Miracle sur la 34e rue - George Seaton
Voici un vieux film "de saison" trouvé en DVD d'occasion. Oui, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) ne pratique pas seulement la chine pour les vieux bouquins, j'écume aussi les bacs afin d'avoir deux ou trois films d'occasion pour le prix d'un DVD ou blue-ray neuf...
Miracle sur la 34e rue (Miracle on 34th Street), George Seaton (20th Century Fox)
Une grande parade américaine est en train de se mettre en place. Nous sommes à New-York. Soudain, un barbu surgit dans le paysage. Le bel ordonnancement prévu est bouleversé. Une jeune femme se trouve aux manettes, avec autorité et efficacité, puisqu'il s'avère qu'elle sait garder la tête froide et faire les bons choix...
Sortie en 1947 aux Etats-Unis et en 1948 en France, cette comédie en noir et blanc oscille entre le côté conte et le versant réalisme. L'héroïne adulte est une executive woman qui assume d'être chef de famille et de gagner (sans doute confortablement) sa vie. Elle est maman (solo? Veuve de guerre? Cela n'est jamais explicité, mais je dirais que c'est plausible dans le contexte de l'époque) d'une charmante gamine (Susan). Nathalie Wood, à 9 ans, est mignonne comme un coeur et joue sans affectation (elle est proche de leur charmant voisin - qui avouera l'utiliser comme cheval de Troie pour "envahir" sa mère).
Alors, ce "miracle", me direz-vous? Hé bien, la maman travaille pour une chaîne de grands magasins (Macy's), et plus particulièrement pour le Macy's de Brodway (situé sur la 34e rue). C'est dans ce cadre qu'elle organisait la parade, à la suite de laquelle elle a recruté, pour jouer le personnage du Père Noël avec lequel les enfants sont photographiés à la chaîne, le sympathique barbu découvert à la parade. Et celui-ci fait plus que charmer sa clientèle, il révolutionne les us et coutumes commerciaux de la chaîne de magasin qui l'a embauché. Intolérable, n'est-ce pas? Nous sommes en Amérique: tout cela finit par un bon procès! Et tout est bien qui finit bien: l'avocat n'est autre que l'amoureux de la reine du marketing...
Maintenant, je vous avoue avoir vu ce film d'un oeil suspicieux et en croyant même y percevoir quelques idées délicieusement subversives:
* le capitalisme réalise de meilleures affaires par la collaboration et l'émulation que par la concurrence et l'affrontement, nous démontre-t-on.
* le psy [-chologue/-chiatre/-chanalyste] au service de l'entreprise (chargé d'évaluer les conditions de travail et la santé mentale des salariés) s'avère être un charlatan, un menteur et un malfaisant (dans le désordre, bien sûr).
* il revient au tribunal de trancher souverainement une contestation sur l'existence ou la non-existence d'une... figure "incontestable".
Je n'ai pu m'empêcher d'y voir remis en cause le libéralisme économique et la loi du marché, la mode de la psychanalyse et ses abus dans l'"american way of life", le "in god we trust", et même les procès pour un oui ou pour un non où l'emporte l'avocat le plus malin (et pas forcément la loi, l'intérêt général, le droit ni le plaignant ou le défendeur ayant raison ou tort [dans le désordre, toujours, hein!]).
Mais que peuvent en penser d'autres spectateurs que moi? Faut-il croire que, dans cette Amérique de l'après-guerre, le public américain était trop naïf pour ne pas voir ce même côté "contestataire" (pour être gentil) que j'ai cru y détecter?
Si vous voulez vous en faire votre propre idée, je vous invite à le visionner lorsque vous en trouverez l'occasion!
Ideyvonne avait publié une belle galerie de photos concernant ce film, neuf ans avant mon propre billet!