Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Dasola
Le blog de Dasola
Archives
Derniers commentaires
Challenges terminés

Pour les challenges de l'année en cours, 
voir colonne de droite

17 octobre 2008

Arlington Park - Rachel Cusk

Arlington Park de Rachel Cusk paru aux éditions de l'Olivier (1) en 2007 avait déjà attiré mon attention: il avait été mis comme "coup de coeur" dans ma librairie (aujourd'hui, après lecture, je dirais que, pour une fois, c'était justifié). De nouveau, il a été bien mis en valeur cette année pour sa parution en édition de poche Point Seuil. Je l'ai acheté et vient de le lire. Ce roman, c'est 263 pages d'instants de vie de quelques femmes, la trentaine, mères de famille à Arlington Park dans la région de Londres. Cela m'a fait penser de loin à "Desesparate Housewives". Mais c'est beaucoup moins drôle (cette remarque n'est pas négative, bien au contraire). La présentation/introduction du roman sort de l'ordinaire: il pleut à verse. Rachel Cusk, dont c'est le premier roman traduit en français, nous décrit cette ville bourgeoise sous l'eau. Tout est trempé. Avec son style serré, on le sent bien. Le roman est ramassé et on ne peut pas le lire en diagonale. Toutes les phrases sont essentielles. La moitié du roman qui se déroule sur 1 ou 2 jours se passe par temps de pluie. Les 7 ou 8 chapitres du roman nous font faire la connaissance de Christine, Maisie, Juliet, Maggie, Amanda, Solly (Solange) ainsi que de leur conjoint respectif en arrière-plan. Leurs vies d'épouse et de mère sont décrites comme une sorte d'aliénation, on les sent prisonnières de leur état. Pour la plupart, elles dépendent du mari du point de vue financier, elles s'occupent des enfants: pas moins de 2 pour chacune. Une en est à sa 4ème grossesse, une autre à sa 3ème. Elles se fréquentent les unes, les autres en se rencontrant chez l'une ou l'autre ou devant l'école, ou bien alors en allant à la galerie commerciale (qui se trouve dans une zone moins huppée). Certaines sont un peu "souillons" dans la tenue de leur intérieur. Maisie, par exemple, est dépressive. Les maris ne sont pas tous d'une grande aide. Quand le roman s'achève, on peut penser qu'il pourrait y avoir une suite. Remarquable de bout en bout, je recommande Arlington Park parce qu'il m'a vraiment beaucoup plu. J'attends le prochain roman de Rachel Cusk avec impatience.

(1) et non aux éditions Metailié, erreur que Cuné m'a fait remarquer avec justesse dans son commentaire ci-dessous.

7 octobre 2008

Qui comme Ulysse - Georges Flipo

Mon cher G. Flipo (j'ose cette familiarité), je viens de lire les nouvelles qui composent Qui comme Ulysse et je constate que tout ce que vous racontez n'est pas gai. Très bien écrites et structurées, elles se lisent avec plaisir pour le style mais avec tristesse et effroi pour ce que narrent certaines. Vous devriez envoyer vos doléances à Mme Anne Carrière car je n'ai pas compris le texte de présentation de la 4ème de couverture, il ne donne pas forcément envie de lire les nouvelles (il ne leur rend pas non plus hommage, elles sont beaucoup mieux). Pour ma part, il n'est pas facile d'en parler. Les 14 nouvelles sont toutes très différentes dans ce qu'elles racontent. Le voyage sous toutes ses formes et surtout les expériences (souvent tragiques) que les personnages en tirent, tel est le thème central de l'ensemble des nouvelles. La plupart des personnages ne font pas des voyages d'agrément. Ce ne sont pas non plus des voyages reposants, parfois ce sont des punitions, ou alors on peut les assimiler à des fuites de quelque chose. J'ai ressenti un certain désenchantement et l'âme humaine n'est pas toujours décrite sous son meilleur jour. Dans le dernier récit, "Rapace", le narrateur/écrivain "voyage" en faisant parler des gens, tire "la substantifique moelle" des pensées de chacun et s'en inspire pour écrire une oeuvre de création. Dans "la route de la soie", un peu comme Jules Verne, Joseph qui ne quitte pas son "chez-lui" pour rédiger son blog voyage entouré de tous ses guides "papier" provoque une certaine confusion chez les "globe-trotter". Pour ma part, lors de mon voyage en Argentine en 1999, j'ai eu le coup de foudre pour ce pays. Et j'ai donc bien apprécié les 4 nouvelles qui s'y situent ou qui mettent en situation des ressortissants de ce beau pays. Nous avons, par exemple, un romancier argentin exilé en France dans "Qui comme Ulysse", qui suite à une panne d'inspiration, se retrouve à faire des "empanadas" (spécialité argentine). "Nocturne" et "Un éléphant de Pattaya" (les deux se passent en Asie, en Inde et en Thaïlande) sont à mon avis les nouvelles les plus terribles du recueil, l'une sur le comportement humiliant des Occidentaux envers les autochtones, l'autre sur le tourisme sexuel (sans beaucoup de mauvaise conscience). Mon cher G. Flipo, je vous avais découvert grâce à votre blog, maintenant ce livre confirme votre talent d'écrivain qui sort des sentiers battus.

25 septembre 2008

Une brève histoire du tracteur en Ukraine - Marina Lewinka

J'ai acheté Une brève histoire du tracteur en Ukraine de Marina Lewinka à cause du titre qui m'a intriguée et qui était classé dans les romans. Après avoir lu la 4ème de couverture, j'ai vraiment eu envie de le lire vite. En Angleterre, deux soeurs d'origine russe (comme l'auteure du roman), qui ne s'entendent pas, s'allient pour éviter qu'un événément cataclysmique ne provoque le chaos: leur père de 84 ans se marie avec une Ukrainienne de 36 ans à la poitrine en ogive nucléaire. Nadia, la plus jeune (la cinquantaine), est mariée avec Mike et a une fille. Vera, l'aînée, divorcée, a deux filles. Elles ont dix ans d'écart et les questions d'héritage (suite au décès de la mère) et d'autres plus anciennes (qui remontent à la 2ème guerre mondiale) les séparent. Mais là, l'ennemie est à leur porte en la personne de Valentina (accompagnée de son jeune fils), qui, par le mariage, espère obtenir leur naturalisation anglaise et obtenir de l'argent de Nikolaï. Le père de Véra et Nadia, veuf depuis 2 ans et ancien ingénieur, écrit sur une histoire du tracteur en Ukraine. Tout ne se termine pas si mal. J'ai été un peu freinée dans ma lecture par le dialogue oral qui contient des erreurs syntaxiques volontaires prononcées par certains personnages principaux qui appréhendent mal la langue anglaise (la traductrice a fait de son mieux pour cette retranscription en français). Ceci mis à part, ce roman est une agréable découverte.

29 août 2008

La Dame sans terre - Andrea H. Japp

Je me suis retrouvée au temps de Philippe IV le Bel, en 1304,  grâce à la Dame sans terre d'Andrea H. Japp, publié en livre de poche, en 3 volumes (dont les sous-titres sont Les chemins de la bête, Le souffle de la rose et Le sang de grâce). Agnès de Souarcy, jeune veuve qui s'occupe d'un petit domaine dans le Perche, se trouve impliquée à son corps défendant dans une histoire mystérieuse où le Vatican, les Templiers, les Hospitaliers, l'Inquisition médiévale (différente de l'Inquisition espagnole plus sanglante) et un couvent proche jouent un rôle. Dans cette abbaye de femmes de Clairets se trouve une bibliothèque secrète (connue de la seule abbesse) qui contient des merveilles parfois dangereuses et des révélations cosmiques et astrologiques qui peuvent ébranler les fondements de l'Eglise. Agnès a une fille, Mathilde, 11 ans et demie (qui cherchera à lui nuire), ainsi qu'un fils, Clément, 10 ans, qu'elle a recueilli après que la mère (suivante d'Agnès) soit morte en couches. Agnès est harcelée par Eudes, son demi-frère et suzerain direct, à l'attitude incestueuse (c'est d'ailleurs lui qui la fait se retrouver dans une des prisons de l'inquisition dans l'attente d'être interrogée par le grand inquisiteur, Nicolas Florin). Pendant cette année-là, le pape Benoît XI vient de mourir au bout de 8 mois de pontificat (empoisonné par des dattes et des figues). La succession est ouverte. Le roi Philippe IV le Bel (avec l'avis de son conseiller Guillaume de Nogaret) désire donner son avis sur le successeur papal quitte à faire élire quelqu'un "à sa botte" (Ce sera d'ailleurs le cas avec Bernard de Got - devenu Clément V). Car il ne veut plus d'un pape comme Boniface VIII (prédécesseur de Benoît XI) qui souhaitait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes. Pendant ce temps, toujours à Rome, le camerlingue Honorius Benedetti (qui n'est pas étranger à la mort du défunt pontife), se croit chargé d'une mission divine. Pour ce faire, il se sert des talents de meurtrière et d'empoisonneuse ("enherbeuse" selon le terme médiéval) d'une femme à la beauté époustouflante, Aude de Neyrat (qui fut sa maîtresse), pour éliminer Agnès de Souarcy, et par la même occasion récupérer certains manuscrits de l'abbaye. Heureusement qu'Agnès a des alliés précieux: Artus, comte Authon, veuf, suzerain d'Eudes (et arrière-suzerain d'Agnès) qui tombe raide amoureux de cette dernière; Francesco Leone, chevalier hospitalier; et même Clément.
Pendant les trois volumes, on apprend à connaître les personnages et les liens qui les relient. J'ai beaucoup appris sur les poisons. Andrea H. Japp a dû prendre du plaisir à en parler, elle est toxicologue de formation. A la fin de chaque volume, une brève annexe historique (passionnante) parle de certains événements ou personnages évoqués tandis qu'un glossaire rappelle certains termes de poids et mesures. A la fin du 3ème volume s'ajoute une bibliographie des livres les plus souvent consultés. Les trois romans forment un tout indissociable et il faut les lire dans l'ordre. J'ai été tentée de lire cette trilogie car cela se passe à une époque passionnante de l'histoire de France que j'ai découverte avec les Rois Maudits de Maurice Druon et la série télé de Claude Barma. C'est le premier roman que je lis de cette auteure qui situe en général ses intrigues de nos jours. Son incursion dans le passé est une réussite.

25 août 2008

Kafka sur le rivage - Haruki Marukami

Et un de plus que je viens de finir de ma PAL. Kafka sur le rivage est le titre du roman (plus de 600 pages) ainsi que le titre d'une chanson évoqué dans ce roman, et un des deux personnages principaux de l'histoire (un jeune homme de 15 ans) se prénomme Kafka. C’est la première fois que je lis un roman de Haruki Marukami, écrivain japonais, dont un grand nombre de blogueur(se)s ont parlé. Faire un billet sur ce livre n’est pas vraiment simple. Il faut, avant lecture, oublier notre côté cartésien français. Nous avons deux récits en parallèle. Dans le premier, Kafka Tamura vient de faire une fugue. Il s’est enfui de la demeure familiale à Tokyo où il vit avec son père (sculpteur de renom), qui lui a prédit une malédiction, celle d'Oedipe. Dans le deuxième, un certain Nakata (existe-t-il ?) est un vieil homme septuagénaire qui, dans sa jeunesse, en 1944, est tombé dans l'inconscience pendant une cueillette de champignons avec 15 autres enfants de son école. Quand il s'est réveillé (bien après tous les autres), il était devenu idiot comme il dit. Il ne savait plus lire, ni écrire mais quand le roman commence, il parle aux chats qui le comprennent en retour (c’est d’ailleurs son occupation favorite, retrouver les chats perdus), il peut aussi faire tomber du ciel des sardines et des maquereaux quand c’est nécessaire pour se défendre et c’est un excellent rebouteux. Les chapitres impairs narrent l’histoire de Kafka, les chapitres pairs, eux, narrent celle de Nakata. Ces deux personnages vont tous les deux (sans le savoir) dans la même direction. Après avoir regardé une carte géographique, Kafka se retrouve dans une petite ville, Takamatsu, dans laquelle se trouve une belle bibliothèque privée, et il y séjourne jusqu’à la fin de la partie qui le concerne dans le roman. Nakata, lui, après un acte horrible qu'il vient de commettre (il a tué un homme mangeur de cœur de chat et qui leur coupe la tête), est chargé d’une mission mystérieuse: trouver la "pierre de l'entrée" (du royaume des morts?). Sur son chemin (il ne sait pas où il va, mais il y va), Hoshino, un chauffeur routier, lui sera d’une grande aide. De son côté, Kafka fait la connaissance d’un homme (qui est en fait une femme), Oshima, employé de la bibliothèque et de Mlle Saeki, interprète de la chanson Kafka sur le rivage et directrice de cette même bibliothèque. Autant le récit souvent onirique et fantastique  de «Nakata» m’a touchée, intéressée (j’attendais avec impatience les chapitres le concernant), autant celui de Kakfa ne m’a pas «accrochée», je l’ai même trouvé long vers la fin. En revanche la traduction est fluide. Et comme il y a très peu de descriptions mais beaucoup de dialogues en style direct, Kafka... se lit relativement vite.

19 août 2008

Rouge-gorge - Jo Nesbo

Ouf, je suis presque arrivée au tiers de ma sélection de PAL (25 titres) en date du 24/10/2007, avec un 8ème titre lu et que je chronique aujourd'hui (mais, bien entendu, j'en ai acheté et lu ou stocké plein d'autres depuis lors!). L'auteur de Rouge-gorge est norvégien, et ce titre, le troisième que je lis de lui (après Les Cafards qui se passait en Thaïlande, et L'homme chauve-souris, qui se déroulait en Australie) met en scène une intrigue située pour une fois en Norvège.   Harry Hole, l'inspecteur de police, héros récurrent des romans de Nesbo, est affecté (suite à une bavure) dans une section parallèle qui mène des enquêtes sur le milieu néo-nazi. Toute une première partie du roman nous permet de remonter le cours de temps, plus exactement en 1942, à la bataille de Stalingrad jusqu'en 1944. Six jeunes Norvégiens se sont engagés dans la Waffen SS. Quelques-uns sont tués mais au moins deux reviennent blessés mais vivants. L'un des deux prend l'identité d'un mort pour éviter d'être pris comme déserteur. En 2000, lors de la fête nationale norvégienne qui est le 19 mai, un attentat contre le roi de Norvège se prépare. Un vieil homme (sur le point de mourir de maladie) est le tueur. Tout le roman nous fait comprendre le rapport qu'il y a entre ce qui s'est passé pendant la seconde guerre mondiale et les motivations du tueur. Jo Nesbo nous montre que les milieux néo-nazi se sont infiltrés dans la police. Roman qui tient en haleine (mais avec une intrigue un peu compliquée du fait de la subtilisation d'identité). J'ai néanmoins préféré ses deux précédents (peut-être faisaient-ils plus exotiques?). De toute façon, je vais continuer à suivre les enquêtes d'Harry Hole qui est un personnage attachant.

13 août 2008

Gomorra, dans l'Empire de la Camorra - Roberto Saviano

Comme promis dans mon billet du 19/07/2008 sur le film, voici ma chronique sur le livre de Roberto Saviano, Gomorra, Dans l'empire de la Camorra, très dense et étoffé. L'auteur nous plonge tout de suite dans le vif du sujet en commençant par nous parler du port de Naples devenu la plaque tournante de tous les trafics du monde entier. La Camorra (la mafia napolitaine) a la mainmise sur la drogue venant d'Amérique du Sud et sur sa transformation finale (dans des labos), les travailleurs clandestins, la contrefaçon (vêtements et accessoires), etc. L'enquête se finit par une description, qui fait froid dans le dos, du devenir des déchets toxiques d'une partie de l'Europe qui finissent dans les sous-sols de la magnifique province de Campanie (au mépris de toutes les lois en vigueur); et en attendant de trouver d'autres endroits, cela s'étend comme la gangrène, contaminant les terres (où poussent les arbres fruitiers et autres cultures) et faisant augmenter le taux de cancers chez les habitants. Je rappelle que la Campanie comprend Naples et sa région. Roberto Saviano ne révèle pas comment il peut donner autant de données précises sur ce qu'il raconte. Il nous croque la Camorra en panoramique en s'attachant à quelques "rouages" humains de cette machine inhumaine. J'ai eu l'impression qu'il se trouvait toujours sur le terrain au bon moment pour décrire les méthodes cyniques des trafiquants qui testent la drogue sur des héroïnomanes pour trouver les dosages optimums. Les Camorristes ont aussi des manières musclées voire sanglantes pour se faire attribuer des marchés publics immobiliers. Ils sont responsables du bétonnage de la région napolitaine et d'ailleurs. Les chiffres communiqués sont édifiants. Je comprends que Roberto Saviano ait désormais une garde rapprochée pour le protéger car il donne des indications vraiment précises et nominatives. Et quand on referme le livre, on ne regarde plus la mozzarella de la même façon puisque l'élevage des bufflones est aussi un des revenus conséquents de la Camorra.

31 juillet 2008

Le sixième crime - Sébastien Fritsch

Titre découvert sur le blog de son auteur qui a visité le mien (et chroniqué par Florinette), Le Sixième crime m'a énormément fait penser, pour une partie de l'intrigue, à Les romans n'intéressent pas les voleurs d'Alain Rémond (billet du 15/01/08). Mais à l'envers. Jérôme Balbanic, inspecteur à la police judiciaire de Lyon, vient enquêter à Pensegarde, petit hameau dans la Drôme, sur une série de cinq meurtres. Il raconte à son unique habitant qu'après beaucoup de recherches, de recoupements et autres, lui et son équipe se sont rendus compte que le meurtrier s'était inspiré des cinq livres écrits par un certain Jacob Lieberman, entre 1956 et 1960. Cet auteur a disparu sans laisser de traces. L'unique habitant de Pensegarde est un écrivain coupé du mondé appelé Lex (tout court) et l'inspecteur pense que ce Lex, grand prosateur de talent, peut l'aider à trouver le meurtrier et surtout à empêcher un sixième crime. On peut deviner rapidement que Lex et Jacob sont une seule et même personne. Toute l'énigme policière tourne autour de nombres et de lettres. L'inspecteur est un personnage essentiel de l'histoire. Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue si ce n'est que le sixième crime n'est pas un crime de sang, et après tout, les cinq autres le sont-ils? Mon ami (qui a aussi lu le roman) m'a fait remarquer que ce hameau, qui est composé de plusieurs maisons vides et d'un seul habitant, serait un lieu idéal pour lui. Il pourrait changer de maison quand ça lui chante. Une personne viendrait s'occuper de l'entretien. Il n'y aurait pas de problème de voisinage. C'est une façon de voir que je ne partage pas. Le sixième crime aux éditions Pierregord (http://www.editionspierregord.com) se lit vite et avec plaisir (il fait 125 pages). Sébastien Fritsch semble un auteur prometteur à suivre.

27 juillet 2008

44, Scotland Street - Alexander McCall Smith

J'ai acheté ce roman (d'abord publié comme roman-feuilleton dans un quotidien écossais "The Herald") avant de lire la critique chez Amanda (blog disparu). 44, Scotland Street est un livre délicieux (au ton pince-sans-rire), idéal pour les vacances. Alexander McCall Smith précise dans sa préface qu'il s'est inspiré des "chroniques de San Francisco" d'Armistead Maupin. Tout le livre est composé de petits chapitres d'une page et demie ou deux avec un titre. On s'attache immédiatement aux personnages. Pat McGregor, jeune femme de 20 ans (dont le père est psychiatre) commence sa deuxième année sabbatique, après une première année sabbatique catastrophique (en Australie). Elle emménage en colocation avec un jeune homme, Bruce Anderson (dont elle croit tomber amoureuse), dans un grand appartement du 44, Scotland Street à Edimbourg. Dans cet immeuble vivent aussi Irène, Stuart et leur fils Bertie âgé de 5 ans. A cause de sa maman, Irène, qui a sur l'éducation des idées précises mais qui font frémir, Bertie joue du saxophone et apprend l'italien alors que son rêve, à lui, est de jouer au train électrique et au rugby. Il lui arrive quand même de faire les 400 coups dans son école maternelle. Il y a aussi une charmante dame de 60 ans, Domenica McDonald, qui roule dans une belle voiture. Veuve, elle mène une vie de rentière  et a son franc-parler, et elle se trouve être de bon conseil quand Pat vient pleurer chez elle. Bruce, lui, est un jeune homme narcissique, qui n'arrête pas de se regarder dans la glace pour s'admirer et de se mettre du gel capillaire. Il travaille dans une agence immobilière même si cela ne lui plaît pas trop. De son côté, Pat trouve un emploi dans une galerie d'art tenue par un jeune homme, Matthew, absolument ignorant en la matière et qui est un désastre ambulant en affaires (il a connu précédemment des faillites mémorables). Mais Matthew a la chance d'avoir un père homme d'affaires prospère (et qui aide financièrement la galerie). D'autres personnages apparaissent (comme le chien Cyril (qui dégage une odeur forte et qui cligne de l'oeil) et sa dent en or, accompagné de son maître, Angus), des liens se créent, une peinture joue un rôle important. Ces chroniques bénéficient d'un style simple très agréable à lire. J'en recommande vivement la lecture. D'ailleurs, une suite a été publiée (avec les mêmes personnages): Edimbourg Express, que je me suis empressée d'acheter et que je suis en train de lire. Les deux livres sont édités en 10/18.

15 juillet 2008

La maison muette - John Burnside

Ecrit par un écrivain écossais que je ne connaissais pas, je viens de finir La maison muette de John Burnside. Ce livre de 200 pages paru en poche aux éditions Metailié est absolument remarquable. Il raconte une histoire terrible avec un détachement qui m'a captivée et horrifiée en même temps. Dès le début, on connaît l'issue de tout ce que raconte le narrateur, Luke (on n'apprend son prénom que vers la fin du roman). L'histoire est divisée en trois parties: Karen, Lillian et Les jumeaux. Dès la première phrase du livre, Luke dit qu'il va tuer les jumeaux... Ce livre est un récit clinique qui brasse des problématiques de relation mère-fils, père-enfants, et de mort voire de meurtre. L'action se déroule sur au moins 3 ans, et se présente comme une confession. C'est absolument sinistre, des actes épouvantables sont amenés de manière à paraître naturels. Luke est fasciné depuis l'enfance par des expériences sur les êtres vivants. Cela vient peut-être de l'habitude qu'avait sa mère de lui raconter des histoires dont celle d'Akbar le Moghol qui a régné en Inde au 16ème siècle. Entre autre, Akhbar a fait bâtir "La maison muette" où des enfants en très bas âge ont été enfermés avec des serviteurs muets. L'expérience était "L'enfant vient-il au monde avec l'aptitude innée, divine à la parole?". Il s'intéresse d'abord à Karen et à son fils Jérémy. Ensuite, il séduit Lillian, de laquelle naîtront les jumeaux... Luke, socio- ou psychopathe, supprime tout ce qui le contrarie. Tout se passe dans sa maison. Je reste un peu mystérieuse à dessein. Le roman est très bien écrit (et traduit). Le style sans affèterie reflète bien la personnalité de cet homme sans état d'âme qui accomplit des actes odieux sans remord ni conscience. Et à la fin, il n'y a pas de raison que cela s'arrête. Cette histoire m'a fait un peu penser au roman de John Fowles, L'Obsédé (The collector), dont j'ai parlé dans mon billet du 28/02/07  et dont je vous conseille aussi la lecture.

PS: Suite au commentaire de Dominique ci-dessous, voici le lien vers son billet.

3 juillet 2008

L'affaire de Road Hill House - Kate Summerscale

Ce livre, L'affaire de Road Hill House de Kate Summerscale, éditions Christian Bourgois (2008), est le récit d'une affaire judiciaire qui a défrayé la chronique en 1860, en Angleterre dans la région de Bath. Dans une belle demeure bourgeoise, dans la nuit du 29 au 30 juin 1860, Francis Saville Kent, garçonnet plein de vie, est étouffé et poignardé. Son corps sera retrouvé dans la fosse septique (à l'écart de la maison) le lendemain. Sur place, des policiers font les premières constatations puis un détective de Scotland Yard de Londres est mandé sur place. Jonathan Whicher, tel est son nom, est un fin limier et presque une légende. Les premiers romans "de détective" publiés à cette époque (écrits par Wilkie Collins, Charles Dickens ou Mary Elizabeth Braddon) prennent Whicher ou un de ses collègues comme modèle. D'autres livres s'inspirant de l'affaire sont parus en grand nombre. Le livre de Kate Summerscale est une reconstitution précise et très bien documentée de toute l'affaire grâce aux archives judiciaires, journaux, magazines, livres et brochures. Kate Summerscale nous présente les protagonistes principaux qui ont vécu cette tragédie. Il y a le père de la petite victime, Samuel Kent, sous-inspecteur des manufactures, et sa deuxième épouse, Mary, enceinte au moment du drame. Sa première femme, Mary-Ann, morte prématurément, avait souffert de problèmes neurologiques. Cela n'a pas empêché Samuel de lui faire au moins 10 enfants dont seulement quatre ont survécu (trois filles et un garçon), qui vivent tous ensemble dans la demeure de leur père. D'ailleurs Mary, avant de devenir la deuxième Mme Kent, a été plus ou moins la nourrice de deux d'entre eux: Constance et William. A part le petit Francis, Samuel et Mary ont eu quatre autres enfants dont deux nés après l'assassinat. Cette même demeure abrite aussi trois jeunes domestiques. D'autres vivent dans le village voisin. Après un ou deux jours d'enquête, quelques interrogatoires et grâce à une pièce à conviction d'ordre vestimentaire trouvée et disparue ensuite, Whicher a rapidement une intime conviction, comme on dit en français, sur l'identité du ou de la coupable (quelqu'un de la maisonnée) mais il n'a pas de preuves. C'est seulement 5 ans plus tard, en 1865, lorsque l'affaire sera presque oubliée, que la personne coupable fera des aveux, sera condamnée à 20 de prison, finira sa vie en Australie et mourra centenaire (Kate Summerscale laisse planer un doute sur le fait que la personne ait agi seule ou avec quelqu'un qu'elle protège). Le mobile du crime (qui est prémédité) reste un peu flou. C'est vraisemblablement la jalousie au sein de la famille. Je tiens à ne pas tout dévoiler. Je complèterais en disant que Kate Summerscale évoque bien cette époque où la notion de "classe" est essentielle. Elle explique que l'intrusion de policiers dans ces grandes familles bourgeoises était vécue comme une atteinte à leur vie privée. Les policiers n'appartenaient pas au même monde. Elle montre aussi que Samuel Kent n'était pas très aimé par les villageois et les gens des environs de par sa profession d'inspecteur des manufactures. C'était une époque où les enfants travaillaient à l'usine dans des conditions épouvantables, mais le maigre salaire qu'ils rapportaient était nécessaire, et pourtant Samuel Kent en faisait renvoyer quelques-uns pour les sauver au grand dam des familles. Ceci étant, ce meurtre va bien évidemment laisser des séquelles au sein de cette famille qui déménage peu après et part au Pays de Galles. Kate Summerscale nous fait part de ce qui arrive à tous les personnages de l'histoire, détective compris. Elle complète son récit en publiant quelques photos d'époque. La photo de la couverture du livre (prise par l'écrivain) représente, en noir et blanc, la demeure de Road Hill, aujourd'hui. A mon avis, ce récit présente davantage d'intérêt qu'un roman policier classique.

PS: j'ai été très touchée de découvrir que M. Claude Le Nocher, qui reprend régulièrement certains de mes billets "polars" ou "suspense" dans une rubrique de son blog, a, cette fois-ci, rédigé une gentille introduction avant de publier intégralement mon billet.

25 juin 2008

2 "thrillers" religieux

Voici un billet qui porte sur deux romans à suspense qui se lisent facilement. C'est bien fait, les intrigues sont menées habilement et tambour battant. Je me dis que certains écrivains ont une imagination débordante mais pourquoi pas? Et ces deux romans sont nettement supérieurs (selon moi) à Da Vinci Code de Dan Brown (que j'ai détesté).

Le troisième secret de Steve Berry. Il s'agit du troisième secret de Fatima au Portugal en 1917. Il a été révélé sous le pontificat de Jean-Paul II. Dans le roman, un nouveau pape Clément (beaucoup inspiré par Benoît XVI) règne sur le Vatican. Un cardinal italien, Valendrea, qui aimerait bien prendre la place de ce nouveau pape, sait que ce 3ème secret n'a pas été dévoilé dans son intégralité. Ce message avait mis par écrit par la jeune portugaise pendant les apparitions de la Vierge Marie. Ce bout du troisième secret peut ébranler les fondements du catholicisme. Valendrea fait éliminer un vieux prêtre qui avait traduit l'intégralité du message du portugais en italien. Heureusement qu'un ami du pape en place, Michener, arrivera à se mettre en travers de la route de Valendrea. Le roman se termine avec un point d'interrogation (optimiste?) sur l'avenir de l'église puisque le secret (avec un nouveau pape) peut tout chambouler, mais ceci (pour l'instant) est de la science-fiction.

Dans Le dernier templier de Raymond Khoury, tout commence à New York lors de l'inauguration d'une exposition d'objets rares venus du Vatican. 4 hommes à cheval, déguisés en templiers, sèment la terreur (ils décapitent un garde) et s'emparent de divers objets de grande valeur, dont un "encodeur à rotors" (objet important pour la suite de l'histoire). Une jeune chercheuse assiste à la scène et découvre assez vite qui est l'instigateur de ce hold-up, un certain Vance. En parallèle, un envoyé du Vatican, De Angelis, suit aussi de près l'enquête. On se rend compte assez vite que c'est un homme dangereux et sans scrupule qui ne veut absolument pas qu'un secret découvert par les Templiers en 1291 et coulé au fond de l'eau au large de la Méditerranée refasse surface. Il en va de la survie de la chrétienté toute entière. La solution de l'énigme ne m'a pas choquée plus que cela. Et cela aurait été intéressant de voir la suite des événements si....

Ces deux romans se lisent donc dans le train, sur la plage, en pensant à autre chose. Ils sont distrayants dans leur genre. A vous de juger.

21 juin 2008

Le Montespan - Jean Teulé

Responsable de la bibliothèque loisirs de la société où je travaille, j'ai acheté parmi d'autres Le Montespan de Jean Teulé. Après Je, François Villon et Oh Verlaine, cette biographie romancée met en lumière un homme peu connu. Une fois de plus, c'est une lecture très agréable, mais qui laisse un sentiment de tristesse et de vies gâchées quand on l'a finie. Jean Teulé profite de ce récit romanesque pour nous brosser un portrait peu ragoûtant des moeurs de la Cour et du Paris de cette époque sur les très mauvaises odeurs, le manque d'hygiène, la saleté (le roi ne se lavait jamais), des dents gâtées et pourries, des excréments, etc. Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, Marquis de Montespan, gascon au sang chaud, a eu la très mauvaise idée (pour l'époque) d'être amoureux de sa femme et de le rester jusqu'au bout. Françoise de Rochechouart de Mortemart et Louis-Henri se rencontrent le 21 janvier 1663 dans un tribunal au Châtelet. L'un vient de perdre son frère, exécuté suite à un duel, et l'autre devait épouser un homme en fuite (s'il revient en France, il sera lui aussi exécuté). C'est le coup de foudre (pour lui tout au moins). Le 28 janvier 1663, ils se marient. Ils ont 22 ans tous les deux. Deux enfants, quatre années et des milliers de livres de dettes plus tard, Françoise devient demoiselle d'honneur de la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, et puis la maîtresse du roi. Elle a été attirée et éblouie par les fastes de la cour. En effet, cela la change de ce qu'elle a connu avec son mari, car Louis-Henri, lui, n'est pas riche, et, de par son statut de noble, n'a pas le droit de travailler. Il a même fait des emprunts auprès de sa famille qu'il ne peut pas rembourser. Sa seule opportunité est de faire la guerre et de se montrer brave pour se faire remarquer par le roi. Les deux tentatives (en Lorraine et en Méditerranée) sont des échecs. C'est d'ailleurs à son retour de sa deuxième campagne qui s'est soldée par un naufrage, qu'il apprendra son infortune. Françoise qui se fait appeler Athénaïs restera à Versailles plus de 15 ans où elle donnera au roi au moins 9 enfants, tous plus débiles (au sens de faibles), contrefaits et tarés mentalement les uns que les autres, mais ils seront tous légitimés. En dehors d'un appartement à Paris, rue Saint-Benoît, Louis-Henri possède le château de Bonnefont qui tombe en ruines dans la région de Guyenne. C'est là qu'il se retire avec ses deux enfants, Marie-Christine et Louis-Antoine, en ayant appris son infortune. D'ailleurs, Marie-Christine mourra à 11 ans (elle semble être morte de chagrin de ne pas avoir revu sa mère). Et pourtant, être le mari d'une maîtresse royale aurait pu lui apporter la fortune. Que nenni! Bien au contraire, Louis-Henri refuse toutes les faveurs de l'homme qui lui a pris sa femme. Il ajoute à ses armoiries des cornes de cocu. Au cours d'une cérémonie funèbre, il enterre son amour, "1663-1667", dans un cercueil vide. Après le refus sur ses promesses de fortune, le roi est incommodé par l'attitude du bouillant marquis et il le menace de prison comme Nicolas Fouquet. Rien n'y fait. Un temps, le marquis s'exilera avec son fils à la cour du roi d'Espagne, ennemi du roi de France. Les années passent, Louis-Henri reste fidèle à sa femme et quand il écrit à sa femme ou à d'autres personnes, il ajoute cette phrase superbe après sa signature "Epoux séparé, quoique inséparable". En revanche il est dégoûté par l'attitude de son fils Louis-Antoine qui, en grandissant, devient un être antipathique au possible, méprisant son père. Ce Louis-Antoine devient Marquis d'Antin et le roi Louis lui donnera la chaussée à Paris qui porte son nom. Louis-Henri mourra à 51 ans en 1691 sans avoir voulu revoir sa femme, non pas pour la punir, mais parce qu'il ne voulait pas qu'elle le voit malade. Françoise lui survivra 16 ans, exilée au couvent après sa disgrâce. Elle mourut en 1707 et ses entrailles ont été la proie des chiens. Je finirai en disant qu'après avoir lu Jean Teulé, on a l'impression que vivre à la Cour au temps des rois de France n'était pas une sinécure.

17 juin 2008

Sator (L'énigme du carré magique) - Alain Le Ninèze

Acheté par hasard (le titre m'a intrigué), Sator (l'énigme du carré magique) d'Alain Le Ninèze, publié aux Editions Actes Sud, est un roman historique passionnant de 220 pages que j'ai lu en quelques heures. Lucius Albinus, procurateur de Judée depuis 62 après JC, reçoit de son oncle Publius Balbus Bison, qui vit à Rome, une missive lui demandant de résoudre une énigme car sa vie est en jeu. Nous sommes sous le règne de Néron et de sa femme Poppée. Les chrétiens sont poursuivis et massacrés. Publius, de vieille noblesse romaine, s'est converti depuis peu. Sur dénonciation, sa demeure est fouillée par les soldats, qui trouvent un pictogramme que Publius a recopié après l'avoir vu à Pompéi. Ce carré magique (un des signes de reconnaissance pour les chrétiens) est le suivant:

S A T O R
A R E P O
T E N E T
O P E R A
R O T A S

Ce sont des mots latins qui se lisent de gauche à droite et de droite à gauche (sauf un). La première traduction qu'en fait Lucius est: Le semeur (Dieu) dirige les oeuvres (des hommes) et les rouages (de l'univers). Mais cette traduction est appromixative et ne satisfait pas Poppée qui se fait protectrice temporaire de Lucius (elle a de la sympathie pour ce qui vient de l'Orient en général et de la Judée en particulier). Le terme AREPO n'existant pas en latin, il n'est pas traduit; c'est pourquoi une partie du roman consiste justement à savoir ce que veut dire ce mot mystérieux, et comment il s'intègre dans la phrase. Les deux récits en décalé de Lucius et de Publius se passent entre 64 et 69. Lucius (démissionnaire de son poste en 67) va mener son enquête, et rencontrer les derniers témoins survivants qui ont assisté à l'arrestation, au jugement, à la mise à mort et à la résurrection du Christ. A Rome, Publius, devant les exactions de l'empereur fou, va comploter avec d'autres pour l'assassinat de Néron (qui va se consoler de la mort de Poppée avec Messaline). Il essaiera même de rencontrer Paul (enchaîné en prison) et Simon Pierre pour l'aider dans son entreprise. Et l'énigme du carré magique, me direz-vous? Une solution nous est dévoilée (pour le mot AREPO) qui est plausible. En annexe de l'ouvrage, il y a des documents photographiques montrant diverses versions du cryptogramme depuis celle du 1er siècle à Pompéi. En effet, selon la 4ème de couverture: "le cryptogramme évoqué dans le manuscrit d'Albinus a été exhumé des ruines de Pompei en 1936 et daté de 62 après JC. Connu depuis l'Antiquité par des inscriptions plus tardives découvertes en divers lieux du monde chrétien, ce mystérieux carré de lettres appelé "carré Sator", n'a jamais pu être déchiffré."

5 juin 2008

Dans la main du Diable - Anne-Marie Garat

Grâce à Rosa (je la remercie) qui m'a fait parvenir Dans la main du Diable d'Anne-Marie Garat, je viens de passer quelques jours, dont le dernier week-end, immergée dans ce gros pavé de 1287 pages édité aux éditions de poche Babel / Actes Sud. A Paris, Gabrielle Demachy et sa tante Agota Kertész (d'origine hongroise toute les deux) viennent d'apprendre par le Ministère de la Guerre, en ce mois de septembre 1913, qu'Endre Luckàcz, cousin de l'une et fils de l'autre, est décédé en Birmanie. Une malle avec les affaires du jeune homme va leur être restituée. Chimiste de formation, Endre était parti en 1908 et n'avait jamais donné de nouvelles depuis. Comme Gabrielle veut en savoir plus sur la mort de ce cousin qu'elle aimait, et grâce à une information donnée par un certain Michel Terrier qui travaille au ministère, elle va devenir la gouvernante d'une petite Camille (Millie) de Galay, dont le père Pierre, spécialiste en maladies infectieuses, est celui qui a assisté à la mort d'Endre, et a pu récupérer un cahier d'une vingtaine de pages rédigées par Endre en hongrois, porteur d'un terrible secret. Gabrielle est une jeune femme déterminée d'une vingtaine d'années, jolie, intelligente et qui a appris à jouer du piano grâce à une amie polonaise, Dora Gombrowicz. Cette dernière est un personnage important du roman qui se déroule jusqu'en août 1914, au moment de la mobilisation générale. En effet, Dora se trouve avoir en sa possession deux ampoules dont le contenu peut anéantir une partie de la population parisienne. Quand Gabrielle commence son service, la famille de Galay nous est présentée: Mathilde née Bertin, la mère, dirige d'une main de fer à Paris la fabrique de biscuits Bertin-Galay, héritée de son père. Elle sait même s'adapter (grâce à un adjoint efficace) aux revendications de ses employées qui décide la grève. Le mari de Mathilde, Henri, est pratiquement toujours parti de par le monde en quête d'objets exotiques. Mathilde a quatre enfants dont elle ne s'est pas beaucoup occupée: Pierre (que j'ai déjà mentionné); Daniel, réalisateur de films muets qui partira aux Etats-Unis; Blanche, femme au foyer et mère possessive d'un garçon nommé Didier; et enfin Sophie, la petite dernière, enfant non désirée, et déjà mère, elle-même, de 3 enfants (elle en attend un 4ème) et dont le mari, Charles, notaire de son état, la trompe outrageusement tout en profitant de sa dot. Elle saura se venger à sa manière. Cette grande famille bourgeoise a une nombreuse domesticité dans la demeure du Mesnil à 20 km à l'ouest de Paris. De plus, Mathilde possède un grand appartement à la Chaussée d'Antin. Au fil de ce long roman qui prend son temps mais où je ne me suis pas ennuyée une seconde (il y a suffisamment de rebondissements pour que j'ai eu envie de continuer), Gabrielle croise le chemin d'un anarchiste Marcus, de Clarisse Zepwiller et de son frère Jean (compagnon de route d'Endre), d'un commissaire à la belle moustache, dénommé Louvain. On n'entend pas trop les rumeurs de la guerre prochaine, mais on a une évocation fouillée de cette période d'insouciance avant cette terrible guerre, dont l'Affaire Caillaux, les recherches à l'Institut Pasteur, la valse des ministères, Jaurès. On suit au jour le jour la vie de ces quelques personnes dont j'ai presque pensé qu'elles avaient véritablement existé. A part une incursion à Venise où Gabrielle va mettre sa vie en danger, tout le roman se passe à Paris et dans sa banlieue. Un journaliste nommé Max Jamais, du journal "Le Temps", portera à la connaissance du grand public le secret d'Endre. Le style de Garat est uni et fluide. C'est un très bon roman bien structuré. Elle ne perd jamais le fil, il n'y a pas de digression. Il ne faut surtout pas se décourager devant autant de pages écrites serrées. Cela en vaut vraiment la peine. Une suite qui se passe 20 ans après vient de paraître avec Camille (Millie) Galay comme personnage principal. Je le lirai certainement mais il faut que je me remette de celui-ci.

PS: pour celle ou celui qui serait intéressé(e) que je lui envoie ce livre (afin qu'elle ou il le lise), comme Rosa l'a fait pour moi, j'en serais ravie. Il suffit de me le faire savoir.

31 mai 2008

La maison de la mosquée - Kader Abdolah

Publié chez Gallimard dans la collection "Du monde entier", La maison de la Mosquée a été écrit en néerlandais (sa langue d'adoption) par un Iranien qui a fui le régime des mollah. D'après la 4ème de couverture, Kader Abdolah est physicien de formation, a écrit deux romans en persan et a travaillé dans un journal d'opposition en Iran avant d'obtenir l'asile politique aux Pays-Bas. Pour résumer, l’histoire m’a, en partie, fait penser à Persépolis de Marjane Satrapi [mes billets des 01/07/2007 et 04/09/2007] dans le fait que l’auteur montre que la vie sous le Shah n’était pas facile, mais qu’avec l’arrivée d'un Ayatollah bien connu, ce fut pire. Là s'arrête la comparaison. Le roman se passe dans les années 70 jusqu'à nos jours. Avec La Maison de la Mosquée, on fait la connaissance de plusieurs familles apparentées, qui vivent depuis des siècles dans une maison attenante à la mosquée. Nous avons Aga Djan, fabricant et négociant de tapis qui possède le plus ancien magasin de la ville et chef du bazar de la ville de Sénédjan. C'est un homme sage et bon. Nous apprenons qu'un des cousins d'Aga Djan est l'Imam de la Mosquée, descendant du prophète Mahomet (Il meurt rapidement après le début du roman). Les Imams le sont de père en fils. Enfin, il y a le muezzin dont le fils Shahbal jouera un rôle important dans les événements qui ont bouleversé le pays. Plus tard, en exil (double de l'écrivain?), c'est Shahbal qui raconte l'histoire de la mosquée. Même en retrait, les femmes sont présentes dont deux grands-mères qui feront leur pélerinage à la Mecque mais n'en reviendront pas. Les changements politiques et religieux de l'Iran pendant cette trentaine d'années sont perçus à travers le prisme de la vie quotidienne de cette grande maisonnée (35 pièces). La Mosquée est le lieu de réunion, de ralliement de toute la ville. Un iman venu d'ailleurs va semer le trouble et la violence. Il se marie avec Sediq, une des filles de la maisonnée. Le frère d'Aga Dja, Nosrat, photographe, se retrouve à cotoyer de très près l'ayatollah Khomeiny et son épouse. De par ce côté chronique, on s'attache aux personnages qui ont, pour certains, une destinée tragique mais le roman se termine dans un certain apaisement. Le texte est ponctué de temps en temps par des extraits de sourates du Coran. On sent que l'écrivain est très "de parti pris" contre les mollah et le fondamentalisme religieux qui sévit désormais dans son pays natal. Dans l'épigraphe du livre, l'écrivain dédie le roman à Aga Djan (peut-être est-ce une personne réelle?). Lecture très agréable que je ne peux que conseiller.

27 mai 2008

Le violon du diable - Lincoln Child & Douglas Preston

Lincoln Child et Douglas Preston sont deux auteurs américains qui écrivent en solo (par exemple, Le codex pour Douglas Preston et Deep Storm [sic, pour la traduction française] pour Lincoln Child). En France et ailleurs, ils connaissent le succès et la notoriété en écrivant à quatre mains et ce pour notre plus grand plaisir. Quand vous prenez Le violon du diable (deuxième livre d'eux que je lis, après La chambre des curiosités), vous ne le lâchez plus. Et pourtant, il fait presque 700 pages en édition de poche J'ai lu. Dans la banlieue de New York, un homme, critique d'art, est retrouvé par sa femme de ménage. Son corps s'est carbonisé de l'intérieur. La veille, il avait invité 4 personnes mais il semblait inquiet. Le FBI, en la personne d'Aloysius Pendergast, homme érudit et mystérieux (déjà présent dans La Chambre des curiosités, puis que l'on retrouve dans au moins 4 autres romans du duo), mène l'enquête avec un policier appelé Vincent d'Agosta. Celui-ci est redevenu sergent suite à une sombre histoire, après avoir été inspecteur. L'enquête les mènera jusqu'à Florence après que deux autres personnes aient été assassinées de la même effroyable manière. Un violon surnommé "Stormcloud" fabriqué par Stradivarius et un soi-disant pacte avec le diable sont les motifs de ces morts suspectes. Mais je dirais que Satan n'a rien à voir dans l'histoire, et un humain du 21ème siècle est le seul responsable. Même si on peut deviner assez vite qui est le "méchant", cela n'empêche qu'il faut attendre les 60 dernières pages pour que les pièces du puzzle se mettent en place et que l'on ait les dessous de l'intrigue. A la fin, on craint pour la vie de Pendergast, mais pas d'inquiétude, puisque d'autres aventures l'attendent.

21 mai 2008

Deux romans policiers français

Grâce à mon ami, j'ai fait l'acquisition de quelques romans policiers que j'ai décidé de chroniquer suite aux billets publiés sur le site de Claude le Nocher. Je trouve intéressant d'évoquer des auteurs français de polar peu connus du grand public. Tous ces romans en format de poche ne dépassent pas 9 euros. Voici les deux premiers publiés aux Editions Kraoken (http://www.krakoen.com).

Vice repetita d'Hervé Sard est un roman qui se lit très vite. Le roman commence et se termine en 2050. Un crime horrible est commis en 2004 dans la Forêt de la Vallée de chevreuse. On ne fait la connaissance du vrai meurtrier (qui écrira une confession sur son lit de mort) que 46 plus tard. Cet assassin a commis le crime parfait puisque c'est un faux coupable qui paie (lourdement) à sa place. La psychologie des personnages est un peu sommaire et l'intrigue se résoud grâce aux analyses ADN qui donnent des résultats (mais les apparences sont parfois trompeuses). Petit indice: il y a un troisième homme. Roman qui sans être inoubliable est d'une lecture agréable avec des petits chapitres. Cela m'a donné envie de lire le deuxième roman d'Hervé Sard, Mat à mort (également aux Editions Krakoen), très bien aussi.

Dans Les vieilles décences de Max Obione, Maurice Cintray (Mau ou le Mat) et Raymond Japhet (Raja), respectivement inspecteur et juge, tous les deux à la retraite, partent en Beauce dans la voiture de Maurice, une magnifique Panhard, afin de s'adonner au plaisir de la pêche. En guise de poisson, c'est un macchabée plus très frais que Maurice attrape. La victime a été égorgée. L'identité du mort est révélée grâce à un article de journal qui ne parle que d'une simple noyade par hydrocution. D'ailleurs, le pauvre journaliste qui a rédigé l'article ne fait pas de vieux os, il est renversé "accidentellement" par une voiture, à moins qu'il ne se soit suicidé? Mau et Raja mènent l'enquête et font justice eux-mêmes grâce à des méthodes peu orthodoxes mais qui donnent des résultats qui font du bruit. Des notables céréaliers, des gradés de la maréchaussée et même un instituteur écolo sont impliqués dans cette sombre affaire où les OGM jouent un rôle essentiel. Ce roman très bien structuré est agréable à lire grâce à un style enlevé et quelques expressions savoureuses. On retrouve les deux compères dans un autre roman, Le jeu du lézard.

17 mai 2008

L'étrange disparition d'Esme Lennox - Maggie O'Farrell

J'ai acheté par hasard ce roman, attirée par la couverture qui représente un beau portrait de femme prise au niveau du buste. Elle se tient les yeux baissés. L'Etrange disparition d'Esme Lennox est le 4ème roman de Maggie O'Farrell (publié aux éditions Belfond), mais c'est le premier que je lis de cette femme écrivain irlandaise. J'ai été touchée par cette histoire d'Esme (Euphemia) Lennox, enfermée plus de 60 ans dans un asile psychiatrique, à partir de l'âge de 16 ans, par ses parents qui n'ont pas supporté son comportement hystérique (suite à un traumatisme ignoré des siens). Ils ont considéré qu'elle avait un comportement qui ne sied pas à une jeune fille. La structure de l'histoire est éclatée entre des bribes du récit qui se passe pendant l'enfance d'Esme et de sa soeur Kitty, en Inde puis en Ecosse, jusqu'au moment du drame qui aboutira à l'enfermement d'Esme, et le noyau du texte qui se passe de nos jours, au moment où Esme va enfin sortir de cet asile fermant pour raison administrative. C'est une parente qui va la prendre en charge temporairement. Il s'agit d'Iris, sa petite-nièce. Iris ignorait jusqu'à l'existence de cette grande-tante. Elle-même connaît des problèmes sentimentaux, tiraillée entre Alex, son frère d'adoption, et Luke, un homme marié. Esme, de son côté, malgré tout ce qu'elle a subi, semble avoir toute sa tête, et des souvenirs remontent à la surface. C'est loin d'être le cas de Kitty qui souffre de la maladie d'Alzheimer et finit ses jours dans une institution spécialisée. C'est là que se jouera le drame final qui clôt ce beau roman que je recommande.

1 mai 2008

Blake et Mortimer - Edgar P. Jacobs

A l'occasion de la sortie du 18ème album de Blake et Mortimer, Le sanctuaire du Gondwana d'après les personnages créés par le Belge (comme Hergé) Edgar P. Jacobs, dessiné et scénarisé pour la 4ème fois par l'équipe Juilliard / Sente (moyen, moyen), je voudrais évoquer les albums écrits et dessinés par E. P. Jacobs lui-même. C'était quand même autre chose comme scénarii, dessins, couleurs. Quand j'avais refermé le livre, je me disais, "heureusement que ce n'est que de la fiction". En effet, à la fin de chaque album, on avait assisté à une sorte d'apocalypse qui provoquait des pertes de milliers voire des millions de personnes et des villes comme Paris ou Pékin étaient rayées de la carte. Blake et Mortimer sont deux britanniques "très british", Francis Blake est anglais et capitaine dans l'aviation, Philip Mortimer, d'origine écossaise, est un scientifique. Ils sont entraînés dans des histoires où l'ordre et la sécurité du monde sont souvent en danger et à chaque fois, ils se retrouvent confrontés  avec un adversaire de taille très intelligent, prêt à tout pour devenir le maître du monde, j'ai nommé Olrik (on ne connaît pas son prénom), le méchant qui d'un album à l'autre s'en sort plus ou moins bien. On le croit mort ou disparu à jamais à la fin de chaque aventure, et bien pas du tout. J'ai découvert Blake et Mortimer très tard mais je ne le regrette pas. Mes albums préférés sont Le secret de la Grande Pyramide, La Marque jaune et le Piège diabolique. Tous les albums d'Edgar P. Jacobs, réédités régulièrement, sont a priori disponibles (sauf Le Rayon U?). D'abord parus aux éditions du Lombard puis chez Dargaud, ils sont maintenant publiés par les éditions Blake et Mortimer.

<< < 10 20 30 40 41 42 43 44 45 > >>
Le blog de Dasola
  • CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR. Critiques et opinions sur films, livres et spectacles. [Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (216 commentaires, du 17/01/07 au 30/04/24)].
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
83 abonnés
Liens (en cours de mise à jour)

** INDEX AUTEURS (LITTÉRATURE), FILMS & REALISATEURS (CINÉMA) **

*** CHALLENGES DE L'ANNEE EN COURS ***


** LE SITE DU STATISTICIEN **


*** LIENS ***
(BLOGUEURS COMMENTANT SOUVENT LE MIEN)

  • = Dix blogueuses et blogueurs ayant fait au moins 500 commentaires chez dasola se présentent =
  • On crée un lien lorsqu'un blogueur a commenté au moins cinq billets en venant à (au moins) deux dates différentes sur ce blog. 
  • Une adresse de mail (xxx@yyy.fr ou com...) [non publiée!] est exigée par Canalblog pour enregistrer votre commentaire. 
  • Vous ne voyez pas tout de suite apparaître votre commentaire, car je dois d'abord le valider (cela peut prendre quelques heures)
CINÉMA (22 blogs en activité)

DIVERS - CULTURE (57 blogs en activité)

LIVRES (70 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 2710 billets (au 03/05/24), dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 33 212 commentaires (au 03/05/24 [+ 4 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 261 dasola] par au moins 1276 personnes, dont 107 (re)venues en 2024
  • 408 blogueurs [dont 157 actifs en 2024] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1211 (au 28/04/2024) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 77 au 07/03/2024 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 146 par DocBird (du 15/07/22 au 14/07/23)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 143 par Manou en 2023
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
Pages