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Le blog de Dasola

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19 mars 2023

Le soleil rouge de l'Assam - Abir Mukherjee

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J'ai eu grand plaisir à lire le quatrième roman d'Abir Mukherjee qui vient de paraître. Après L'attaque du Calcutta-Darjeeling, Les Princes de Sambalpur et Avec la permission de Gandhi, j'ai retrouvé dans Le soleil rouge de l'Assam (Edition Liana Levi, 411 pages) le capitaine Wyndham en février 1922, résolu à se désintoxiquer de son addiction à l'opium. Pour cela, il part dans un ashram dans la province de l'Assam, à trois jours de train de Calcutta. Son fidèle sergent bengali Satyendra Banerjee est parti voir sa famille à Dacca. Dès que Wyndham arrive, il voit quelqu'un qui lui rappelle un passé londonien douloureux. A partir de là, le récit alterne deux périodes et deux intrigues qui vont se rejoindre. La première intrigue se passe en 1905 dans un quartier de l'East End de Londres. Wyndham est un tout jeune inspecteur. Une femme, Bessie, est retrouvée morte chez elle. Son voisin du dessus, Israel Vogel, va être accusé du meurtre, parce qu'il est juif, et on retrouve l'arme du crime chez lui. Bessie travaillait chez un certain Jeremiah Caine, un homme d'affaires quelque peu véreux dont la femme venait de décéder. Dix-sept ans plus tard, à Assam, la cure de désintoxication est dure à supporter. Wyndham est nourri de riz, de lentilles et de breuvages qui le font vomir. Il tient néanmoins le coup et quand il quitte l'ashram, il fréquente d'autres Britanniques dont Emily Carter, l'épouse de Ronald Carter, un homme d'affaires prospère de la région. Emily a la passion de la mécanique et elle aime réparer les moteurs d'automobiles. Il se trouve que Ronald Carter meurt une nuit dans sa chambre fermée à clé de l'intérieur (et il était seul). D'étranges marques sont apparues sur sa poitrine. Wyndham ne croit pas à un accident et demande qu'une enquête soit faite. C'est le sergent Banerjee, revenu de vacances, qui va en être chargé. J'ai trouvé une fois de plus que l'écrivain avait réussi à captiver le lecteur même pour une histoire plus classique. Je vous recommande chaudement ce 4ème tome, qui peut se lire sans avoir lu les trois premiers.

16 mars 2023

Les petites victoires - Mélanie Auffret

Les petites victoires de Mélanie Auffret se déroule de nos jours en Bretagne dans le département des Côtes d'Armor, dans un petit village appelé Kerguen (je ne sais pas si c'est un nom inventé). Alice Le Guennic (Julia Piaton, très bien), la mairesse du village, est aussi l'institutrice de l'école à la classe unique. Elle essaie d'administrer au mieux ce village qui manque de magasins de proximité et de médecin. Elle écoute les villageois qui viennent se confier à elle pour des problèmes très intimes. Alice ne baisse pas les bras mais c'est dur. Un jour, Emile Menoux (Michel Blanc, excellent), un des villageois, qui ne sait pas lire, décide de venir suivre les cours d'Alice à l'école. La cohabitation n'est pas toujours facile mais avec de la bonne volonté, Emile se fait accepter des autres élèves. Le problème qui surgit est qu'un inspecteur de l'éducation nationale vient faire une inspection et se rend compte qu'il n'y a plus que 10 élèves dans l'école. C'est trop peu. L'école va fermer. Cela n'empêche pas qu'il se passe plein de choses sympathiques que je ne vous raconterai pas. Le film est plein de délicatesse et de moments très amusants. On applaudit à la fin. Ne passez pas à côté. Allez le voir. 

13 mars 2023

Le meurtrier - Patricia Highsmith

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J'ai écouté tout récemment, grâce à You Tube, plusieurs épisodes de l'émission "Les maîtres du mystères", une émission radiophonique diffusée sur France Inter dans les années 1950 et 60. A la fin de certains épisodes, les producteurs de l'émission, Pierre Billard (1921-2012) et Germaine Beaumont (1890-1983), faisaient une intervention pour parler d'un roman policier. Et j'ai retenu que Germaine Beaumont avait appprécié Le meurtrier de Patricia Highsmith (Livre de poche, 281 pages), dont je n'avais jamais entendu parler. C'est un roman qui a été écrit en 1954 mais est paru en français en 1960 et que je me suis procuré. En préambule, je dirais que j'ai apprécié les romans de Patricia Highsmith que j'ai lus, dont ceux avec Ripley. Je conseille aussi La rançon du chien ou Eaux profondes. Les romans de Patricia Highsmith (1921-1995) sont tous de qualité. Les histoires qu'elle raconte se finissent mal en général. Sous couvert d'histoires policières, ce sont surtout des romans sur la psychologie criminelle. L'histoire du Meurtrier se passe dans la région de New-York. Dès les premières pages, Melchior Kimmel, un libraire d'une quarantaine d'années, assassine sa femme Helen. Cette dernière prend un bus et au premier arrêt, son mari qui la suivit en voiture la tue derrière un fourré. Après quelques semaines, la police n'a toujours pas trouvé l'assassin. En revanche, Walter Stackhouse, un jeune avocat, devine qui a assassiné Helen Kimmel. Il aime lire  les comptes-rendus de faits divers dans les journaux. Walter a lui-même une vie de couple compliquée avec Clara, une jeune épouse tyrannique qui lui fait du chantage affectif. Sur un coup de tête, Walter rend visite à Kimmel pour lui commander un livre mais surtout pour savoir qui est Kimmel. Quelques semaines plus tard, Clara doit se rendre au chevet de sa mère mourante qu'elle n'aime pas. Elle prend le car pour se rendre à destination, mais, comme Helen Kimmel, elle est retrouvée morte lors d'un arrêt. Elle est tombée dans le vide et son mari Walter devient le seul suspect aux yeux de Corby, un policier tenace. Celui-ci commence à faire le rapprochement entre les deux décès et pourtant Walter n'est pas coupable de la mort de sa femme. Le meurtrier est un roman passionnant de bout en bout. 

10 mars 2023

Mon crime - François Ozon

J'ai vu Mon crime, le nouveau film de François Ozon, en avant-première avec mon ami, qui a surtout remarqué les belles voitures que l'on peut admirer pendant le film. Mon crime est adapté d'une pièce de théâtre de 1934 de Louis Verneuil et Georges Berr. Mon crime est une comédie policière très distrayante avec deux jeunes actrices épatantes, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. La première joue le rôle de Madeleine Verdier, une jeune actrice qui n'arrive pas à trouver un rôle digne de ce nom, la deuxième interprète Pauline Mauléon, une jeune avocate en quête de clients. Elles partagent le même appartement, dans un sixième étage un peu miteux, et elles dorment dans le même lit en tout bien tout honneur. Par un concours de circonstances, Madeleine est accusée du meurtre d'un producteur de théâtre (un gros cochon) qui venait de la recevoir pour lui offrir un rôle. C'est Pauline qui va se charger de la défense de Madeleine. Face à elles, il y a le juge d'instruction joué par Fabrice Luchini, le procureur Michel Fau, le policier Régis Lespalès et d'autres personnages comme Palmarède (Danny Boon), un entrepreneur avec un accent marseillais à couper au couteau. Acquittée, Madeleine va voir décoller sa carrière. C'est là que surgit un personnage haut en couleur, Odette Chaumette, ancienne actrice du muet qui n'a pas réussi le virage du "parlant". Avec ses cheveux roux ébouriffés et son allure excentrique, Isabelle Huppert fait une entrée remarquée. On va apprendre tout de suite ce qu'elle veut. Tous les acteurs ont l'air de bien s'amuser. Ce n'est pas du grand cinéma mais le côté féministe de l'histoire est sympathique. Lire les billets de Pascale et Selenie

7 mars 2023

Les Russkoffs - Cavanna

Ça débute avec une histoire de pénurie d'obus pour lutter contre les Russes. Et "les provinces, ça va, ça vient, surtout les frontalières" (p.13).

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) commente ce mois-ci Les Russkoffs, où François Cavanna raconte la suite (durant la seconde guerre mondiale) de son célèbre premier volume autobiographique Les Ritals, que je chroniquerai un mois ou l'autre [chroniqué le 7 novembre 2023]

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(Le livre de poche N°5505 ****, 410 p., 3e trim. 1981)

Alors, pourquoi ce titre-là et pourquoi maintenant? Le numéro 1596 de Charlie Hebdo daté du 22 février 2023 se présentait comme un numéro spécial Cavanna, qui aurait eu 100 ans (né en février 1923). Du coup, j'ai sorti de ma liste d'idées d'articles-hommages "Charlie" puis de ma pochothèque personnelle le livre, redevenu d'actualité, Les Russkoffs. Il est construit avec quelques retours en arrière, et se termine abruptement. En exergue de ce livre figurent comme dédicataires d'abord "[à] Maria Rossipova Tatartchenko, où qu'elle puisse être", puis 24 autres prénoms slaves féminins, suivis d'une vingtaine de gars français. "(...) et aussi / à tous ceux et à toutes celles dont j'oublie le nom mais pas le visage, / à tous ceux et à toutes celles qui ramenèrent leur peau, / à tous ceux qui l'y laissèrent, / et, en général, à tous les bons cons qui ne furent ni des héros, ni des traitres, ni des bourreaux, ni des martyrs, mais simplement, comme moi, des bon cons, / et aussi / à la vieille dame allemande qui a pleuré dans le tramway et m'a donné des tickets de pain."

Les Russkoffs du titre, pour ce que j'en ai donc compris, ce sont en premier lieu les femmes "de l'Est" (slaves) elles aussi réquisitionnés pour le travail en usine d'armement, ensuite les prisonniers de guerre russes - plus mal nourris que les Français? -, et en dernier lieu les soldats de l'armée rouge victorieuse, croisés en fin d'ouvrage quand ils vainquent, pillent, violent, et aussi exécutent sommairement ceux qu'on leur désigne comme "fascistes". Mais procédons par ordre.

Le premier chapitre (sur 17), titré "le marché aux esclaves" nous pose le jeune François en train de travailler sur une presse pour fabriquer des ersatzs de pointe d'obus, chacun des "vingt petit[s] Français pâlichon[s] maigrichon[s] étant flanqué de deux bonnes femme", et nous narre comment il (en) est arrivé là. Prisonniers de guerre français croisés durant le voyage (ne pas parler mal de Pétain!), interprète belge (flamand) à l'arrivée... et mise au boulot (en trois-huit à l'usine d'armement) dès la première nuit d'installation au camp.

Maria, c'est l'une de ses deux assistantes, qu'il prend d'abord pour une Allemande avant de comprendre (p.46) qu'elle est, non pas russe, mais ukrainienne (d'un pays qu'il situe très vaguement sur la carte). Et notre François va se montrer très motivé pour apprendre sa langue... 

Le troisième chapitre, titré "Pour le tsar!" (à la Michel Strogoff), revient en arrière en une soixantaine de pages (53-114) pour narrer l'exode de juin 1940, vécu par notre jeune Cavanna de 17 ans. Après avoir vainement attendu le car promis par l'administration des PTT, notre jeune vacataire part à vélo en direction de Bordeaux où l'ordre est de se replier (sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'au licenciement!). Un voyage initiatique bien qu'inutile puisque les Allemands motorisés allaient plus vite que des réfugiés à pied ou même en vélo (notre François était parti avec son vélo de course tout neuf mais aux boyaux fragiles). N'ayant pas l'âge militaire, les Allemands le laissent revenir en région parisienne. Finis les PTT: voici Cavanna tireur de chariot pour aller sur les marchés, maçon... (court chapitre titré "Ma banlieue à l'heure allemande", p.203-221). Avant de se faire "piéger" dans l'entreprise où il venait d'entrer après une offre alléchante: et paf, requis pour le STO!

En Allemagne, Cavanna travaille donc d'abord pour l'industrie d'armement, puis est muté (par mesure disciplinaire) dans un Kommando des gravats, pour déblayer, jour après jour, Berlin bombardé quotidiennement. C'est entre autres sous les bombes alliées sur Berlin en 1944-45 qu'il s'est construit son opinion sur la guerre, de même que Cabu s'était forgé son propre antimilitarisme en tant qu'appelé en Algérie (entre mars 1958 et juin 1960). Il l'a vécue à hauteur d'homme. Il nous raconte une vie quotidienne de préoccupations alimentaires (à un moment, Maria refuse de manger un steack de cheval, contrairement au jeune Français habitué par sa mère), encadrée par des gardiens plus ou moins "peau de vache" ou "complaisants", une fragile survie de couple, de groupe, pour une histoire individuelle mais pleine d'anecdotes. Par exemple, p. 300-301, il raconte par suite de quel concours de circonstance il a été amené à casser la gueule à un gestapiste dans un tramway (sans conséquences, grâce à l'humanité d'un simple flic allemand pas spécialement pro-Gestapo). Il évoque la camionnette qui exhortait par haut-parleur les requis français à rejoindre la Waffen-SS... (p.310).

Mais je ne veux pas tout raconter (lisez le livre, écrit d'une langue drue, truculente et pressée). Fin février 1945 (p.317), le camp est évacué en train vers la Poméranie, pour aller y creuser de dérisoires fossés antichars dans le sable local. Puis ordre est donné de se diriger (à pied) vers "ailleurs". Et Maria et lui quittent la colonne malgré les risques, avant de rencontrer les "libérateurs" russes. Après quelques bivouacs, arrive la fin, ou comment un homme et une femme se perdent... Pendant que François était parti "au ravitaillement", Maria s'est fait rafler par les Russes malgré ses protestations. Et jamais Cavanna n'est arrivé à la retrouver, ni avant ni après son propre retour en France, dit le livre publié en 1979. Alors même que d'autres ont réussi à préserver leur "couple de guerre": qui a ramené "sa" Russkoff" (p.303: évasion, engagement dans la 2e DB, pour revenir en Allemagne chercher sa Klavdia), qui sa jeune Berlinoise brune (Ursula, p.308), qui envisageait de rester sur place (600 hectares de terre et la veuve allemande en prime, pour quelqu'un qui, au pays, ne possédait rien que ses deux bras, p.364). Le STO, finalement, ça aura donné les premières chansons de Brassens, mais aussi ces mémoires de Cavanna.

Pour les lecteurs et lectrices de 2023, je souhaite insister sur le fait qu'il ne s'agit pas là d'un roman, mais d'un témoignage de première main sur le quotidien vécu en particulier à deux et en général en groupe, dans un pays étranger où l'auteur n'est pas venu de son plein gré mais où il a vécu les horreurs de la guerre (y compris en assistant à des morts violentes).

J'ai trouvé peu de blogs en ayant parlé: Les plumes baroques (dernier billet en juillet 2020), Aspirant auteur (dernier billet en juin 2017). Je ne m'interdirai pas d'en rajouter "au fil de l'eau".

Et dans le numéro "centenaire" de Charlie que j'évoquais plus haut? En 16 pages, on trouve plus d'une douzaine de citations choisies par d'actuels rédacteurs ou dessinateurs (dont tous ne l'ont peut-être pas connu?), et quelques phrases à sa mémoire par rapport à Charlie dans la plupart des chroniques régulières. Jacques Littauer, notamment, évoquait Les Russkoffs (p.5). 

*** Je suis Charlie ***

6 mars 2023

Swinging Liverpool - Les aventures de Louise Petibouchon - Jean Depelley et Eric Albert

J'ai été très contente d'apprendre qu'un nouvel album était paru avec Louise Petibouchon, une policière limougeaude. Et j'ai eu le plaisir d'avoir une dédicace des deux auteurs. J'avais appelé la librairie qui avait invité les deux auteurs et, très gentiment, le vendeur m'a dit qu'il ferait son possible pour obtenir une dédicace. Dans cet album de 44 pages paru aux Editions Paquet intitulé Swinging Liverpool, les deux auteurs racontent deux histoires en parallèle, dans ce tome 3 qui se passe toujours au tout début des années 60. Celle avec l'inspecteur Plumier toujours bête comme ses pieds qui part en vacances à Royan pour rencontrer une association spécialiste de la vie extraterrestre. Plumier doit faire un exposé devant un public. De son côté, Louise Petibouchon, toujours aussi intelligente, va aller jusqu'en Angleterre à la recherche de son amie Roseline Poissard, une prostituée au grand coeur qui vient d'être enlevée en plein Limoges, sous les yeux de son souteneur, par un gang de Russes. J'ai trouvé cet album très sympa. Il y a même un clin d'oeil à Hergé quand Louise Petibouchon, arrivant à Calais, passe devant un cargo appelé "Kamasoutjan" en référence au "Karaboudjan" dans Le crabe aux pinces d'or.

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3 mars 2023

The Fabelmans - Steven Spielberg

En lisant toutes les éloges à propos de ce film de Steven Spielberg (lire Princecranoir ou Pascale, et un de mes collègues m'a dit que c'était le meilleur film qu'il avait vu depuis des années - il va beaucoup au cinéma), je me suis décidée à aller voir The Fabelmans dans une très grande salle pleine de spectateurs. Pour résumer, et je ne vais pas me faire que des amis, j'ai eu du mal à entrer dans ce film très autobiographique que je n'ai pas trouvé très bien interprété. Pendant une heure, je me suis ennuyée. En 1952, Sam Fabelman, un petit garçon très éveillé, découvre la magie du cinéma. Il est entouré de deux puis trois soeurs et de parents aimants. Justement, en parlant des parents. Paul Dano qui joue le père est vraiment bien mais je n'en dirais pas autant de Michelle Williams qui joue la mère. La coiffure improbable et le maquillage arrivent à la rendre laide. Elle est très mal dirigée et elle en fait des tonnes. Sam grandit en continuant à faire des films amateurs avec une vraie mise en scène et il les monte lui-même. C'est lors d'un visionnage de rushs qu'il découvre  quelque chose qui va bouleverser sa vie. A partir de là, j'ai commencé à apprécier The Fabelmans mais je n'ai pas été vraiment émue. Il y a des moments amusants quand Sam, qui est au lycée, dirige le film de fin d'année, ou quand une jeune fille, très bonne chrétienne, veut convertir Sam. Steven Spielberg est co scénariste. Je pense qu'il aurait dû laisser la réalisation à quelqu'un d'autre, mais je ne sais pas qui. Il faut noter la dernière séquence où Sam rencontre John Ford (David Lynch, méconnaissable) qui est, pour moi, la meilleure du film.

Lire aussi les billets de Selenie et Mymp.

28 février 2023

Le marchand de sable - Steve Achiepo

Le marchand de sable de Steve Achiepo est un film très intéressant sur le problème des logements pour les SDF ou les migrants arrivés à Paris ou ailleurs. Djo, un livreur d'origine ivoirienne, devient marchand de sommeil quand une de ses cousines et ses trois enfants arrivent d'Afrique et qu'ils n'ont nulle part où dormir. Djo vit chez sa mère. Il a la garde de sa fille une semaine sur deux. Chez la maman, la vie n'est pas simple car il y des oncles qui vivent à demeure. C'est pourquoi Djo accepte, après avoir hésité, un logement plus confortable de la part d'un certain Yvan (Benoît Magimel). Yvan est un vrai magouilleur qui n'a aucun état d'âme pour loger et virer aussi rapidement des migrants ou des SDF de logements plus ou moins décents en faisant payer des loyers plus ou moins bas. Je ne dirai rien de la fin où pointe un peu d'espoir. Les acteurs sont tous très bien. Il faut noter que La Fondation Abbé Pierre soutient ce film. C'est un film qui m'a plu et que je conseille. Lire le billet de Pascale

26 février 2023

Azincourt par temps de pluie - Jean Teulé

Profitant de son absence, j'ai (ta d loi du cine, "squatter") chipé ce livre sur la PAL de la maîtresse de blog (dasola). J'espère que cela ne la découragera pas de rédiger, le moment venu, son propre billet après lecture!

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Pour ma part, je n'avais encore jamais lu de romans de Jean Teulé (mais juste chroniqué une biographie de Charlie Schlingo dont il avait écrit le scénario pour Florence Cestac). Je ne sais donc pas comment il traite (de) la Grande Histoire ailleurs. Dans Azincourt par temps de pluie (éd. J'Ai lu n°13668, 220 p., imprimé en décembre 2022, pour l'édition que j'ai entre les mains), il nous la donne à voir sous un jour plutôt sanglant. 

Le livre se déroule sur deux ou trois jours (avant, pendant et près la bataille), du 24 au 26 octobre 1415. De manière très vivante (beaucoup de dialogues), Jean Teulé nous expose ces sacrés Français, grands seigneurs, en train de se disputer la peau du lion anglais avant de l'avoir tué, cependant que le souverrain anglais maintient une discipline de fer dans sa petite armée professionnelle. Il a fait le choix de nous présenter un rapport de 1 à 5 pour les forces en présence, alors que les chiffres varient y compris parmi les chroniqueurs de l'époque. Je n'oserai pas m'avancer sur le fait que la "fille à soldats" (surnommée "Fleur de Lys") qui se retrouve seule parmi les quelque 30 000 Français d'abord, parmi leurs cadavres ensuite est bien un personnage attesté sinon historique, ou non... mais elle sert de témoin (et, ma foi, si on l'avait écoutée - le bon sens féminin -, l'Histoire aurait pu en être changée). Mais Jean Teulé n'a pas écrit une uchronie. Il est amusant de noter que, plutôt que de présenter une bibliographie, il crédite avec humour ses "collaborateurs involontaires" (sic!) en fin de livre (de Michelet à Charles d'Orléans). Pour ma part, la description de l'entretien des arcs anglais p.26 m'a fait penser à l'Odyssée, lorsque les prétendants s'efforcent d'assouplir l'arc d'Ulysse avant que celui-ci les massacre... Ironie de l'Histoire: Jean Teulé n'a pas manqué de nous rappeler que l'armée anglaise était dans un sale état sanitaire (chiasse - même s'il parle courtoisement de dysenterie) pour avoir consommé des moules avariées en guise de pique-nique. Deux mille soldats anglais en étaient mort avant la bataille.

Comme dans La controverse de Valladolid ou dans La négociation, on a ici des antagonistes. Mais cette fois-ci, on finit par se battre, une fois le temps des échanges diplomatiques terminé. Et dans ce cas, le meilleur gagne. Jean Teulé et Wikipedia sont d'accord! Il nous a clairement été exposé les raisons pour lesquelles les faits se déroulent de telle manière. Le combat proprement dit débute p.119. C'est un massacre. En première ligne, les Français et leurs lourdes armures sont plantées dans la gadoue, reçoivent les flèches anglaises, n'y voient rien par les petits trous de leurs visières, et ne peuvent qu'attendre passivement de se faire massacrer lorsque les arcs sont abandonnés pour les haches et autres armes anti-armures. La première vague de prisonniers est éliminée: il faut bien continuer à se battre jusqu'à la déroute adverse.

Et, une fois que les combattants ont quitté les lieux, y abandonnant les monceaux de cadavres français, l'auteur n'oublie pas de nous montrer la récupération par la population locale des moindres bouts de tissu ou de métal dont ils auront l'usage, brut ou refondu... Ce roman de "vulgarisation historique" se lit vite et avec aisance.

J'ai trouvé plusieurs blogs qui en avaient parlé: A livre ouvertAu détour d'un livreLes lectures de Cannetille, PlumefilCanel

Philippe Dester n'a pas aimé. Nono a évoqué le livre pour rendre hommage à Jean Teulé (son blog cite encore un autre livre sur Azincourt). J'ai appris que Dominique Pinon lit la version audio grâce au blog Baz'Art.

Après coup, ce roman m'a fait penser au traitement que fait, en bande dessinée, Jean-Yves Delitte des grandes batailles navales. J'en ai lu quelques titres. Un billet à faire un mois ou l'autre?

25 février 2023

Tel Aviv-Beyrouth - Michale Boganim

Sur les conseils de Miriam, je suis allée voir Tel Aviv-Beyrouth de la réalisatrice israélienne Michale Boganim. Ce film est prenant et émouvant. L'histoire se passe entre 1984 et 2006 entre le sud Liban et Tel Aviv. En 1984, c'est la guerre au sud Liban. Yossi, officier israélien marié à Myriam et jeune papa d'un petit garçon appelé Gil, va passer presque vingt ans dans un village du sud Liban. Là-bas, il devient l'ami de Fouad et Nour, un couple de chrétiens libanais, parents de deux filles, Jacqueline et Tanya. Youssi qui fait partie des milices chrétiennes va choisir de s'allier avec les Israéliens contre le Hezbollah chiite pro-iranien. Malheureusement, Nour va être tuée par un tir de roquette et Youssi devra élever seul ses deux filles.

En 2000, Israël se retire du sud Liban en abandonnant ceux qui les ont aidés. Youssi et sa fille Tanya s'exilent en Israël, car Youssi ayant collaborer avec Israël risque des années d'emprisonnement au Liban. Ils ne sont pas bien accueillis, ce sont des parias qui vivent dans un mobile home au milieu de nulle part. Le retour de Yossi auprès de sa femme et de son fils ne se passe pas très bien, car Myriam, qui s'est sentie délaissée pendant tout ce temps, a pris un amant et elle obtient le divorce.

En 2006, Gil qui a 22 ans, part faire son service militaire contre l'avis de sa mère. Il venait d'être accepté pour étudier à la Sorbonne. Deux soldats israéliens sont pris en otage au Liban. Une opération miliitaire se prépare. 

Malgré quelques invraisemblances, j'ai aimé ce film pour l'histoire qu'il raconte. Il faut noter que les cercueils seuls peuvent passer les frontières sans problème. Les personnages les plus intéressants sont les femmes qui sont les perdantes de l'histoire. L'actrice qui interprète Tanya s'appelle Zalfa Seurat. C'est une des filles du sociologue Michel Seurat, otage au Liban avec Jean-Paul Kauffmann et mort en captivité en 1986.

Lire le billet d'Henri Golant, très critique envers ce long-métrage.

22 février 2023

Le retour des hirondelles - Li Ruijun

Le film chinois Le retour des hirondelles m'a énormément plu. On ne peut qu'être ému devant cette histoire de deux êtres cabossés par la vie, Ma et Cao. Ma est le dernier d'une fratrie. Son frère et le propriétaire des terres l'exploitent. Cao, elle, est incontinente, a des problèmes d'équilibre et a la main gauche qui tremble. Tout ça parce que Cao a été battue comme plâtre pendant longtemps par sa soeur aînée et son beau-frère. Ils sont pauvres tous les deux. Dans la Chine rurale, ces deux personnes se soutiennent l'un l'autre. Ma est aux petits soins pour Cao. Il a des gestes tendres envers elle. Ma est un homme courageux qui sait très bien se servir de ses mains. Il est agriculteur et a des talents de bâtisseur. Il va construire une maison pour lui et Cao. Avec eux, il y a un âne qui n'est pas fainéant et les aide bien. Cao et Ma vont réussir à élever des poules pondeuses. Ils vont même acquérir un cochon. Ils résistent aux propositions de vivre dans un appartement sans âme construit pour récemment. L'histoire qui se passe au moins sur une saison ou deux ne tombe jamais dans le misérabilisme. C'est émouvant. L'image est belle et les deux acteurs principaux interprètent leur rôle avec pudeur, Wu Renlin qui joue Ma est un vrai fermier dans la vie et aussi l'oncle du réalisateur, tandis que Hai-Qing qui interprète Cao Guiying est une actrice professionnelle. Du très bon cinéma à ne pas manquer. Lire le billets de Pascale et DonaSwann.

20 février 2023

La femme de Tchaïkovski - Kirill Serebrennikov

Je voulais voir La femme de Tchaïkovski du cinéaste russe Kirill Serebrennikov, à propos duquel je n'avais rien lu. Et je n'ai pas été déçue. Pendant deux heures vingt sept, on suit la sombre histoire d'Antonina Milioukova, jeune femme de la petite noblesse russe qui va peu à peu sombrer dans la folie après avoir épousé Piotr Ilytch Tchaïkovski. Le film est le portrait d'une femme qui, parce qu'elle était amoureuse, a épousé Tchaïkovski, un homme qui préférait les hommes (c'est encore un sujet tabou en Russie). En préambule, le spectateur est transporté en 1893, Tchaïkovski vient de mourir. Aux pompes funèbres, il se rèlève de son enveloppe mortuaire et déclare à sa femme qu'il la hait. En 1873, Antonina tombe amoureuse de Tchaïkovski qui ne la remarque pas. Elle lui écrit des lettres enflammées auquelles, contre toute attente, il répond. En 1877, le mariage est célébré. Le repas des noces se déroule dans une atmosphère mortifère. Le réalisateur montre indirectement que le mariage ne sera jamais consommé. Tchaïkovski ne la touche pas et ne veut pas être touché par elle. Elle le dégoûte. A partir de là, la caméra ne lâche plus Antonina (Alyona Mkhailova, sensationnelle) qui commence à se consumer. Elle endure toutes les humiliations de la part de Tchaïkovski et de l'entourage du musicien (uniquement des hommes). Ils veulent qu'elle accepte le divorce. Ils n'y arriveront pas. Antonina aime le musicien et ne veut pas s'en séparer. Les scènes se passent presque exclusivement dans des intérieurs, appartements, salons, wagon de train. On ressent une impression d'étouffement. Il faut noter le très beau travail sur la lumière, gris, bleu et ocre. Mais s'il y a une seule raison d'aller voir le film, c'est pour l'actrice russe de 27 ans Alyona Mikhailova, qui aurait amplement mérité un prix d'interprétation à Cannes. Son rôle est vraiment "casse-gueule". Elle s'en tire haut la main. Lire les billets de Pascale, de Mymp et du Bleu du miroir. Roland est nettement plus réservé.

17 février 2023

Une bibliothèque partagée en bas de chez soi

Manquant d'enthousiasme durant quelque temps pour aller au cinéma (aucun film ne me tentait), voici trois photos de l'entrée de mon immeuble.

En effet, un jour d'octobre 2021, une bibliothèque a été installée par un ou une anonyme à côté des boîtes aux lettres et quelques livres ont été mis tout de suite. Avec mon ami ta d loi du cine, on a trouvé que l'idée était très sympathique. Depuis, cette bibliothèque "vit", il y a beaucoup de mouvements avec même des BD et des DVD. En ce moment, c'est plus calme, le stock a diminué. On y trouve aujourd'hui aussi bien les derniers volumes du Trône de fer en grand format que de nombreux classiques en "Poche", des romans policiers comme des livres en anglais...

Et vous qui passez par ce blog, est-ce que vous avez connaissance de ce genre d'initiative?

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13 février 2023

Le disparu de Larvik - Jorn Lier Horst

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Le disparu de Larvik (Edition Folio, 471 pages) est le quatrième Jorn Lier Horst que je lis après Fermé pour l'hiver, Les chiens de chasse et L'usurpateur. J'ai eu du plaisir à retrouver l'inspecteur William Winsting et sa fille Line. Cette dernière qui est enceinte doit accoucher dans peu de temps. En attendant l'heureux événement, Line se lie d'amitié avec Sofie Lund qui vient d'emménager dans une maison voisine. Line apprend que Sofie Lund, jeune mère de famille, est la petite-fille d'un certain Frank Mandt décédé récemment. Il était chef d'un gang qui importait des amphétamines. Pendant ce temps, Winsting reprend une enquête sur la disparition six mois auparavant de Jens Hummel, un chauffeur de taxi, dont on ne sait pas ce qu'il est devenu. Sophie Lund fait ouvrir un coffre situé dans le sous-sol de sa maison. Dans ce coffre, il y a de l'argent, des papiers, des cassettes audio et surtout un revolver. Elle confie l'arme à feu à Line. Bien entendu, cette dernière fait passer l'arme à son père qui apprend que ce revolver a servi lors d'une fusillade au cours de laquelle une jeune femme a été tué, la nuit du jour de l'An. Ce meurtre a eu lieu peu de temps avant la disparition du chauffeur de taxi. L'arme n'avait jamais été retrouvée mais un suspect avait été très vite arrêté, et son procès est sur le point de démarrer, alors qu'il est peut-être innocent. Après avoir été déçue par Fermé pour l'hiver, j'ai trouvé l'intrigue du Disparu de Larvik plutôt complexe est bien menée mais l'ensemble m'a paru long. J'avais aimé Les chiens de chasse. Lire les billets d'Eva, Jean-Marc Laherrère, MAM & BMR

10 février 2023

Le pire voisin au monde - Marc Forster

Après avoir vu les dix premières minutes du film, je me suis dit que l'histoire me rappelait quelque chose. Et en effet, Le pire voisin au monde de Marc Forster est un remake presque plan par plan d'un film suédois que j'ai vu il y a plus de six ans en 2016, Mr Ove. Et Mr Ove est l'adaptation cinématographique d'un roman de Fredrik Backman, La vie selon Ove. Dans l'adaptation cinématographique américaine, Ove s'appelle Otto Anderson. Il est veuf depuis six mois. Il ne se remet pas de la mort de sa femme Sonya décédée d'un cancer. Il a décidé de mettre fin à ses jours mais toutes ses tentatives échouent pour différentes raisons. Il vit dans une zone pavillonnaire où il fait régner l'ordre et la discipline: ordures triées, voitures bien rangées, etc. Un grain de sable survient en la personne de nouveaux voisins qui s'installent en face de chez lui. Marisol, la femme du couple, est enceinte pour la troisième fois. Sud-américaine pleine d'entrain et d'énergie, elle va arriver avec patience à apprivoiser Otto et à le rendre plus sociable. Tom Hanks qui est coproducteur du film avec sa femme est très bien dans le rôle d'Otto. Grâce à des flash-back, on apprend beaucoup de la vie d'Otto. À la fin du film, j'avais les yeux humides. On ne peut pas rester insensible devant cette histoire. Un film qui m'a plu. 

7 février 2023

Le droit d'emmerder Dieu - Richard Malka

J'aurais pu (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) écrire qu'on m'avait offert pour Noël 2022 ce livre, Le droit d'emmerder Dieu, de Richard Malka. Mais il vaut mieux conserver mon éthique et ne pas enjoliver la réalité: je me le suis simplement offert (à) moi-même mi-janvier. Mon exemplaire provient d'un nouveau tirage, daté décembre 2022, alors que la première édition du livre remonte à octobre 2021. 

Cet ouvrage correspond à la plaidoirie rédigée par Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, pour la fin du procès des attentats de janvier 2015, procès qui a eu lieu devant la cour d'assises spéciale de Paris du 20 septembre au 16 décembre 2020, pour juger 14 personnes accusées d'avoir été complices des trois attentats ayant causé 17 morts du 7 au 9 janvier 2015. 

P1150696Au début de ce petit livre (93 pages, rappel chronologique compris), l'avocat Richard Malka explique qu'il a l'habitude d'écrire ses plaidoiries. Le 4 décembre 2020, port du masque dans la salle d'audience et épuisement après trois mois d'une audience parsemée d'attentats et de morts l'ont amené à écourter, à l'oral. L'éditeur et l'auteur ont choisi de livrer ce texte dans sa version écrite, plus longue que celle effectivement prononcée.

p. 10: "le sens de ce procès, c'est aussi de démontrer que le droit prime sur la force. (...) Les attentats de Charlie et de l'Hyper Cacher ne sont pas seulement des crimes. Ils ont une signification, une portée politique, philosophique, métaphysique". Richard Malka explique que ce procès est l'occasion de parler, non seulement des accusés, mais aussi des idées que l'on a voulu assassiner et enterrer. Il souhaite parler pour répondre aux terroristes qui demandent que nous renoncions à nos libertés.

À partir de la page 21, le livre retrace la chronologie des événements qui se sont achevés par le massacre perpétré contre la rédaction le 7 janvier 2015, des années après l'affaire des caricatures de M*h*m*t. Il décortique scrupuleusement la chronologie (Danemark), avant même la publication en France par France Soir en janvier 2006. Il rappelle que ce sont des imams danois ("de la mouvance des frères musulmans essentiellement, avec quelques salafistes") qui ont constitué un dossier à destination du "monde arabe", et ont affabulé en rajoutant, aux caricatures effectivement publiées au Danemark puis en Egypte, deux dessins tirés d'un site suprémaciste de blancs américains, et une photo n'ayant aucun rapport avec l'islam: un masque de cochon, que nos imams ont légendé en prétendant que c'était ainsi que leur prophète était représenté en Occident! "Cette falsification a fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes qui n'ont pas vu les véritables caricatures publiées" (p.28).

L'avocat qu'est Richard Malka ne se prive bien entendu pas de quelques effets rhétoriques en fustigeant entre autres le Président turc: massacrer des milliers de musulmans, ce n'est pas islamophobe mais publier des dessins, ce serait islamophobe? "Et puis j'ai un scoop pour le président Erdogan puisqu'il reproche à Emmanuel Macron d'avoir permis la publication de Charlie Hebdo [qui le caricaturait en octobre 2020]: nous ne soumettons pas nos caricatures au président de la République avant publication. Et même s'il voulait les empêcher, il ne le pourrait pas et il ne trouverait pas un tribunal pour le suivre. Cela s'appelle la liberté de la presse et l'indépendance de la justice (...)".

L'auteur retrace également l'histoire du blasphème en France, en remontant jusqu'aux Encyclopédistes du XVIIIème siècle, alors que le pape a mis L'Encyclopédie à l'index pour hérésie. Il rappelle que la Révolution française a abouti entre autre à ce que soit supprimé du code pénal, en 1791, le délit de blasphème. En 1881, lors des débats pour la grande loi sur la presse de la Troisième république, quand il est question de l'offense à la religion, Clemenceau répond, à l'Assemblée, à l'évêque Angers invoquant la blessure des catholiques outragés: "Dieu se défendra bien lui-même, il n'a pas besoin pour cela de la Chambre des députés". Formule que Richard Malka met en parallèle avec celle du mufti de la mosquée de Marseille à propos des caricatures: "un musulman qui croit que Dieu n'est pas assez grand pour se défendre tout seul est un musulman qui doute de la toute-puissance divine et n'est pas un bon croyant". Conclusion: "ce n'est pas compliqué à comprendre. Dieu peut se défendre tout seul contre les pauvres mortels que nous sommes, ce n'est pas la peine de supprimer ses créatures" (p.42). Richard Malka plaide donc, en toute logique, contre tout renoncement de l'esprit critique, du droit de caricaturer... Ce serait renoncer à ce merveilleux droit d'emmerder Dieu. "Et ça, Cabu, tout gentil qu'il était, hé bien il ne pouvait pas" (p.44). Il faudrait citer l'intégralité du texte, qui a l'unité d'un discours... Lorsqu'il retrace l'histoire de Charlie Hebdo (première puis seconde série), avant puis après l'affaire des caricatures, Richard Malka insiste sur la dégradation de la situation de Charlie Hebdo entre 2006 et 2015, qui a inexorablement conduit à l'attentat, en fustigeant la responsabilité des intellectuels et des politiques, pour lesquels il faudrait, au contraire, renoncer à tout ce qui peut "faire des vagues".

Pour ma part, j'ai lu cet opuscule très vite, en à peine plus d'une heure. Je vous invite à vous en imprégner.

J'ai trouvé quelques blogs qui ont eu aussi le courage d'en parler, bien avant moi: Vagabondageautourdesoi, Sin City, Lintervalle. Chacun donne aussi un ou plusieurs autres liens.

Le droit d'emmerder Dieu a reçu le Prix du livre politique en 2022. P1010613 

Je n'ai toujours pas chroniqué le livre Janvier 2015 - Le procès de Yannick Haenel (texte) et François Boucq (dessin), ouvrage paru en janvier 2021 aux éditions Les échappée. Pour le compte de Charlie Hebdo, ils ont suivi au quotidien le procès (près de deux mois et demi), avec des chroniques publiées sur le site internet et dans l'hebdomadaire. J'en parlerai certainement un mois ou l'autre.

************** 

En utile complément contemporain, je souhaite citer la conclusion d'une interview de Riss dans le Journal du Dimanche (22/01/2023, p.23) à propos du soutien apporté par Charlie Hebdo, avec ses moyens que sont articles et caricatures, à la révolte des jeunes iraniens et iraniennes contre le théocrate qui verrouille tout le pouvoir politique de leur pays: "À Charlie, quand on choisit un dessin, il ne s'agit pas d'insulter ou d'injurier. Notre critère, c'est que ça fasse réfléchir les gens."

*** Je suis Charlie ***

6 février 2023

La famille Asada - Ryōta Nakano

J'ai vu La famille Asada dans une salle comble et c'est entièrement justifié. Ce premier film du réalisateur Ryôta Nakso, sorti fin 2020 au Japon, m'a beaucoup plu. L'histoire est inspirée de la vie du photographe Masashi Asada qui semble connu qu'au Japon. On suit la vie de Masashi pendant plus de trente ans. C'est son père qui lui a offert son premier appareil photo quand il était un jeune garçon. Il a commencé à photographier ses parents (des personnes formidables) et son frère, en les mettant en scène dans diverses situations : pompier, yakuza, cambrioleurs, pilote de Formule 1, etc. Dans cette famille, c'est le père qui fait la cuisine. C'est un homme d'intérieur, tandis que la maman est infirmière dans un hôpital. Masashi grandit et il continue à photographier. Grâce à une amie, il expose à Tokyo ses photos qui sont remarquées par des professionnels. Lauréat d'un prix prestigieux, il est édité et il commence à vivre de son art. Des familles lui demandent de faire des photos d'elles. Masashi sait trouver la manière de faire pour chaque famille. En 2011, juste après le tsunami, Masashi se met au service des sauveteurs comme bénévole. Il espère retrouver une famille qu'il avait prise en photo peu de temps auparavant. Le film est souvent amusant avec des moments émouvants. Pour un premier long-métrage, il y a beaucoup de maîtrise dans la réalisation. Je conseille ce film tout comme Pascale, Princecranoir et Selenie.

J'ajoute une anecdote, j'ai failli ne pas voir le film, car l'ouvreur qui contrôlait les tickets a aperçu, dans un de mes sacs, ce qu'il a cru être des sandwichs (il s'agissait en fait de deux quiches lorraine que j'avais achetées pour le dîner de mon ami et moi - il était 18H30). Il m'a dit de manière pas très aimable que je ne pourrai pas entrer dans la salle à moins de manger mes "sandwichs" tout de suite, que ça "sentait". Avec la dernière énergie, je lui ai dit que ce n'était pas des sandwichs mais des quiches que je n'avais pas du tout envie de manger immédiatement. De mauvaise grâce, il m'a laissée entrer... j'étais prête à aller voir la direction. Et d'abord, mes quiches ne sentaient rien de particulier. Je les ai mises dans mon sac à dos. Il faut noter que quand on sent l'odeur écoeurante de pop-corn dans les salles, ça ne semble poser de soucis à personne, car c'est le cinéma qui les vend.

4 février 2023

The Station Agent - Tom McCarthy

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais vous parler d'un film qui a aujourd'hui une vingtaine d'années (il est sorti en 2003, et le DVD date de 2004). Etant en cours de visionnage de la série Game of Thrones (nous venons de commencer la série complète - pas plus d'un épisode par jour!), Dasola m'a fait découvrir hier (à l'occasion du reclassement de sa DVDthèque) le film The Station Agent (Les rencontres de Mr McBride), de Tom McCarthy, qu'elle avait vu bien avant qu'on se connaisse. L'acteur principal (sinon le héros) en est Peter Dinklage, qui, comme chacun sait, a été mondialement connu à partir de 2011 dans le rôle de Tyrion (mais, promis, je ne parlerai plus de GoT dans la suite de cet article). 

The Station Agent nous montre des "tranches de vies" d'une "personne de petite taille" (comme on dit aujourd'hui!) à l'âge adulte, Finbar McBride (dit Fin) qui a construit sa vie autour de son intérêt pour les chemins de fer (américains). C'est quelqu'un de plutôt renfermé, quasi-muré dans une solitude choisie. Peu après le début du film, il hérite d'une gare désaffectée dans un trou perdu (je connais des villages français comme ça...). Il va y organiser sa vie (tous ses avoirs tiennent dans une petite valise), entre la lecture de livres sur les chemins de fer et, au fil des jours, l'ouverture à différentes personnes qui, pour commencer, s'immiscent dans sa vie à l'insu de son plein gré. 

En premier lieu, c'est Joe, bon cuisinier, qui conduit le food truck de son père malade, qui s'impose. Des interactions se créent aussi avec Olivia, qui ne sait pas exactement ce qu'elle veut (elle peint des figures humaines dans son chalet) et son ex dont elle dit être toujours amoureuse. Son amour des livres amène Fin à rencontrer Emilie, la jeune bibliothécaire, dans une position intéressante, et son abruti de copain. Il constitue un peu une curiosité locale... même si les notations sont subtiles davantage qu'explicites (oui, mais vous savez bien que j'adore enfoncer les portes ouvertes...). La gérante de l'épicerie du coin se comporte surtout en boutiquière. Cleo, une jeune écolière noire un peu enveloppée, lui organisera une conférence. 

Fin marche beaucoup, surtout le long de voies de chemins de fer (parfois désaffectées): c'est de cette manière qu'il arrive à son nouveau "home". Comme sur beaucoup de lignes en France, le trafic passager est supprimé, mais des trains de marchandise continuent à passer devant la gare. Dans cette campagne américaine, tout les autres utilisent un véhicule. Lui se promène (accompagné ou seul), et cinq kilomètres (le double aller-retour, bien sûr) ne sont pas pour lui faire peur. 

Il s'agit d'un film qui chemine lentement. On ne dirait pas vraiment qu'il progresse, et pourtant, peut-être débouchera-t-il sur quelque chose, après la fin du film? Nous n'en saurons rien. Pour moi, c'est dommage qu'il n'y ait pas eu une suite: j'aurais aimé savoir ce qui se passe "après". Je dirai encore avoir remarqué que la mort est y fortement présente (et liée à la vie). Celle, soudaine, du patron de Fin (qui lui lègue la gare). Une tentative de suicide d'un personnage. Le père d'un autre dont la maladie est sans doute grave. Et divers accidents dont chacun aurait pu s'avérer définitif. J'ai aimé ce film qui m'a aussi évoqué Stand by me.

Quelques mots à propos des bonus du DVD. Le réalisateur a débuté comme acteur, une dizaine d'année (et une demi-douzaine de films) avant de passer derrière la caméra (The Station Agent étant son premier film). Le film a disposé de 500 000 dollars de budget pour 20 jours de tournage. Dans une interview, il dit qu'il n'a pas fait d'école de cinéma, mais qu'il est diplômé en philosophie. J'ai été ravi qu'il y parle de son admiration pour Truffaut: je pensais de mon côté à une saga comme celle d'Antoine Doinel. 

Comme le film et le DVD ont près de vingt ans, le seul blog sur lequel j'ai trouvé un article est L'oeil sur l'écran.

Ah, signalons pour conclure que Fin ne possède pas de téléphone (mobile), non plus.

Edit du 09/06/2023: on peut désormais trouver deux chroniques différentes de ce film sur le blog 1001bobines.

1 février 2023

Ashkal, l'enquête de Tunis - Youssef Chebbi

Je me réjouissais de voir un film dans la lignée de La loi de Téhéran ou La conspiration du Caire. Ashkal, l'enquête de Tunis dure 1H32. Pendant 1H30, j'ai suivi l'intrigue avec intérêt et puis quand arrivent les deux dernières minutes, patatras. Je suis resté sur ma faim. Le film se termine avec une jeune femme policier qui regarde un grand feu, les larmes aux yeux. En résumé, je n'ai pas compris grand-chose à ce film qui dégage une atmosphère de fin de monde dans un décor d'un chantier d'immeubles neufs non terminés. Le complexe aurait dû s'appeler "Les jardins de Carthage". Des policiers sont chargés de découvrir la cause d'une mort, puis d'une deuxième. Les victimes ont été immolées dans un des immeubles. On ne sait pas si c'est un accident ou un meurtre. Le seul point commun est que les victimes ont des vidéos d'immolation dans leur téléphones portables. La police croit trouver un suspect dont les mains sont horriblement brûlées, mais lui aussi prend feu. J'ai trouve que ce film avait quelque chose d'intéressant dans la manière de filmer mais mon esprit cartésien n'a pas adhéré à la fin. Je ne sais pas ce que le réalisateur à voulu dire. Dommage. Lire les billets de Pascale et Selenie

29 janvier 2023

Divertimento - Marie-Castille Mention-Schaar

Avec Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar, j'ai passé un excellent moment dans une salle de cinéma. Moi qui aime la musique classique, je me suis régalée. L'histoire est inspirée d'une histoire vraie. Deux soeurs jumelles, Zahia et Fettouma Ziouani, nées à Paris en 1978 mais qui ont vécu toute leur vie à Pantin dans le 93, vont devenir respectivement cheffe d'orchestre et violoncelliste. Elles ont la chance d'avoir un père féru de musique classique qui pour éviter de chagriner les voisins va tapisser de cartons d'oeufs une des pièces de l'appartement dans laquelle Fettima répète. Divertimento est devenu le nom d'un orchestre fondé grâce à Zahia en 1998 avec des musiciens d'Île de France. Dans le film, on assiste aux débuts de Zahia et Fettouma qui partagent leur temps entre leurs études et les répétitions de musique dans un lycée à Paris. Les élèves de ce lycée issus d'un milieu aisé ne font pas de cadeau à Zahia qui a décidé de devenir cheffe d'orchestre. Elle va avoir la chance de recevoir l'enseignement du chef d'orchestre Sergiu Celibidache (très bien interprété par Niels Arestrup) qui n'est pourtant pas tendre avec les femmes. Ce film nous donne l'occasion d'entendre la danse Bacchanale tiré de Samson et Dalila de Camille Saint-Saens et en musique finale, le Bolero de Maurice Ravel. Mais il y a plein d'autres extraits de musique dont Romeo et Juliette de Prokofiev, et c'est un vrai bonheur. Il faut noter qu'Oulaya Amamra et Lina El Arabi qui interprètent les deux soeurs sont pleines de fraîcheur. Un film qui fait du bien et quand on sort de la salle, on est de bonne humeur. Lire le billet de Pascale

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