par ce produit-phare en France, dont une bonne part de la production française est exportée. Les producteurs de "vin naturel", minoritaires voire marginaux, revendiquent de ne mettre dans leurs bouteilles que du raisin fermenté. Certains s'autorisent du sulfite (?) pour la conservation. L'association des vins SAINS (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite), qui compte peut-être une quinzaine de producteurs, se veut encore plus intransigeante. Lors du film, nous assistons aux rencontres avec plusieurs paysans-vignerons, viti-viniculteurs, organisateurs ou -trices de salon professionnels, gérants de bar à vin... Chacun avec leurs personnalités et leurs parcours: beaucoup de barbus (baba cools) d'âge certain, mais aussi de jeunes "chefs d'entreprises" qui ont repris les vignes familiales pour les conduire et vinifier d'une manière différente des pratiques de leurs parents (ce qui n'est pas toujours simple). Tel ne touche pratiquement pas la terre ni les ceps, d'autres pratiquent le labour à traction chevaline, un autre rajoute du compost. La vinification se fait ici "en amphore" (cuve enterrée à côté des vignes), là en cuve de béton... Certains s'interdisent de vinifier d'autres raisins que ceux de leurs propres vignes, d'autres relèvent le "challenge" de chercher à faire quelque chose avec une "matière première" qui ne vient pas de leurs propres terres... ("négoce"). On assiste à plusieurs vendanges (événements festifs compris), à des dégustations (recrachées au seau!). Les producteurs peuvent être écoeurés de voir une bouteille qu'ils ont vendue 20 euros (oui, le vin naturel est plus cher que le "conventionnel" qu'on trouve en Grande Distribution!) revendue à 600 euros sur internet et devenue objet de spéculation au lieu d'être dégustée. La production est parfois confidentielle: 300 bouteilles pour une cuvée. Crève-coeur de refuser un carton de 6 bouteilles à un amateur qui s'est déplacé... Parfois, c'est plus de 75% de la production qui part à l'étranger. Chez certains revendeurs qui ont fait le choix de l'achat en fût et de la revente "à la tireuse", une bouteille peut par contre être vendue à moins de 10 euros aux amateurs peu fortunés. On peut en fin de film percevoir la crainte que cette notion de "vin naturel" finisse par être "récupérée", pour des raisons marketing, par des "marques" qui en feront une niche dans leurs ventes (comme cela s'est produit pour le commerce équitable ou pour le bio).

A l'issue de la projection, la petite trentaine de personnes (dont quelques professionnels!) s'est dirigée vers l'espace "restauration" de L'Entrepôt et a eu la possibilité de déguster telle ou telle production. C'est là que j'ai pu entendre la documentariste parler avec telle ou telle personne, et échanger moi-même durant quelques minutes avec elle. Elle appréciait ces toutes premières projections sur grand écran, dans une vraie salle de cinéma. Au départ, c'est une série qui était prévue, et il a fallu resserrer. Apparemment, par rapport à un montage précédent que certains avaient eu l'occasion de voir, 7 minutes avaient été retirées. Le film a été tourné en équipe très légère (2 ou 3 personnes), sauf pour les événements (salons ou vendanges) pour lesquels il fallait être en place avant, pendant et après, pour être sûr de capter tous imprévus. Je lui ai demandé si le documentaire passerait à la télé, si un DVD était prévu, si un livre serait publié en complément... Elle aimerait bien, mais dans l'immédiat, le film doit "vivre": sortir dans d'autres salles à Paris, puis tourner en province.

Le film devrait encore être visible cette semaine à L'Entrepôt. D'ici quelques semaines, si tout va bien, il devrait sortir dans quelques salles UGC (sauf s'il s'agissait d'une plaisanterie que je n'aurais pas comprise!) et dans quelques salles indépendantes, par exemple le Saint-André des Arts.

Pour ma part, j'apprécie de voir des documentaires et de pouvoir discuter avec l'équipe, même si cela ne donne pas toujours lieu à un billet: Bricks, Des bobines et des hommes (vus avec dasola). Il m'est aussi arrivé de me rendre à des projections-débats "militantes" organisées par telle ou telle association ou AMAP locale (voire d'y être "missionné" au titre  d'intervenant...), pour Traits de vie, Les petits gars de la campagne, La part des autres, ...

Je vais rajouter quelques éléments bibliographique "pour en savoir plus":

Plaidoyer pour le vin naturel, Eric Morain, éd. Nouriturfu, 2019 (que j'avais versé après lecture au système de prêt de livres de l'AMAP dont je fais partie). 
Deux livres de Christophe Beau, dans la collection "Pratiques utopiques" des éditions REPAS: La danse des ceps (1ère éd. 2003) et Pour quelques hectares en plus (2011).

Aline Geller m'a cité Valentin Morel, je pense qu'il s'agit de l'auteur du livre Un autre vin (Flammarion, 2023). Je ne l'ai pas (encore) lu.

21 mai 2023

L'Evangile de la colère - Ghislain Gilberti / Les filles de Caïn - Colin Dexter

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Avec L'Evangile de la colère de Ghislain Gilberti (Editions J'ai Lu, 537 pages), on assiste à une suite de meurtres dans la banlieue de Paris. Seth Kohl, qui est le chef du groupe chargé de l'enquête, fait partie de la Brigade criminelle du SRPJ de Versailles. Il est entouré d'une équipe solide. Assez vite, les policiers se rendent compte que le meurtrier suit un modus operandi qui sort de l'ordinaire. Il s'inspire des Danses macabres d'Holbein le jeune dessinées au XVIème siècle en commençant par la fin si je puis dire, puisque c'est un enfant et un agriculteur qui sont les première victimes. 100 pages avant la fin, le meurtrier est neutralisé mais un autre prend sa place. Je vous laisse découvrir toutes les péripéties de ce roman qui se lit bien.

P1150831 

Après avoir évoqué Les enquêtes de Morse comme série télévisuelle, voici l'inspecteur Morse vieillissant, dans un des treize romans traduits en français et écrits par Colin Dexter (1930-2017). Ces romans parus aux Editions 10/18 à la fin des années 90 ne sont plus disponibles, sauf deux réédités aux éditions Archipoche. Je me suis procuré d'occasion Les filles de Caïn (Edition 10/18, 384 pages) dans une librairie spécialisée. J'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel Morse et le sergent Lewis enquêtent sur la mort de deux hommes (dont un professeur d'université) qui ont été poignardés (pas par le même couteau). Il y a trois suspectes dont l'une tombe amoureuse de Morse. L'enquête comporte des rebondissements. Le personnage de Morse n'est pas forcément très sympathique car il est colérique, mais on s'habitue à lui comme le sergent Lewis, souvent un peu à la traîne. Et Morse est toujours un accro à la nicotine, à la bière et au whisky. Il est radin sauf exception et c'est un admirateur de la tétralogie de Richard Wagner. Si vous avez l'opportunité de trouver un des romans de Colin Dexter, n'hésitez pas à le lire.  

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