Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Dasola
Le blog de Dasola
Archives
Derniers commentaires
Challenges terminés

Pour les challenges de l'année en cours, 
voir colonne de droite

27 novembre 2009

Le touriste - Olen Steinhauer

C'est le deuxième roman que je lis d'Olen Steinhauer (après 36, boulevard Yalta). Le Touriste (Editions Liana Levi) a pour titre le surnom que l'on donne à certains agents secrets de la CIA lors de missions qu'ils font de par le monde. Ils n'ont pas d'attache. Milo Weaver était un de ceux-là jusqu'au 11 septembre 2001 où, après s'être fait tirer dessus à Venise, il est devenu un "touriste" de bureau. En 2007, Milo vit aux Etats-Unis, à Brooklyn, il est marié et père de famille. Pourtant, il reprend du service car sa vie est menacée: un tueur à gages qu'il poursuivait et qui vient de décéder d'un virus mortel a pu lui révéler qu'il y avait des machinations insoupçonnées au sein de l'Agence. Au long de ce thriller composé de courts chapitres, on suit avec intérêt l'enquête de Milo de Paris à Venise, passant par Genève et Francfort et aux Etats-Unis. Je ne suis pas sûre d'avoir compris toutes les motivations des "méchants" que l'on trouve au sein de l'Agence mais je ne regrette pas ma lecture. Ce roman de 520 pages est distrayant (et les scènes d'interrogatoires musclés ne sont pas insoutenables). Il se lit et s'oublie vite. En revanche, je vois bien une adaptation télévisée en trois ou quatre épisodes.

19 novembre 2009

L'annonce - Marie-Hélène Lafon (+ bilan de mes lectures de la rentrée littéraire 2009)

L'annonce de Marie-Hélène Lafon, paru aux éditions Buchet Chastel, m'a attiré l'oeil de par son titre. Il s'agit en effet d'une annonce parue dans un journal, qui permet à Paul, âgé de 46 ans, agriculteur dans le Cantal (à Fridières), de trouver une compagne, Annette, 37 ans, dont la caractéristique est d'être bien "bustée" (terme que l'on ne trouve pas dans le Robert), mais il n'y a aucune grivoiserie dans le propos. Annette, qui a un fils de 11 ans, Eric, vient de Bailleul dans le Nord de la France. Ce roman de moins de 200 pages m'a beaucoup plu et je l'ai lu en moins de 48 heures. Il faut savoir entrer dans cette histoire écrite dans un style dense, du fait de l'absence de virgules et d'une ponctuation décalée dans certaines phrases. Cela donne une tonalité particulière à l'ensemble. Paul, célibataire endurci, vit avec sa soeur, Nicole, et deux oncles octogénaires qui les ont élevés. Ils vivent au milieu des vaches, des lapins et des cochons. Annette, qui a vécu des moments difficiles avec le père d'Eric, est prête pour une nouvelle vie. M.-H. Lafon ne nous dit rien de particulier sur les relations des deux personnages mais quand le roman se termine, deux ans auront passé. Elle s'attache à la vie quotidienne, au présent et au passé. Voici deux extraits du roman: au tout début, "La nuit de Fridières ne tombait pas, elle montait à l'assaut, elle prenait les maisons les bêtes et les gens, elle suintait de partout à la fois, s'insinuait, noyait d'encre les contours des choses, des corps, avalait les arbres, les pierres, effaçait les chemins, gommait, broyait."; deuxième extrait: "La demoiselle [une future infirmière] s'établirait en libéral à Fridières et sillonnerait sans faiblir les routes de ce canton où des vieillards de plus en plus nombreux et accablés d'abandon ne manqueraient pas de faire appel en foule à ses diligents services". C'est le premier roman que je lis de cette auteure et ce fut une bonne surprise.

Avec L'annonce, je viens de me rendre compte que j'avais déjà lu sept romans de la rentrée littéraire, et j'ai donc accompli le "challenge" du 1% littéraire 2009 lancé par Lavroueg. J'avoue que je suis très contente de moi.

Pour mémoire, voici les autres:

La patience de Mauricette de Lucien Suel (voir mon billet du 01/08/09) - roman lu en avant-première
Le guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre de Brock Clarke (voir mon billet du 11/09/09)
Netherland de Joseph O'Neill (voir mon billet du 05/10/09)
Cadence de Stéphane Velut (voir mon billet du 17/10/09)
La vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint (voir mon billet du 05/11/09)
M
issak de Didier Daenincks (voir mon billet du 13/11/09)

En revanche, j'ai seulement commencé Des hommes de Laurent Mauvillier: j'ai abandonné, je n'ai pas été au-delà de la page 70. Je n'y arrive pas. Je "n'accroche" pas.

Concernant les romans qui ont reçu les principaux prix littéraires en 2009, ils ne m'ont pas tentée.

Cependant, je possède encore en pile à lire Jan Karski de Yannick Haenel (Prix du roman Fnac et Interallié 2009), que je ne manquerai pas de chroniquer prochainement. [chroniqué le 09/12/09].

13 novembre 2009

Missak - Didier Daeninckx

Je remercie Babelio et l'opération "Masse critique" (c'est la troisième fois que je participe) qui m'a permis de lire Missak, cette biographie romancée étayée par des faits historiques sur le groupe Manouchian, dont la figure emblématique est Missak Manouchian. Ce livre (paru aux éditions Perrin) est un complément intéressant me semble-t-il au film de Robert Guédiguian, L'armée du crime (dont je n'avais pas dit beaucoup de bien le 03/10/2009). A la fin de l'ouvrage se trouve une bibliographie détaillée dont s'est servi Daeninckx. Louis Dragère (je ne sais pas si ce personnage a vraiment existé), jeune journaliste à L'Humanité en janvier 1955, est chargé par son journal de retracer le parcours de Missak Manouchian. Ceci se passe juste avant qu'une rue dans le 20ème arrondissement de Paris ne soit baptisée "rue du groupe Manouchian" (elle existe bien près de la place Saint Fargeau). En ce mois de janvier 1955, le temps est froid, neigeux, et il y a partout des inondations dans la banlieue de Paris. Cela permet à Didier Daeninckx de nous plonger dans ce Paris des années cinquante qui a disparu avec ses quelques maisons insalubres, ses boutiques, ses troquets, le métro bringuebalant, des cinémas de quartiers qui passaient des westerns ou des films noirs. L'enquête de Dragère lui fait rencontrer des personnages qui ont vraiment existé (ou qui sont encore en vie): Willy Ronis, Louis Aragon, Jacques Duclos, Henri Krasucki, quelques autres que je ne connais pas (comme Charles Tillon ou Krikor Bedikian), ainsi que les parents de Charles Aznavour et Aznavour lui même. On est plongé dans un résumé de la vie de Manouchian depuis sa naissance en 1906 en Turquie jusqu'à sa mort le 21 février 1944, fusillé au Mont Valérien. Les faits d'armes pendant la guerre sont relativement peu évoqués mais Daeninckx s'attarde sur l'enfance, le massacre des Arméniens par les Turcs, l'arrivée en France. Dans le début du récit, Louis Dragère apprend que la dernière lettre (qui est restée célèbre) de Missak (Michel) Manouchian à sa femme, Mélinée, avait été tronquée d'une ou deux phrases dans lesquelles il disait que lui et son groupe (où se trouvait aussi un certain Armenak Manoukian (avec un k) avaient été trahis. Le groupe avait été repéré et surveillé par les brigades spéciales dès début 1943. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas tout dévoiler. Le récit est bien mené, l'histoire est un peu complexe pour tout ce qui concerne les rapports entre le Parti communiste et certains membres du groupe Manouchian. Je pense avoir appris des choses sur un sujet malgré tout pas très connu du grand public français.

9 novembre 2009

Et un p'tit tag de plus, un!

Même si je n'ai pas été "taguée", voici un petit questionnaire que j'ai découvert chez Aifelle, Mango et quelques autres (il a fait le tour de la blogosphère en peu de temps). Comme je l'ai trouvé assez intéressant et qu'il n'est pas trop long, voici mes réponses.

1) Si on vous proposait d'écrire votre biographie, vous prendriez qui pour nègre ? (et oui, tout le monde n'a pas un don pour la littérature l'écriture)

Je ne sais pas déjà si j'accepterais d'écrire ma biographie qui n'est pas spécialement passionnante. Et si je l'écrivais, je l'écrirais moi-même et me ferais aider de mon secrétaire de rédaction préféré.

2) Vous êtes en train de lire le tout dernier chapitre d'un livre, celui qui vous a fait passer une nuit blanche, la fin qui vous fait saliver (notez le jeu de mots siouplé) depuis une centaine de pages... Lorsque survient un homme, torse nu. On va dire qu'il s'appelle... Daniel Craig. Il a l'air chagrin. Il a une petite douleur à l'épaule, et est persuadé qu'un petit massage lui ferait le plus grand bien. Que faites-vous ? (PS pour les garçons : à la place de Daniel Craig, merci de comprendre... Allez, soyons fous, Scarlett Johansson, mais en bikini, pas torse nu !)

Le James Bond blond? Personnellement, il faudrait qu'il soit très malade. [A part ça, il est très bien dans d'autres rôles comme dans The Mother]. Sinon, je ne suis pas une bonne masseuse. Et puis tant qu'à faire, je préférerais Clive Owen. Là, je veux bien faire un effort: arrêter ma lecture pour passer à autre chose.

3) C'est la fin du monde. Quel livre mettriez-vous dans la capsule qui sauvegardera une trace de l'humanité ? (voudriez-vous vraiment que ce soit Orgueil et Préjugés?)

Pas Orgueil et Préjugés, je n'ai lu aucun Jane Austen. Peut-être un dictionnaire encyclopédique.

4) Quelle est pour vous la pause lecture idéale ?

Les matins de week-ends dans mon lit. Je ne m'en lasse pas.

5) Si vous aviez le pouvoir de trucider/effacer un personnage de roman, ce serait qui ?

Je ne sais pas, peut-être le mari dans Une vie de Maupassant (mais il n'y aurait plus de roman).

6) Sauveriez-vous Voldemort, juste pour avoir un huitième tome ?

Qui est Voldemort? (Je plaisante mais je n'ai lu aucun Harry Potter - et 7 tomes ou 8, cela m'indiffère).

7) Jusqu'où êtes-vous allés pour un livre ?

Nulle part, j'ai toujours lu les livres que je voulais lire (non mais sans blague).

8) Si vous pouviez retourner dans le passé rencontrer un auteur. Ce serait qui? Quelles seraient vos toutes premières paroles ? (A part "bonjour")

Zola, je lui aurais demandé pourquoi avoir écrit des romans où les personnages sont autant frappés par le destin. C'est vrai que les gens heureux n'ont pas d'histoire mais quand même.

9) Décrivez la bibliothèque (personnelle ou pas) de vos rêves.

Une pièce, assez grande avec des rayonnages partout, je pense y arriver en 2011, année où je déménagerai; il me tarde.

10) Vous retournez dans le passé (décidément, bande de veinards !), en pleine 2ème guerre mondiale. Quel livre donneriez-vous à Hitler pour qu'il arrête de cramer des bouquins ?

Je ne lui aurais pas donné de livres, mais j'aurais brûlé devant lui tous les exemplaires de Mein Kampf.

 

5 novembre 2009

La vérité sur Marie - Jean-Philippe Toussaint

C'est le deuxième roman que je lis de cet auteur (après La salle de bain, il y a déjà quelques années). J'ai acheté La vérité sur Marie (paru aux éditions de Minuit) parce qu'il fait partie de ces romans dont on parle (comme on dit) et que j'ai lu de bonnes critiques (il faisait partie des 4 finalistes du Goncourt, cette année). Mango en a fait aussi un billet. Quand on a terminé le roman, on ne sait pas grand-chose de Marie et aucune vérité n'est dévoilée. En revanche, c'est une histoire d'amour et certainement de jalousie racontée par le narrateur, qui retrouve Marie dans de tristes circonstances alors qu'ils s'étaient séparés depuis quatre mois. Le roman est divisé en trois parties. Dans la première, nous sommes dans le présent. Le narrateur qui vient de faire l'amour avec une femme appelée aussi Marie, se rend chez la Marie (du titre) qui l'a appelé en urgence. L'homme avec qui elle avait passé la nuit (Jean-Christophe de G) vient d'avoir une attaque. Comme le narrateur aime encore Marie (même si ce sentiment n'est plus partagé), il est jaloux de ce qui a pu se passer. La deuxième partie est une évocation (réinventée par le narrateur) d'un moment du passé pendant lequel Jean-Christophe de G (de son vrai prénom Jean-Baptiste) était éleveur de pur-sang. A Tokyo, un de ses chevaux, Zahir, tombe malade, alors qu'il devait participer à une course. Le récit nous décrit comment un cheval effrayé et souffrant doit prendre l'avion. C'est en effet à Tokyo que Marie avait rencontré Jean-Christophe de G. La troisième partie se passe dans le futur (l'été suivant), sur l'île d'Elbe. Marie se trouve dans la maison de son père (mort un an plus tôt). Là encore, les chevaux tiennent un rôle essentiel. Mais le feu qui détruit tout sur son passage aussi. Ce sont les vraies retrouvailles de Marie et du narrateur. Tout le texte est en discours indirect avec la présence de Marie à chaque paragraphe "Marie fait ceci", "Marie fait cela..." Mais on ne sait pas ce que pense ou dit Marie, à part une phrase qu'elle dit vers la fin du roman: "Tu sais, je n'étais pas sa maîtresse...". Même si l'histoire est très ténue, il faut lire ce roman car Jean-Philippe Toussaint est un styliste, il travaille et cisèle ses phrases (parfois longues) de telle façon que la lecture est un vrai plaisir (en tout cas en ce qui me concerne). Ce roman de 200 pages est paraît-il un prolongement de Faire l'amour et de Fuir où l'on trouve déjà le personnage de Marie. Je n'ai lu ni l'un ni l'autre mais ce n'est pas gênant pour apprécier La Vérité sur Marie.

1 novembre 2009

2 romans de Thierry Jonquet (suite)

Pour continuer dans mon hommage personnel à Thierry Jonquet, j'ai lu à la suite La Bête et la Belle et Mémoire en cage.

Je commence par La Bête et la belle, un roman qui m’a emballée parce que je n'avais pas deviné ce qui allait se passer et que j'aurais bien aimé rencontrer un des narrateurs, Léon, même s'il était vieux, sale et moche.

La bête et la belle est l'histoire d'une amitié entre Léon et un homme, professeur de collège qui est désigné pendant tout le roman sous le vocable "Le Coupable". Pour Léon, il a été le meilleur copain qu'il ait trouvé. Pour l'instant, le Coupable lutte entre la vie et la mort à l’hôpital pendant que le commissaire Gabelou essaie de reconstituer une affaire mystérieuse: il se trouve en présence de morts suspectes dont un jeune Commis boucher, un Gamin et une Vieille et le Visiteur (ce dernier a été retrouvé dans l'appartement du Coupable).
Léon nous raconte l'histoire du Coupable, professeur de collège, à partir du moment où  ils se sont rencontrés à la sortie d'un bistrot. Léon est parti vivre dans l'appartement du coupable pendant 9 mois, jusqu'à ce que la situation finisse par se dégrader. En effet, l'appartement du Coupable (qui semble avoir tué sa compagne Irène - très méchante avec lui) est rempli de sacs poubelles nauséabonds qui suintent. Pendant cette période, le Coupable est devenu paranoïaque et a sombré dans la folie. Il avait peur que l'on trouve le corps d'Irène dissimulé dans le congélateur de la cuisine. En plus des sacs poubelles, la passion du Coupable, ce sont les trains électriques. Outre les fameux sacs poubelles, tout l’appartement est envahi par les rails qui sont partout. Cela n'empêche pas que Léon se soit régalé, en compagnie du Coupable, de biftecks qu’il va chercher chez le boucher. Je ne vous raconterai pas la fin, ni certaines péripéties. Quand j'ai terminé le roman, je me suis dit: "quel talent il avait, Thierry Jonquet!". Il m'a bien eu. Il y a un vrai suspense et quelques surprises. Et l'écriture est une merveille.

Dans Mémoire en cage, on retrouve le commissaire (divisionnaire) Gabelou qui a trois cadavres sur les bras et doit faire face à trois questions: qui, pourquoi, comment. Qui a tué, pourquoi on a tué et comment on a tué Cynthia, jeune fille de presque 16 ans, devenue un "légume" à la suite d'une intervention médicale ratée, le beau-père de Cynthia et un éminent chirurgien, le docteur Morier, appelé "L'ordure" par Cynthia. Cette dernière n'était pas la débile que l'on croyait. Son intelligence et son esprit étaient intacts. Elle a su se venger en se servant d'un jeune étudiant, Alain Fornat, quelque peu obsédé sexuel. C'est un roman plus sombre, plus tragique. Mais il y a toujours un certain humour. Jonquet aimait ses personnages (même les "ordures"). Cela se sent.

Deux lectures que je conseille. Les deux romans sont parus comme presque tous les autres aux éditions Folio policier.

Un autre roman de Thierry Jonquet, lu ultérieurement, ici  >>>

27 octobre 2009

Rien, plus rien au monde - Massimo Carlotto

Suite à un billet de Dominique, je me suis procuré ce roman noir, très noir de Massimo Carlotto (éditions Métailié). Il est très court (50 pages) et se lit en moins d'une demi-heure. Une mère vient de tuer sa fille "accidentellement" avec un couteau et tout le roman (sauf vers la fin) est un monologue intérieur que nous débite la mère frustrée, alcoolique (4 bouteilles de Vermouth par semaine), aigrie à cause de sa petite vie médiocre. Elle est pleine de rancoeur, contre sa vie (elle fait des ménages "au noir"), son mari Arturo (pas très actif au lit), métallo au chômage et maintenant magasinier (il gagne moins), et enfin sa fille qu'elle appelle "la petite", qui ne répond pas à ses attentes et qui n'avait rien trouvé de mieux que de s'amouracher d'un Tunisien (heureusement que le problème est résolu). Rien, plus rien au monde est une phrase d'une chanson que cette femme avait apprise par coeur. Elle préfère se tuer plutôt que de finir dans un hospice. "Rien, plus rien au monde [ne] m'obligera à finir ma vie au milieu d'autres vieux, tristes et pauvres" (p.29), "Rien, plus rien au monde [ne] pourra remettre les choses à leur place" (p.9). Même si cette histoire est tragique, le ton de l'ensemble est drôle. J'ai souri souvent. Le seul gros défaut de ce roman, c'est son prix: 6 euros, cela fait cher la page.

23 octobre 2009

Seul le silence - R. J. Ellory

Moi aussi, j'ai d'abord cru à une faute de frappe, mais il ne s'agit effectivement pas de James Ellroy. En attendant que sorte Vendetta en poche, je viens de terminer Seul le silence, roman de presque 600 pages (Livre de Poche) de R. J. Ellory (qui a dédié son oeuvre à Truman Capote) où le narrateur Joseph est aussi le (triste) héros de l'histoire. Tout commence en 1939 et se termine en 2005. Entretemps, Joseph aura été le témoin direct ou indirect de 32 meurtres atroces de petites filles toutes âgées de 8 à 12 ans sur une période de plus de 30 ans. En 1939, en Georgie, Etat sudiste et conservateur, les étrangers sont vus d'un mauvais oeil. Une famille allemande, les Krüger, paiera un lourd tribut dans cette histoire. Joseph, 12 ans, est orphelin de père depuis longtemps. Il est très attachée à sa mère, celle-ci finit dans une institution psychiatrique. Joseph est doué pour l'écriture et encouragé par sa mère d'abord, puis par son institutrice et par quelques autres; il deviendra un écrivain reconnu. Ce long roman est rythmé (si je puis dire) par les meurtres des petites filles. On veut savoir qui est le meurtrier et pourquoi il fait cela, et pourtant toute cette histoire reste en arrière-plan. L'auteur montre les failles du système pour mener une enquête criminelle quand plusieurs circonscriptions sont concernées. Il n'y a pas de cohésion. Seul un shérif, ami de Joseph, mène l'enquête. Quant à moi, l'accumulation de malheurs sur la tête du héros narrateur me paraît un peu beaucoup à mon goût: deux femmes (enceintes de lui) qui meurent jeunes et tragiquement, 14 ans d'incarcération pour un crime qu'il n'a pas commis. Joseph semble supporter cet état de faits sans trop broncher. Il ne se révolte pas et pourtant il aurait des raisons. Surtout, ne commencez pas par lire les deux dernières pages (comme le fait souvent mon ami) car il n'y aurait plus de suspense. C'est un roman que je conseille même si je n'ai pas été complétement enthousiaste.

17 octobre 2009

Cadence - Stéphane Velut

Le roman Cadence (Editions Christian Bourgois, il fait partie de la rentrée littéraire 2009) pourrait être sous-titré "L'antre de la folie" (en référence au film de John Carpenter). L'histoire se passe entre février et septembre 1933, à Munich. Le Führer vient d'accéder au pouvoir. Le Narrateur (dont on ne connaîtra pas le nom) est chargé pour la gloire du Führer de peindre une représentation picturale d'une icône à la gloire de la Nouvelle Allemagne. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas ce qu'il va dessiner, mais le modèle qui va lui servir, en la personne d'une enfant qu'on lui amène un jour. Pendant tout le roman, il ne la désignera que par les vocables "petite", "pensionnaire", "chose", "mante", "poupée". D'ailleurs, quand la petite arrive chez lui, c'est "un dépôt" pour lequel il signe un reçu. En sept mois jour pour jour exactement, il doit avoir terminé son oeuvre. En attendant, il est logé et nourri (ainsi que sa pensionnaire). Il sera payé s'il rend l'œuvre à temps. Avec la complicité de sa logeuse, et surtout d'un ami, Werner Troost (spécialiste dans l'appareillage des handicapés), la "petite" devient une "poupée" grâce à un appareillage ingénieux qui lui enserre les membres supérieurs et inférieurs. Même ses cils sont maintenus. La petite, d’humaine, devient une poupée qui s’abîme. Les appareils lui provoquent des blessures et des lésions sur tout le corps. Un système de poulie la maintient souvent contre le mur comme un insecte. Quant au Narrateur, il n’explique pas ses raisons. Il se fait plaisir. Il est heureux loin de la tempête qui s’annonce. Il n’y a aucune connotation sexuelle dans les relations entre le narrateur et la petite. Tout est décrit de façon clinique sans état d’âme. Il ne veut pas de compassion. Il ne regrette pas ce qu’il fait. J’ai été frappée par la description très distanciée des souffrances endurées par la petite comme si de rien n’était. D’ailleurs la petite ne se plaint jamais. Le roman se termine en cauchemar éveillé avec, en fond historique, la peste brune s’abattant sur Munich et l’Allemagne. Pour un premier roman, Cadence (ce titre est un mystère) est une réussite. C'est une histoire que l'on n'oublie pas.

NB (en réponse aux trois premiers commentaires [Toinette80, Rosa et Thaïs] sur le billet) : Je suis désolée que celui-ci ne donne pas envie de lire ce roman car j'ai beaucoup aimé ce conte cruel qui est une parabole sur la montée du nazisme et des cruautés qui s'ensuivirent. Felice, la logeuse du Narrateur, symbolise bien ce qu'a été le comportement de certaines personnes envers d'autres, elles étaient payées et donc exécutaient les ordres sans discuter. Sous son air de bonhomie, c'est elle, le monstre. Elle aurait pu dénoncer le narrateur. Elle ne fait que s'enfuir. J'ai apprécié l'écriture et le rythme du roman. Et cela sort vraiment de l'ordinaire.

NB2: Nanne en parle très bien.

15 octobre 2009

La lamentation du prépuce - Shalom Auslander

J'ai beaucoup appris (enfin je pense) et je me suis bien amusée à la lecture de ce roman (paru en poche aux éditions 10/18) très drôle et caustique, plutôt iconoclaste voire blasphématoire, où le narrateur (qui porte le même nom que l'auteur) a du mal à suivre les préceptes de la stricte orthodoxie juive dont il est issu. Orli, la femme du narrateur, doit bientôt accoucher. Shalom (qui signifie paix en hébreu) se demande s'il va faire pratiquer, selon la tradition, la circoncision du prépuce du bébé à naître. Il voudrait que son fils ne soit pas comme lui: élevé dans la religion. L'histoire alterne entre Shalom depuis son entrée à l'école primaire et Shalom futur papa. On lui a enseigné ce qui se fait ou non ou non pendant Shabbat (il y a 39 activités prohibées ce jour-là) et les autres jours de la semaine. La religion est au centre de son éducation. L'alimentation qui est essentielle à la vie bénéficie de 6 bénédictions de base. Sinon, l'enfance de Shalom est marquée par ses relations houleuses avec ses parents (son père surtout, menuisier de talent mais homme un peu violent). La mère de Shalom, soeur de rabbin, voudrait que son fils le devienne. Shalom ne répond pas vraiment à cette attente. Il n'arrête pas de faire des entorses à la religion. Il devient pick-pocket, fume des joints, se voue au plaisir solitaire grâce à des revues licencieuses (qui sont cachées sous le lit de son père) (les termes du roman sont plus crus). Mais éprouvant du remord, il les brûle par la suite. Pourtant à 18 ans, il se retrouve à Jérusalem pendant deux ans (il y a un passage savoureux avec le Mur des Lamentations). A 20 ans, il est encore puceau. La religion n'a rien arrangé. Par la suite, il devient "free-lance" dans la pub après avoir été croque-mort. Tout le roman est une suite de plaintes contre le "Tout-Puissant" qu'il craint et défie en même temps. D'ailleurs, il a peur d'être puni et que sa femme et de son fils meurent (jusqu'au moment de l'accouchement). Petite anecdote humoristique, il donne comme prénom à son fils: Pax (paix en latin). Pour résumer le roman, ce n'est pas facile d'être Juif orthodoxe à Monsey dans l'Etat de New-York et même ailleurs. Je recommande ce roman bien écrit au style alerte et distrayant.

5 octobre 2009

Netherland - Joseph O'Neill

Netherland qui vient de paraître aux éditions de l'Olivier a eu un grand retentissement aux Etats-Unis, (où il a reçu de nombreux prix) lors de sa parution. Le président Barack Obama l'a aimé et l'a dit. Ceci étant, Netherland de Joseph O’Neill (Irlandais né à Cork mais vivant à New York) est un roman dense de moins de 300 pages qui se lit plutôt lentement. C’est assez difficile d'en parler car il y a plusieurs histoires, des retours en arrière. Le narrateur, Hans, est d'origine hollandaise. Marié avec une avocate anglaise, Rachel, il a un petit garçon, Jack. Quand le roman commence, en 2002 (il se termine en 2005), Hans vit à New York séparé de sa femme (repartie en Angleterre avec leur fils, suite aux événements de 11 septembre). Perturbé par cette situation, il a pris pension dans un hôtel. Analyste financier doué, Hans travaille dans une banque. Pendant ses moments de liberté, il se remet à jouer au cricket, sport qu’il a découvert durant sa jeunesse aux Pays-Bas. Né au Royaume-Uni, le cricket, à la différence du base-ball et du football (américain), est peu connu en Amérique. Les quelques passionnés qui y jouent sont issus d’anciennes colonies britanniques ou autres. C’est à l’occasion d’un match de cricket qu’Hans fait la connaissance de Chuck Ramkissoon, noir de Trinidad qui veut lancer le cricket à New-York pour qu’il devienne un sport populaire. Le livre parle de New-York et de quelques-uns de ses habitants (très bien, cela m’a donné envie d’y retourner), d’un couple en crise et aussi de cricket (mais ce n’est pas le sujet central), quoi qu’en disent les critiques et la 4ème de couverture qui présente ce beau roman, que je vous conseille.

PS: Suite au commentaire de cuné ci-dessous, "WASP" veut dire "White Anglo-Saxon Protestant" (c'est-à-dire, en traduction littérale, un anglo-saxon blanc protestant).

1 octobre 2009

Firmin - Sam Savage

Firmin (Autobiographie d'un grignoteur de livres) de Sam Savage (Actes Sud, 200 pages) a eu les honneurs, en mai dernier, de panneaux publicitaires dans le métro parisien (je ne sais pas pourquoi ce roman plus qu'un autre). Je dois dire que c'est une des raisons qui m'a incitée à l'acheter. J'avoue que je m'attendais à autre chose peut-être de plus amusant. La vie de Firmin est aussi déprimante que le quartier en déliquescence où il vit. Il se trouve être le 13ème à la douzaine d'une portée de rats nés vers le 9 novembre 1960 à Boston. C'est un rat pas comme les autres qui se découvre être un passionné de lecture. Après avoir commencé par les grignoter, il se met à lire des livres sur des sujets divers et variés. Firmin a un cerveau hors norme qui lui permet de lire très très vite: des milliers de pages en quelques heures. De plus, Firmin vit au-dessus d'une librairie dont le propriétaire est un dénommé Norman. Mais son goût pour la lecture ne l'empêche pas de se rendre dans un vieux cinéma pas loin de la librairie pour voir des "mignonnes" (comme il dit) ou Ginger Rogers. Sa condition de rat n'est pas facile. Même Norman qu'il croyait être son ami tente de l'empoisonner. Firmin trouve un autre humain, Jerry (un marginal), qui le protège. Mais la transformation du quartier où vit Firmin remet tout en question. Et puis la vie d'un rat est brève sans parler d'une mort violente prématurée. Le texte est agrémenté de quelques illustrations d'un dessinateur, Fernando Krahn, où Firmin est toujours présent avec ses gros yeux et son museau fin. J'ai ressenti un sentiment de tristesse jusqu'au bout même si Firmin a eu accès à la culture, aux mots (il semble que cela lui ait suffi). Je donnerai comme conseil d'attendre que le roman paraisse en poche ou de l'emprunter dans une bibliothèque.

27 septembre 2009

Deux romans de Katarina Mazetti

Le mec de la tombe d'à côté nous ayant plu, à mon ami et moi (cf. mon billet du 03/05/09), on s'est retrouvés après une "descente" à ma bibliothèque de quartier à lire deux autres romans de l'auteure: Entre Dieu et moi, c'est fini et Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini (Editions Gaïa) sur papier rose (1). Les deux romans se suivent et se passent à Suède pour une grande partie; on y fait la connaissance de Linnea Nilsson, la narratrice, 16 ans dans le premier et 17 ans dans le deuxième. Dans Entre Dieu et moi, c'est fini, Linnea nous parle de sa vie d'adolescente dans un lycée en Suède, et de son amie Pia dont on apprend dès le début qu'elle va se suicider. L'histoire se passe pendant les 6 mois qui précèdent la disparition de Pia (qui demeure inexpliquée). Linnea nous fait connaître ses états d'âme et par la même occasion sa mère, son demi-frère Knotte, son beau-père, Ingo (artiste vivant au crochet de la mère), ainsi qu'un amoureux transi, Markus. Dans le deuxième, Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini, Linnea est le petit chaperon rouge de l'histoire (elle porte un bonnet rouge) qui va rencontrer un loup en la personne de Mark (alias Mats), un garçon légèrement plus âgé qu'elle, qui lui fait perdre sa virginité et miroiter monts et merveille: elle se retrouvera à Los Angeles comme une SDF. Les deux romans se lisent bien même si ce n'est pas impérissable. Katarina Mazetti emploie un style tonique avec une tonalité parfois ironique.

(1) Je sais enfin pourquoi les Editions Gaïa imprime en rose. Voici le texte à la fin des deux ouvrages: "Imprimé sur "perle sanguine" (ou "zéphir rose!") 90 g, spécialement fabriqué pour Gaïa édition. La teinte du papier sur lequel cet ouvrage a été imprimé est le résultat d'une recherche soucieuse d'un plus grand confort de lecture: le coefficient de lisibilité est en effet jugé optimum, sous condition d'un bon éclairage ambiant." Personnellement, je ne peux pas me prononcer s'il y a du mieux pour le confort de lecture. Je n'ai pas vu la différence.

11 septembre 2009

Le guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre - Brock Clarke

Le guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre de Brock Clarke (Editions Albin Michel) est un des romans étrangers de la rentrée littéraire. Je l'ai d'abord acheté pour le titre qui m'a intriguée (je n'avais jamais entendu parler de l'auteur): il se lit bien. Sam Pulsifer est le narrateur. Quand il commence à nous raconter son histoire, il est en train de purger une longue peine de prison. C'est la deuxième fois. La première a duré 10 ans: à l'âge de 18 ans, il a été reconnu coupable d'avoir provoqué pendant une nuit un incendie qui a détruit la maison de la poétesse américaine Emily Dickinson (1). Plus grave, deux personnes sont mortes dans l'incendie: une des guides qui faisait visiter la maison et son mari. Petite précision, il faut que je vous dise que presque tous les événements du roman se passent dans l'état du Massachussetts au nord-est des Etats-Unis, plus particulièrement à Amherst (ville natale d'Emily Dickinson qui vécut recluse toute sa vie dans la maison familiale). Sam prend la vie avec philosophie malgré ce qui lui arrive. Il ne sent pas coupable: il avait par mégarde jeté un mégot mal éteint qui a embrasé la maison historique. Le roman de 400 pages nous fait découvrir toutes les mésaventures de Sam. Ayant purgé sa première peine, et sortant de prison, il est rejeté par ses parents (professeur de lettres pour l'une, éditeur pour l'autre). Le père de Sam a reçu et gardé, pendant la détention de son fils, des centaines de lettres émanant de personnes qui adressaient des demandes (voire offraient de l'argent) pour que d'autres maisons d'écrivains célèbres soient brûlées (comme celle de Mark Twain). Par la suite, Sam apprendra des faits qu'il ne soupçonnait pas concernant ses parents. Notre héros se marie sans rien révéler de son passé à sa femme (mal lui en prend). Le passé le rattrape en la personne du fils des victimes de l'incendie. Sam se retrouve seul, et, quand le roman se termine, il est en prison pour avoir, cette fois-ci sciemment, brûlé une maison. Laquelle? Vous le saurez si vous lisez ce roman foisonnant. Attendez peut-être sa parution en poche (il coûte 22 euros).

(1) Que les lectrices (teurs) soient rassuré(e)s, la maison d'Emily Dickinson (1830-1886) n'a pas été détruite et elle se visite (voir le site internet américain).

7 septembre 2009

2 romans de Thierry Jonquet

Pour rendre hommage à Thierry Jonquet qui vient de disparaître cet été à l'âge de 55 ans (voir le blog de Stephie), j'ai tenu à lire deux romans à la suite. C'est un grand écrivain français qui vient de disparaître. Personnellement, j'avais découvert l'oeuvre de Jonquet il y a quelques années avec Moloch, Les Orpailleurs, Ad Vitam Aerternam, Mon vieux, Mygale (cf. mon billet du 17/03/2008).
Je viens donc de lire coup sur coup Le manoir des immortelles et Comedia parus dans la collection Folio Policier. Ils ont été écrits tous les deux dans les
années 80.
Le premier m'a beaucoup fait penser à Mygale dans le ton. C'est une histoire à la limite du fantastique. A Paris, entre les Buttes-Chaumont et le 14ème arrondissement, Hadès (Dieu des morts dans la mythologie grecque - c'est un pseudo ici) se met en tête de supprimer des hommes en leur tranchant la tête avec une faux. Ces hommes à qui il attribue des numéros avaient répondu à une annonce "coquine" les menant à une certaine adresse dans le 14ème. C'est là qu'ils sont pris en filature par Hadès qui décide, selon une raison que je vous laisse découvrir, s'il les tue ou non. Hadès vit en grande banlieue avec une femme, Lola, dans un manoir en décrépitude. Qui est Lola et que fait-elle? Le manoir des immortelles est un roman de 165 pages très noir qui se lit en 1H30 (j'ai testé pour vous).

Le deuxième est assez différent. L'histoire se passe entre Etretat, Paris (les Buttes-Chaumont) et Berlin Est. Nous sommes au début des années 80 avant la Chute du mur. Comedia est le pseudonyme d'un vieil homme qui en traque deux autres surnommés Géronte et Pantalone car il veut savoir pourquoi un certain Scapin (toujours un pseudo) ne fut pas arrêté dans les années 50 en RDA (aujourd'hui ex-Allemagne de l'Est) et ce qu'il est devenu. Dès le début du roman, dans la région parisienne, Géronte (un vieil acteur impliqué peut-être dans un trafic international d'armes) est tué par Comedia qui s'est adjoint des collaborateurs: l'équipe statique Arlequin avec 5 personnes, et l'équipe mobile Sganarelle avec aussi 5 personnes. Par la suite, ces deux équipes sont chargées de surveiller Matamore, un jeune cinéaste qui était un ami de Géronte. Matamore est en train d'écrire (peut-être un scénario) sur Géronte qui a été un figurant de films célèbres dans les années 30 comme par exemple La grande illusion et la Marseillaise de Jean Renoir ou La belle équipe de Julien Duvivier. S'ensuit une évocation en accéléré d'une remontée dans le temps des années 30, de la seconde guerre mondiale, des années 50 et 60 en Allemagne et France. Tout cela finit très mal malgré le côté Comedia dell'Arte et Moliéresque des noms des personnage. C'est un roman qui se lit bien et qui montre encore une fois que Thierry Jonquet avait le talent de créer une fiction à partir de faits divers de la petite ou grande histoire.

PS [09/09/2009]: Stephie (qui avait donc lancé dès le 12 août l'idée d'un hommage de la blogosphère à Thierry Jonquet par la lecture et la chronique de ses oeuvres) centralise les billets ici.

Deux autres romans de Thierry Jonquet, lus ultérieurement, ici  >>>

3 septembre 2009

De l'eau pour les éléphants - Sara Gruen

J'ai lu d'une traite en une journée les 460 pages de De l'eau pour les éléphants. Je me suis plongée dans la vie d'un cirque aux Etats-Unis, dans les années 30. La grande dépression de 1929 fait encore les ravages économiques que l'on sait. Jacob Jankowski, 23 ans, fils de vétérinaire et qui allait passer son ultime examen pour devenir lui-même vétérinaire, apprend la mort tragique de ses parents dans un accident de la route. N'ayant plus rien, il s'embarque sur un convoi ferroviaire qui transporte un cirque ambulant, celui des frères Benzini, et se fait engager comme homme à tout faire. Pendant toute ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de me rappeler le film de Cecil B. de Mille Sous le plus grand chapiteau du monde (1952), avec des histoires un peu similaires. Mais, dans le roman, les anecdotes sont plus tristes et sordides (les employés n'étaient pas payés ou alors on les faisaient mourir en les faisant tomber du train quand ils étaient malades). Nous faisons connaissance avec des phénomènes de foire comme la femme obèse ou le nain ainsi que les machinistes qui tiennent le coup grâce au whisky. Jacob tombe amoureux de la belle écuyère Marlène (mariée à August, un homme violent, responsable des animaux et directeur équestre). Il y a aussi Rosie, l'éléphante, qui ne comprend que la langue polonaise (elle joue un rôle central dans le dénouement donnant une certaine morale à l'histoire). Tout ce petit monde est dirigé par le directeur Oncle Al, personnage peu recommandable. Sara Gruen s'est appuyée sur de nombreux documents de cette période pour raconter cette fiction; elle évoque, en particulier, les alcools frelatés (nous somme en pleine prohibition) vendus clandestinement qui provoquaient des paralysies ou faisaient mourir des gens comme certains protagonistes de l'histoire. Des photos d'époque (la plupart de la collection du cirque Barnum) insérés en tête ou en fin de chapitres aèrent l'ensemble. Publié aux éditions Le Livre de poche, c'est le genre de roman que je ne lâche plus une fois que je l'ai commencé.

31 août 2009

Le responsable des ressources humaines - Avraham B. Yehoshua

Suite au billet positif d'eeguab du 21/07/2009 à propos de ce roman, je me suis procuré Le responsable des ressources humaines (sous titré: Passion en trois actes) d'Avraham B. Yehoshua (2005) aux Editions Calmann-Levy, que j'ai lu en 2 jours. Merci eeguab. J'avais déjà lu La mariée libérée (que je recommande) du même auteur israélien. Les deux romans sont parus en Livre de poche. Dans ce roman en trois parties: "Le responsable", "La mission" et "Le voyage", il faut noter que tous les personnages ne sont définis que par la fonction qu'ils occupent. Tous? Pas tout à fait; en effet, la seule personne nommément désignée est morte victime d'un attentat à Jérusalem. Elle s'appelait Julia Ragaiev, ingénieure. C'est par un papier en sa possession qu'elle est identifiée: une feuille de salaire anonyme mais à l'en-tête d'une usine qui fabrique et livre du pain industriel. Cette usine est mise en cause pour son manque d'humanité (elle ne s'était pas inquiété de l'absence de son employée) par un article de journal à paraître. Et, bien que Julia Ragaïev ne travaillât plus depuis quelques semaines dans l'entreprise, elle n'était pas encore rayée des effectifs. A partir de là, le Responsable des Ressources Humaines (autrefois appelé Directeur du personnel) est celui à qui incombe de mener la mission de rapatrier le corps de cette ex-salariée dans le pays lointain d'où elle était originaire (un des états de l'ex-Union Soviétique?) pour y être enterrée. D'ailleurs le fils de cette femme y vit. Le responsable des ressources humaines (dont la propre vie privée part à la dérive: sa femme veut divorcer) s'embarque dans un long périple (aux diverses péripéties) avec un consul et sa femme ainsi que deux journalistes. Ce roman est, pour moi, une fable sur la condition humaine, tout simplement. Le DRH va s'humaniser au fur et à mesure du roman. Lui qui avait recruté Julia Ragaïev, mais ne se souvenait plus d'elle, mettra un point d'honneur à ce qu'elle soit enterrée comme elle l'aurait souhaité, quitte à la ramener à Jérusalem, là où elle avait choisi de vivre. J'espère que ce billet incitera les lectrices(teurs) à découvrir M. Avraham B. Yehoshua, auteur peu connu, né à Jerusalem en 1936.

PS du 29/12/2010: un film en a été tiré: Le voyage du directeur des ressources humaines.

26 août 2009

Lancement d'un site de chroniques sur la rentrée littéraire

Restez à l'antenne pour un peu de publicité. Il faut aujourd'hui que je signale que j'avais publié un peu vite (le 1er août 2009, faute d'informations et d'instructions claires) ma chronique sur La patience de Mauricette. L'opération "Masse critique / Babelio" par laquelle j'avais obtenu gracieusement ce livre s'inscrivait cette fois-ci dans le cadre de partenariats plus larges ("cette opération a été montée à l’initiative du Social Media Club France, qui s’est chargé de récolter les romans de la rentrée littéraire 2009 auprès des éditeurs pour les faire critiquer en avant première par les blogueurs. Le SMC s’est alors associé à trois communautés: Babelio, Ulike et Chermedia pour diffuser ces livres aux blogueurs"), et l'échéance "officielle" du lancement du projet était aujourd'hui 26 août 2009, date où aurait dû être publié mon billet "pour que le lancement bénéficie d’un effet d’annonce de la part des participants". Je reprends donc textuellement le message qui m'a été fourni (ouvrez les guillemets):
« Ce blog a décidé de s'associer à un projet ambitieux : chroniquer l'ensemble des romans de la rentrée littéraire !
Vous retrouverez donc aussi cette chronique sur le site Chroniques de la rentrée littéraire (http://chroniquesdelarentreelitteraire.com) qui regroupe l'ensemble des chroniques réalisées dans le cadre de l'opération. Pour en savoir plus, c'est ici. »
A vous les studieux/ses!

15 août 2009

Le coeur cousu - Carole Martinez

Deuxième très bon conseil de lecture de la part d’Aifelle, Le cœur cousu de Carole Martinez a déjà été beaucoup chroniqué sur les blogs. Lauréat de 9 prix littéraires, il vient de paraître en édition de poche Folio Gallimard. Personnellement, le titre de ce roman ne m’attirait pas et pourtant cela aurait été dommage que je ne découvre pas ce premier roman de Carole Martinez. Il est divisé en trois parties: la première partie," Une rive", qui fait pratiquement la moitié du roman, est une réussite narrative incontestable qui m’a enthousiasmée. Elle vous emporte. Les deux autres parties, "La Traversée" et "L’Autre Rive", m’ont un peu moins touchée voire intéressée, et pourtant on ne perd pas de vue le personnage de Frasquita. L'histoire commence en Espagne dans un village isolé et se termine en Afrique du Nord. La narratrice, dont le prénom est Soledad (Solitude), résume ce que sera sa vie. Acceptant de ne pas se marier, elle sera la dernière de la lignée à endurer, pour le meilleur et pour le pire, les sortilèges qui touchent les femmes de sa famille. Pendant tout le roman, Soledad raconte principalement l’histoire de sa mère Frasquita Carasco, analphabète mais couturière aux doigts de fées (par la magie d’une boîte), capable de coudre un cœur sur une vierge de paille et de métal d’une procession sainte (il semble battre), de recoudre un coq de combat plutôt mal en point ou bien le visage d’un homme, de concevoir des robes de mariée adaptées à toutes les situations: pour une bossue ou une femme enceinte. Mariée elle-même très jeune à un charron, José Carasco, Frasquita va donner naissance à 5 filles et 1 garçon: Anita, la mutique, Angela à qui pousse des plumes d'oiseaux, Martirio, capable de donner la mort par un baiser, Clara qui s'endort dès que le soleil se couche et qui luit dans la nuit, et Soledad, la petite dernière. Le garçon, Pedro, aux cheveux rouge, dessinateur de talent et lutteur de foire, commettra l'irréparable, mais je n'en dis pas plus. J'ai trouvé le style ample, et l'écriture travaillée. C'est du bel ouvrage. Je n'ai jamais lu de roman d'Isabel Allende, il paraît que cela y fait penser.

7 août 2009

Les tribulations d'une caissière - Anna Sam

J'ai acheté récemment et lu en 2 heures ce court récit (ce n'est pas vraiment un roman). J'ai trouvé que Les tribulations d'une caissière (Le Livre de poche) était trop anecdotique. En courts chapitres, nous avons une suite de situations mettant en scène des clients resquilleurs, menteurs, pas polis, colériques, pressés, etc. Je m'attendais au moins à sourire au vu du titre, et bien pas du tout. Cela manque d'humour et c'est répétitif. Anna Sam n'explique pas pourquoi elle est restée caissière 8 ans (malgré ses diplômes supérieurs). Je veux bien croire que les temps sont durs, mais quand même! Et puis à la fin, pourquoi démissionne-t-elle? Je pense qu'il y avait une vraie étude sociologique à faire sur ce sujet à l'heure où, petit à petit, les grandes surfaces remplacent les caissières (pardon les hôtesses de caisse) par des machines. A emprunter (éventuellement) à la bibliothèque (attention aux horaires de vacances), mais pas plus.

<< < 10 20 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 > >>
Le blog de Dasola
  • CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR. Critiques et opinions sur films, livres et spectacles. [Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (215 commentaires, du 17/01/07 au 14/04/24)].
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
83 abonnés
Liens (en cours de mise à jour)

** INDEX AUTEURS (LITTÉRATURE), FILMS & REALISATEURS (CINÉMA) **

*** CHALLENGES DE L'ANNEE EN COURS ***


** LE SITE DU STATISTICIEN **


*** LIENS ***
(BLOGUEURS COMMENTANT SOUVENT LE MIEN)

  • = Dix blogueuses et blogueurs ayant fait au moins 500 commentaires chez dasola se présentent =
  • On crée un lien lorsqu'un blogueur a commenté au moins cinq billets en venant à (au moins) deux dates différentes sur ce blog. 
  • Une adresse de mail (xxx@yyy.fr ou com...) [non publiée!] est exigée par Canalblog pour enregistrer votre commentaire. 
  • Vous ne voyez pas tout de suite apparaître votre commentaire, car je dois d'abord le valider (cela peut prendre quelques heures)
CINÉMA (22 blogs en activité)

DIVERS - CULTURE (57 blogs en activité)

LIVRES (69 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 2706 billets (au 25/04/24), dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 33 171 commentaires (au 26/04/24 [+ 6 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 261 dasola] par au moins 1276 personnes, dont 106 (re)venues en 2024
  • 407 blogueurs [dont 156 actifs en 2024] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1210 (au 22/04/2024) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 77 au 07/03/2024 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 146 par DocBird (du 15/07/22 au 14/07/23)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 143 par Manou en 2023
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
Pages