Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Dasola

Le blog de Dasola
Archives
Derniers commentaires
Challenges terminés

Pour les challenges de l'année en cours, 
voir colonne de droite

30 octobre 2022

La conspiration du Caire - Tarik Saleh

Voici encore un film très réussi, de nationalité suédoise, réalisé par Tarik Saleh, un réalisateur d'origine égyptienne par son père mais exilé en Suède. Après Le Caire Confidentiel, le réalisateur nous revient avec un film qui a reçu à juste titre le prix du scénario à Cannes en 2022. Etant persona non grata en Egypte depuis des années, Tarik Saleh a tourné son film à Istanbul avec des acteurs arabes israëliens, arabes palestiniens, israélo-palestiniens ou même libano-suédois. La Conspiration du Caire se passe essentiellement dans l'enceinte de l'université Al Azhar, une institution sunnite. Adam, fils d'un pécheur, vient d'être admis dans cette université prestigieuse qui se situe au Caire. Adam arrive le premier jour de la rentrée à l'université pour approfondir sa connaissance du Coran et de l'Islam. Ce même jour, le Grand Imam de la mosquée Al Azhar meurt subitement. Il faut lui trouver un successeur parmi trois Cheiks qui enseignent ou ont des responsabilités dans l'université. Il y a trois postulants. Le chef de la sûreté de l'Etat déclare "Le Grand Imam est mort et nous devons donc nous assurer que celui qui va le remplacer partage nos idées". La lutte de pouvoir entre élites politique et religieuse est terrible et il y a même un mort. Adam va se retrouver pris au piège et devenir un "indic" pour la sûreté de l'Etat. On craint pour sa vie mais Adam montre qu'il est intelligent et doué pour déjouer le piège qui pourrait se refermer sur lui. Du point de vue visuel, il y a des plans vus de haut qui sont superbes quand il s'agit d'un rasssemblement d'étudiants, ou au moment de la prière dans la cour de l'université. Je vous recommande ce film tout comme Selenie. Pascale est nettement plus mitigée. 

29 octobre 2022

Pleine terre - Corinne Royer

P1150537

L'histoire de Jacques Bonhomme dans Pleine terre de Corinne Royer s'inspire d'une histoire vraie qui s'est passée en 2017. Un paysan éleveur de vaches limousines a été tué par un gendarme après quelques jours de cavale. 

A la différence de Shangols qui a trouvé "l'écriture du roman bourrée de clichés usés jusqu'à l'os", j'ai aimé l'écriture de ce roman avec son histoire triste mais qui ne tombe pas dans le misérabilisme. Pendant les neuf jours de cavale, Jacques, qui conduit sa vieille voiture, ne s'est jamais vraiment éloigné de la ferme où il a vécu toute sa vie. Jacques est un homme grand, bien bâti, qui ne s'est pas marié. C'est un fermier qui a repris la ferme familiale et qui n'a rien voulu faire d'autre que de s'occuper de ses vaches limousines. Lors d'un contrôle, il se retrouve dans le collimateur des inspecteurs de la DDPP (Direction départementale de la Protection des populations), qui n'apprécient pas cet homme imposant qui ne se laisse pas intimider. Il semble que, parfois, Jacques n'ait pas rempli à temps les papiers pour les vêlages. Et pourtant, tout animal doit être tracé. Le récit alterne entre la cavale de Jacques Bonhomme et les témoignage d'amis, voisins, membres de la famille sur la personnalité et la vie de Jacques Bonhomme. C'est un roman que j'ai vite lu. Les chapitres sont courts. Je ne connaissais pas cette romancière qui a un style fluide. Je ne me suis pas ennuyée du tout. Ce fut une belle surprise.

Lire le billet de Krol

27 octobre 2022

Lettres de la Terre - Mark Twain

 2022-en-classiques-Logo1

Je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) vous présente aujourd'hui un livre découvert via le système de prêt de livres au sein de l'AMAP dont je fais partie: les Lettres de la terre de Mark Twain (éd. L'oeil d'or, 2005, 87 p.). Je l'inscris au challenge 2022 en classiques co-organisé par Nathalie et Blandine

P1150538

Le petit livre ci-contre est un bijou. Je le considère comme se situant au croisement de Candide ou de Zadig de Voltaire, des Histoires comme ça de Kipling, ou des Lettres persanes de Montesquieu. L'édition que j'ai entre les mains, datée de 2005, est celle de la première traduction en français (par Freddy Michalski). 

Mark Twain est mort en avril 1910 (crise cardiaque, apparemment). Sa fille Clara, la seule qui lui a survécu, avait interdit en 1939 la publication de cette oeuvre restée inédite (sa rédaction datant de 1909). Elle ne l'a autorisée que peu avant sa propre mort (à 88 ans - elle était née en 1874). Du coup, Letters from the Earth a été édité aux Etats-Unis seulement en 1962 (année du début du concile Vatican 2 - il n'y a sans doute aucun  rapport?).  

La couverture du livre prend bien en compte la mouche obsédante qui est mentionnée à maintes reprises sous la plume de Mark Twain. Mais commençons par le commencement, le prétexte. C'est Dieu, il donne un cours à ses trois élèves (la Genèse). "A la fin de l'heure, la séance du Grand Conseil fut levée" (fin du 1er chapitre - une page [p.11]). Dans le deuxième chapitre (dialogue entre les trois acolytes - Gabriel, Michel... et Satan), l'un des trois semble manifester diverses réserves à l'encontre de l'oeuvre du Maître. Notamment à propos de la création d'animaux sur un petit globe [qu'Il a] fait il y a de cela quelque temps (trois siècles divins équivalents à 100 millions d'années terrestres?). Ayant eu la langue trop longue, Satan est banni dès le chapitre 3 (une page [p.16]). Et c'est de la Terre qu'il enverra ses épitres clandestines à ses deux camarades (la suite du texte, p.17 à 87). L'archange en visite sur cette planète est loin du Petit Prince de Saint-Exupery. Certaines de ces lettres sont numérotées voire divisées en parties, d'autres non. On peut supposer que le texte était loin d'être définitif et achevé. "Satan" (prétexte?) n'y apparait plus guère, une révision globale aurait peut-être pu amener davantage de "liant". 

Mes lecteurs auront sans doute commencé à le comprendre, lire ce livre est surtout agréable si on le comprend bien en tant que pamphlet subversif, sacrilège, riche en paradoxes, ironie ou satire mordante ... Bref, une bonne publication susceptible de réjouir les mécréants comme moi, mais dont la lecture hérissera certainement les intégristes de tous poils. 

Au fil des lettres sont égrenés quelques morceaux de bravoure. Les analyses concernant l'Arche de Noë (coût de revient, considérations logistiques, contraintes matérielles, etc.) constituent un monument d'ironie (le sujet amène encore Mark Twain à prendre la mouche pratiquement à témoin...). L'auteur s'attarde sur une critique brillante du "paradis terrestre" tel que littéralement présenté (les hommes qui passent leur temps, tout leur temps, à chanter et jouer de la harpe, but ultime d'une vie éternelle...? Ça doit être abominable, sous-entend l'épistolier). Une oeuvre jubilatoire pour moi, certainement blasphématoire pour tous les fondamentalistes prenant leurs "textes sacrés" (??) au pied de la lettre, incapables qu'ils sont d'en faire une lecture critique en les remettant dans le contexte historique et sociologique de l'époque de leurs rédactions. On peut comprendre pourquoi elle a dû attendre un demi-siècle pour être éditée, si en 1910 les Etats-Unis n'avaient toujours pas fait leur aggiornamento sur la bigoterie (l'ont-ils fait en 2022?). Allons, j'admets que Twain est quelque peu de mauvaise foi en mêlant le Dieu de l'Ancien Testament avec celui du Nouveau. Mais c'est encore là un ressort satirique et attirant. La sexualité est aussi bien montée en épingle. Considérée comme une joie mise à disposition par le Créateur, d'où vient donc qu'elle soit simultanément frappée de tabous interdisant de l'utiliser, de la pratiquer, d'en faire étalage (et autant pour les bigots, toujours)?

P1150539Les illustrations réalisées pour cette édition agrémentent (occupent?) 11 pages. Je vais m'abstenir de vous exposer certaines des gravures de Sarah d'Haeyer qui égaient l'ouvrage: quelques-unes ne sont certes pas à mettre entre toutes les mains. La seule que je cite (ci-contre), destinée à illustrer la construction de l'Arche de Noé, me rappelle pour ma part l'adage célèbre "si votre seul outil est un marteau, tous les problèmes auront tendance à vous apparaître sous forme de clous" (je ne prétends pas que c'est ce que l'artiste a voulu exprimer, hein...).

Entre autres excellents préceptes pour ceux ayant engendré un enfant, MT recommande de ne pas lever la main sur lui, sauf par gentillesse ou pour son propre bien (p.34): cela suffirait aujourd'hui, je suppose, à le faire tomber sous le coup de la loi française, qui ne prévoit même pas de telles exceptions, sauf erreur de ma part... 

Pour finir, je regrette un peu l'absence d'une introduction présentant les circonstances de l'écriture. Mais peut-être le "biographe officiel" de Twain (Albert Bigelow Paine), adoubé par sa fille Clara, n'a-t-il pas donné suffisamment d'informations sur Letters from the Earth (oeuvre interdite à la publication)?

En cherchant sur internet si des blogs avaient parlé de ce livre, j'ai seulement déniché un billet amusant sur l'Alamblog, dans lequel Le Préfet maritime allume Actes sud, coupable à ses yeux d'ignorer superbement l'édition que je vous ai présentée. 

Bon, maintenant, il est temps que je m'offre Le droit d'emmerder Dieu, de Richard Malka, l'avocat de Charlie Hebdo, pour un prochain billet... [chroniqué le 07/02/2023]

26 octobre 2022

RMN - Cristian Mungiu

Dès que je suis sortie de ma séance d'EO qui se termine dans un abattoir pour bovins, j'ai enchaîné avec RMN (IRM en français) qui débute dans un abattoir (là ce sont des moutons). Ce film du Roumain Cristian Mungiu est parlé en plusieurs langues: en roumain (sous-titres blancs), en hongrois (sous-titres jaunes) et en anglais ou allemand (sous-titres roses). J'ai trouvé ce film passionnant. Il se passe de nos jours en Transylvanie vers une fin d'année. Après avoir quitté son emploi dans un abattoir en Allemagne, Matthias revient dans le village multi-ethnique où il a laissé Rudi, son petit garçon, qui vit avec sa mère, Ana. Quand Rudi se rend à l'école en marchant dans la forêt, il éprouve de la peur. Matthias veut que Rudi domine cette peur, il veut en faire un petit homme. Matthias retrouve, par la même occasion, son père Otto et son ex-petite amie Csilla. Cette dernière co-dirige une usine qui fabrique du pain. Elle a du mal à recruter sur place et elle décide de passer une annonce. Trois Sri-Lankais se présentent et sont embauchés. Ils acceptent d'être payés le salaire minimum. Les villageois réagissent mal devant cette "invasion" des trois étrangers. Les menaces et les exactions contre ces émigrés prennent de l'ampleur. Il y a une scène magistrale dans une salle des fêtes où l'on voit tout le village discuter et se disputer sur le fait que les trois étrangers doivent partir car sinon, les villageois boycotteront le pain qui sortira de l'usine. Rien que pour cette scène qui dure plus de 10 minutes, je vous conseille de voir ce film qui aurait mérité un prix au dernier festival de Cannes, où le film était en compétition. Lire le billet de Selenie.

24 octobre 2022

EO - Jerzy Skolimowski

EO de Jerzy Skolimowski, qui a reçu le prix du jury à Cannes et à propos duquel je n'ai lu que des critiques positives ou presque, est un film que j'ai détesté (en tout cas, j'ai fait un rejet dès les premières images). La musique tonitruante m'a insupportée. Les couleurs tirant sur le rouge m'ont fait mal aux yeux. J'ai lu que c'est une expérience visuelle et sensorielle, certes mais j'aurais préféré voir EO (Hi Han en polonais) dans une histoire plus linéaire, moins psychédélique. Quand le film commence, EO travaille dans un cirque avec une écuyère qui le bichonne. C'est à ce moment-là que l'on apprend que les cirques n'ont plus le droit de faire travailler des animaux. Et donc EO passe d'un propriétaire à l'autre ou se trouve livré à lui-même. Les humains ne sont pas tous gentils avec lui et ils restent indifférents à son sort. Cet âne gris d'origine sarde marche beaucoup entre la Pologne et l'Italie, il se fait la plupart du temps maltraiter (à un moment donné, j'ai même cru qu'il était mort). En Italie, il y a toute une séquence dans laquelle on voit Isabelle Huppert (et sa fillle Lolita Chammah), mais l'âne est complètement hors champ. Je n'ai pas compris ce que Skolimowski voulait nous raconter. Et je ne vous dirai rien de la fin très triste. Heureusement que l'on nous prévient qu'aucun animal n'a été maltraité pendant le tournage (il y a eu au moins cinq ânes pour le rôle). Lire les billets de Lilylit, Mymp, Wilyrah.

21 octobre 2022

Si nous avions su que nous l'aimions tant, nous l'aurions aimé davantage - Thierry Frémaux

20221020_203830   20221020_203824

20221020_194444

Pendant un voyage entre Paris et Limoges, j'ai lu ce bel hommage de Thierry Frémaux (Directeur de l'Institut Lumière à Lyon et Délégué général du Festival de Cannes), Si nous avions su que nous l'aimions tant, nous l'aurions aimé davantage (Editions Grasset, 211 pages) à son ami Bertrand Tavernier, disparu en mars 2021 à presque 80 ans. Ce n'est pas une hagiographie sur le cinéaste mais un portrait plein d'admiration pour un homme qui était un vrai passionné de cinéma, qui ne vivait que pour le 7ème art. Thierry Frémaux, un Lyonnais comme Bertrand Tavernier, a rencontré BT en 1982. Thierry Frémaux évoque les allers-retours que Tavernier faisait entre Paris et Lyon, la création de l'Institut Lumière, les voyages que Tavernier faisait aux Etats-Unis afin de rencontrer des réalisateurs, le public, des universitaires, des critiques de cinéma. Tavernier était un puits de science en ce qui concerne le cinéma américain et français. Il évoquait avec ferveur des cinéastes des années 30 et 40 complètement oubliés. Il n'arrêtait pas de travailler, d'écrire, de découvrir des "vieux films". Je rappelle qu'il a écrit plusieurs livres sur le cinéma américain. Et dans les dernières années, il a fait un documentaire de plus de trois heures, Voyage à travers le cinéma français, que je dois voir. Thierry Frémaux s'attarde sur les détracteurs de Tavernier, il revient sur la nécrologie écrite par Libération (pas très gentille) au lendemain de la mort du cinéaste. Tavernier n'était pas un réalisateur de la "Nouvelle Vague", il avait dix ans de moins que Truffaut, Chabrol, Godard, ou vingt ans de moins que Rohmer ou Rivette et donc Les cahiers du cinéma adorait détester Tavernier. Frémaux évoque les nombreux films très différents qu'a réalisé Bertrand Tavernier. Quand on termine ce récit, on se sent un peu triste mais il donne envie de (re)voir les films du réalisateur. "Chacun est le conservateur de sa propre histoire, Bertrand l'aura fait comme peu de gens et il y procéda sans relâche. Je peux affirmer sans être contredit que personne ne saura plus ce qu'il a su, et que personne ne verra plus ce qu'il a vu. Ainsi va la vie sur terre, ce passage momentané qu'il aura marqué à sa manière, par des films, des livres, des émissions de radio, un blog opulent sur le site de la SACD où il démontre une double voracité de lecteur et de spectateur, d'innombrables bonus de DVD - 234 interventions dans la seule collection Sidonis pour Alain Carradore" (p.181). Le titre de l'ouvrage se réfère à une phrase de Frédéric Dard à propos de sa fille, "Si j'avais su que je l'aimais tant, je l'aurais aimé davantage" (p.208). A titre personnel, j'ai eu le plaisir de croiser Bertrand Tavernier lors d'une vente dédicace en décembre 2008 et je l'avais vu aussi dans un cinéma parisien lors d'une projection grand public. A priori, il payait sa place de cinéma. Un livre que je vous recommande.

18 octobre 2022

Les secrets de mon père - Véra Belmont

Les secrets de mon père de Véra Belmont est un film d'animation franco-belge consistant en une adaptation de Deuxième Génération, de Michel Kichka, une bande dessinée qui date de 2012. Pour résumer l'histoire, il s'agit de la relation que peut entretenir la seconde génération face aux rescapés de la Shoah. Le film dure environ 1H15 et j'ai aimé les dessins avec leur lignes claires. En 1957, deux frères, Michel et Charly, vivent à Liège avec des parents aimants mais sèvères, Henri et Lucia. Comme beaucoup de gamins, ils mènent une vie sans histoire entre l'école et chez eux. En 1961, s'ouvre le procès d'Adolf Eichmann. Ce procès est diffusé en partie à la télévision. A partir de là, Henri se met à évoquer ce qu'il a vécu dans les camps. Il a un matricule tatoué sur le bras, tout comme la boulangère qui n'habite pas loin. Il donne des conférences partout en Belgique et ailleurs, mais chez lui, il ne veut rien dire, au grand désespoir de ses deux fils. Henri a même une attitude hostile envers ses enfants. Ils essayent pourtant de découvir ce qu'il leur cache. Le rythme du film est soutenu, on voit les deux garçons grandir. Après, on s'attache à Michel qui va vivre un temps dans un kibboutz et rencontrer une jeune femme française. Le film est encore projeté dans quelques salles en France, allez-y avec vos enfants à partir de 9 ans. C'est une histoire poignante. Pour information, le père de Michel Kichka, Henri, est décédé du Covid 19 en 2020 à l'âge de 94 ans.

15 octobre 2022

Jamais - Le jour J - Bruno Duhamel

P1150522       P1150523

C'est mon ami ta d loi du cine qui l'a repéré dans une librairie. Jamais - Le jour J de Bruno Duhamel (Edition Bamboo, collection Grand angle, 64 pages) vient de sortir. Pour ceux qui connaissent, on retrouve Madeleine Proust (toujours aveugle mais à l'ouïe fine) et son chat Balthazar (toujours aussi affamé). A la fin de Jamais, la maison de Madeleine ne s'était pas effondrée. Quand commence Jamais - Le jour J, la maison est toujours debout, Madeleine est devenue une personne célèbre jusqu'à l'étranger. Les touristes (surtout des Parisiens) viennent en pèlerinage. Le maire de Troumesnil n'est plus que l'ombre de lui-même, sa femme l'a quitté et a emmené ses enfants, il est mal rasé et arbore une tenue négligée. Les élections municipales sont proches, son adversaire, nommé Dublanc, compte se faire élire au plus vite. L'histoire se passe beaucoup de nuit et contre toute attente, le maire va montrer du courage pour sauver une petite fille et son chien Churchill lors d'une tempête qui se lève une nuit. Pendant ce temps, Madeleine qui a désormais une maison connectée grâce à un Américain, est sans cesse informée de la météo, ou de la vitesse du vent. Et lors de la tempête, l'intelligence artificielle boucle la maison de Madeleine : volets et porte. Résultat, Madeleine est enfermée avec son chat Balthazar qui miaule comme un fou car Madeleine n'a pas eu le temps d'aller lui acheter des croquettes. Le jour J du titre renvoie au débarquement d'Anglais et de Canadiens en Normandie en août 1942 (l'opération Jubilee - je ne connaissais pas). Si vous lisez cette BD que bien évidemment je conseille, vous connaîtrez le lien qu'il y a entre Jules (le mari décédé de Madeieine) et le débarquement des Anglais et Canadiens. Les deux histoires se lisent indépendamment mais c'est bien d'avoir (re)lu Jamais avant de commencer Jamais - Le jour J.

P1150524      

P1150525

P1150530

P1150529

P1150528

12 octobre 2022

L'origine du mal - Sébastien Marnier

Si vous voulez voir un film intrigant qui lorgne vers Claude Chabrol en plus pervers, je conseille L'origine du mal de Sébastien Marnier. J'ai voulu aller le voir en visionnant la bande-annonce et puis j'adore l'actrice Dominique Blanc qui joue un des rôles principaux. A Porquerolles, dans une belle demeure, vit une famille excentrique composée uniquement de femmes et d'un seul homme, Serge, le patriarche, interprété par Jacques Weber. Un élément perturbateur va s'immiscer dans cette famille. Il s'agit de Stéphane (Laure Calamy, étonnante) qui a décidé de faire enfin connaissance de son père Serge. Elle ne l'a jamais vu. Stéphane est accueillie fraîchement, surtout par sa demi-soeur George (Dora Tellier) qui pense que Stéphane n'est qu'un imposteur qui en veut à la fortune de la famille. Louise (Dominique Blanc, excellente comme d'habitude), l'épouse de Serge, est onomaniaque, elle n'arrête pas d'acheter par correspondance tout et n'importe quoi (des produits très chers). L'entassement de ces achats dans la maison est impressionnante. Il y en a partout. La décoration intérieure n'est pas en reste, entre les animaux empaillés et les plantes carnivore. Même si George fait tout pour que Stéphane ne revienne pas, cette dernière prend ses marques et ne quitte plus la demeure. Vers le milieu de l'histoire, il y a un retournement de situation et on comprend que quelqu'un ment. Et afin d'épaissir le mystère, une femme détenue dans une prison (Suzanne Clément) décide de demander une autorisation de sortie pour assister aux obsèques de son père. Je sais, mon résumé du film est un peu embrouillé, mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir de découvrir toute l'histoire très bien menée. Un bon moment de cinéma assez jubilatoire.

9 octobre 2022

Les sept divinités du bonheur - Keigo Higashino

P1150497

Après Le nouveau, c'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé l'inspecteur Kaga dans Les sept divinités du bonheur, Actes Noirs - Actes Sud (302 pages passionnantes). L'histoire commence avec le meurtre d'Aoyagi Takeaki, un père de famille, cadre supérieur dans une entreprise d'équipements pour le bâtiment qui après avoir été poignardé en pleine poitrine, s'écroule sur le pont de Nihonbashi en plein coeur de Tokyo. C'est le lieu qui était l'ancien point de départ de toutes les routes du Japon. La victime, Aoyagi Takeaki, se trouvait dans un endroit inhabituel pour lui. Yahima Fuyuki, le seul suspect, qui a dérobé le portefeuille de la victime, est renversé par un camion et il décède rapidement à l'hôpital. Il venait d'être licencié de l'entreprise d'Aoyagi Takeaki. Il y travaillait en intérim. Kaga et son cousin Matsumiya sont chargés de l'enquête. Et nous, lecteurs, on suit avec intérêt une enquête qui n'est pas simple et on découvre des ramifications auxquelles on ne s'attend pas. Après avoir interrogé les collègues de la victime et la compagne du suspect, Kaga ne semble pas convaincu par les mobiles qui s'offrent à lui. Le pèlerinage des sanctuaires des sept divinités du bonheur du titre se rapporte au fait que peu de temps avant sa mort, Aoyagi Takeaki fabriquait des origamis (des centaines de grues) qu'il posait sur un coffre à offrandes d'un des sanctuaires. Je peux vous dire que ce n'est pas un crime crapuleux, ce n'est pas une vengeance. C'est beaucoup plus subtil. Je peux vous dévoiler que le fils de la victime n'est malheureusemnt pas étranger à la mort son père mais c'est tout ce que je vous dirai. Une fois de plus, Kaga montre une grande patience, il réfléchit. C'est un homme subtil. Un très bon roman qui se lit avec plaisir. 

7 octobre 2022

La rafle du Vel d'Hiv - Cabu

Le sujet de l'"hommage du 7" que je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) vous livre ce mois-ci présente un lien indirect avec l'actualité. Dasola m'a offert à sa sortie le beau livre ci-dessous. Il s'agit du catalogue d'une exposition qui remet au jour une quinzaine de dessins de Cabu réalisé dans les années 1960. L'ouvrage, paru chez Taillandier, peut bien sûr se lire tout à fait indépendamment de l'exposition. Pour ma part, j'ai été visiter celle-ci il y a déjà plusieurs semaines (les photos y sont interdites). 

P1150482

Taillandier, DL juin 2022, dessins Cabu © V. Cabut, 56 pages.

Depuis le 1er juillet 2022 et jusqu'au 7 novembre 2022, une exposition commémorant le 70e anniversaire de la Rafle du Vel' d'Hiv et présentant des dessins de Cabu est donc en cours au Mémorial de la Shoah à Paris (au 3ème étage, "entrée libre" - gratuite). 

Comme l'explique l'introduction du livre ci-dessus, en avril 1967, le magazine Le nouveau candide publie les "bonnes feuilles" d'un livre à paraître chez Robert Laffont, La grande rafle du Vel' d'Hiv (de Claude Lévy et Paul Tillard). Fondé en 1961, le magazine est un journal de droite (gaulliste), qui cherche à contrebalancer l'influence de L'Express alors positionné au centre-gauche. Le nouveau Candide cessera sa parution en décembre 1967. Pour le moment, le magazine commande une quinzaine de dessins d'illustration, pour les quatre numéros du journal concernés, à un dessinateur de 29 ans: Cabu (qui collaborait déjà au journal depuis 1964). Mais on n'est pas chez Hara Kiri: les couvertures du Nouveau Candide ne sont pas dessinées, en tout cas pas celles ci-dessous qui annoncent la parution de notre "feuilleton" (pp. 12-13 du catalogue). 

P1150504En 1967, la rafle du Vel' d'Hiv a été oubliée du fait des années passées sinon de par l'historiographie officielle. Alors que la police parisienne a été glorifiée pour sa contribution à la Libération de Paris en août 1944, il n'était pas simple de rappeler sa participation vingt-cinq mois auparavant à une rafle visant à livrer à l'occupant allemand des juifs étrangers, pour un voyage que l'on sait aujourd'hui sans retour pour une immense majorité. Sur les quelque 13 152 personnes (dont 4115 enfants) victimes de la rafle parisienne les 16 et 17 juillet 1942, une centaine d'adultes ont survécu et sont revenus des camps nazis. Rares sont les enfants (des adolescents, en général) qui avaient pu échapper, avant d'arriver à la destination finale, au sort qui leur était réservé. 

Je me suis rendu le mois dernier (jeudi 8 septembre) à l'exposition, après ma journée de travail. J'avais noté que, ce soir-là, Riss et Jean-Luc Porquet, entre autres, devaient apporter au cours d'une conférence des éclairages sur le travail de Cabu. Mais, ne m'étant pas inscrit à l'avance, je ne pensais pas pouvoir y assister (l'événement annonçait déjà "complet" bien avant mon arrivée). Au 3ème étage, au centre de la pièce consacrée aux dessins de Cabu, les originaux sont exposés dans des vitrines horizontales. Sur les murs s'étalent diverses reproductions de différents formats, accompagnés de textes explicatifs. Près de l'entrée, d'autres vitrines montrent des documents, courriers, photos, tapuscrits, différentes publications... (je reparlerai de l'une d'elles ci-dessous). Mais surtout, à mon arrivée, une visite guidée était en cours, et j'ai tendu l'oreille. Je ne m'étendrai pas sur un incident suscité par un individu qui a interpellé notre guide à la fin de son exposé, en arguant qu'il n'y avait pas lieu de "faire de l'humour" avec un événement tragique comme la rafle du Vél' d'Hiv'. Mon interprétation personnelle est que ce monsieur visait avant tout la reprise, par Cabu, de trois de ses dessins de 1967 dans un "remontage" publié en 1971 dans Charlie Hebdo pour attaquer une chanson trop patriotique (voir ci-dessous). Mais il n'a pas su le "verbaliser" et a refusé le dialogue avec le personnel du Mémorial. Ci-dessous, trois des dessins présentés par l'exposition (on peut y voir les originaux). 

P1150506p.50, je cite l'ensemble de la légende: "reprise par Cabu de trois de ses dessins de 1967 pour une double page de Charlie Hebdo (26 avril 1971)". Et p.48: "(...) Le tout est illustré par des extraits de la chanson de Philippe Clay, "Mes universités" (Polydor), dans un jeu de contraste entre les images terribles d'arrestation, d'internement, de déportation, et les paroles complaisantes du chanteur (...)". La chanson est clairement anti-mai-68.

P1150505 p.32-33, l'un des dessins repris ci-dessus.

 

 

P1150483 p.39: un dessin annoncé dans le catalogue comme "inédit", représentant la fuite d'une femme qui s'échappe du Vél' d'Hiv. Celle qui a inspiré le dessin retrouvera par miracle sa fille, poussée aussi vers l'évasion vingt minutes plus tôt. Leur fuite dans le métro est le sujet d'un autre dessin, publié, lui.

À l'issue de la visite guidée et de l'incident relaté ci-dessus, il a été proposé au groupe du 3ème étage de pouvoir assister à la fin de la conférence, sous condition de disposer d'une pièce d'identité à présenter au personnel de sécurité à l'entrée de l'auditorium (où quelques places au fond avaient été pré-réservées). J'ai aussi pu m'y joindre, prendre quelques notes sur ce qui était dit par les différents intervenants (je n'ai bien entendu pas pu tout noter!), et même, à la fin, prendre le micro pour poser deux questions. J'espère ne pas avoir fait d'erreurs dans ma prise de notes! Selon elles, à la tribune se trouvaient Jean-Luc Porquet et Riss, ainsi que deux autres personnes. Laurent Joly, qui a écrit les textes de présentation, n'avait pu être présent ce soir-là. Je n'ai pas bien compris si Véronique Cabut était dans la salle ou non, elle n'était pas à la tribune. Son témoignage rapporte en tout cas que Cabu n'en revenait pas que les gens ne connaissent pas la Rafle du Vél' d'Hiv'. Lui-même, lorsqu'il préparait ses illustrations en 1967, en a fait des cauchemars. Jean-Luc Porquet a précisé que Cabu avait été sensibilisé, vers l'âge de 12-13 ans, par un aumonier, l'abbé Grazer (?), qui avait été déporté. Il a amené ses jeunes ouailles visiter le camp de Struthof. Cabu ne l'a jamais oublié. En outre, il était ami avec le secrétaire de l'association des anciens de Dachau. Cabu avait en général la mémoire historique (par exemple, il connaissait le CV des personnages politiques de la Ve République). À Riss, il a été demandé quelles sont les règles du dessin de presse par rapport à l'Histoire? Réponse: un dessin doit toujours vouloir dire quelque chose, ou attirer l'attention sur quelque chose. On peut faire de l'humour, mais pas faire des mensonges ou raconter n'importe quoi. Surtout, ne pas transmettre des choses mensongères et fausses. Le dessinateur de presse doit en permanence se demander comment les gens vont interpréter ce qu'il dessine. Riss se demande si les dessinateurs ont encore les outils, face à la force des réseaux sociaux? Cabu disait: on doit "venger le lecteur" (lui apporter ce qu'il ne voit pas suffisamment). Dans son cas, la guerre d'Algérie a joué un rôle déterminant: ce qu'il y avait vu n'était pas "dit" en France. Ici, dans un dessin, on peut se demander si dessiner un gendarme en tenue d'été n'était pas une réminiscence, pour Cabu? Riss se demande si elle était inconsciente, involontaire, ou bien réfléchie?

À ma question sur le fait que Cabu se soit représenté lui-même sur un dessin (petit garçon au visage rond, à la coupe au bol brune, à lunettes rondes, regardant le lecteur devant un gendarme, vers le centre du dessin pp.42-43...?), la réponse de la tribune est ferme: non. Riss rajoute que le lecteur ne doit pas "surinterpréter " un dessin. Et à ma deuxième question (sait-on pourquoi l'un des dessins est resté inédit - décision de Cabu ou du journal?), le "spécialiste" présent répond (confirme) que, non, on ne sait pas pourquoi. 

En conclusion, Jean-François Pitet, spécialiste de l'oeuvre de Cabu, analyse que ces dessins sur la rafle du Vél' d'Hiv' cumulent plusieurs techniques: rotring, plume travaillant à l'encre, lavis d'encre de chine, fusain, lame de rasoir (scarifications sur un fond noir). Les textes dans le livre sont un peu plus importants que les légendes de l'exposition, mais ils se répondent parfaitement.

P1150500C'est dans une des vitrines de l'exposition que j'ai vu un exemplaire de ce J'Ai Lu N°A195 ** (collection bleue "J'ai lu leur aventure"). Cela m'a rappelé que je le possédais moi-même (je n'ai pas la totalité des titres de cette collection, mais j'en ai accumulé un bon nombre au fil des décennies). Selon ce que j'avais noté à l'époque dans mon exemplaire, je me l'étais acheté (d'occasion, bien entendu) le jour où Maurice Papon était arrivé à Fresnes (23 octobre 1999) après son arrestation en Suisse deux jours avant. Je viens de finir de le relire (y compris la préface de Joseph Kessel). La grande rafle du Vél' d'Hiv est une litanie de cas individuels (dont les auteurs affirment que chacun s'appuie "soit sur un témoignage recueilli directement, soit sur un extrait de dossier officiel ou de livre déjà publié sur la question", à l'époque). Il vaut aussi témoignage en faveur de tous ceux (souvent anonymes) qui ont fait preuve de compassion et se sont efforcés, chacun à leur manière, de mettre des grains de sable dans le mécanisme mortel si bien huilé par Vichy et ses fonctionnaires zélés. Dans certaines pages du livre, on retrouve bien les "situations" qu'a illustrées Cabu.

Ci-après quelques liens vers d'autres blogs ayant parlé du livre de 2022. La liste n'en est sans doute pas exhaustive, mais j'ai vraiment l'impression que les moteurs de recherche excluent volontairement les blogs de leurs résultats (sans doute est-ce en rapport avec le RGPD d'une part, et les sujets "sensibles" d'autre part - nous voilà "protégés" malgré nous!). J'ai tout de même déniché Henri GolantMatamoune, ou le blog Bonnes bobines

Sans oublier l'article de Riss paru dans Charlie Hebdo le 22 juin 2022 (N°1561).

Je peux aussi citer un album BD retraçant la rafle, que je ne connaissais pas, et dont j'ai trouvé trace chez Les Caphys.

Bien entendu, il existe d'innombrables dessins de Cabu de loin antérieurs à ceux-ci. Un jour, il faudra que je présente le livre (que je possède depuis février 2015) Pas complètement BETE... mais pas encore MECHANT! [chroniqué le 7 mai 2023].

En tout cas, le présent billet, où je souhaitais aborder cinq sujets (la rafle de 1942, le livre de Claude Lévy et Paul Tillard et les dessins de Cabu de 1967, l'exposition et la conférence de 2022), est l'un des plus difficiles à écrire auxquels je me suis affronté depuis que je rédige cette rubrique. 

*** Je suis Charlie ***

6 octobre 2022

Novembre - Cedric Jimenez

Avec Novembre de Cedric Jimenez, un film haletant de bout en bout sans temps mort qui est sorti hier, le 05 octobre 2022, le spectateur est replongé dans les "après-attentats" du 13 novembre 2015 à Paris qui ont causé la mort de plus de 130 personnes et fait 354 hospitalisés. Le réalisateur nous épargne le côté sanglant de l'histoire et on est tout de suite au côté des policiers, des informateurs et des membres du RAID qui ont traqué les terroristes pas encore morts. Fred, le responsable de la traque très bien interprété par Jean Dujardin pilote cette enquête aux multiples ramifications. Il est assisté par Héloïse (Sandrine Kiberlain). Il y a aussi Inès (Anaïs Desmoutiers) qui en voulant faire du zèle commet quelques bévues mais elle se rattrape à la fin. On est au plus près des enquêteurs quand ils suivent des suspects ou des personnes qui peuvent faire avancer l'enquête. On assiste à un ou deux interrogatoires musclés, à des filatures et il y a l'assaut final qui laisse pantois. Le réalisateur a réussi a nous faire revivre cinq jours d'enquête et de traque en 1H40. Quelques spectateurs ont applaudi à la fin. Un film que je conseille absolument.

4 octobre 2022

Les mystères de Barcelone - Lluis Danés

 P1150503

Grâce à Baz'art, je suis allée voir Les mystères de Barcelone, un film catalan qui a été multiprimé à juste titre. Le titre en VO est plus explicite (La Vampire de Barcelone). Avec une sublime image en noir et blanc émaillée de rouge pour certaines scènes, le film nous emmène dans Barcelone en 1912. De jeunes enfants, surtout des petites filles, disparaissent. Elles sont toutes issues d'un milieu pauvre sauf une, Teresa Guitart, issue d'une riche famille. Le pays est en émoi. Les journalistes sont à l'affût d'indices. Sebastià Comas, un journaliste morphinomane, est particulièrement touché par l'enlèvement de ces petites filles. Lui-même a perdu une enfant. Il fait des cauchemars récurrents sur cette disparition. Teresa est heureusement retrouvée vivante. Une femme l'avait enlevée mais a priori, elle ne lui voulait pas de mal. Il s'agit d'Enriqueta Martí que l'on a surnommée à l'époque "La vampire de Barcelone". L'histoire est tirée d'un fait divers réel qui a défrayé la chronique pendant quelque temps. Il semble que dans son appartement, on ait retrouvé du sang et des os humains. Parallèlement, Sebastià Comas mène une enquête dans un bordel de Barcelone où l'on trouve des notables de la ville. Le lieu dont les murs, les rideaux et le mobilier sont de couleur rouge, fait froid dans le dos. Et on n'y trouve pas que des adultes consentants si je puis dire. On pourra trouver l'histoire assez glauque mais le réalisateur a su trouver la juste mesure. L'ensemble m'a beaucoup fait penser à un conte horrifique. Un film qui m'a vraiment plu.

 P1150502 

3 octobre 2022

La Coupe d'Or - John Steinbeck

mois-americain-2022-3  2022-en-classiques-Logo1

Belette m'a signalé que les participations au "Mois américain en solitaire 2022" pouvaient être enregistrées au moins jusqu'au 3 octobre (le "bilan" devant être publié mardi 4). Du coup, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais me fendre d'un court billet sur un (autre) livre de Steinbeck, La Coupe d'Or, que je n'avais jamais lu jusqu'au mois dernier, alors que j'en connaissais l'existence depuis les années 1980. Pour rappel, Belette et PatiVore ont perpétué ce "Mois américain" que sa fondatrice, Titine, n'organisait pas en 2022. J'inscris aussi ce livre pour le challenge 2022 en classiques co-organisé par Nathalie et Blandine

P1150499Je me suis offert le bouquin (d'occasion) le 15 septembre 2022. La Coupe d'Or est le premier livre qu'a publié en 1929 (sans succès à l'époque) John Steinbeck, alors âgé de 27 ans. L'oeuvre est difficilement classable. On peut croire qu'il s'agit d'une biographie du pirate Henry Morgan (personnage historique). Mais c'est beaucoup moins simple que cela. On hésite entre roman initiatique sur le sens de la vie, aventures picaresques, démonstration de l'inanité des choses, tentative de prouver que les pirates qui ont fait rêver tant de gamins (de lecteurs) n'étaient que de pauvres types pas très malins... Ainsi, dans ce roman, nous suivons toute la vie d'un ado attardé du XVIIe siècle qui, élevé au sein d'une famille aisée mais dominée par sa mère, n'a guère qu'une idée ou deux dans le crâne. Notamment, l'idée fixe d'aller courir l'aventure aux Antilles pour y trouver gloire et fortune avant de revenir cueillir l'amour au pays. Mais notre "embarqué volontaire" se heurte évidemment au principe de réalité, une fois arrivé aux Antilles: si la traversée se passe bien, il est vendu comme serviteur pour 5 ans par le capitaine avant même d'avoir quitté le navire. Avant ce terme, il aura trouvé à s'embarquer, cette fois comme boucanier, pour apprendre à mener navire et hommes. Et les années passent, à la poursuite de ses chimères. Il vieillit sans guère mûrir, tout en devenant craint, respecté, aimé? Le roman est rythmé par la manière dont il raconte les aventures que nous lui avons vu vivre, embellies par les ans à chaque récit (que ses interlocuteurs le croient ou non). Après avoir rencontré le Roi (Charles II, roi d'Angleterre) et été anobli, il mourra dans son lit, riche et tout autant insatisfait qu'au premier jour, si j'ai bien compris. Quand on parcourt cette oeuvre, on n'y retrouve guère le Steinbeck écrivain "réaliste" que l'on connaît. Et je ne vous ai même pas dit ce qu'est la "coupe d'or". Ces 303 pages se lisent vite, à vous de vous faire votre propre opinion! 

1 octobre 2022

Covid-19: que nous distillent-ils? - N°30

Avec un beau "chiffre rond" atteint, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) pense cette fois suspendre (pour la seconde fois) mes parutions "Covid-19" (30 billets en 31 mois, tout d'même!). Après, si Macron remet le couvert d'une manière ou d'une autre sur ce sujet, ma chronique reprendra...

Remontée d'un article très utile en cette période automnale: comment différencier les symptômes d'un simple rhume de ceux du Covid-19? Mais en cas de doute, vous pouvez toujours vous offrir un test, hein... 

07/09/2022: le gouvernement duplique sa communication entre covid-9 et crise de l'énergie... ? Ah bah ça doit être pour faire des économies.

08/09/2022: un pas en avant, cinq pas en arrière...  Selon le PNUD, dans le monde, le niveau de vie est revenu 5 ans en arrière à cause du Covid-19. Et une troisième guerre mondiale, ça donnerait combien d'années de recul? On va éviter de sous-entendre que si ça tuait 7 milliards sur 8, ça sauverait peut-être "la planète", hein...

21/09/2022: les anticorps du nez plus efficaces pour éviter l'infection au Covid-19 (plus exactement, les immunoglobines A)? Depuis le temps qu'on nous promet un vaccin à sniffer (ô bonheur)...

Même date: selon une étude, le risque de caillots sanguins mortels subsiste jusqu'à près d'un an après une contamination au covid-19. Pour les personnes les plus prédisposées, sans doute?

Il fallait, bien sûr, que cela se passe dans un pays développé et se réclamant du capitalisme. 240 millions de dollars auraient été détournés durant le covid-19... Business as usual, surtout au bon prétexte d'aide à l'enfance.

22/09/2022: la barre symbolique du million... de tests hebdomadaires a été franchie, a communiqué le Ministère de la santé. Avec 30 000 résultats positifs, surtout chez les jeunes de moins de 16 ans (d'âge scolaire, donc). Courage, braves gens, vaccinez-vous, re-vaccinez-vous... (enfin, c'est valable surtout pour toutes les personnes qui ont une indication à la vaccination).  

23/09/2022: après deux "rebonds" (Yahoo puis JDD), je suis arrivé sur The Conversation: cela rend compte d'une étude fort complète sur le "Covid long" (qui toucherait des millions de personnes dans le monde). La bonne nouvelle, c'est que les toutous spécialement formés sont capables de le détecter... 

24/09/2022: un autre coronavirus (à ce jour inoffensif pour les humains) pourrait poser un problème de santé publique si jamais il se "combinait" avec l'un de ses petits copains... Khosta à déclarer? 

Si j'ai bien interprété ce que j'ai glané à droite ou à gauche (y compris en demandant à des proches!), il semble que la principale utilisation (à défaut d'utilité) de TousAntiCovid soit (ait été?) de télécharger certificats de vaccination et attestations covid-19 en mode électronique sur smartphone. Tout ça pour ça... J'attends qu'une estimation nous donne le coût évité par rapport... aux impressions papier devenues potentiellement inutiles.

28/09/2022: je trouve que la presse parle de plus en plus du "covid long" ces dernières semaines. Et beaucoup moins de vacciner l'intégralité de la population. A mon avis, "Big Pharma" doit être en train de concocter tout un tas de traitements spécifiques, ou je ne sais pas ce que le terme de "campagne de presse" signifie!

A ce jour, le dernier variant à la mode serait Omicron BA2.75.2. Depuis 10 mois, Omicron n'a cessé de se réinventer, grâce à deux facultés: très haute transmissibilité et échappement immunitaire. Si jamais il se stabilise définitivement, j'espère qu'on l'appellera ZZ3,1415926... Mais finalement, si je comprends bien, l'homme et le virus ont fini par s'apprivoiser mutuellement? Allez, j'ai aucune envie de chercher l'intégralité des interventions filmées de Raoult (le professeur, pas le politicien!). Pour voir si, par hasard, ce ne serait pas une des choses (entre autres vérités ou contre-vérités) qu'il aurait prédites un jour ou l'autre... 

Pour ma part, j'ai fini par me payer mon propre test sanguin. Et voilà ce que ça dit ("sans le mot de passe du propriétaire, vous ne pouvez copier aucune partie du document").
"Sérologie quantitative anti-Sars-CoV2 (Covid-19)
(Technique immunoluminométrique permettant la détermination quantitative des IgG spécifiques dirigées contre la protéine Spike du Sars-Cov-2)
Recherche des IgG anti-Sars-CoV2 (Covid-19)             Positive
"
Titre des Ig G anti-Sars-CoV2 (Covid-19)                           90.5 BAU/mL
Interprétation: Titre < 33.8 : Négatif, Titre >= 33.8 : Positif
Présence d'IgG spécifiques en faveur d'un contact avec le Sars-CoV2 (Covid-19) ou d'une vaccination Covid."
En gros, ça me confirme ce dont je pouvais déjà, statistiquement, me douter, sans vraiment me servir à rien...

Hors sujets: 

23/09/2022 - encore une mauvaise nouvelle: au Groënland, l'état de santé de la morue arctique inquiète. (...inquiète les scientifiques, disons - pas la morue)

Même jour: près de 50 incendiaires ont été arrêtés cette année, de tous milieux sociaux, âges et profils (majoritairement des hommes, parfois fragiles psychologiquement). Il y a quelques pompiers volontaires, mais ce n'est pas la majorité. Du genre? Hé ben moi, je trouve que ça va beaucoup mieux en le disant!  

...Et en même temps, on apprend sur le site Public Sénat que l'indemnité horaire des pompiers volontaires vient d'être augmentée (à 8,36 euros pour les sapeurs-pompiers, 10,13 euros pour les sous-officiers et 12,50 euros pour les officiers). Et la durée de service avant de toucher une rente annuelle est passée de 20 à 15 ans. Le tout cherchant à lutter contre la baisse des vocations. 

Ah, un dernier truc: je ne sais pas qui sont les communicants qui ont pondu le dernier logo en date sur le recyclage, ni combien ils ont été payés, mais ce sont des nuls, je trouve. C'est pas un bonhomme ("Triman") qu'ils auraient dû mettre en avant, mais un trimaran. La mer, si polluée finalement...

== Rappel: sauf catastrophe sanitaire majeure, il n'y aura pas de chronique "Covid-19" le 1er novembre (jour des morts?), ni les premiers des mois suivants... ==

30 septembre 2022

Tortilla Flat / Rue de la Sardine / Tendre jeudi - John Steinbeck

mois-americain-2022-3  2022-en-classiques-Logo1

Je (ta d loi du cine, "sqatter" chez dasola) remercie PatiVore et Belette de m'avoir suggéré l'idée de participer à leur Mois Américain 2022 en solitaire, qui perpétue l'initiative lancée à l'origine par Titine. Il semble que je sois le seul blogueur mâle à avoir participé à leur challenge? Cela m'a donné l'occasion de relire trois romans de Steinbeck, qui m'avaient été offerts pour Noël en 1980, 1981 et 1982. A l'époque, chaque membre de ma famille susceptible d'offir un cadeau pour Noël au grand garçon que j'étais se voyait affligé / infliger (?) par mes soins (d') une liste de l'oeuvre complète d'un de mes auteurs favoris (en général prolixe - et décédé), à utiliser jusqu'à extinction pour Noël et mon anniversaire (seules "fêtes à cadeaux" chez moi). Ces trois romans peuvent aussi participer au challenge 2022 en classiques co-organisé par Nathalie et Blandine

P1150490

Je m'y prends pratiquement à la dernière minute pour publier mon billet. Un mois, ça doit être un délai trop court pour moi, le temps d'avoir l'idée, de lire et surtout de chroniquer. Et je voulais faire un seul billet pour les trois livres de la photo ci-dessus (les illustrations des Folio sont de Jean-Paul Théodule, j'ignore l'auteur de celle du Livre de Poche).

P1150491Dans Tortilla Flat (écrit en 1935), John Steinbeck, avec beaucoup de tendresse, peint des personnages haut en couleur, des "paisanos" de Monterey, sur les hauteurs de la ville. Ce sont des "déclassés" sans domicile fixe, dormant dans les bois lorsqu'ils ne sont pas retenus en prison ou chez une belle... Mais quand l'un d'eux se suicide, c'est sans le faire exprès. Le principal héros, Danny, hérite de deux maisons. Il commence par occuper l'une et louer l'autre à l'un de ses copains - qui ne lui paiera jamais de loyer, bien entendu. Ce dernier en invite un autre... avant d'incendier la maison, et nos deux paisanos échaudés rejoignent donc Danny dans la sienne. Puis un autre copain arrive, et encore, et encore... Au final, la Maison de Danny peut faire songer à celle du film Affreux, sales et méchants. Mais les rencontres avec leurs amours de passage se déroulent toujours hors de cette maison-là, le plus souvent chez les femmes, mariées ou non. 

Le gallon de vin que se procurent régulièrement nos compères leur est vendu un dollar (un gallon représente approximativement quatre litres). Ils consomment aussi du brandy, du whisky... mais c'est plus cher! On est vraisemblablement en pleine période de prohibition, ce qui n'a pas l'air de les empêcher outre mesure de se saoûler au whisky de... 4 mois d'âge! En désespoir de cause, s'ils n'ont vraiment aucune autre solution, nos paisanos sont prêts à tout pour se procurer leur boisson, et acceptent même de travailler pour deux dollars par jour. Ce sont de vrais copains, mais qui peut résister à l'attrait d'un verre supplémentaire? Cependant, celui qui vole un membre de la troupe peut en être cruellement puni. 

La bande de Danny, qui s'étoffe au fil du roman, termine à sept personnages : Pilou, Pablo, Jesus-Maria, le Pirate, Big Joe Portugee, Johnny Pom Pom et Tito Ralf. Mais nos paisanos sont parfois sujets à la mélancolie sinon à la dépression, jusqu'à ce qu'une fête leur remonte le moral et cimente leur communauté. Je retiens la citation finale, après la destruction de leur havre de paix."Les amis de Danny gardaient toujours les yeux fixés sur les ruines fumantes. Puis ils s'observèrent l'un l'autre avec des regards étranges et reportèrent une fois encore leurs yeux sur la maison brûlée. Un peu plus tard, ils se retournèrent et s'en allèrent d'un pas tranquille. Il n'y en avait pas deux qui marchassent ensemble". [on notera l'imparfait du subjonctif].

J'ai trouvé quelques autres billets sur cet ouvrage: Joëlle de la Bibliothèque du dolmen, Leiloona, Nad du blog L'amarrée des motsSandra du blog Lettres et caractères

P1150493Rue de la Sardine (paru en 1945) est un peu de la même veine. Nous sommes toujours à Monterey, mais cette fois dans la partie basse de la ville, du côté des conserveries. Dans les 30 premières pages du roman, Steinbeck nous conte deux suicides différents (pour différentes raisons). Et pourtant le roman fait aussi dans le genre comique. Il est composé de chapitres dont les liens sont ténus, on peut plutôt les considérer comme des "tranches de vie" sans vraiment de début ni de fin... Il nous narre la vie des habitants du quartier. Les 32 chapitres n'ont même pas de titres. Ce coup-ci, l'équipe de loosers sympathiques est menée par Mack. La bande se compose de Gay, d'Eddy, d'Hazel. Il y a aussi le propriétaire de leur "palais [des coups]" (Lee Chong, le marchand chinois d'en face), la Maison de Dora (Le drapeau de l'Ours) et ses filles, Henry le peintre qui vit dans un bateau éternellement en construction... Entre autres personnages, on y croise aussi la ford T. Je ne résiste pas au plaisir d'une citation: "quelqu'un devrait se décider à écrire un essai sur les effets moraux, physiques et esthétiques du modèle T sur la nation américaine. Deux générations d'Américains en savent davantage sur les engrenages du modèle T, que sur le clitoris, sur le système planétaire de son changement de vitesse que sur le système solaire des étoiles. Chez nous, le modèle T a modifié pour une grande part la notion de la propriété. Les clefs anglaises ont cessé d'être un objet personnel, et une pompe pour gonfler les pneus appartient désormais à celui qui l'a ramassée le dernier." A part cela, comme figure notable, le roman comporte aussi, voire surtout, Doc (personnage inspiré d'un ami de Steinbeck), qui tente péniblement de vivre de son activité de biologiste dans le laboratoire dont il est propriétaire. Doc, c'est la providence du quartier, celui qui vous dépanne de quelque sous contre des animaux dont il n'a pas forcément besoin, celui qui, tout en s'en défendant, peut soigner les bobos: tout tourne un peu autour de lui... Et quand, pour le remercier de ses services, les habitants du quartier décident de lui offrir une fête, c'est souvent lui qui en fait les frais!

Concernant Rue de la Sardine, j'ai seulement déniché un vieux billet (commentaires fermés...) sur le blog Le bouquineur

P1150492Tendre jeudi (publié en 1954) enfin, c'est une extraordinaire histoire d'amour, l'envers lumineux du si sombre A l'Est d'Eden. Il s'agit de la suite de Rue de la Sardine. Suzy n'est pas un homme (comme celui que chante Joe Dassin), certes non. Cette fois-ci, il y a une histoire avec un début, un milieu et une fin, et 40 chapitres avec des titres variés et signifiants (certains ne font que 2 pages). Le premier chapitre dépeint ce qui s'est passé "rue de la Sardine": notamment, la seconde guerre mondiale... Doc a été appelé sous les drapeaux, et, de retour dans ses foyers, doit relancer son laboratoire... (il a l'idée d'un article scientifique qu'il ne lui reste plus qu'à rédiger). Le nouvel épicier est mexicain. On peut relever que, à cette époque-là, le gallon de vin vaut 62 cents [0,62 dollar] (p.172). Mack et sa bande constatent que Doc a le blues. Au 5ème chapitre, Suzy entre en scène. Doc et elle vont se tourner autour, s'attirer et se repousser... avec leurs caractères respectifs bien trempés. Il faudra que toute la bande du quartier s'en mêle, spécialement Hazel, esprit simple, qui, à défaut de devenir Président des Etats-Unis, s'avèrera très efficace dans le rôle de Deux ex machina. Et l'on verra à la fin (le chapitre 40 est magnifique!) Doc et Suzy partir en expédition de recherche scientifique vers le bord de la mer... 

Je n'ai pas pour le moment de billets ayant chroniqué Tendre jeudi à indiquer. 

Je noterai que mes éditions de ces trois oeuvres ont chacune été traduites par une personne différente (je suis bien incapable de lire de la littérature étrangère en VO). C'est peut-être ce qui explique quelques menues différences (par exemple L'ours au lieu du Drapeau de l'ours, le Palais au lieu du Palais des coups...).

Je prends en tout cas conscience que, à l'époque où j'ai lu pour la première fois ces trois romans, internet n'existait pas: chercher les oeuvres disponibles (ou même existantes) pour un auteur donné était nettement moins simple qu'aujourd'hui... Je peux signaler que j'ai découvert en septembre 2022 l'existence de nouvelles oeuvres de Steinbeck publiés en français dans l'une ou l'autre collection format poche, en plus de celles dont je connaissais les titres parce qu'ils figuraient comme "autres titres" dans mes bouquins des années 1980 (Folio et/ou Poche), voire dans les catalogues de ces collections, que distribuaient les libraires lorsqu'on les leur demandait: Voyage avec Charley, Dépêches du Vietnam, Lune noire, Dans la mer de Cortès, Une saison amère, ... sont donc des livres que j'ignorais. Leur découverte pourrait être à mon programme pour un prochain "Mois américain"!

28 septembre 2022

Coup de théâtre - Tom George / Don't Worry Darling - Olivia Wilde

En ce moment, je trouve peu de films qui me donnent envie de me déplacer dans une salle obscure. En voici deux, le premier, Coup de théâtre, m'a bien divertie. En revanche, je me suis posé beaucoup de questions au sujet du second.

Coup de théâtre de Tom George est délicieusement "british" avec un crime et quelques suspects. Cela se passe à Londres dans les années 50. L'énigme policière se passe dans le milieu du spectacle. Un producteur qui est aussi le narrateur au début du film est assassiné dans les coulisses du théâtre où se joue La souricière d'Agatha Christie. Sur scène, Richard Attenborough interprète un des rôles de la pièce avec son épouse. Une jeune policière zélée appelée Stalker fait souvent des conclusions hâtives sur qui a tué. Heureusement que son supérieur, l'inspecteur Stoppard, la freine dans ses élans. La délicieuse Saoirse Ronan qui joue Stalker vaut à elle seule le déplacement. Avec Sam Rockwell qui joue l'inspecteur, ils forment un duo irrésistible. Il faut noter que l'on a l'occasion de voir le personnage d'Agatha Christie compètement échevelée. C'est un film très amusant.

Je passe à Don't Worry Darling d'Olivia Wilde dans lequel jouent des acteurs et chanteurs qui me sont inconnus ou presque. Déjà, là, j'étais un peu larguée car les spectateurs avaient l'air de savoir ce qu'ils allaient voir et qui ils allaient voir. Il y avait beaucoup de monde dans la salle. L'histoire se passe a priori dans les années 50 à Victory, une ville localisée au milieu de nulle part dans un désert. Des couples jeunes et beaux avec ou sans enfants ont une vie qui semble idyllique. Toutes les maisons d'habitation spacieuses se ressemblent. Les jeunes femmes font le ménage et la cuisine tandis que les maris se dirigent dans un genre de bunker où ils exercent un travail top secret. Mais très vite, on se rend compte que des choses étranges se passent. L'histoire se concentre sur quelques couples dont celui formé par Alice et Jack Chambers. Alice en particulier commence à avoir des hallucinations. Et elle commence à voir des choses qu'elle ne devrait pas voir. Le cauchemar éveillé commence et puis j'ai suivi le fil de l'histoire en me demandant où la réalisatrice (qui joue aussi un personnage de l'intrigue) voulait en venir. Il y a plein de zones d'ombre, plein de questions restent sans réponses. Je n'ai ni aimé, ni détesté le film, je suis restée perplexe. Une spectatrice derrière moi a immédiatement dit à son conjoint "je n'ai pas aimé du tout". Lire le billet d'Henri Golant

25 septembre 2022

Taormine - Yves Ravey

P1150496

Désormais, dès que je vois qu'un roman d'Yves Ravey est publié, je me le procure aussitôt. J'ai lu le roman Taormine (Editions de Minuit, 138 pages), mon sixième de l'écrivain, en une demi-journée. Comme le titre l'indique, l'histoire se passe en Sicile à Taormine et ses environs. Melvil (sans emploi, il refuse tous les postes qu'on lui propose) et Luisa (qui travaille au CNRS) Hammet viennent dans ce coin de l'ïle pour passer une semaine afin de se reposer et faire des excursions. Leur couple va mal. Melvil espère que la semaine en Sicile va aider à ce qu'ils se réconcilient. Après avoir atterri à l'aéroport de Catane, ils partent en direction de Taormine pour rejoindre leur hôtel 4 étoiles. Mais Luisa a tellement hâte de voir la mer tout de suite, qu'ils font un détour qui leur apporte de très gros ennuis. En effet, dès leur détour terminé, quand ils veulent rejoindre la route nationale, il fait nuit et il pleut, la voiture de location assez bas de gamme percute quelque chose. Même si la voiture est endommagée, elle peut rouler. Le couple ne s'est pas arrêté pour savoir ce qui s'est passé. C'est le lendemain que Luisa qui parle et lit l'italien apprend par les journaux qu'un petit garçon a été tué par une voiture. Autant Luisa, qui a des remords de conscience, voudrait aller au poste de police, autant Melvil qui est le narrateur ne se sent pas vraiment coupable. Il veut seulement trouver un garage pour réparer les dommages sur la carrosserie. Ils vont être pris dans un engrenage qui va leur coûter beaucoup d'argent. J'ai trouvé la fin très ouverte. Comme d'habitude, Ravey ne s'encombre pas de descriptions. Il s'en tient à la simple narration de l'histoire. On n'éprouve aucune sympathie pour les personnages mais cela n'empêche pas que j'arrive à espérer qu'ils s'en sortent, même si ce qu'ils ont fait est impardonnable. Un bon moment de lecture. 

22 septembre 2022

Plan 75 - Chie Hayakawa

Que vous soyez déprimé ou non, préparez-vous à ce que votre moral soit au plus bas en sortant d'une projection de Plan 75, d'une cinéaste japonaise dont c'est le premier film. Plan 75 se passe dans un futur assez proche semble-t-il. Les "vieux" sont de plus en plus nombreux au Japon et ils sont surtout devenus une charge pour le pays. Dans une première séquence assez floutée, un jeune homme vient de perpétrer un massacre dans un "EHPAD" japonais. C'est pour éviter que d'autres tueries de ce type aient lieu qu'un programme "Plan 75" est organisé au niveau national. Toutes les personnes âgées de 75 ans et plus ont la possibilité de se faire euthanasier. C'est a priori sur la base du volontariat mais la pression (sociale...) est tellement forte que beaucoup de personnes acceptent de recevoir 100 000 yens (environ 728 euros - "taux de chancellerie") avant de mourir, pour faire ce qu'elles veulent avec, et rendez-vous est pris pour le traitement fatal dans un établissement. Michi, une vieille dame de 78 ans qui vit seule et voit mourir ses trois amies, accepte de signer pour ce programme. Il n'y a plus rien, semble-t-il, qui la retient sur cette terre et elle vit dans un immeuble voué à la démolition. C'est un film sur la solitude des personnes âgées qui n'ont plus rien à quoi se raccrocher. Le constat est terrible. En revanche, dans le cadre du programme, Michi peut appeler une personne pendant les jours qui lui reste à vivre. Elle a le droit à 15 minutes de conversation par session. En parallèle, on voit Hiromu, un jeune homme travaillant pour le programme, qui apprend que son oncle a accepté de signer "Plan 75". Les sentiments d'Hiromu changent quelque peu quand il apprend ce que deviennent les défunts. Le film dénonce en pointillé le fait que ce programme, c'est du "business". Il coûte un peu, mais par ailleurs il rapporte beaucoup d'argent à l'Etat japonais. D'ailleurs il est même question que plan 75 devienne plan 65... Une séquence terrible montre le tri des vêtements et autres effets personnels des défunts. Cela fait penser à ce que faisaient les nazis envers les morts des camps d'extermination. J'ai trouvé la réalisation de ce film d'une grande maîtrise. Beaucoup de choses sont suggérées et non montrées, c'est ce qui rend l'histoire encore plus terrible. L'actrice principale Chieko Baishô (81 ans) est très émouvante. Un film que l'on n'oublie pas. Avec mon ami, on est sorti de la projection très secoués. Lire les billets de Pascale et Vincent.

19 septembre 2022

Sel - Jussi Adler Olsen

P1150494

Je viens de terminer Sel de Jussi Adler Olsen (Editions Albin Michel, 551 pages (! c'est juste le nombre minimun de pages demandé) lu dans le cadre du challenge du pavé de l'été organisé par Brize que je remercie une fois encore. Sel est la neuvième enquête de l'équipe du département V. Dans la série, je n'avais lu que le premier, Miséricorde, que j'avais trouvé haletant mais éprouvant. Dans ce neuvième tome, j'ai retrouvé, à Copenhague, le sous-commissaire Mork et son adjoint Assad tous deux mariés et pères de famille. Dans l'équipe, il y a aussi Rose et Gordon Taylor. Ce quatuor va être amené à enquêter sur des morts (accidents ou suicides) dont les premières datent des années 1980. Il se trouve que ce sont des assassinats déguisés. On en dénombre vingt-six, un tous les deux ans. Le point commun entre ces crimes, c'est le petit tas de sel de cuisine retrouvé sur les lieux des crimes. On a même retrouvé du sel à l'intérieur de certains corps. Les victimes étaient toutes des être nuisibles pour la société. On devine assez vite qui est le responsable des crimes et le pourquoi, ainsi que la symbolique biblique du sel. Le côté haletant du roman, c'est comment les membres du département V vont arriver à attraper le coupable, particulièrement intelligent mais d'une cruauté sans nom. Dans ce roman, il y a pas mal d'allusion à des choses qui se sont passées dans les romans précédents, et à la fin de ce tome, Carl Mork est arrêté par quelques-uns de ses collègues de la police. Je pense qu'il faut attendre le tome 10 pour en savoir plus. Mais je n'ai pas trouvé gênant de ne pas avoir lu les huit tomes précédents. Un roman que je recommande. Lire les billets de Shangols et Cannibal lecteur.

pave-2022-250

Le blog de Dasola
  • CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR. Critiques et opinions sur films, livres et spectacles. [Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (216 commentaires, du 17/01/07 au 30/04/24)].
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
83 abonnés
Liens (en cours de mise à jour)

** INDEX AUTEURS (LITTÉRATURE), FILMS & REALISATEURS (CINÉMA) **

*** CHALLENGES DE L'ANNEE EN COURS ***


** LE SITE DU STATISTICIEN **


*** LIENS ***
(BLOGUEURS COMMENTANT SOUVENT LE MIEN)

  • = Dix blogueuses et blogueurs ayant fait au moins 500 commentaires chez dasola se présentent =
  • On crée un lien lorsqu'un blogueur a commenté au moins cinq billets en venant à (au moins) deux dates différentes sur ce blog. 
  • Une adresse de mail (xxx@yyy.fr ou com...) [non publiée!] est exigée par Canalblog pour enregistrer votre commentaire. 
  • Vous ne voyez pas tout de suite apparaître votre commentaire, car je dois d'abord le valider (cela peut prendre quelques heures)
CINÉMA (22 blogs en activité)

DIVERS - CULTURE (57 blogs en activité)

LIVRES (70 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 2709 billets (au 30/04/24), dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 33 197 commentaires (au 30/04/24 [+ 4 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 261 dasola] par au moins 1276 personnes, dont 107 (re)venues en 2024
  • 408 blogueurs [dont 157 actifs en 2024] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1211 (au 28/04/2024) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 77 au 07/03/2024 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 146 par DocBird (du 15/07/22 au 14/07/23)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 143 par Manou en 2023
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
Pages