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Le blog de Dasola
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billet de ta d loi du cine
3 décembre 2023

Sommes-nous ce que nous lisons? - George Orwell

Quelques mots sur un opuscule que j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) acheté hier samedi 2 décembre. Passant dans une librairie de quartier chercher l'ouvrage que j'avais commandé, j'ai regardé le petit "tourniquet" posé sur le comptoir, et ai été attiré par l'auteur (George Orwell) et le titre (Sommes-nous ce que nous lisons?). Ensuite, j'ai regardé le prix: 3 euros (équivalent à trois baguettes, à peine plus cher qu'un café en terrasse à Paris...). Alors bien sûr, pour ce prix-là, je n'ai qu'une cinquantaine de pages en petit format d'un livre neuf, alors que j'aurais pu avoir un ou plusieurs bouquins d'occasion, pour plusieurs centaines de pages, avec le même investissement financier... Disons que je me suis fait plaisir par curiosité, voilà!

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George Orwell, Sommes-nous ce que nous lisons?, 1001 nuits, La petite collection, 2022, 53 pages

Comme le dit la 4e de couv', "ce recueil inédit présente [la traduction de] quatre textes sur le livre et la lecture", publiés dans The Fortnightly Review  en 1936 pour l'un, en 1945-46 dans Tribune pour les trois autres. 

* Souvenirs de librairie (p.7-17): ces dix pages [nous] rappellent qu'Orwell a brièvement travaillé en librairie dans les années 1930. L'article présente quelques "types" de clients de bouquinerie (ceux qui essayent de refiler de vieux "rossignols", ceux qui demandent de leur mettre de côté des livres qu'ils ne reviennent jamais prendre...), les "produits" annexes vendus par celle-ci (machines à écrire de seconde main, timbres de collection...), et Orwell explique pour finir qu'avoir travaillé dans cette boutique lui a fait perdre le plaisir du contact avec le livre d'occasion... sauf pour "des ouvrages qu'il a[vait] très envie de lire et [qu'il ne pouvait] pas emprunter". J'y ai appris que "la coutume veut qu'il fasse un froid terrible en hiver dans les librairies, car sinon les vitres se couvriraient de buée, or un libraire vit de ses vitrines."

* Confessions d'un critique littéraire (p.21-28): selon les quelques lignes biographiques en fin d'ouvrage, Orwell a rédigé quelque 700 articles de critiques (livres, pièces et films). Ici, il nous raconte drôlement la procrastination du "pisse-copie" professionnel face à une commande d'un article de 800 mots à propos d'un envoi de cinq livres bien différents... jusqu'au moment où "il s'y met" et rédige dans les délais l'article attendu... cependant que l'envoi suivant est déjà arrivé. Je relève qu'il nous explique qu'un critique professionnel chronique au moins une centaine de livres par an. Mais là-dessus, le nombre de ceux qu'il aimerait réellement critiquer s'il avait le choix, se monte à quelques-uns par an... "Pour le reste, l'essence de son travail, malgré toute sa diligence à vanter aussi bien qu'à condamner, consiste à brasser du vent. Il jette son âme à l'égout, petit morceau par petit morceau". Et il avait presque eu la prémonition des efforts de la blogoboule en disant "qu'une bonne partie de la critique, notamment celle des romans, pourrait échoir à des amateurs"...

* Les bons mauvais livres (p.31-38): l'article commence en évoquant la préface commandée pour une réédition d'un roman de Leonard Merrick, par une maison qui souhaitait rééditer des romans mineurs ou oubliés du XXe siècle. À partir de là, Orwell balaye la littérature anglaise pour y repêcher des ouvrages "sans prétention [littéraire]", mais qui, par ce fait même, sont capables de survivre aux modes... et de rester lisibles, les décennies passant. Une vingtaine d'écrivains et davantage d'ouvrages, que, pour ma part, j'ignore (et dont je n'ai pas même vérifié s'ils ont jamais été traduits en français...).

* Des livres ou des cigarettes (p.41-49): intéressantes considérations budgétaires où Orwell évalue la valeur de sa bibliothèque de l'époque, soit 900 livres, pour une valeur de 165 £ et 15 shillings. Ceux-ci ayant été accumulés en une quinzaine d'années, il en conclut que son budget "lecture" est d'environ 25 £ par an, alors qu'il en dépense 40 en cigarettes, voire plusieurs dizaines de £ en bière... Il en tire la conclusion que la lecture est l'un des loisirs les moins onéreux, "probablement LE moins cher après l'écoute de la radio" (il ne connaissait pas la TV ni internet). 

Un petit ouvrage à lire et à faire lire, vu* l'autorité de son auteur... 

* Et non "vue", merci Audrey (commentaire ci-dessous)...

20232-300x300_2023seraClassiquePS: j'avais oublié de préciser que ce recueil de textes anciens peut donc être répertorié dans le challenge "2023 sera classique" de Nathalie et Blandine!

21 novembre 2023

Terminus Malaussène / Le cas Malaussène: I Ils m'ont menti - Daniel Pennac

J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) enfin lu (il y a déjà quelques semaines) le dernier livre de Daniel Pennac paru (il y a déjà près d'un an), il faut aussi que je le chronique avant qu'il publie un nouvel ouvrage!

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Le cas Malaussène - I Ils m'ont menti (roman), Gallimard, 2017, 308 pages
Terminus Malaussène (roman), Gallimard, 2023 (DL déc. 2022), 440 pages

Terminus_MalausseneÇa valait le temps d'attendre. J'avais le souvenir de m'être beaucoup ennuyé en lisant le début du volume titré Le cas Malaussène: I Ils m'ont menti, trop complexe et lent à démarrer (mais ma mémoire est-elle bonne?), le tome 1 du diptyque, paru en 2017. Dans Terminus Malaussène (qui n'affiche pas "tome 2" ni ne fait référence au Cas Malaussène sur la couverture?), le récit est bien plus linéaire, et j'y ai retrouvé la verve pennacienne de la saga. Bien entendu, le titre est intriguant: doit-il clore la série? Est-ce une référence à [la BD] Valérian? Une rencontre avec Dieu le Père pour notre personnage principal?

Benjamin Malaussène a, antérieurement à ce volume, déjà tout été: mort puis ressuscité (dans le même ouvrage, pas dans deux différents comme le Sherlock Holmes de Conan Doyle), papa par les voies naturelles d'un gamin qui bénéficie de deux mamans, frère de famille d'une tribu de six autres frères et soeurs, ami avec beaucoup de monde, bouc émissaire et innocent professionnel... p.233: "Non, Benjamin, tu n'es plus le jeune homme versatile qui pouvait changer de boulot en changeant d'humeur. Depuis quelques décennies tu es un être social, chef de famille, fidèle à tous tes postes. Comment tournerait la machine si les types comme toi se contentaient de changer de plumard?". Mais est-ce que Malaussène, c'est bien lui?

Sans vous déflorer votre propre plaisir, je confirme que j'ai tourné une page après l'autre pour "connaître la suite". Ce polar et son côté systématique m'ont quelque peu fait songer à la Trilogie des ombres de Ghislain Gilberti, mais en moins beaucoup moins trash tout de même (nous sommes chez Pennac). La cerise sur le gratin (dauphinois), l'identité de l'antagoniste principal, j'avoue que je l'ai vue venir d'assez loin. Mais bon, je considère que ça fait partie du plaisir de lecture que de se dire "tiens, je ne suis pas encore trop idiot, j'avais réussi à discerner où il nous emmenait...".  

Relevons une petite diatribe amusante sur un certain secteur professionnel: "Je vous le dis solennellement, si vous tenez à votre santé mentale, ne fréquentez pas d'éditeurs" (p.162) en précisant qu'il est aussi question, dans Terminus..., du tome deux d'un diptyque. Inspiration du vécu et mise en abyme profonde?

Et maintenant, y aura-t-il encore un tome? La fin est ouverte...

Y a pas, il faut maintenant que je relise le précédent. Vivement le prochain confinement, qui me redonne plein de temps pour bouquiner (le seul truc qui m'a manqué, en 2020, c'était un revenu - je dis bien, certainement pas un "emploi", mais bien un revenu...). 

(interlude)

LeCasMalausseneJ'ai effectivement pris quelques jours supplémentaires pour relire le volume précédent avant de publier le présent billet (que dasola, de son côté, avait chroniqué en 2017). Dans Le cas Malaussène (et son titre à rallonge), ça part bien un peu dans tous les sens. L'oeuvre est quelque peu déroutante par son "unanimisme" (plusieurs personnages différents qui disent "je" - Benjamin Malaussène est seulement l'un d'eux -, et plusieurs autres sont suivis dans leurs actions). On ne voit pas tout de suite le lien entre les différents chapitres (construction non linéaire), quels sont les enjeux, où l'on va... Dois-je penser que cela est dû à ce que je n'ai pas relu toute la série depuis longtemps? Nous avons successivement un quidam (dont il n'a jamais été question avant), Benjamin lui-même, quelqu'un qui l'engueule (rien que de normal - il est payé pour cela de longue date), mais aussi, du côté de l'Ordre (?), une juge, les policiers familiers... et l'on passe de l'un à l'autre autour d'une affaire d'enlèvement assez vite devenue centrale. Mais auparavant, tout était résolu à la fin du volume, je pense que c'est cela qui m'a dérouté (et peut-être même l'auteur, puisque 5 ans se sont écoulés avant la parution du tome suivant...). En tout cas, des mensonges, il semble y en avoir pas mal dans l'histoire. Mais qui sont "ils", ça... Ils sont nombreux, les personnages à faire des bêtises dues à l'âge.

P1160803On se laisse surprendre par une scène qui dure à peine une minute, mais qui ne sera pas sans conséquences. À la fin du texte (p.297), un croquis: un petit personnage semble écrasé par un énorme stylo, émettant en phylactère "À suivre...". Seulement, en principe, dans les feuilletons, on avait la suite au numéro suivant (le lendemain, la semaine suivante, exceptionnellement le mois suivant... On ne restait pas sur sa "faim" cinq années d'affilée avec plein d'intrigues et de questions. Un "mauvais coup" de marketing? Ou bien le temps d'une réécriture nécessaire voire de "remues-méninges" pour savoir comment tout le monde va s'en tirer?

Vous l'aurez compris, je vous suggère de lire (ou relire) Le cas Malaussène avant de vous plonger dans Terminus Malaussène (il vaut mieux avoir ce dernier sous la main avant de débuter la lecture du diptyque): au moins, vous serez sûr d'avoir quelques réponses...

11 novembre 2023

Compagnie K - William March

 image_0776537_20220103_ob_f3d147_logo-chall-1gm-vivrelivre-2022-ok   20232-300x300_2023seraClassique

Comme prévu de longue date cette année, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me suis procuré (1), pour ce 105e anniversaire de l'Armistice, un livre dont j'ignorais l'existence l'an dernier, Compagnie K, de Willam March, un auteur dont (etc.). Bref, voici donc ma participation tant pour le Challenge Première Guerre mondiale 2023 - De 14-18 à nous organisé par Blandine seule pour la 7ème année (il lui tient à coeur!), que pour le challenge "2023 sera classiques" (qu'elle co-organise avec Nathalie), 

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William March, Compagnie K, Gallmeister, 2013 (trad. Stéphanie Levet), 230 pages (édition en VO en 1933)

Il n'y a presque rien sur la page wikipedia (en français) concernant William March (créée en 2013 et consultée vendredi 10 novembre 2023), mais dasola m'a signalé que la page en anglais donne beaucoup plus d'informations, par exemple le fait qu'au moins quatre des "chapitres" ont été publiés isolément comme nouvelles dans les années précédant 1933 et la sortie du roman complet (si j'ai bien compris). En lisant la quatrième de couv' du livre, on apprend juste que "WM" (1893-1954) a lui-même combattu en France (US Marine Corps), a obtenu diverses décoration, et que, "hanté par ce conflit, il mettra dix ans à écrire Compagnie K, son premier roman (...)".

Je ne savais pas à quoi m'attendre avant de l'ouvrir. C'est... bizarre. Mais sans doute, universel, et je suppose que les combattants de la guerre en Ukraine au XXIe siècle pourraient être les "héros" du même genre de saynettes que celles qui sont évoquées ou présentées ici. L'ouvrage se présente sous forme de 113 récits à la première personne, monologues plus ou moins longs, parfois sur une seule page (30), parfois sur deux, exceptionnellement trois, quatre ou davantage (le record doit être de neuf pages). Chacun est sobrement titré du nom et prénom d'un militaire américain du même régiment, précédé de son grade. On y trouve donc une majorité de soldats, mais aussi des caporaux, sergents, adjudant-chef, lieutenants, capitaines... Chaque personnage dit "Je" dans son chapitre (rarement plus de deux pages), mais les noms se répondent d'une saynette à l'autre. Soldat et officier ont rarement le même point de vue. Si chaque nom ne revient qu'une seule fois dans le sommaire, on en retrouve les "héros", vivants, blessés ou morts, souvent en interaction dans plusieurs récits entretissés ou racontés selon des points de vue différents (typiquement, le simple soldat et le sous-officier ou l'officier...): les officiers sont souvent des crétins, les soldats obéissent aux ordres, parfois à leur corps défendant. L'ordre suivi est chronologique (avec un "effet flash-back" puisque le premier témoignage plante le décor - un "soldat" a rédigé un livre de témoignage sur la guerre): ce qui précède l'embarquement vers l'Europe, la traversée, l'arrivée en France, au front... 

J'ai trouvé que, avec cette forme originale, le fond du texte est plutôt désespérant. Tout est raconté de manière plate avec des mots simples, sans guère d'effets de style, alors que ce qui nous est est dévoilé de la guerre au fil des "témoignages" individuels est terrible (désertion, accusation de viol, "pas de prisonnier", infirmerie, coups de folie divers et variés...).

Quelques citations: p.85 (un soldat): "si les hommes du rang de chaque armée pouvaient simplement se retrouver au bord d'un fleuve pour discuter calmement, aucune guerre ne pourrait jamais durer plus d'une semaine". p.115 (un sergent): "Je me suis rappelé ce que mon sergent instructeur m'avait dit du temps où j'étais en camp d'entraînement , il y avait vingt ans de ça. "Les soldats sont pas censés réfléchir, il avait dit. Le principe, c'est que, s'ils pouvaient réfléchir, ils seraient pas soldats. Les soldats sont censés obéir, et laisser leurs supérieurs se charger de réfléchir"."

p.166, "la guerre est finie". Mais il reste encore une soixantaine de pages avant la fin du livre: de quoi montrer l'amertume et les traumatismes des survivants, rarement revenus indemnes et souvent mutilés, que ce soit physiquement ou mentalement, ou bien conscients d'avoir "gâché" leur vie... inutilement (et ça pe ut se terminer par un suicide). Le patriotisme de départ est rudement "déconstruit". Et les inégalités sociales n'ont nullement été abolies par la guerre. 

Si, comme moi, vous ne connaissiez de la guerre de 1914-1918 que des textes d'auteurs français ou allemands, je vous suggère de livre ce texte qui présente un point de vue américain.

Je ne sais plus sur quel blog je l'avais trouvé, mais j'en mettrai le lien si je le retrouve bien entendu.

Edit (par dasola!): lire les billets de SandrineKeishaEeguab et Luocine *.

* Vérification faite, c'est sans doute chez Luocine que je (ta d loi du cine) l'ai découvert - même si j'ai pu croiser d'autres billets - , et elle-même en avait pris connaissance chez Eeguab...

*****

(1) Anecdote(s): il y a quelques jours, lorsqu'après procrastination je me suis dit qu'il fallait vraiment que je rédige cette chronique, j'ai cherché sur internet dans quelle bibliothèque parisienne le livre se trouvait (une bonne douzaine, et il était disponible partout!). Je me suis rendu à celle à proximité de laquelle je me trouvais ce jour-là. J'ai regardé à "MAR" (il y avait bien 3 rayonnages, répartis sur deux bibliothèques d'affilée). Mon oeil a très vite repéré un "amas de March", soit près d'une demi-douzaine de titres différents de William March chez Gallmeister... mais pas Compagnie K! Là, j'ai appelé à mon secours la bibliothécaire de l'étage "romans". Une fois qu'elle a eu fini d'aider une grand-mère à effectuer une réservation en ligne sur un des postes en libre-accès, elle est venue voir. Diagnostic quasi-immédiat (après avoir vérifié que je disais vrai): "ça doit être les p'tits jeunes! Quand ils remettent les ouvrages dans les rayons, ils ne prennent pas la peine de regrouper les ouvrages d'un même auteur ou de bien classer par ordre alphabétique! Il faut regarder tous les MAR, je les prends par la fin, commencez par le début!" Et effectivement, je l'ai trouvé au milieu d'autres auteurs, à peine quelques dizaines de centimètres après le début de la cote... J'en apprends tous les jours, sur les bibliothèques... 
... Vous ai-je parlé de la fois où j'ai mobilisé toute une équipe de bibliothécaires, dans une petite bibliothèque étendue sur plusieurs étages, pour vérifier sur toutes les tables ou étagères d'exposition où se trouvait un roman récent, ne figurant que dans trois bibliothèques parisiennes, et que j'avais repéré comme disponible à l'emprunt pour plusieurs semaines dans celle-là, quelques heures avant? Absent en rayonnage, toujours indiqué "disponible" dans le catalogue en ligne, il se trouvait en fait... entre les mains d'une lectrice, qui s'apprêtait à l'emprunter elle-même! 

7 novembre 2023

Bête et méchant / Les Ritals - Cavanna

Deux livres, ce mois-ci, dans le cadre de mes "Hommages du 7". Après Les Russkoff (le deuxième volet de l'autobiographie de François Cavanna, sur la Seconde guerre mondiale), j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) lu le troisième, Bête et méchant (les débuts dans la carrière), avant de me replonger dans le premier, Les Ritals (l'enfance). 

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Bête et méchant, 1ère parution en 1981, Le livre de Poche N°5755, 1983, 346 pages
Les Ritals, 1ère parution en 1978, Le livre de Poche N°5383, 1986, 377 pages

De votre côté, rien ne vous empêche de les lire dans l'ordre... Pour ma part, il ne s'agissait pas d'une première lecture. 

P1160792Ce volume reprend donc la suite de la vie du jeune François Cavanna revenu d'Allemagne. Il dépeint les années d'auto-formation à l'entrée dans la carrière, avant d'arriver à gagner sa vie par le pinceau et par la plume, jusqu'à Hara-Kiri inclus (journal Bête et méchant). Cavanna a commencé par publier une bande dessinée dans le journal Le déporté du travail. Mais difficile de renverser de l'encre sur la table familiale, en s'échinant le soir et le dimanche, alors qu'il travaille comme ouvrier puis employé en semaine. Alors, il trouve une piaule, toujours en banlieue, pour dessiner d'autres travaux. Et, pour en partager le loyer, une colocataire... Et le voici en ménage (platonique d'abord) avec une jeune femme revenue traumatisée (physiquement comme mentalement) des camps nazis. Puis mariage... qui ne dure que quelques dizaines de pages. Mais l'élan est donné. Citation (p.74): "Liliane me disait: on ne fait bien les choses que si l'on est un professiuonnel. Un professionnel, c'est un type qui ne fait que ça, son métier, même s'il ne gagne pas un sou, même s'il n'a pas un client, il est un professionnel. Il consacre son temps et ses meilleures forces à son métier. Si tu travailles dans la journée pour un patron et que tu fais ce que tu aimes le soir ou le dimanche, tu es un amateur. Ca peut ne pas être trop mal, ça ne sera jamais un travail de professionnel. Un professionnel a le dos au mur et la trouille au cul". Cavanna nous raconte la tournée des rédactions de journaux (la presse d'après-guerre) où l'on laisse les dessins de la semaine, qui seront acceptés - ou non,  les rencontres avec d'autres dessinateurs (Dubout l'avait prévenu: "tu vas en baver, il faut de la te-na-ci-té"), notamment Fred. Pour vivre encore des petits boulots, à droite ou à gauche (intéressant décryptage du milieu des dessinateurs de presse d'après-guerre.). J'en retiens une autre citation attrapée au vol (p.117): "dans cette anarchie qu'est notre société mercantile, si un mode de production anachronique et même nuisible assure de gros revenus à une catégorie suffisamment puissante, le jeu du progrès est faussé". En 1954, c'est l'achat du premier numéro d'un journal vendu par colportage, Zéro, qui lui permet de croiser le couple Novi, qui l'a créé (avec des dessins déjà publiés ailleurs). Puis de rédiger des "jeux" bouche-trou. Puis ses premiers textes (écrire plutôt que dessiner?) ... avant de découvrir l'imprimerie et le maquettage du journal. Et puis l'on assiste à la rencontre chez Zéro avec le futur professeur Choron, retour d'Indochine, grande gueule et vendeur émérite. Zéro devient Cordées, Cavanna continue à se former sur le tas. Novi meut subitement, et en 1960 Cavanna, Choron et Fred lancent le journal mensuel dont ils rêvaient, avec l'afflux de talents (Cabu, Wolinski, Gébé, le jeune Reiser)... Hara Kiri commence, avec ses aventures et mésaventures: équipe de colporteurs emmenée au commissariat, journal interdit d'affichage (en toute subtilité: voir chapitre "Il n'y a pas de censure en France", pp.262-296). La phrase-culte "L'humour est un coup de poing dans la gueule" est écrite p.232. Bête et méchant se termine en 1967, juste avant la reprise après une nouvelle interdiction de Hara Kiri, qui ne sera pas la dernière... 

Voir les billet des blogs Au détour d'un livre, Les plumes baroques, "Me, myself and I". 

Je m'étais acheté mon exemplaire de Bête et méchant le 14 octobre 2023. Mais à la relecture du chapitre titré "Néo" sur "la mort du père" (1953-1954), je me suis persuadé que je l'avais déjà lu, il y a plusieurs décennies... Je suppose que j'avais déjà dû croiser ce livre ici ou là, mais sans l'acquérir pour ma pochothèque. Je signale pour finir qu'il comporte 11 chapitres, avec chronologie indiquée mais avec des retours en arrière. 

P1160791Mon exemplaire du titre Les Ritals, lui, porte comme date d'acquisition le 13 mars 2014. Pour être plus exact, il s'agit de la date où je l'ai sauvé d'un don que ma mère s'apprêtait à en faire à une boutique Emmaüs, quand elle se débarrassait de livres qu'elle avait parfois achetés en double ou triple (pour l'une ou l'autre de ses résidences), avant de migrer d'un grand appartement à un studio plus modeste à l'étage "chambre de bonnes"... C'était quelques années avant qu'elle parte en EHPAD. Bref. 

Dans Les Ritals, son premier livre de "souvenirs", Cavanna nous présente son enfance à Nogent, d'un père maçon italien illettré et d'une mère morvandelle (née dans la Nièvre, à quelques kilomètres d'Imphy). Il a été élévé aux pâtes et à la viande de cheval. Les chapitres nous présentent ses copains tout aussi fils de Ritals avec qui il fait les 400 coups dans la rue ou le voisinage, la découverte des filles (gamines du coin ou professionnelles de Paris), le cinéma, la bibliothèque, la première muffée, ou une grande fugue à vélo... avec bien de la verve. Il y a aussi les histoires du père, beaucoup: en fait, il transparaît dans chaque chapitre, le Vidgeon (diminutif gentil de Luigi, en "dialetto"). p.122, il habille pour l'hiver ceux qui se sont amusés, un jour, à soûler son père. Mais le chapitre suivant expose avec tendresse la "main verte" du père, et son habitude de planter un noyau de pêche sur chacun des chantiers où il travaillait. Et puis la crise économique et le chômage, la peur du renvoi au pays, qui amènent Vidgeon à demander la naturalisation française... obtenue au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Les 29 courts chapitres qui composent le livre (avec des titres très courts aussi) m'ont amené à me poser la question de savoir si le livre Les Ritals n'aurait pas d'abord été publié en "feuilleton", sous forme de "chroniques" séparées... ?

Je retiens en tout cas de ce livre qu'à l'époque, le rejet par les "Français de souche" (comme on ne disait pas encore? Si?) de certains métiers, ce qui amenait de la main-d'oeuvre étrangère à les occuper (en espérant pour leurs enfants un destin de petit fonctionnaire), existait déjà. Un siècle plus tard, remplacez "Ritals" par "personnes racisées" et "maçons" par "services à la personne", et la messe est dite. 

Voir aussi le billet du blog Au détour d'un livre.

Le récit de la création et des premiers temps, de Charlie Hebdo (l'histoire en est déjà bien connue!), lui, ce sera sans doute pour le tome suivant immédiatement (Les yeux plus gros que le ventre)... Je signale pour finir que j'ai découvert d'occasion cette semaine Lune de miel (Folio). Ayant lu sur la 4ème de couv' que c'était aussi un "tableau réjouissant de souvenirs, réflexions et anecdotes", je me le suis offert. J'en parlerai certainement un mois ou l'autre.  

*** Je suis Charlie ***

31 octobre 2023

Algues vertes, l'histoire interdite (BD) - Inès Léraud / Pierre Van Hove

Après avoir vu cet été avec la maîtresse du blog le film Les algues vertes, j'avais (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) souhaité lire la bande dessinée qui avait été publiée préalablement sur le même sujet.

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Algues vertes - L'histoire interdite, Inès Léraud et Pierre Van Hove, La revue dessinée / Delcourt, 2019, 168 pages (dont 24 pages d'annexes, repères, et documents)

La couverture donne le ton de l'ouvrage: des couleurs froides, beaucoup de vert (dans chaque page, sauf erreur de ma part), du blafard (il y a aussi des couleurs chaudes, mais je crois qu'elles sont bien minoritaires en terme de surface des aplats). Les premières planches de la séquence introductive ne perdent pas de temps pour expliquer ce que tout le monde sait, n'est-ce pas (en Bretagne, les algues vertes, en se décomposant, produisent de l'hydrogène sulfuré [H2S])... et nous montrent, en parallèle, un cavalier qui a mis pied à terre et qui finit par s'effondrer à côté de son cheval. C'est efficace. La dernière planche de cette séquence (p.6) nous donne la date: 28 juillet 2009. A partir de là, on tire le fil d'une histoire qui commence au moins 20 ans plus tôt... avec des positions vraiment antagonistes par rapport au fléau voire aux dangers parfois mortels constitués par les fameuses "algues vertes", et surtout aux causes et origines de leur prolifération (le lisier des élevages intensifs de porcs en Bretagne, mais chut, faut surtout pas le dire - il y a trop d'intérêts derrière).

Rédigée sur un ton très neutre, toute la bande dessinée se veut factuelle et dépouillée. La 3e de couverture porte l'avertissement suivant: "Ce récit est la reconstitution et la synthèse d'une enquête de terrain de plusieurs années, faite de multiples témoignages et de documents scientifiques, journalistiques, judiciaires - dont vous trouverez une sélection en annexe - et utilisant parfois l'ironie, inhérente au genre littéraire de la caricature, comme instrument de critique sociale et politique."

Il s'agit d'une bande dessinée plutôt didactique (elle a commencé à être publiée dans La revue dessinée). Et, si elle rend compte avec précision des entretiens qu'a obtenus la journaliste, la bande dessinée n'aborde pas la vie personnelle de celle-ci durant l'enquête (contrairement au film). Mais page après page, les différents dossiers, les affaires, les anecdotes, les entretiens s'enchaînent. Certaines planches explicitent la décision de diminuer le nombre de paysans en France, sous la Cinquième république, afin de fournir de la main-d'oeuvre à l'industrie. D'autres exposent le système d'agriculture productiviste, basé sur les intrants, la mécanisation, les prêts indispensables pour chaque paysan qui rentre dans le système et doit financer son agrandissement, sa "mise aux normes"... Celles-ci sont parfois détournées. Si l'on retraite les effluents d'un élevage de porc pour réduire de 30% ses rejets azotés... sans en limiter le volume total, ni le nombre de porcs par élevage, l'objectif de diminution de pollution aboutira en fait à l'augmentation de 30% du nombre de porcs pour une pollution stable (c'est expliqué p.81 par exemple). 

Ci-dessous quelques "citations en image".

P1160760 p.56-57

 

P1160761 p.66: avec le remembrement était planifié la destruction de la petite et moyenne paysannerie...

P1160762 p.81

Comme le remarqueront ceux qui ont vu le film, la journaliste est absente à l'image, tout au plus sa présence est-elle évoquée via des "bulles", avec la question qu'elle pose à l'interlocuteur que l'on voit de face, en "vision subjective", ou une relance voire une réaction). Les "annexes" consistent notamment en fac-simile de documents évoqués dans le fil de la narration (courriers, articles...). Je précise enfin que j'ai pu lire cette BD en l'empruntant au "système de prêts de livres de l'AMAP dont je fais partie. 

Parmi les blogs qui ont évoqué cette BD, j'ai retrouvé, dans l'urgence (liste non exhaustive): Sandrine, Gambadou (je complèterai si je trouve d'autres liens). Matatoune.

J'ai même découvert chez Yv l'existence d'un polar breton titré De si jolies petites plages

A vous d'y aller voir et lire...

26 octobre 2023

Claudine à Paris / Claudine en ménage / Claudine s'en va - Colette & Willy

20232-300x300_2023seraClassiqueJe (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) liquide aujourd'hui la "tétralogie" de Claudine que j'avais abordée dans le cadre d'un challenge spécifique. Cette fois-ci, j'en inscris les trois derniers (!) volumes seulement pour le challenge "2023 sera classique" co-organisé par Nathalie et Blandine. Mais, pour le troisième tome, il s'est bien agi cette année de ma première lecture, quand le deuxième m'avait été offert en 1981 tandis que je m'étais offert en 2009 le quatrième (sans le relire depuis). Cela fait tout de même quatre mois que j'avais annoncé la chronique de ces trois volumes... 

Trois_Claudine  P1160754
Claudine à Paris, Willy et Colette, 1901, Le livre de Poche N°213, impr. en 1980, 248 pages
Claudine en ménage, Willy et Colette, 1903, Folio N°335, impr. en 2005 (DL dans la collection: 1973), 243 pages
Claudine s'en va, Colette & Willy, 1903, Le Livre de Poche N°238, impr. en 2001, 191 pages

Comme déjà signalé, on remarquera que Le Livre de Poche "oubliait" Claudine en ménage... qui ne figure d'ailleurs pas davantage dans la liste des "parus dans le Livre de Poche" en 2001. Les mystères de l'édition... 

P1160755Claudine à Paris (paru en 1901) est la suite directe de Claudine à l'école, quelques semaines plus tard: père, fille, servante-cuisinière (Mélie) et chatte (Fanchette) sont partis s'installer à Paris pour que notre malacologue (le père, spécialiste des mollusques et plus particulièrement des limaces!) se rapproche des grandes bibliothèques et des collègues parisiens. Claudine fait la connaissance de sa tante (veuve), du petit-fils de celle-ci (un Marcel qui n'est pas sans faire songer à Proust), et du papa (veuf de la fille de la tante) de ce dernier, un certain Renaud. Celui-ci lui fait rencontrer des "gens de lettres", des journalistes, des personnages réels de l'époque: dans le roman, Maugis, par exemple, qu'elle rencontre à l'opéra où l'a emmenée le fameux oncle, est inspiré... d'un certain Willy; ailleurs, Claudine se voit comparée à Polaire (p.102). Mais les liens avec "Montigny" ne sont pas oubliés: nostalgie de Claudine, échange de correspondance avec telles ou telles, ... et retrouvailles avec Luce, désormais "installée" à Paris. C'est dans ce volume en particulier (et non dans Claudine à l'école comme je le croyais avant ma relecture de cette année) que j'ai retrouvé ce qui m'avait le plus frappé quand j'étais jeune: vieillard libidineux à la limite de l'inceste, fillette mère avant l'âge de 14 ans... De son côté, dans ces livres fortement autobiographiques, Colette s'est tout de même rajeunie de quelques années. 

P1160756Rappelons-le encore, les événements de Claudine en ménage semblent se dérouler de manière contemporaine à leur publication (à quelques mois près), cependant que le mariage de Colette suivi de son introduction par Willy dans le milieu des lettres et du théâtre parisien avait eu lieu, lui, à partir de 1893. Mais certains des événements transposés dans le roman sont intervenus, "dans la vraie vie", au début du XXe siècle seulement. Que se passe-t-il donc dans Claudine en ménage? La narratrice, qui est toujours Claudine elle-même, s'interroge sur "son ménage", et cherche à se remémorer et à "mettre en ordre" ce qui s'est passé dans les quinze derniers mois... Mariage après trois semaines de fiançailles, et le voussoiement de Claudine "épouse de 19 ans" à son époux qui la tutoie. Après les voyages post-noce tout juste évoqués ("retour d'Allemagne"), un passage à l'école de Montigny "il y a trois mois" occupe trois douzaines de pages. De son côté, papa fuit Paris pour retourner en cette proovince, et Renaud (c'est lui, le désormais époux de Claudine!) reprend un "jour pour recevoir" (faire salon). Une certaine Rézi y apparaît (p.92). Quinze jours plus tard, Claudine et elle se fréquentent. Agaceries et badinages... et pas mal de "prises de tête". Et les maris, là-dedans? Quel embêtement, quels empêcheurs de se connaître plus intimement! Mais l'un des partenaires est amusé par l'idée de trouver une "fillonnière" (p.174). Surprise et trahison, p.212: le ménage à trois, ce n'est pas toujours facile à supporter. Et Claudine fait ses paquets pour revenir à son tour à Montigny... (il reste encore une trentaine de pages ensuite!). Notons pour finir que le papa macologue cite la Maison d'édition Gauthier-Villars (p.224)!    

P1160757Le titre Claudine s'en va est en lui-même une pirouette. Colette s'amuse avec la mise en abyme de trois couples (dont Claudine et Renaud, qui ne sont guère que des comparses). La narratrice est ici Annie, qui a épousé à 20 ans Alain, plus âgé de 4 ans (ils se connaissaient depiuis l'enfance). Le livre est sous-titré "Journal d'Annie". Enfin, le couple formé par Marthe (soeur d'Alain, donc belle-soeur d'Annie) et son époux Léon, écrivain professionnel, a aussi son importance dans ce "récit". Au début de l'ouvrage, Alain laisse Annie à Paris en partant pour un voyage d'affaires en Amérique du Sud (y vendre un élevage de taureaux dont Annie a hérité par un oncle). Et voici une épouse soumise abandonnée à elle-même, avec pour consigne de visiter une seule fois Renaud et Claudine, "ménage réellement trop fantaisiste pour une jeune femme dont le mari voyage au loin". Elle doit par contre consulter souvent Marthe et sortir souvent avec elle. Mais quand le chat n'est pas là, les souris peuvent apprendre à danser. Entre séjour thermal (à Arriège, ville d'eau imaginaire... peut-être dans le département de l'Ariège qui en possède au moins trois?) et visite au festival de Bayreuth, la jeune Annie va se frotter à bien du monde et comprendre bien des choses (bon, ne nous illusionnons pas, on n'est pas chez Emmanuelle, hein!): jusqu'à finir par perquisitionner la correspondance privée de son cher et tendre au domicile conjugal, ce qui l'en fera partir. Difficile aujourd'hui (2023) de savoir à qui Colette s'identifie le plus: Annie, Claudine, Marthe? Je dirais: peut-être un peu aux trois, à des époques différentes, advenues ou à venir... lorsqu'est paru ce livre! Mais je suppose qu'il doit exister bien des thèses sur le sujet.

Maintenant, il me reste à lire le dernier de la série. Non pas La maison de Claudine (qui n'a en fait rien à voir avec la série, mais davantage avec des méditations de Colette ou des souvenirs mettant en scène sa mère Sido), mais La retraite sentimentale, que je n'ai jamais lu. 

21 octobre 2023

Au fil de ses lectures (et impressions au cinéma) - Présentation de Luocine, à l'occasion de son 500e commentaire chez dasola

Et de trois, en moins de six semaines! Il y a des périodes comme ça... Voici donc, après les récentes présentations de Manou et de Pascale, celle de Luocine
Celle-ci a fait, hier vendredi 20 octobre 2023 à l'heure du déjeuner, ses 499e et 500e commentaire chez dasola. Je (ta d loi du cine, "squatter" - et statisticien - chez dasola) lui ai envoyé aussitôt (enfin, à l'heure du dîner) un mail pour lui proposer une présentation sur le présent blog, grâce au petit questionnaire qui l'accompagnait. Une heure plus tard, j'ai reçu un mail me disant qu'elle était très contente et qu'elle me répondrait, et encore une heure plus tard, sont arrivées les réponses que vous pouvez lire ci-dessous. Une affaire rondement menée!

Je suis moi aussi content d'en avoir appris davantage sur elle et sur son blog.

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Luocine_blogBonjour Luocine, pour que les lecteurs comprennent qui vous êtes, pouvez-vous vous présenter ? Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques (votre blog n’en contient aucun sauf erreur de ma part)? Ce pseudonyme a-t-il un sens particulier ? 

Je suis une lectrice compulsive, je l'ai toujours été depuis l'âge de 6 ans jusqu'à aujourd'hui. J'ai enseigné le français aux étudiants étrangers à l'université de Rennes.
Je suis à la retraite et la lecture reste mon passe-temps préféré. 
Luocine est un pseudo qui me rappelle ma mère qui m'a appris à lire et qui m'a donné le goût de la lecture. 
J'avais 14 ans quand elle m'a fait découvrir Marcel Proust. 

* Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous (car un lecteur de 20 ans n’ayant pas le même ressenti qu’un de 60, cette information a son importance)?

J'ai 76 ans. 

* Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec la littérature ou l'art?

J'ai déjà répondu à cette question. 

* Parlons un peu de vous et de votre blog: Luocine (au fil de [vos] lectures et de [vos] impressions au cinéma). Son premier billet remonte au 27 août 2006. Dans quelles circonstances avez-vous souhaité le créer?  

J'ai souhaité créer ce blog pour ne pas oublier les livres que je lisais. Et j'ai peu à peu découvert le monde de la blogosphère surtout grâce à Babelio où je mets toujours mes lectures. 

* Vous utilisez aujourd’hui la plateforme « wordpress », pourquoi avoir quitté la plateforme « over-blog » en 2014? Vous pouvez nous raconter l’histoire (avec rapatriement des billets – mais non des commentaires  de l’un sur l’autre) ? Quid de l’achat du nom de domaine?

J'ai quitté overblog car il fallait accepter la publicité. C'est mon fils qui a rapatrié les articles mais il ne pouvait pas le faire pour les commentaires. 

* Vous n’y parlez plus aujourd’hui que de lectures… et plus de cinéma (depuis 2017, sauf erreur de ma part) ? Avez-vous cessé de voir des films?

J'ai cessé de parler de cinéma car il faut réagir très vite et je trouvais mes billets moins intéressants sur le cinéma que sur les livres. Mais je vais toujours au cinéma. 
Mais j'ai cessé d'aller au Festival du film britannique à Dinard, ce que je regrette.

* Vos billets sont classés selon différentes catégories (genre, nationalité de l’auteur, thème…) : comment avez-vous « pensé » ce classement ? Qu’est-ce qui décide du classement d’une œuvre ici plutôt que là? Vous êtes éclectique dans vos lectures? 

J'essaie de mettre les livres dans différentes catégories pour aider les lecteurs à se retrouver, je ne sais pas si c'est très utile.
Je suis d'autant plus éclectique que je participe à un club de lecture et le choix de ma médiatheque est éclectique. 

* En ce qui concerne la lecture: quel est votre but avec ce blog? Débroussailler le champ immense des lectures possibles, faire partager vos émotions de lectures…? 

Mon premier but c'est de garder des traces de ce que je lis. Mais je sais aussi qu'un certain nombre de personnes me suivent et le dialogue à travers les commentaires est passionnant. Comme je trouve souvent mes idées sur la blogosphère, je suppose que l'inverse est vrai. Et parfois je le vois grâce aux liens sur les billets. Je mets toujours (ou du moins à chaque fois que je le peux) un lien vers le blog où j'ai trouvé l'idée de la lecture d'un livre. 

* Votre système d’appréciation utilise des « coquillages » : pourquoi ? Est-ce un clin d’œil au terme de « coquille » utilisé dans l’édition (pour désigner une erreur d’impression)?

Les coquillages sont un clin d'œil à la plage où je vais me promener très souvent. 

* En moyenne et à titre indicatif, combien lisez-vous de bouquins par mois? Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour?

Je lis à peu près deux livres par semaine. 
Je vais tous les jours sur mon blog au moins pour enlever les commentaires indésirables (j'en reçois au moins 10 par jour).
Et je publie deux billets par semaine.  

* Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?

Comme mon blog est régulièrement visité par des robots, je suis incapable de savoir combien de vrais lecteurs j'ai vraiment ... du coup j'ai supprimé les statistiques.

* En tant que lectrice, comment vous définiriez-vous? La lecture tient-elle un rôle important dans votre vie?

J'adore lire et je découvre beaucoup de problèmes du monde à travers les romans. 

* Combien de temps consacrez-vous à la lecture chaque jour?

Je ne peux pas imaginer une journée sans lecture.

* Salons du livre, rencontres avec les auteurs et séances de dédicaces … Les recherchez-vous?

Le seul salon près de chez moi c'est celui de Saint Malo, "Les étonnants voyageurs", mais je n'aime pas la foule. À chaque fois que j'ai vaincu cette réticence j'ai beaucoup aimé. 
Je n'ai aucun goût aux dédicaces. 
Je n'imagine aucun dialogue très intéressant avec un écrivain qui doit signer une centaine de livres par jour.

* Quelle blogueuse êtes-vous ? Challenges, Défi, lecture commune, tag, swap, … Vous ne semblez pas jouer à ces jeux émérites (sauf erreur de ma part) ? Est-ce que cela, à votre avis, peut inciter à lire un livre plutôt qu’un autre, ou pas ?

Je ne participe qu'à un challenge, "Le mois de littérature allemande". Je n'aime pas beaucoup être guidée dans mes lectures. 
D'autant plus que je suis déjà contrainte par mon club de lecture.

* Votre endroit favori pour lire?

Le coin du feu l'hiver, le jardin l'été. Le lit le soir.

* Etes-vous plutôt livre papier ou liseuse électronique? Vous avez un certain nombre de billets sur des livres lus en e-book, ou (beaucoup plus rarement) en audiolivres : que diriez-vous sur ces « modes » de lectures-là?

Je suis plutôt livre papier. Mais les e-book c'est parfait pour les voyages, en bateau particulièrement. Audiolivres: je n'aime pas écouter sans faire autre chose.
Tout mode de lecture se vaut, cela dépend de chacun, si on fait beaucoup de voitures, les livres en audiolivres c'est parfait.

* Comment choisissez-vous vos lectures? (bouche-à-oreille, cadeau, article de presse, hasard…)? Avez-vous un genre favori? Un auteur – vraiment – préféré?

Je l'ai déjà, dit le club de lecture me fournit beaucoup de livres, je lis aussi les livres coups de cœur des blogs que je suis.
J'ai été trop déçue par la presse, on sent que les journalistes ne lisent pas toujours les livres dont ils parlent. 
Je lis peu de polars car je déteste le Suspens. Je le dis souvent dans mes billets mais je commence souvent les livres par la fin. J'aime les livres qui font découvrir un problème social français ou étranger, historique ou contemporain. 
Je ne suis pas originale, mais pour moi Marcel Proust est un génie absolument inégalé. 

* A quoi êtes-vous sensible lorsque vous avez un livre en main?

J'aime que la présentation soit soignée, et que le texte ne soit pas trop compact. 
Ensuite, dès la première phrase je suis happée par le livre et je vais voir aussitôt la dernière page.

* Offrez-vous des livres? Si oui comment les choisissez-vous?

Oui, c'est d'ailleurs le seul cadeau que je sache faire.
Je cherche des livres qui correspondent à ce que je sais de la personne.

* S’il ne fallait en retenir qu’un? Quel livre vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu lire?

La recherche du temps perdu.

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

* Pourquoi celui-ci?

Je trouve que chaque époque devrait avoir un Marcel Proust qui sache décrire la réalité sociale avec autant d'acuité. 
Et d'humour. 

* Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d’une lecture enfantine ou adolescente?

Enfant je lisais tout le temps, je me rappelle avoir beaucoup pleuré à un livre qui s'appelait On demande une maman. J'avais adoré Le petit lord Fauntleroy
Adolescente j'ai beaucoup beaucoup lu.
Je retiens Martin Éden de Jack London, car j'aime toujours les récits de formation de l'esprit. 

* Comme d’autres «dévoreuses de bouquins», êtes-vous vous aussi tentée par l’écriture?

Non, je sais que je n'ai aucun style. 

* Vous rappelez-vous comment vous aviez découvert le blog de dasola, il y a près de 12 ans (décembre 2011)? (réponse facultative!)

Le plus souvent je découvre un blog grâce aux interactions entre blogs. 

* La question suggérée par Dominique: "êtes-vous parfois tentée d'arrêter le blog?"

Non, absolument pas. 

* Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle autre question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

"Est ce que cela vous manque que les auteurs des blogs que vous aimez ne soient que des connaissances virtuelles?"

Luocine2

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Cette fois-ci, je ne remets pas l'intégralité des liens vers les neuf présentations précédentes (vous les trouverez dans les deux [Pascale et Manou] indiquées en introduction - et via les icônes "Vous aimerez peut-être" avant les commentaires ci-dessous!). Plusieurs autres blogueurs et blogueuses ont dès à présent dépassé les 400 commentaires chez dasola, c'est donc une question de mois ou l'affaire d'un an ou deux avant qu'on leur propose à leur tour de se présenter ici... Mais patience, cela peut prendre plus longtemps: il s'est déjà passé plusieurs années, après plusieurs présentations à intervalle rapproché, sans qu'une nouvelle se fasse jour (pour cause de refus, de ralentissement de rythme...). Vous verrez bien, ce sera la surprise!

16 octobre 2023

Les portes de l'aventure - Jean Hougron / Excalibur, l'épée dans la pierre - T. H. White

Je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) vous présente deux vieux livres chinés à prix cassé (le livre, ça ne vaut plus rien...). En tout cas, quand dasola commence à regimber avec ses livres neufs à 20 euros ("c'est plus possible!"), je lui mets sous le nez mes vieux "poche" achetés à 20... centimes d'euros. En voici deux!

P1160749
Jean Hougron, Les Portes de l'Aventure, Le livre de Poche N°1257, 1966, 253 pages
T. H. White, Excalibur, l'épée dans la pierre, Le livre de Poche N°14655, 2012 (1ère éd. 1999; 1997 pour cette trad. française, EO anglaise 1938) 

20232-300x300_2023seraClassiqueCes deux titres peuvent donc participer au challenge "2023 sera classique" co-organisé par Nathalie et Blandine. Je fréquente depuis plusieurs décennies les deux auteurs dont j'ai donc acquis récemment ces deux ouvrages. De Jean Hougron, je relisais régulièrement Soleil au ventre, qui se trouvait dans la chambrette que j'ai occupé à partir de l'âge de douze ans dans la "maison de campagne" de mes grands parents, pendant la plupart des vacances scolaires. Il cotoyait, sur un petit rayonnage au-dessus de mon lit, Les nus et les morts de Norman Mailer, Le commandant Watrin d'Armand Lanoux, deux ou trois recueils de nouvelles et saynettes de Courteline, ou même La P... respectueuse de Jean-Paul Sartre auquel je n'ai jamais réussi à m'intéresser (et quelques autres que j'ai oubliés): livres achetés, je suppose, par la génération parentale, à l'occasion de voyages en train (en gare, à leur sortie en "poche"). J'avais à cette époque tendance à vouloir continuer à lire après mon "couvre-feu" officiel, et comme la porte de ma chambrette était vitrée, j'ai dû user un certain nombre de piles électriques pour lampe de poche en lisant sous les couvertures (parfois même tête-bêche!). Mais je n'avais, depuis cette lointaine époque, jamais eu la curiosité de lire d'autres titres de Jean Hougron, né il y a 100 ans cette année (1923-2001), alors qu'il a publié encore quelques romans bien après l'époque où j'y rêvais sur le moyen d'escroquer un casino... 

P1160750Bref, Les portes de l'aventure fait partie de cette même série La nuit indochinoise (comportant au total 7 volumes) dont Soleil au ventre est le troisième volume et Les portes... le cinquième. Ce bref ouvrage (253 pages) est constitué de trois nouvelles indépendantes. L'aventure y est plus ou moins intense. Je vais dire quelques mots sur chacune, en tâchant de ne pas trop en dévoiler.

* Poulo-Condor est le nom d'une île (mais il n'est pas question dans la nouvelle du bagne qui y a fonctionné dans la réalité). Si je dis "Monte-Cristo", je suppose que ce sera cependant un indice de ce qui s'y déroule? Disons que, dans cette nouvelle de 88 pages comme dans les deux autres,  il est question de pelle et de pioche. Le narrateur (celui qui dit "je" au départ) n'est pas le protagoniste le plus important, mais bien celui qui écoute l'histoire que lui racontent d'autres personnages. Il en tire ses conclusions...  

* L"homme du kilomètre 53 m'a fait songer au Kipling des bâtisseurs de ponts et d'autres nouvelles décrivant des "administrateurs" anglais aux prises avec les éléments et les "subalternes locaux" dans leur colonie indienne. Ici, il est question des ponts-et-chaussées, de la construction d'une route dans la jungle avec divers aléas: la boue, le gravier adéquat qui manque... et les animaux sauvages. Une belle tranche de vie quotidienne exotique sur une quarantaine de pages. 

* Le retour est le récit amer (de nouveau à la première personne) d'une courte tentative de reprendre la vie ancienne après le retour, sept ans plus tard, d'un homme parti à 19 ans faire forture "aux colonies". Il y a perdu la candeur et les illusions qu'il pouvait avoir à son départ: on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau. Et que d'autres aient attendu son retour ne le touche pas: lui sent avoir trop profondément changé, quand d'autres ont seulement été marqués par le temps passé... Le fantasme de reprise d'une petite vie provinciale finira tragiquement. 

Nonobstant cette diversité, il s'agit bien de ce qu'on appelle des "récits d'aventures". N'ayant pas lu les autres titres de la série, je présume que, à défaut de personnages reparaissants comme dans La comédie humaine, la principale unité est celle de lieu: l'Indochine française (avant 1954). Jusqu'à preuve du contraire, mon intuition est que Hougron a dû nourrir son oeuvre comme London, en mêlant ce qu'il a personnellement vécu sur place durant ses cinq ans en Indochine, à ce qu'il a dû y glaner comme récits d'aventures vécues ou rêvées par d'autres! La dernière réédition, en deux tomes de la collection Bouquins, remonte à 2004-2006. 

P1160752Le second bouquin n'a rien à voir avec le précédent, mais je vais aussi comnencer par vous raconter mon propre rapport avec lui. Ce livre de T. H. White (à l'origine, je l'avais découvert en "bibliothèque verte", et sous un autre titre: L'épée dans le roc), je crois qu'il appartenait à mon grand frère. Je l'ai lu plusieurs fois étant gamin. Je l'ai ré-aperçu il y a quelques semaines, lors d'un bref passage dans une maison de campagne de mes parents (dont je n'hériterai pas), il tombe en morceaux (nous sommes quatre frères à l'avoir lu, peut-être mes neveux, cousins ou autres enfants de passage aussi...). Je ne l'ai pas sous la main, mais je préfère sa couverture à celle du "Poche"... [ci-dessous l'image correspondante, trouvée sur internet].

Dans Excalibur, l'épée dans la pierre, le récit commence abruptement avec le descriptif d'une semaine d'écoliers. Vu le nom des matières étudiées (écriture courtoise, astrologie...), un jeune lecteur contemporain et cultivé pourra se demander s'il s'agit d'un univers à la Harry Potter ou quoi. Mais un peu plus loin, il est question d'escrime, de tir à l'arc et de fauconnerie. Ces vraies matières viriles indiquent davantage la voie médiévale. Nous sommes dans un Moyen Âge de fantaisie, entre chevalier errant (oui, un seul!) et foins du domaine à rentrer. Merlin l'enchanteur apparaît p.60, pour devenir précepteur des deux garçonnets du château. Mais sa pédagogie s'avèrera "active": pour s'acquérir des mérites ou des qualités, rien de tel qu'une série d'incarnations provisoires dans des corps animaux. Ou, sans transformation, la rencontre de quelques héros légendaires pour vivre ensemble des aventures palpitantes et aussi merveilleuses que celles d'Alice. Et le héros principal finira par prendre dans sa main l'épée dans la pierre du titre.

L-epee-dans-le-rocQuoique je n'aie pas été en mesure de confronter mot à mot les deux versions, il me semble que la traduction du Livre de Poche doit être différente de celle lue quand j'étais gamin. En tout cas, je n'y ai pas retrouvé Kay et Moustique (popularisés par le dessin animé de Disney Merlin l'enchanteur sorti en 1963, du vivant de White [1906-1964 - grande année!]), mais Keu et ...La Verrue. La verrue s'appelait ainsi parce que cela finissait en "u" comme Arthur, enfin presque (p.29): pas très convaincant... Le cycle de romans écrit par T. H. White à partir de 1938 comprend cinq titres, dont le dernier est paru posthume. Je n'ai jamais lu les quatre autres. 

Finalement, ne devrais-je pas m'inquiéter de "retomber en enfance" et de prendre presque davantage de plaisir à radoter sur mes souvenirs qu'à rédiger de simples billets chroniquant des ouvrages de lectures récentes...? En tout cas, je n'ai pas l'impression d'avoir souvent croisé ces deux auteurs sur les blogs... Mais enfin - bon sang mais c'est bien sûr! - Excalibur... peut tout à fait participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

7 octobre 2023

Prénom : Inna (BD, T.1 & T.2) - Thomas Azuélos / Inna Shevchenko / Simon Rochepeau

J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) pioché le titre de cette mini-série en deux albums BD dans la liste que je tâche de tenir à jour en vue de mes "hommages du 7": des idées d'avance, pouvant donner lieu à une chronique, un mois ou l'autre... quand je n'ai pas d'autre d'inspiration. Les lecteurs de Charlie Hebdo connaissent certainement la signature d'Inna Shevchenko, journaliste formée à Kiev (son nom renvoie à 80 articles sur le site internet du journal). 

Prenom_Inna
Prénom: Inna, Une enfance ukrainienne (tome 1), La naissance d'une femen (tome 2), Futuropolis, 2020 & 2021, 98 & 82 pages,
Thomas Azuélos, Inna Shevchenko, Simon Rochepeau

Les quatre premières planches du tome 1 sont situées le 14 février 2015 à Copenhague. Inna Shevchenko intervenait lors d'une conférence dont le thème était « Art, blasphème et liberté d'expression », organisée pour rendre hommage aux victimes de l'attentat de Charlie Hebdo d7 janvier 2015, quand une fusillade a éclaté. La quatrième planche montre la jeune femme, physiquement indemne, qui se répète "Je dois tenir bon". Elle avait déjà eu bien des occasions de se tremper le caractère.

Citons la quatrième de couverture: "ce récit, à la première personne, raconte l'enfance et l'adolescence de la génération post-soviétique en Ukraine, inspirées par l'expérience personnelle d'Inna Shevchenko". Dans l'avant-propos du T.1, Inna Shevchenko précise: "pour les besoins du récit, ce livre contient aussi des personnages fictifs, ou inspirés de personnes réels, et des scènes qui, je l'espère, aideront les lecteurs à ressentir l'atmosphère unique de cette période symbolique des pays post-soviétiques". Et dans celui du T.2, "cette histoire est inspirée de mon expérience personnelle, mais elle est également enrichie de personnages, de lieux et de scènes de fiction".

Le "récit" est de Simon Rochepeau, cependant que Thomas Azuélos signe le dessin. Il ne s'agit donc, si je comprends bien, ni d'une autobiographie, ni d'une biographie véridique, mais d'une évocation d'une époque (pas si lointaine) et d'un pays (aujourd'hui plus proche?).

Dans le tome 1, Inna (née en 1990 à Kherson) a d'abord 5 à 6 ans (sur 37 pages): avec son père et sa grande soeur, elle attend le retour de sa mère, partie faire du marché noir en Pologne. En 2000, à 10 ans, elle ne rêve plus que de devenir journaliste. En 2004, quand elle a 14 ans, c'est l'époque de la "révolution orange" en Ukraine: la jeune file devient contestataire au collège, arborant une coiffure à la Ioulia Tymochenko et un ruban orange. Elle présente sa candidature et est élue déléguée des élèves. À 17 ans, elle songe à monter à Kiev pour y suivre des études de journalisme. Pendant son enfance et son adolescence, elle aura constaté les inégalités sociales en cotoyant les "nouveaux riches" affairistes et leurs réseaux. 

Le tome 2 nous montre notre héroïne à 18 ans, étudiante désargentée mais studieuse, et préparant pour le journal de la fac un article dénonçant les expédients de son ancienne colocataire qui doit danser dans un club pour hommes. Découverte d'un tract signé des Femen et lecture d'un livre titré Le féminisme révolutionnaire de Lessia Oukaïnka (une poétesse ukrainienne, 1871-1913) sont évoqués... La journaliste en herbe décroche un job au service Presse de la mairie (mais elle déchantera). Première manifestation contre la prostitution, alors qu'il est dit que les bordels sont la possession des oligarques. Et "duel de dames" (très bien dessiné, cela m'a fait songer à du Annie Goetzinger): c'est compliqué d'être à la fois à la mairie et dans les manifs. Le choix d'Inna est fait. La dernière séquence (p.83-86) se déroule le 24 août 2010 (fête de l'indépendance de l'Ukraine). Mais on n'est pas chez Manara: il y a assez peu de seins nus dans cet album...

Quelques "citations", par ordre chronologique (je sais, c'est trop petit... Bah lisez les albums, alors!):

P1160737 1996 (T.1, p.27)  P1160738 2000 (p.54)  

P1160739 2004 (p.62)  P1160740 p.100 (2008, évocation d'Inna à 2 ans, à l'occasion de la naissance de son neveu...)

P1160741 2008 (T.2, p.28 - inna sort du club où elle a été rendre visite à sa coloc' qui y "travaille")

 P1160742Ici, elle croise, quelque temps plus tard, les "pionnières" des femen en pleine action... (p.54-55). Elle ne va pas tarder à les rejoindre... non sans conséquences sur son travail à la mairie de Kiev.

   

 

P1160745 P1160743 p.79 à 81 (2009?)

P1160744 p.86 - et dernière - du T.2  P1160736 Février 2015 (T.1, p.8 - prélude et épilogue) 

Un tome 3 (non prévu sauf erreur de ma part) aurait pu montrer l'arrivée en France en 2012 et l'asile [politique] obtenu en 2013... avec quelques actions emblématiques, avant comme après. Le 4 mars 2013, il semble y avoir eu un "Femen Hebdo" au sein (!) de Charlie N°1081. Mais je ne crois pas l'avoir vu (ni lu) à l'époque.

*** Je suis Charlie ***

27 septembre 2023

Sur la route du cinéma - Présentation de Pascale (après son 500e commentaire sur le blog de dasola)

Il y a plusieurs mois (le 11 janvier 2023!), Pascale avait demandé (dans un commentaire sous le billet "16 ans / 2500e billet") ce qu'on gagnait avec 500 commentaires. La réponse s'impose aujourd'hui puisqu'elle a récemment franchi ce cap (après trois commentaires arrivés durant l'été 2009, c'est en mai 2016 qu'elle a commencé à commenter régulièrement les billets "cinéma" de dasola: elle en a commenté pratiquement un tiers). À peine quelques jours après Manou (elles avaient été sollicitées quasiment en même temps), voici donc un nouvel "Entretien avec une blogueuse". C'est le deuxième concernant un blog "cinéma", après celui de Ffred qui remontait au 18 octobre 2018 (il a publié son "clap de fin" il y a déjà deux ans), et le neuvième à ce jour (les autres étant pour la plupart des blogs littéraires) (1)
Dans un premier temps, Pascale m'a répondu un mail avec plusieurs exigences: que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) cesse de la vouvoyer; que je lui explique ce que signifie "ta d loi du cine" (scoop: il s'agit d'un anagramme de mes nom et prénom), que je lui dise mon prénom... (non!) puis m'a envoyé un nouveau mail quatre heures plus tard (de mon côté, j'ai pris connaissance des deux en même temps et en temps différé!): "finalement je suis gentille. Je me suis plongée dans le questionnaire et y ai répondu. C'est tellement merveilleux de parler de soi. Voilà le fruit de mes réflexions". 

A toi la parole, donc, Pascale! ;-)

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Pascale Bonjour Pascale, pour que les lecteurs comprennent bien qui vous (sic!) êtes, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour je m'appelle Pascale et je suis alcoolique ce qui n'est pas un pseudo sinon j'aurais choisi dasola ou ta d loi du cine (mais c'est déjà pris).
Quelque chose de très énigmatique et mystérieux pour entretenir un côté ténébreux indéchiffrable.
J'avais pensé Francesca Johnson ou Sally Gerber mais Gerber en français... ce n'est pas trop glamour.
Il y avait aussi Albertine Sarrazin mais j'ai trouvé que cela faisait prétentieux. Alors je me suis dit, tiens pourquoi pas Pascale ?
J'ai eu une période dans ma folle jeunesse où certaines personnes ne me connaissaient qu'en tant que Joséphine (qui est mon deuxième prénom que je trouvais absolument vertigineux de beauté).
Maintenant, j'aime bien celui que m'ont donné mes parents.
Un jour on fait la paix avec soi-même et c'est beau.

Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques ?

De quel ordre ? Parce qu'il peut y avoir du dos' !
J'ai tellement évoqué ma vie mon œuvre mes amours mes emmerdes dans une rubrique (pas très) cachée de mon blog que j'ai l'impression qu'on connaît même la couleur de ma chambre (qui a changé depuis mais bon, on va pas chipoter). En tout cas ce que j'ai bien voulu raconter (je garde mes soucis de jardinage et mes prouesses musicales pour moi).
Je vis près de Nancy depuis 28 ans après avoir vécu à Lille, à Montmartre plusieurs années et je suis originaire de Maubeuge, ça ne s'invente pas et je trouve que je m'en tire plutôt bien...
C'est toujours l'amour qui m'a fait prendre mes clics et mes clacs et partir vers de nouveaux horizons. Je ne regrette rien. Rien de rien. Allez zou, on avance.

Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous (car une spectatrice de 20 ans n'ayant pas le même ressenti qu'une de 60, cette information a son importance)?

J'ai eu l'heureuse surprise de découvrir lorsque j'annonçais il y a 4 ans que je changeais de décennie et que cela ne me réjouissait guère, qu'une blogueuse me dise : si vous passez les 30 voire les 40 ans, ce n'est pas bien grave.
Alors non je ne dis pas mon âge (je le dirai quand dasola répondra aux commentaires sur son blog ou nous dira son prénom) mais je suis ravie que mon style d'écriture donne une impression de jeunesse (éternelle), même si je ne suis pas une acharnée du jeunisme.
Cela dit, ceux qui suivent mon blog, les quelques rares fidèles qui s'obstinent depuis des années n'ont pas trop de mal à faire le calcul (ce n'est pas un âge à trois chiffres non plus).
Pour les autres, ce n'est pas très important. Je n'ai pas de profil Tinder (contrairement à Brad Pitt) mais si certains veulent des informations ils peuvent m'écrire : uupascale@gmail.com

Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec le cinéma?

Non, c'est grave docteur ?
Je pense qu'il y avait une marmite cinéma chez mes parents, je suis tombée dedans vers l'âge de cinq ans.
J'ai fait des études littéraires et ai été tentée par le métier de script.
Cela ne s'est pas fait. Tant pis.

Parlons un peu de vous et de votre site...

Mais oui quelle bonne idée !!! ça vous est venu comment de vouloir parler de moi et de mon site ?

... Sur la route du cinéma (qui existe depuis mars 2006). Dans quel contexte et pourquoi avez-vous souhaité le créer?

2006 !!! La vache, ça file non vous ne trouvez pas ?
À l'époque j'échangeais toutes mes impressions à propos des films avec une blogueuse que je ne connaissais pas encore dans la vraie vie, car curieusement, personne dans mon entourage n'est (aussi) cinéphile (que moi). Et face à la quantité de films que je vois, « les gens » ont tendance à me dire « on ne peut pas discuter cinéma avec toi », ce qui m'attriste un peu, beaucoup, vraiment très fort même...
C'est donc cette blogueuse qui m'a incitée à créer un blog. Elle devait en avoir assez de lire mes mails et d'y répondre parce qu'elle était polie.

Vous possédez votre propre "nom de domaine". Le blog semble utiliser la plateforme "Hautetfort": pourquoi ce choix ?

La plate-forme Hautetfort est d'une simplicité enfantine pour qui n'y connaissait rien. À l'époque, cette plate-forme était vraiment « animée » par des intervenants à qui l'on pouvait poser beaucoup de questions en cas de problèmes ou de simples difficultés (car oui des difficultés simples existent). Depuis, c'est devenu complètement abstrait, dommage.
Au bout de quelque temps, mon blog est devenu VIB (Very Important Blog, la classe internationale, ça a changé ma vie vous pensez bien...). Je suppose que cela tient au nombre de mes publications qui sont régulières et presque ininterrompues. Haut Et Fort m'a offert cette extension « pro » gratuite pendant deux ans. Ensuite, j'ai payé le nom de domaine.

Quel est votre but avec ce blog ?

Ecrire. J'adore cela. Ecrire sur le cinéma, c'est assez « simple » puisque j'ai un support, une base qui me permet de divaguer sur mes émotions. Les émotions sont le moteur de ma vie. Et puis garder une trace de tous les films que je vois, les inoubliables et ceux dont je ne me souviens même plus les avoir vus.

En moyenne et à titre indicatif, combien voyez-vous de films par semaine / par mois? Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour ?

C'est vertigineux. Je dirai 5 films par semaine en salle (et pourtant j'ai une vie hors cinéma très remplie). Et j'en regarde aussi à la télé ou en DVD.
Quant aux chiffres, je ne m'y intéresse absolument plus depuis des années. Il me faudrait un statisticien comme dasola.
Il y a quelques années, mon blog atteignait 1 000 visites par jour, cela me paraissait ENORME. Compte tenu du nombre décroissant de commentaires d'année en année, ce chiffre ne doit plus être d'actualité. Mon blog est sans doute devenu plus confidentiel. Cela n'a strictement aucune importance pour moi. Malgré des périodes de plus en plus fréquentes de lassitude, je tiens bon. C'est difficile d'arrêter ce compagnon de route.
J'aimerais cependant que ceux que je croise dans certains festivals et qui viennent me voir, commentent alors qu'ils ne le font pas.

Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?

Absolument pas. Absolument aucune idée. Vous êtes sourd, je l'ai dit au-dessus ?

En tant que spectatrice, comment vous définiriez-vous ? Le cinéma tient-il un rôle important dans votre vie ?

Non le cinéma ne m'intéresse absolument pas. C'est une perte de temps. Je ne comprends pas qu'on puisse se passionner pour un art (mouarf) aussi insignifiant.
Allez, je vous fais une confidence. Le cinéma est VITAL pour moi. Il est mon havre, ma cachette, l'endroit où il me semble qu'il ne peut rien m'arriver.
Mais il est aussi l'endroit où j'apprends, je découvre, je m'enthousiasme, je m'agace, je m'extasie, j'aime, je tombe amoureuse, je m'émeus, je ris, je pleure, je tremble, je me cramponne... (complétez les pointillés).
J'en ai besoin. Je crois que je n'ai jamais vécu sans cinéma. J'aime l'odeur de la salle, parcourir les couloirs qui m'y mènent. J'aime la taille de l'écran et sa texture, les petits trous dans la toile me fascinent, la lumière qui s'éteint. Je n'suis pas folle vous savez !
Avez-vous remarqué la phrase en exergue de mon blog tirée de La conjuration des imbéciles, John Kennedy Toole (que je vous recommande pour un prochain pavé de l'été) : "Je ne parviens pas à comprendre ce qui me pousse ainsi à voir des films ; on dirait presque que j'ai cela "dans le sang." Ignatus

Avant-premières, rencontres avec les réalisateurs, les acteurs, festivals... Les recherchez-vous ?

Avec les années je participe beaucoup moins aux avant-premières et aux rencontres. Je n'aime plus trop aller au cinéma le soir. Depuis quelques mois, je m'y suis « remise » et c'est vraiment formidable de croiser certains réalisateurs. Ils semblent souvent très demandeurs de ce genre d'échanges (sauf Nathan Ambrosioni qui trouve que les rencontres avec les spectateurs sont faites pour les retraités).
Je participe à plusieurs festivals au cours de l'année, pas les plus prestigieux, même si je rentre tout juste de la Mostra de Venise, mais sans doute les plus chaleureux et accessibles. Dans un festival, on se trouve immergé. Les spectateurs viennent pour cela, enchaînent les séances et discutent. Les rencontres avec les équipes de films sont formidables, passionnantes, enthousiasmantes.
C'est une coupure absolument incroyable dans le rythme du quotidien. Pendant quelques jours, seul compte le cinéma. C'est magique.

Votre type de salle de cinéma préféré ? Multiplexes ? Art et essai ?

Les deux, même si j'aime infiniment « mon » très vieillot cinéma Art et essai Le Caméo.
J'ai la chance à Nancy que les cinémas Ugc et Le Caméo aient conclus un partenariat depuis au moins vingt ans. J'ai donc accès à toutes les salles (28) grâce à ma carte UGC qui me coûte 21,90 €uros. Sans cette carte providentielle, je ne verrais sans doute pas autant de films.

Et le cinéma « en boite » (DVD, TV, « vidéo à la demande », visionnage sur ordinateur portable...)?

Dvd, Tv oui avec grand plaisir.
Ordinateur, voire téléphone : jamais.
Et je ne suis abonnée à aucune plate-forme qui commence par N, O, A ou C ! Aucune.

Comment choisissez-vous vos films? (bouche-à-oreille, article de presse, hasard...)? Avez-vous un genre favori? Un réalisateur et/ou un acteur – vraiment – préféré?

Tout m'attire, les réalisateurs, les acteurs, les synopsis. Une histoire peut m'attirer ou un acteur, une actrice, un réalisateur, une réalisatrice dont il m'est impossible de rater un film. Parfois une critique (je ne lis que Télérama) peut m'inciter alors que je n'aurais pas forcément choisi ce film.
Je suis très éclectique dans mes choix il me semble : drame, action, comédie, guerre, aventure musical, thriller, policier, espionnage, fantastique, western... tout m'intéresse et me tente. Seuls les films d'horreur me rebutent un peu même si j'en ai vus quelques-uns ces dernières années. Je me force pour savoir de quoi il s'agit. Et j'aime aussi énormément voir ou revoir en salle des classiques parfois très anciens.

A quoi êtes-vous sensible dans un film ? La beauté des acteurs/actrices ? Le thème ? L'humour ? Autre ?

Les acteurs, même inconnus, ont une place prépondérante dans mon appréciation. Une belle histoire peut être gâchée par une mauvaise interprétation. Et une histoire médiocre peut être sublimée par une interprétation. 
Mais j'aime aussi par dessus que l'on me raconte une histoire, crédible ou pas, cela n'a pas forcément d'importance. J'aime rire et pleurer au cinéma et il me faut plus que tout de l'émotion. 
En règle générale, je dirais que je suis très amoureuse des acteurs et des actrices car je suis une incorrigible sentimentale.

Offrez-vous des films en DVD (ou Blu-ray...)? Si oui comment les choisissez-vous ?

Cela m'arrive. En général j'offre un film que j'ai aimé à la folie et que j'ai envie de faire découvrir et surtout j'espère que la personne à qui je l'offre l'aime autant que moi.

S'il ne fallait en retenir qu'un? Quel film vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu voir?

Mais elle est impossible cette question !!! 
Je dirais cependant (ce qui pourrait peut-être changer demain, mais peut-être pas): Melancholia de Lars Von Trier. 
Désolée je triche car celui que j'aurais envie que tout le monde découvre est Merrily we go to hell (Joyeusement nous irons en enfer) de Dorothy Arzner.

Pourquoi celui-ci / ceux-ci?

Melancholia est un film que je trouve admirable dans l'évocation de la dépression et exceptionnel dans celle de la fin du monde. Visuellement, il me semble parfait. Tout est fort dans ce film. Cinq minutes sur le visage défait de Kirsten Dunst avec la musique de Wagner qui s'amplifie. J'étais pétrifiée de stupeur.
Le progressif changement de personnalité des deux sœurs, celle qui semble la plus forte et qui décline parce qu'elle a plus à perdre que l'autre fragile, désespérée pour qui tout « a un goût de terre » et qui se sent peu à peu soulagée que tout s'arrête, est tellement bien vu. 
Merrily we go to hell parce qu'il date de 1932, qu'il est le film d'une réalisatrice méconnue, Dorothy Arzner, qu'il est une comédie sentimentale (genre que j'apprécie énormément mais qui vire souvent à la bluette) exceptionnelle d'intelligence et, tant pis, je m'auto-cite, parce qu'on y trouve : « Drame, comédie, larmes, humour, tout est là. L'autopsie au scalpel d'un ratage total, d'un naufrage programmé. Et deux acteurs sublimes. Sylvia Sydney est à croquer, belle, espiègle, courageuse. Fredrich March beau à tomber, ivre quasiment d'un bout à l'autre du film sans jamais verser dans l'excès ou la caricature ».

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Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d'un film vu dans votre enfance ou adolescence?

Le plus pénible est d'avoir vu trop jeune l'Exorciste de William Friedkin. Des semaines de cauchemars ou à ne pouvoir m'endormir.
L'un des plus jolis souvenirs est lorsque je suis sortie de la séance du premier 
Superman avec Christopher Reeve. J'étais persuadée qu'un tel être de lumière descendrait du ciel pour venir me sauver.
J'ai toujours très envie qu'un être de lumière descende du ciel et vienne me sauver (avis aux amateurs qui descendraient du ciel).

Etes-vous parfois tenté par la rédaction de scénarios voire la réalisation (courts-métrages...) ?

Absolument pas. Ce sont des métiers, je n'ai pas ces talents et suis trop angoissée pour porter le poids d'un tournage.

Que pensez-vous des adaptations d'œuvres littéraires au cinéma ?

J'adore ! Parfois j'ai lu le livre et m'empresse d'aller voir le film pour retrouver les personnages. D'autres fois, je ne l'ai pas lu et le film me donne envie de découvrir l'oeuvre écrite. Ce n'est absolument pas un handicap pour moi de connaître l'histoire. Les deux façons de la traiter sont tellement différentes et les modifications ne me gênent pas sauf si pour édulcorer et aboutir à une happy end.
J'ai lu les mille pages du Seigneur des Anneaux après avoir vu la trilogie au cinéma. Puis j'ai lu tous les ouvrages de Tolkien. Merci le cinéma, merci Peter.
J'ai adoré découvrir au cinéma les adaptations de Raison et sentiments, Les quatre filles du Docteur March. J'ai lu toute l'oeuvre des sœurs Bronté et j'aime les films qui en ont été tirés : Les hauts de Hurlevent (version Olivier/Oberon, la seule réussie), Jane Eyre... Mais aussi Cyrano, L'écume des jours, Dolores Claiborne, Misery, Tess, Jude l'obscur, Loin de la foule déchaînée... Liste non exhaustive.
Les citer me donne envie de lire et d'aller au cinéma.

Une opinion sur les « remakes » ? Les « franchises » (suites, reboots...) ?

La plupart des remakes me semble injustifiée, pas nécessaire même si la version de West side story de Spielberg m'a très agréablement surprise ou que Les infiltrés de Scorsese (remake de Infernal affair) était une réussite. Certains sont de vrais ratages : ex. Le temps d'un week-end remake du merveilleux Parfum de femme.

Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

Eueueueuh, je ne sais pas moi... peut-être : quelle heure est-il ?
Ou bien plutôt : pourquoi ne pas soumettre dasola à l'épreuve du strip tease bloguesque (2) ?

Merci Pascale!
Route_du_cinema

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(1) Pour lire les huit autres entretiens, par ordre alphabétique et avec la date: Aifelle (le goût des livres) [25 octobre 2017]Alex-mot-à-mots (Mot-à-mots) [23 novembre 2020], Dominique (A sauts et gambades) [28 avril 2017], Ffred (le ciné de Fred) [23 octobre 2018 / clap de fin], Keisha (en lisant en voyageant) [26 avril 2019], Maggie (Mille et un classiques) [12 août 2018], Manou (Dans la bulle de Manou) [14 septembre 2023], Matching points "pour les femmes mais pas seulement" [12 mai 2020 / blog disparu]. 

(2) Pour le moment, dasola en est à 256 commentaires sur son blog (et moi-même, ta d loi du cine, à 201). Bah tiens, pourquoi croyez-vous qu'on ne répond que rarement aux commentaires ici? (je plaisante!). 
... Mais OK, je tutoierai Pascale désormais (chez elle)!

24 septembre 2023

Bilan du Challenge Epais de l'été 2023

L'été se termine, et avec lui le challenge "Les épais de l'été" (lancé par moi, ta d loi du cine, "squatter "sur le blog de dasola), dont le billet commençant par un énorme logo est resté épinglé en tête du présent blog tout l'été: c'est fini! Merci à toutes et tous pour vos participations ;-)

Epais

Il est temps de rédiger un billet de bilan.

Voici donc les chiffres finaux arrêtés au 23 septembre (et que l'on a pu voir monter, jour après jour, dans le billet récapitulatif, avec date de publication du billet): 106 "épais" pour 79 164 pages, par 34 participant(e)s, avec 92 livres différents, par 77 auteurs ou co-auteurs.

Je vais commencer avec un petit palmarès des participant-e-s par nombre de billets. Avec 17 participations, le pompon a été décroché par Mara qui arrive en tête, suivie dans l'ordre par Belette (15), Ingannmic (8), Dasola et Sunalee (5). En sont restés à 4 (ce qui est déjà fort bien!): ClaudialuciaMHF et Sandrion. En ont lu 3 (et, n'est-ce pas, pour un challenge qui durait trois mois, c'est pas mal du tout!): Agnès, Athalie, DocBirdKathel, Sacha... et Ta d loi du cine. Ont réussi à lire 2 épais bouquins (bravo!): Enna, GambadouJigs, Keisha, PatriceViolette. Les autres participant-e-s ont "rempli le contrat" avec une participation prise en compte dans les délais: merci à Aifelle, Anne, Carole Nipette, Doudoumatous, Ecureuil bleu, Gaëtane, Gromovar, Lhisbei, Maggie, Manika27, Martine, Michel Tabras, Nathalie, Sibylline. Et j'espère surtout que je n'oublie personne (participation de dernière minute, non signalée...)!

Neuf inscriptions n'ont pas été honorées (ce sera pour une prochaine fois), avec 3 ou 4 annonces que j'avais précisées (avec optimisme...) dans le "récapitulatif" (ils y sont désormais barrés). Comment avait dit Brize, une fois, dans l'un de ses 11 Bilan de Pavé de l'été? Ah oui: veni, vidi, non vici.

Si l'on veut avoir un aperçu des auteurs ayant eu le plus de succès (avec plus d'un livre): Alexandre Dumas a inspiré 4 participants (pour 3 classiques: six Mousquetaires, une Reine et un Comte). On compte 4 ou 5 J.K. Rowling (selon qu'on décompte ou non à part Robert Galbraith), pour 3 tomes différents de la saga Harry Potter et deux autres titres, et un total de 4 participant(e)s. Certains ont chroniqué plusieurs titres d'un même auteur (pas toujours dans le cadre de la même série), surtout parmi nos recordwomen: ainsi, Belette s'est "acharnée" sur David Gimmel et Stephen King (3 fois chacun) ainsi que sur John Gwynne (2), cependant que Mara a chroniqué 3 Lucinda Riley (dont un posthume), 2 Elizabeth Chadwick, 2 Anne Jacobs. Et Ta d loi du cine (si, si) a relu deux Harry Potter.

En regardant cette fois-ci les oeuvres (ce qui, bien sûr, recoupe le classement par auteurs): deux titres ont inspiré chacun trois participations: Le clou de Zhang Yueran, et Leur domaine de Jo Nesbo. Plusieurs titres ont été chroniqués par deux participants (parfois en VF et en VO): Bret Easton Ellis (pour Les éclats / The Shards). Mais aussi des oeuvres de Jussi Alder-Ossen, Michael Christie, Hans FalladaAlice Ferney, Elizabeth George, Julie Glass, Nino Haratischwili, Jane Howard... que vous trouverez dans le "récapitulatif"! Quelques auteurs ont été chroniqués "à deux titres différents" (Margaret Atwood, R. J. Ellory, Robert GoddardLarry McMurtry). Je signalerai juste pour mémoire la diversité des genres: nous avons eu aussi bien des livres contemporains que des classiques, des nouvelles oeuvres que des rééditions, représentant nombre de pays (nationalité de l'auteur, pays où se déroule l'intrigue - les deux ne coïncident pas toujours), des types d'ouvrages différents (fiction ou non-fiction, littérature, fantasy, polars, romans historiques ciblant des époques variées...), soit un panel très large. Pour le détail, allez voir le récapitulatif ;-)

0 logo retenu_paves2023Je souhaite aussi mentionner Les pavés de l'été 2023 que Sibylline a organisé sur son blog La petite liste, puisque nous avions en parallèle organisé indépendamment nos propres suites au challenge Le pavé de l'été que Brize avait lancé et maintenu durant 11 éditions (de 2012 à 2022), en annonçant ne pas l'organiser en 2023 (mais laisser qui voulait en reprendre l'organisation être libre de le faire). Sibylline a pris en compte ses participations à partir de 550 pages (contre 600 pour Les épais de l'été 2023).

Du coup, elle et moi, nous avons en commun 22 participants pour 82 livres de plus de 600 pages. Sibylline compte en outre 26 participations: 3 pour des publications sur Instagram que j'excluais expressément, 13 billets par 8 participants inscrits chez moi qui ont aussi chroniqué des livres entre 550 et 599 pages (qui n'entraient pas dans mon champ), une ancienne participante chez Brize qui a chroniqué cette année un seul livre de 576 pages, et quatre autres participants ayant au minimum un livre d'au moins 600 pages (7 chroniques au total, qui "auraient pu" venir chez moi...), à côté de deux de moins de 600 que je n'aurais pas pris.

De mon côté, malgré l'information qui figurait dans mon billet de présentation, 13 de mes participants se sont inscrits exclusivement sur Les épais de l'été (pour un total de 24 items). Il s'agit souvent de "fidèles commentateurs" chez dasola. Je pense que Sibylline aurait rejeté un des livres que j'ai accepté: 800 pages dont 365 avec une photo...

Pour promouvoir cette "suite" que nous donnions au Pavé de l'été que Brize n'organisait pas en 2023, j'avais pris la peine d'aller "tirer par la manche" à peu près tous les blogueurs ayant participé à au moins une des éditions chez Brize et ayant un blog encore actif en 2023 (environ 80 sur plus de 150), en tâchant autant que possible de déposer un commentaire sur leur blog. Mais il est possible que mes commentaires chez eux soient passés en "SPAM" et qu'ils ne les aient jamais lus (ce sont souvent des blogs sous la plateforme wordpress). En tout cas, 26 de mes 43 inscrits avaient participé à au moins une (et même à 11, pour Enna et Keisha!) des éditions du "Pavé de l'été" de Brize. Finalement, 23 des "anciens" de Brize ont contribué aux Epais de l'été avec au moins un billet en 2023. 

Quelques observations complémentaires (si ce n'est pas abuser de votre attention...):

Il est arrivé qu'un titre de livre soit annoncé des semaines voire des mois à l'avance (certaines lectures n'ont d'ailleurs pas été concrétisées, en tout cas pas jusqu'à la rédaction d'un billet); à l'inverse, en prenant la peine de signaler l'existence des challenges estivaux sur de gros bouquins, j'ai obtenu un certain nombre d'inscriptions rétrospectives. Je crois qu'il a exceptionnellement dû m'arriver de cligner des yeux s'il y avait bien le lien mais pas le logo, ou inversement. Il existe des blogs qui ne veulent pas (ou ne savent pas - ce ne sont pas forcément les mêmes) insérer un logo récupéré ailleurs et/ou un lien dans leur billet déjà publié... En tout cas, avec plus de 100 billets ayant participé au challenge qui se déroulait sur trois mois, il a en moyenne été rédigé plus d'un billet par jour sur de "gros bouquins". 

Dans mon "récapitulatif", j'ai pris le parti de mentionner le nombre de pages que compte une oeuvre chroniquée. Je revendique une part de subjectivité dans ces indications. Entre l'édition lue par le blogueur et l'édition "longue" existante, je privilégie la plus longue. Même si une oeuvre publiée en deux tomes existe et même si chacun suffisait à faire un pavé, j'ai privilégié pour mes comptages l'édition (en Pléiade!) qui existe en un seul volume. J'ai (exceptionnellement) rajouté des qualificatifs lorsque plusieurs éditions existaient, soit qu'il s'agisse de celle sur laquelle porte le billet, soit au contraire pour "justifier" la prise en compte dans le challenge via une édition en remplissant les conditions: "écouté en audiolivre; en VO; en grands caractères...". Je n'ai par contre jamais eu de cas où plus d'une de ces "précisions" soit nécessaire. Comme je l'avais précisé, certains sont trop honnêtes et "ne veulent pas tricher", parce que l'édition qu'ils ont lue ne compte pas le nombre de pages requis, cependant qu'il en existe une ou plusieurs autres remplissant les critères et faisant que j'aurais avec plaisir accepté leur billet...

En stricte arithmétique, si chaque participant-e avait fait un commentaire sous chaque billet rédigé par les autres (et avait aussi répondu chez lui), on aurait pu espérer la génération de ... beaucoup de commentaires sur la blogosphère (en tout cas, le billet "récapitulatif" a battu un record chez dasola: 123 commentaires - par 46 blogueurs différents). Certains déploreront peut-être de n'avoir eu que peu de commentaires malgré leur inscription aux challenges. La question qui se pose est: et vous, au fait, chez combien d'autres participants avez-vous fait des commentaires? Pour ma part, je m'étais engagé à aller en faire un sous chaque billet. Mais certaines plateformes (mais je ne vais pas dénoncer, hein wordpr...) semblent réfractaires à mes commentaires: j'ignore si mon "profil" est blacklisté par certains utilitaires antispam... ou par le blogueur lui-même (qui, peut-être, accepte exclusivement les commentaires de personnes déjà connues?), ou encore si mes commentaires attendent une validation expresse dans une catégorie "Indésirable" où le blogueur ne songe jamais à aller... et qui finit par les supprimer automatiquement au bout d'un certain délai. Il y a tellement de paramètres et de réglages possibles... 

À titre personnel, encore une fois, je n'aurai pas réussi à chroniquer ni même à finir de lire mon gros Stevenson. Ce sera pour une prochaine fois (prochaine édition, prochaine année...)! Et si j'avais mis la barre à 650 pages (comme je le ferai peut-être l'an prochain?), seuls 31 livres auraient été éliminés, et il y aurait encore eu 28 participant-e-s pour 75 billets! Peut-être qu'idéalement, il faudrait compter le nombre de caractères (hors espaces!) plutôt que le nombre de pages... Ce sera peut-être possible le jour où tous les livres seront disponibles sur "liseuse", je ne pense pas que ce soit déjà le cas (et vive le papier!).

Je termine en réitérant mes remerciements à toutes et tous les participant-e-s, et aussi à Brize qui avait initié en 2012, puis porté pendant 11 éditions, ce concept d'un challenge estival sur des "pavés" qui constituait un rendez-vous annuel connu, attendu et même préparé par certains et certaines, pour avoir laissé qui voulait le faire en reprendre l'organisation pour 2023. 

21 septembre 2023

Les dépossédés - Ursula K. Le Guin

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C'est d'extrême justesse que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussis à monter à bord du XIVe challenge Summer Star Wars ("Andor"), qui se termine avec l'été 2023, comme son nom l'indique. Mon billet pourra aussi s'inscrire au 11e challenge de l'Imaginaire. Il concerne un classique de la SF, que j'ai pour ma part découvert très récemment, via la blogosphère. 

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Les dépossédés, Ursula K. Le Guin, 1974 (trad. française 1975), Le livre de poche N°7288, imprimé en juillet 2023, 446 pages

Jusqu'à récemment, je n'avais jamais entendu parler d'Ursula K. Le Guin (1929-2018), surtout connue pour sa série Terremer. Les dépossédés s'inscrit dans un autre cycle, Le livre de Hain (qui comprend un total de 7 titres), mais peut tout à fait se lire comme une oeuvre indépendante (c'est en tout cas ce que j'ai fait!).

Le volume débute par la représentation graphique de deux planisphères. Sur Urras, d'un océan unique émergent deux continents et quelques autres terres plus ou moins étendues. Sur Annarès (que l'on apprendra dans le roman être une lune d'Urras - si j'ai bien compris), une terre unique ceinture la sphère, sépare ainsi deux mers principales et en comprend quelques autres, intérieures, plus petites. Les populations (d'essence humaine) d'Urras et d'Annarès ont la même origine, mais se sont séparées il y a environ deux cent ans (sept générations) quand commence le roman. Annarès est cantonnée dans l'isolement, et visitée huit fois dans l'année par des vaisseaux spatiaux d'Urras, dont l'équipage ne peut sortir du "Port" d'Annarès. Le vaisseau du jour va embarquer un passager en provenance d'Annarès, ce qui est rigoureusement inédit... 

J'avoue ici que j'ai failli me faire happer et repartir pour une lecture depuis le début, alors que j'ai fini ce livre il y a déjà quelques semaines et que je voulais juste me rafraîchir les idées. Je vais donc essayer de ne pas le raconter! 

Disons que ce mystérieux passager, Shevek, est une personnalité hors du commun, un "physicien" surdoué à qui Annarès n'a plus rien à apporter mais qui va chercher, lui, à apporter quelque chose à Annarès (et, accessoirement, à Urras et au reste de l'humanité): une révolution dans le déplacement interplanétaire.

Le génie d'Ursula K. Le Guin est de nous décrire deux univers par le "truchement" de Shevek (certains épisodes renvoient à son enfance, d'autres à sa vie adulte avant son départ de sa lune natale...). Ainsi s'enchevêtrent différents chapitres, tant par des retours en arrière (les années de formation puis la jeunesse du "transfuge"), que par ce qui lui arrive une fois arrivé sur Urras (où il était attendu "comme le Messie" par les scientifiques locaux).
Par ce biais nous sont dépeints des univers mentaux différents, des philosophies de la vie différentes. Sur Annarès, la population (quelques centaines de milliers de personnes) mène un mode d'existence, une vie communautaire autosuffisante (par obligation), qui, m'a-t-il semblé, peut ressembler à l'image d'Epinal du Kibboutz des débuts du sionisme. Une société (une vie sociale) a été mise en place "ex nihilo" par ceux à qui a été accordé jadis le droit de peupler Annarès, pour y vivre en accord avec les préceptes définis par celle qui a "inventé" leur mode de vie: Odo. Sorte de "guide spirituel" (désormais statufiée et mythifiée), elle a mis en route la voie ardue de l'utopie communautaire. Ces "exilés" odoniens ont ainsi pu mettre en pratique un mode de vie (sans argent) que ne souhaitaient pas conserver en leur sein les unes ou les autres des civilisations entre lesquelles Urras est divisée... 

Cette société annarienne m'a semblé mettre en application au quotidien l'anarchie (la vraie), celle qui forme les individus à être capables de vivre collectivement dans une société sans organes de pouvoir. Mais il n'est pas simple de concilier idéal de liberté collective et contrainte par des normes sociales intériorisées... qui interdisent de questionner ce fonctionnement même, celui qui régit les limites de la liberté individuelle. 
En tout cas, ces "libertaires" pacifiques et frugaux sont différents des libertariens à l'américaine, que je conçois comme des individualistes forcenés prêts à défendre, par la force s'il le faut, leur “droit” à vivre égoïstement, en refusant toute contrainte collective, et en premier lieu tout impôt destiné à la prise en charge de l'intérêt général. 

Ce qui concerne Urras peut être vu comme des caricatures des sociétés étatsuniennes, soviétiques, chinoises, africaines (qu'il s'agisse de climat, d'organisation politique, policière...). 
Chaque situation évoquée amène des développements parfois pas si évidents... et on tourne page après page. Au final, j'ai trouvé qu'il s'agit d'un beau libre. D'un très beau livre. D'un très grand livre. D'un livre passionnant. D'un livre magnifique de subtilité et d'intelligence, qui amène à la réflexion. 

C'est grâce au blog de Lybertaire que je l'avais découvert.
Dans le cadre des différents challenges Summer Star Wars, Elassar l'avait chroniqué en 2022, Baroona en 2014.

18 septembre 2023

Harry Potter et l'ordre du phénix - J. K. Rowling (livre) / David Yates (film)

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Bon, c'est de justesse que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussis à finaliser un troisième billet dans la dernière ligne droite (troisième mois) pour les challenges estivaux (l'automne sera bientôt là): "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, et "Les pavés de l'été", organisé de son côté par Sibylline sur son blog. Je continue dans la saga de J. K. Rowling en traitant cette fois-ci son cinquième volet, après mon billet précédent sur Harry Potter et La Coupe de feu.

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J. K. Rowling, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Folio junior N°1364, 2003, 1032 pages. 
David Yates, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, 2007, 138 minutes.  

P1160686Cette fois-ci, je vais commencer mon billet par le film (sorti en 2007 - et chroniqué par dasola à l'époque). Lors d'une belle journée estivale, Harry qui se trouve dans un square se fait embêter par son cousin Dudley et ses acolytes, lorsqu'éclate un orage soudain. Puis tout va très vite: en même pas 10 minutes (correspondant à peu près à 75 pages du livre), nous voici arrivés au repaire du fameux "Ordre du Phénix". À la suite de cela, Harry découvre les plaisirs du Ministère de la magie avant la rentrée à Poudlard (29 minutes / 240 pages). Vous dirai-je que la préfecture ne revient pas à qui l'attendait? Encore une fois, la personne qui doit enseigner la "défense contre les forces du mal" ne se révèle guère sympathique, que ce soit en terme d'encre ou de postulats en cours (et nous voilà à la 40e minute et vers la p.320). À l'initiative du Ministère, l'Inquisition débarque à Poudlard, cependant que tel ou tel de nos héros réagit en protestant. Mais Dumbledore fuit Harry, et son parrain lui donne le meilleur des conseils: "vous devez vous débrouiller seuls!" (50e minute - et différence avec le livre). Bisous à la 103e minute (p.544). Les leçons d'occlumancie comme l'attaque du serpent sont expédiés en quelques courtes séquences. Evasion collective d'Azkaban à la 76e minute (p.647), et évaporation de Dumbledore à la 82e (p.741). Mais la révolte contre la nouvelle direction de l'école éclate en feu d'artifice à la 92e minute: un grand moment à l'écran! La bande d'Harry investit le ministère après la 100e minute (p.912). Et ça cavale, et ça cavale. 

Au final, dans ce cinquième volet de la saga, il se passe et se dit plein de choses à l'écran. Avec une phrase pour 10 minutes de film, je ne vous ai presque rien dévoilé, hein! Moins qu'une bande-annonce en tout cas. Je rajouterai juste que la tête de Sirius dans le feu est traitée différemment que dans le 4ème film (qui n'était pas de Yates). Le concierge Rusard tient une place non négligeable dans ce film, avec quelques gags récurrents et muets. Pas de Quidditch dans cet opus cinématographique par contre. Les géants n'apparaissent pas non plus à l'écran (ou guère). Et, anecdotiquement, j'ai eu l'impression qu'Hermione confondait quotient intellectuel et sensibilité dans la scène montée?

P1160685À chaque fois que je relis la phrase "Ce n'est pas parce que tu as la capacité émotionnelle d'une cuillère à café qu'il en va de même pour tout le monde" (p.547), je rigole. Mon édition du livre, achetée d'occasion en 2007 et relue plusieurs fois depuis, a... vécu (pages et couverture cornées...). Ce long livre (1032 pages, le plus long des cinq alors parus) retrace comme les autres une année de Poudlard, mais une année plus difficile que jamais encore pour Harry. Il devra y subir la mort d'un proche (ce n'est pas la première fois bien sûr), mais il sera aussi en butte à une forme de persécution institutionnelle, alors que sa "célébrité" passée (l'enfant qui a permis naguère la disparition de Qui-vous-savez) se retourne contre lui (l'adolescent perturbé qui veut se rendre intéressant en faisant croire que Qui-vous-savez est de retour).

Et leurs hormones travaillent nos adolescents, même si Hermione-la-surdouée garde ici la tête la plus froide. Quand certains piliers de l'équipe de quidditch de Gryfondor se font interdire de jeu par mesure disciplinaire, Hermione se mêle du choix de leurs suppléants. C'est elle encore qui a l'idée d'organiser la résistance des élèves à la tyrannie, alors que l'Ordre du Phénix s'apparente davantage à un mouvement d'anciens combattants. À un moment, entre renvoi d'un enseignant, départ à l'hôpital d'un autre, et profil bas de la plupart, Harry se retrouve en manque de soutien adulte à Poudlard. Les séances d'examen des BUSE (brevet universel de sorcellerie élémentaire) sont longuement développées dans le livre: cette cinquième année est bien une année-charnière.

Il y a bien évidemment dans le livre des séquences, des explications, des scènes entières, qui sont dans le film traitées très elliptiquement voire pas du tout, comme la grande explication finale entre Harry et Dumbledore, dans le bureau de ce dernier, où Harry pique une véritable crise de nerf. On recroise le personnage de l'elfe Dobby, ainsi que le centaure Firenze jadis rencontré dans la Forêt interdite, alors qu'ils ne figurent pas dans le film. Le concierge Rusard se fend de discours venimeux. Harry a l'occasion de se demander s'il n'a pas quelque peu idéalisé son père. À la fin du livre, Harry doit une fois de plus retourner chez sa tante, son oncle et son cousin, mais ces derniers récoltent une mise en garde mémorable.

Et voilà... Je pense qu'il va s'agit de ma dernière participation pour 2023 aux challenges sur de gros livres. Au moins, j'aurai réussi à en publier une par mois. 

Dans le cadre des challenges "Pavé de l'étéde Brize (organisés entre 2012 et 2022), Tiphanie l'avait lu en VO dans le texte en 2013. 

Edit du 21/09/2023: Bon sang mais c'est bien sûr, Harry Potter peut aussi participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

14 septembre 2023

Dans la Bulle de Manou - Présentation de Manou (après son 500e commentaire sur le blog de dasola)

Près de trois ans après la dernière présentation d'une blogueuse ayant dépassé les 500 commentaires sur le blog de dasola, voici celle de Manou, qui s'est pliée au jeu pour nous parler de son blog "Dans la Bulle de Manou", un peu moins de 7 ans après son premier commentaire ici (il remonte au 9 novembre 2016), en répondant au questionnaire "sur mesure" que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) lui ai transmis en fin de semaine dernière. Les présentations sont donc désormais au nombre de huit (1), cependant qu'une autre blogueuse qui a franchi presque en même temps le "cap des 500" a été sollicitée en parallèle mais n'a pas répondu à ce jour.

Pour le moment, donc, honneur à Manou, qui disait dans son mail d'accompagnement qu'elle ignorait que les commentaires étaient comptabilisés aussi minutieusement sur le blog de Dasola, ne pas avoir répondu tout de suite car très occupée, ne pas avoir l'habitude de se livrer ainsi, "mais, à partir du moment où on écrit dans un blog, on se dévoile forcément déjà un peu (j'avais d'ailleurs répondu à des tags au début de mon blog pour faire plaisir à de jeunes blogueuses, ils sont toujours disponibles sur mon blog). Alors pourquoi refuser cette sympathique interview ! J'ai répondu sans trop réfléchir le plus sincèrement possible et comme d'habitude je suis un peu longue. Difficile de faire plus court !"

Merci à Manou pour ses réponses que vous pouvez découvrir ci-dessous (en bleu)!

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DanslaBulledeManou_2 Bonjour Manou, pour que les lecteurs comprennent qui vous êtes, pouvez-vous vous présenter ? Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques? Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous (car un lecteur de 20 ans n’ayant pas le même ressenti qu’un de 60, ou bien les disponibilités en temps [de rédaction de billets comme de parcours de la blogosphère] pouvant varier avec l’âge, cette information a son importance)? 

Je peux donner mon âge sans problème, je n’ai aucune réserve à ce sujet.
J’ai 70 ans, je suis mariée, j’ai deux fils qui pour l’instant, m’ont donné trois merveilleux petits-enfants (entre 14 et 3 ans).
Je suis née en Provence et vis actuellement à la campagne dans un hameau au milieu des vignes, mais comme ce n’est pas un secret non plus, j’ai des origines auvergnates par mon père et provençales par ma mère et ma seconde région de cœur est donc le Velay où j’ai la chance d’avoir pu conserver la maison familiale. 

* Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec la littérature ou l'art?

J’ai une maîtrise de Sciences Naturelles et si rien au départ ne me prédestinait à me diriger vers un métier littéraire, c’est en faisant du bénévolat dans une petite médiathèque de campagne que j’ai eu envie de passer le CAFB jeunesse et adulte qui m’a permis de travailler comme bibliothécaire. Puis ensuite, j’ai passé un CAPES de documentation et je suis donc entrée dans l’enseignement comme enseignante-documentaliste. Là j’ai exercé en collège et Lycée pro essentiellement et plus de la moitié de ma carrière en ZEP. 

* Parlons un peu de vous et de votre blog: Dans la bulle de Manou. Dans quelles circonstances avez-vous souhaité le créer? Vous utilisez toujours la plateforme « overblog » (sur lequel vous l’aviez créé en avril 2012). Vous pouvez nous raconter l’histoire de cette création ? Pourquoi ce nom ? Quid de l’achat du nom de domaine ?

J’avais déjà créé plusieurs blogs essentiellement avec "wordpress" pour des projets précis avec des enseignants, ou des clubs de lecture et je connaissais donc bien la blogosphère. J’ai juste eu envie de rassembler mes lectures sur un seul support en mesurant tout ce que j’avais perdu de mes lectures passées. Ayant été nommée plus près de chez moi, faisant moins de trajets en voiture, j’avais davantage de temps pour moi, voilà donc pourquoi j’ai créé mon blog. J’ai choisi ce surnom parce que ma petite-fille dès qu’elle a su parler m’appelait Manou et j’ai trouvé cela tellement adorable que je lui ai en quelque sorte dédiée mon blog. Pour le nom de domaine, ce sont des blogueurs passionnés qui m’ont convaincu de le faire pour diverses raisons, et je ne le regrette pas. 

* Livres, découvertes, créations, voyages… De fait, les articles que l’on peut lire sur votre blog sont très diversifiés (aujourd’hui près d’une trentaine de « catégories », avec un regroupement dans six rubriques de la barre de menu). Etait-ce prévu dès le départ, ou vos centres d’intérêt bloguesques ont-ils évolué au fil du temps ?

Au départ, je voulais surtout garder une trace de mes lectures et je n’étais pas attirée du tout par les blogs uniquement littéraires donc je ne voulais pas que le mien soit littéraire. D’ailleurs les blogueuses et blogueurs littéraires « boudaient » mon blog qui ne leur paraissaient pas assez « sérieux », mais je n’ai pas renoncé, je voulais que mon blog soit le reflet de mes passions et j’ai toujours pensé que par d’autres sujets on pouvait atteindre des personnes non lectrices. Dès le début, durant l’année 2012, j’ai mis des articles sur les plantes, des photos sur mes balades, des recettes de cuisine et des articles sur les traditions provençales. Mais c’est surtout depuis que je suis à la retraite que je développe davantage en rédigeant des articles plus longs.
Avant, entre famille et travail, je ne disposais pas d’assez de temps. 

* Les grandes rubriques sont : voyages et balades ; plantes ; créations ; découvertes (paysages, patrimoine…) ; et bien entendu « bibliothèque ». Désormais, votre blog fait donc la part belle à la nature, aux plantes, aux oiseaux (et autres animaux !). Quel est votre but avec cet éclectisme ? Souhaitez-vous détailler, préciser ? Les lecteurs de votre blog semblent-ils réagir davantage à certains thèmes qu’à d’autres ?

Je n’ai pas de but précis, j’écris des articles en fonction de ma vie d’aujourd’hui, je m’adapte à mon quotidien, parfois cela fait des articles répétitifs comme les fleurs du jardin au printemps, par contre cette année je ne reparlerai pas des vendanges alors qu’elles ont commencé depuis 15 jours parce que j’ai d’autres sujets à partager. 
Les lecteurs de mon blog ne sont pas tous des lecteurs et je le dis assez souvent, ils ont le choix de ne commenter que les articles qui les intéressent vraiment, enfin c’est ce que je souhaite. 

* Vos aquarelles sont magnifiques. Depuis quand pratiquez-vous ? En autodidacte ou en l’ayant étudiée ?

Merci ! 
Cela ne fait pas longtemps… Comme je l’ai raconté d’ailleurs dans mon blog j’avais découvert la pratique de l’aquarelle lors de vacances pluvieuses en Bretagne avec un étudiant des Beaux-Arts qui avait proposé cette activité aux vacanciers. Mais je n’ai que rarement pratiqué ensuite. À ma retraite, j’ai suivi des cours pendant deux ans dans le cadre d’une activité MJC hebdomadaire, avec une enseignante formidable qui a su me donner confiance mais qui a arrêté son activité. Pour l’instant je n’envisage pas de trouver d’autres cours… peut-être des stages à l’occasion, qui sait ?

* Pour ce qui concerne les plantes : vous avez plusieurs potagers et vergers (confitures, gâteaux et autres plats en témoignent !), mais vous vous intéressez aussi aux plantes rencontrées en balade ? D’où vous viennent ces pratiques et cet intérêt ?

De mes études avant tout. Enfant j’ai toujours eu un jardin potager soit chez mes grands-parents soit chez mes parents car nous vivions en périphérie d’une petite ville et je m’amusais à planter comme les grandes personnes. En dehors de l’école je passais mes journées dehors dans la nature, je n’avais peur de rien… mais je ne m’intéressais pas de près à tout cela, je préférais jouer ! Mes études m’ont permis d’approfondir et je dois aussi beaucoup à mon mari qui est encore plus passionné que moi ! 

* La gourmandise : par hasard, le terme de « gourmande » serait-il signifiant ? Cuisinez-vous « pour vous » ou « pour les autres » ?

Je ne suis pas gourmande du tout ! Dans ma famille, nous avons toujours mangé simplement, très rarement fréquenté les restaurants par manque d’argent. J’ai gardé ces habitudes-là. Je cuisine pour partager avec les autres et faire plaisir et aussi pour savoir ce que j’ai dans mon assiette. Je préfère sélectionner rigoureusement ce que je mange car je fuis la malbouffe et la nourriture toute faite, mais je ne fais jamais rien de compliqué car je ne veux pas passer toute une matinée en cuisine pour autant. 

* En ce qui concerne la rubrique « La bibliothèque de Manou » (vos lectures), votre blog ne comporte pas d’index par nom d’auteur ? Pourquoi ce choix ?

Parce que ce n’est pas un blog littéraire. Si quelqu’un veut savoir si j’ai lu tel auteur, il lui suffit de taper le nom dans le moteur interne du blog (qui n’est pas toujours bien précis, je le sais mais c’est ainsi).

* En moyenne et à titre indicatif, combien lisez-vous de bouquins par mois? 

Une dizaine selon l’épaisseur, l’intérêt, la saison et la présence des membres de ma famille ou pas.

* Débroussailler le champ immense des lectures possibles, faire partager vos émotions de lectures…?

Je choisis souvent mes lectures au feeling, en me baladant dans les rayons des deux médiathèques que je fréquente ou en suivant le conseil des bibliothécaires. Je suis souvent les conseils des autres blogueurs, je fais partie d’un club de lecteurs et je note des titres qui m’intéressent que parfois je lirai des années après. Je suis aussi les conseils des libraires à l’occasion, ou je choisis en fonction des articles lus dans les médias ou sur Babelio. 

* En tant que lectrice, comment vous définiriez-vous? La lecture tient-elle un rôle important dans votre vie? Vous dites que, aimant les livres, vous avez eu la chance d’en faire votre métier : pouvez-vous préciser ici ?

Oui la lecture tient une place importante dans ma vie depuis que je sais lire. Elle permet de voyager, de rêver, de sortir de la réalité quotidienne bien mieux que l’image. Elle permet aussi d’apprendre sur nous et sur les autres.
J’ai expliqué comment j’avais pu exercer un métier autour des livres mais c’est vrai que je n’ai pas dit pourquoi. En fait je n’y songeais pas au départ, mais ayant des envies très diverses, je pense que si j’avais exercé un autre métier qui ne fasse appel qu’à une seule de mes compétences je me serais ennuyée… l’idée de travailler autour des livres s’est imposée à moi par chance, je peux le dire car c’est en rencontrant des personnes inconnues dans un lieu où je n’aurais pas dû me trouver que j’ai découvert que c’était cela que je voulais faire au fond de moi depuis des années… une sorte de révélation qui a changé ma vie.  

* Combien de temps consacrez-vous à la lecture chaque jour?

Cela dépend, en été au minimum 1 heure le soir… sinon ça me manque. En hiver, beaucoup plus. 

* Salons du livre, rencontres avec les auteurs et séances de dédicaces … Les recherchez-vous? 

Plus du tout maintenant, j’en ai beaucoup trop fréquenté durant mes années professionnelles. Mais si ces manifestations ont lieu près de chez moi, si je ne connais pas l’auteur par exemple, ma curiosité peut me pousser à y aller. Mais j’achète peu de livres. 

* Quelle blogueuse êtes-vous ? Challenges, Défi, tag, swap… Il y en a sans doute trop pour participer à tous, et du coup vous ne souhaitez sans doute pas participer à l’un et non à l’autre… Mais est-ce que cela, à votre avis, peut inciter à lire un livre plutôt qu’un autre ?

Au début de mon blog, je m’étais laissé tenter (certains tags ou défis lecture ou autres sont encore en ligne sur mon blog), et puis j’ai découvert que cela m’enfermait dans une contrainte qui ne me correspondait pas, donc j’ai arrêté. Pourtant certains sont très intéressants et me permettraient en effet de lire d’autres auteurs… Je participe seulement et encore pas tout le temps au défi de Céline ["Avec vos 10 doigts", blog aquarellement vôtre, NDLR] qui propose un sujet d’aquarelle car cela me permet de travailler un sujet auquel je n’aurais pas forcément pensé ! 

* Votre endroit favori pour lire?

Chez moi; je déteste lire dans un lieu public y compris dans une bibliothèque, tout comme dans la nature, je n’arrive pas à me concentrer sur ma lecture ! Je ne pourrais pas lire un roman dans un train par exemple… 

* Etes-vous plutôt livre papier ou liseuse électronique? Vous avez un certain nombre de billets sur des livres lus en e-book, ou (beaucoup plus rarement) en audiolivres : que diriez-vous sur ces « modes » de lectures-là ?

Je suis plutôt livres papier mais j’accepte de temps en temps de lire en e-book en vacances. Si les audiolivres avaient existé lorsque je faisais 1 heure de trajets matin et soir pour aller travailler, j’en aurais été une très grande consommatrice. Actuellement, je trouve rarement le temps et le lieu pour écouter tranquillement un livre, mais je suis certaine que la vie m’en donnera l’occasion un jour. 

* Comment choisissez-vous vos lectures? (bouche-à-oreille, cadeau, article de presse, hasard…)? Avez-vous un genre favori? Un auteur – vraiment – préféré?

Je viens de donner la réponse quant à ma façon de choisir. 
Je n’ai pas un genre favori parce que mes lectures varient en fonction de mon humeur, de mon degré de concentration et de mes envies du moment.
Je n’ai pas un auteur préféré mais quand je découvre ou redécouvre un auteur comme je l’ai fait cette année avec René Frégni, j’aime approfondir en lisant plusieurs de ses œuvres…  

* A quoi êtes-vous sensible lorsque vous avez un livre en main?

À l’ambiance avant tout, aux émotions que les mots suscitent en moi, à l’analyse psychologique des personnages. Dès les premières pages, je sais si je vais aimer ou pas une lecture. 

* Offrez-vous des livres? Si oui comment les choisissez-vous?

J’offre beaucoup de livres et je les choisis en fonction des goûts des personnes à qui je les offre. 

* S’il ne fallait en retenir qu’un? Quel livre vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu lire?

J’ai été très marquée par ma découverte des écrits d’Alexandra David-Neel. À sa mort j’étais adolescente et je n’aimais lire que de la SF en dehors de ce que les enseignants nous donnaient à lire. 
Mon professeur de français nous avait conseillé de découvrir son récit Voyage d’une Parisienne à Llassa. Je n’en revenais pas ! 

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* Pourquoi celui-ci?

Je crois qu’il a ouvert mon monde sur des possibles… et que j’ai dû penser «alors les femmes peuvent faire tout cela »… ensuite j’ai lu Colette, Simone de Beauvoir, puis Annie Ernaux et beaucoup d’autres auteurs femmes que j’ai lues pendant des années ! 

* Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d’une lecture enfantine ou adolescente? 

Aucun mauvais souvenir, je lisais beaucoup…et j’aimais lire ! 
Enfant j’étais une adepte des albums de « Caroline » (pas des « Martine » que je détestais !). Je n’avais pas beaucoup de livres alors je les connaissais par cœur et plus grande les « clubs des cinq » ont bercé mes vacances, ce n’est pas original. Mais je me souviens en sixième de ma découverte de George Sand, un auteur que j’ai abandonné à l’adolescence pour ne jamais cesser de la lire ou la relire ensuite. Puis de ma découverte de la SF et de Lovecraft que je dévorais tout en lisant en parallèle tous les Prévert qui me tombaient sous la main, déjà… je ne pouvais pas choisir entre les deux ! C’est amusant ! 

* Comme d’autres «dévoreuses de bouquins», êtes-vous vous aussi tentée par l’écriture?

Absolument pas. Malgré les apparences je n’aime pas parler de moi et tout écrivain parle d’abord de lui. Mais j’aime écrire dans mon blog, c’est stimulant intellectuellement !

* Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?

Je ne suis pas particulièrement ces statistiques mais sur overblog elles s’affichent sur le tableau de bord à l’ouverture de l’administration, donc je ne peux que les voir ! 
Alors depuis la création de mon blog, j’ai eu 4 469 657 visiteurs (je prends le chiffre exact de ce jour). 

* Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour ?

Je n’ai jamais dévoilé ces chiffres qui me semblent peu importants. Par jour en moyenne j’ai 1000 visites actuellement, des chiffres en baisse ces dernières années surtout depuis le COVID. 

* Vous rappelez-vous comment vous aviez découvert le blog de Dasola? (réponse facultative!)

Honnêtement, pas précisément… Mais je sais que dans la colonne de droite de son blog il y a la date de mon premier commentaire ! Je crois que c’est elle qui est venue la première sur mon blog, sans doute par l’intermédiaire d’une autre blogueuse, peut-être de Miss Fujii ( ?) qui ne publie plus à présent. Je n’en garde aucun souvenir précis mais si je suis revenue c’est que j’ai aimé lire ses présentations de films (car j’allais beaucoup au cinéma avant) et de polars…

* La question suggérée par Dominique: "êtes-vous parfois tentée d'arrêter le blog?"

Pour l’instant non, j’ai été tentée d’aller sur d’autres réseaux mais j’avais peur que cela devienne beaucoup trop chronophage et je voulais continuer à pouvoir visiter mes blogs préférés en personnalisant mes commentaires et surtout à avoir une vie à côté du blog ! 

* Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle autre question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

Et bien par exemple pourquoi j’ai accepté de répondre à cette interview, moi qui n’aime pas me mettre en avant, ne raconte jamais ma vie privée sur mon blog, seulement mes balades, qui ne montre pas de photos de mes proches, ne raconte rien d’important finalement…
Et bien ma réponse c’est que cela me fait sortir de ma zone de confort, de ma fameuse « bulle » et que parfois c’est sympa d’être forcée de le faire de manière inattendue…
Merci de m’avoir demandé de le faire donc ! 

 DanslaBulledeManou

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(1) Ci-dessous les sept témoignages précédents (avec leur nombre de commentaires lorsqu'elles-ils avaient témoigné, et aujourd'hui):
Dominique (de A sauts et gambades) le 28 avril 2017 (500 => 676)
Aifelle (le goût des livres) le 25 octobre 2017 (750 => 1179), 
Maggie (Mille et un classiques) le 12 août 2018 (600 => 921) 
Ffred (le ciné de Fred) le 23 octobre 2018 (500 => 540 / en pause depuis septembre 2021).

Keisha (en lisant en voyageant) le 26 avril 2019 (500 => 709)
Matching points "pour les femmes mais pas seulement" le 12 mai 2020 (500 => 609 / viennent d'"arrêter leur aventure du blog")
Alex-mot-à-mots (Mot-à-mots) le 23 novembre 2020 (500 => 624)

Une blogueuse ayant décliné l'invitation à répondre après son 500e commentaire sera de nouveau sollicitée pour son 600e, puis en cas de nouveau refus pour son 750e... Jusqu'à présent, il n'a jamais fallu attendre le 1000e commentaire pour une quatrième sollicitation!

7 septembre 2023

La vilaine veuve (Nice, le procès oublié) - Robert McLiam Wilson

Après celui sur les retraites, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente ce mois-ci le petit "Hors-série" noir de Charlie Hebdo sur le procès de l'attentat de Nice, titré La vilaine veuve. Je l'avais acheté en kiosque, à peu près à la même date que l'autre hors-série, en janvier 2023. 

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La vilaine veuve. Nice, le procès oublié. Robert McLiam Wilson (traduit de l'anglais par Myriam Anderson), Hors-série N°2H, 80 pages, 5 euros.

À la fin de l'année 2022 s'est tenu le procès concernant l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, qui avait fait 86 morts dont 15 enfants et plus de 400 blessés, écrasés par un camion conduit par un seul homme, finalement abattu (attentat revendiqué par Daech deux jours plus tard). Huit personnes de l'entourage du terroriste sont accusées d'avoir été complices dasn la préparation de l'attentat, de lui avoir fourni des armes ou d'avoir joué le rôle d'intermédiaire quand il cherchait à s'en procurer, d'avoir donc été au courant de son projet (il se serait radicalisé très rapidement, alors qu'il n'était pas religieux antérieurement)... 

Robert McLiam Wilson a couvert le procès pour le compte de Charlie Hebdo, où il a chaque semaine publié un article. Il y parle des parties civiles, des avocats, des juges, des accusés... à hauteur humaine. Il explique aussi avoir souvent éprouvé le besoin de se réfugier dans la boisson alcoolisée, seul ou en compagnie, pour supporter ces dures journées de procès. Il est plutôt féroce pour les hommes politiques qui viennent témoigner: Christian Estrosi, maire de Nice à l'époque; François Hollande, Président à l'époque, qui, semble-t-il, utilise les mêmes mots déjà servis lors des procès précédents (attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier 2015, attentat du Bataclan et des terrasses le 13 novembre 2015...): "quand il y a un attentat, il y a un échec" (p.32). 

Du coup, ce hors-série n'est pas seulement un récit chronologique d'un procès. Les "angles" sont diversifiés. Au fil des semaines, des témoignages, des choses difficiles à supporter sont évoquées: les vautours dépouillant, sur la chaussée même, les victimes (mortes ou blessées) de leurs téléphones portables; des prélèvements d'organes effectués sur les cadavres à l'insu des familles (pendant des "autopsies inutiles et cruelles" [p.68])... Robert McLiam Wilson est parfois amer sur le fait que ce procès, qui se tenait à Paris, a semblé drainer moins de public que les procès précédents: parce que les victimes étaient niçoises? Il s'est même déplacé pour un reportage de quatre jours à Nice. 

Dans l'un des chapitres, il remarque en passant que les journalistes qui couvrent le procès sont, pour la plupart, de jeunes femmes. Dans un autre, que le cumul de la représentation de nombreuses parties civiles (même si "ça ne fait pas grand-chose par client", p.69) peut constituer une "bonne affaire" pour certains avocats, avec l'aide juridictionnelle payé aux frais du contribuable. Je me permets aussi de citer le blog Ça passe crème de Thierry Vimal, qui a perdu sa fille de 12 ans lors de l'attentat (je l'ai découvert grâce à Robert McLiam Wilson qui l'évoque p.24): un style particulier, une scansion courte... et de longs textes.

J'ai apprécié la sorte d'anathème qui fait que (sauf ereur de ma part) l'identité exacte du chauffeur cinglé n'est nulle part écrite dans ce hors-série: l'"oubliable connard" qui a loué un camion et l'a conduit en zigzag pour faire le plus de victimes possibles est juste évoqué par un surnom, "Momo" (j'approuve cette damnatio memoriae). Et Robert McLiam Wilson n'est certes pas tendre avec une quelconque excuse liée aux antécédents familiaux du terroriste (p.41: "Unanimement, c'est le père, rustique et ratatiné, qu'on tient pour responsable. Le pauvre Momo aurait souvent été battu. il était pauvre, n'avait pas de jolis habits. Membre méprisé d'une famille qu'on prenait de haut. Moi pareil, mec. Et après, j'ai fait Cambridge.").

Autre citation: p.59, il demande à des témoins parties civiles ce qu'ils pensent des témoignages des accusés. "Ils se foutent de nous", a soufflé Jacques, d'une voix basse et tendue. Et Marie-Claude de l'interrompre (comme souvent, c'est leur manière). Ça, on pouvait s'y attendre, dit-elle. Mais n'oublie pas, le lendemain de l'attentat, ils ont rouvert les plages. Ça, c'est du vrai foutage de gueule." 

Après avoir lu ce hors-série pour la première fois, j'avais noté deux mots: brut. Brutal. En tout cas, Robert McLiam Wilson sait écrire (même si je ne connais pas sa "version originale", je suppose que la traduction se fait "au plus près"). Le titre du recueil, "La vilaine veuve", est utilisé comme une expression usuelle dès la page 4 (introduction), où il rappelle que dès 2016, il remarquait que cet attentat de Nice était moins inscrit dans la mémoire collective que ses prédécesseurs parisiens ou d'autres: "L'attentat de Nice fait tapisserie parmi les attentats terroristes en France des dix dernières années. Oui, c'est vraiment la vilaine veuve". Mais je n'ai pas la référence de cette expression. Anglicisme, peut-être, citation biblique, ou autre? Je ne sais pas...

Pour le Hors-série signé Gilles Raveaud, je m'étais vaguement demandé s'il s'agissait de la reprise de chroniques passées, d'une rédaction originale, ou d'un mixte des deux, mais je n'avais pas creusé plus que cela. Pour La vilaine veuve, où j'avais réellement eu une impression de "déjà-lu", j'ai pu vérifier la parfaite concordance avec les chroniques hebdomadaires dans Charlie. Ainsi, les deux articles publiés p.15 du N°1573 du 14/09/2022 correspondent aux p.7 à 9 et 10-11 du Hors-série. L'hebdo y ajoutait deux dessins de Biche. Les N°1586 du 14/12/2022 (p.10) et 1587 du 21/12/2022 (p.10 aussi) correspondent exactement à l'avant dernier chapitre (pp.71-75) et au dernier (p.76-80). Les 16 chapitres (dont l'introduction) doivent donc correspondre, je suppose, aux 16 numéros (1572-1587), même si je n'ai pas fait la vérification exhaustive).

Quelques mots concernant l'auteur. La page wikipedia le concernant (consultée le 6 septembre 2023) signale que "Robert McLiam Wilson est contributeur à Charlie Hebdo depuis fin janvier 2016. Son premier article a été publié le 20 février 2016". Il est aussi écrivain, et j'ai commencé à lire Ripley Bogle (360 pages), mais mes disponibilités en temps de lecture ne me permettaient pas de le chroniquer pour ce mois-ci. Je me souviens en tout cas que, lors du confinement, Robert McLiam Wilson avait rédigé un article sur le développement des livraisons à vélo de nourriture à vélo (Uber Eat, et autres), et je me rappelle son anecdote rédigée drôlement quand il expliquait avoir vu passer un (et un seul) de ces "forçats de la rue" [l'expression est de moi!] de type caucasien, mais ne pas avoir réussi à le rattraper pour l'interviewer... 

Enfin, je signale que le Hors-série peut toujours être commandé sur le site du journal (boutique). Yannick Haenel en avait fait une présentation en interviewant l'auteur dans le N°1590 du 11/01/2023.

PS: sans rapport avec le sujet de l'article, je signale aussi que j'ai bien apprécié que, cet été 2023, Charlie republie chaque semaine (dans sa série "un été avec..." qui rend hommage chaque année à un de leurs "anciens") des chroniques de Bernard Maris: salutaires... 

*** Je suis Charlie ***

30 août 2023

Pauline - Alexandre Dumas

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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) suis encore dans les temps pour une nouvelle participation au thème d'août 2023 (Dickens vs Dumas) du challenge "Les classiques c'est fantastique" de Moka et Fanny. Bien entendu, je peux aussi inscrire le présent billet au challenge "2023 sera classique" co-organisé par Nathalie et Blandine). Le titre que j'ai choisi de chroniquer après l'avoir lu pour la première fois en 2023, c'est Pauline d'Alexandre Dumas, ouvrage dont j'ignorais même l'existence avant de lire en 2022 quelques billets le concernant sur la blogosphère. Je précise qu'Alexandre Dumas, avec ses "classiques" que j'ai lus et relus depuis mon enfance, occupe déjà un rayonnage entier de ma pochothèque, mais je n'y ai donc pas pioché... 

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Pauline, Alexandre Dumas, Folio classique N°3968, 2002, 241 pages

Cette édition bénéficie d'une présentation complète du roman par Anne-Marie Callet-Bianco, notamment dans une préface de 18 pages qui vous dit tout ce qu'il y a à savoir dessus. Le "dossier", lui, commence p.209 (biographie chronologique de Dumas, notice littéraire, bibliographie, notes...). Le texte proprement dit de Pauline occupe donc 182 pages.

Ce roman, l'un des premiers de Dumas, a été publié en 1838 alors qu'il était déjà un auteur de théâtre reconnu depuis près d'une décennie. Je n'y ai pas trouvé beaucoup des péripéties épiques ni des dialogues flamboyants du roman-feuilleton qu'il développera dans les années 1840 (avec ou sans la collaboration d'Auguste Maquet).

Pauline comporte plusieurs récits enchâssés. D'abord ce qui apparaît comme une péripétie d'un voyage de l'auteur rapporté à la première personne (Dumas a publié en 1837 des Impressions de voyage en Suisse, récit basé sur un voyage réellement effectué en 1832, et paru dans différents journaux en 1833 puis en 1837, mais dont je ne sais trop s'il y mêlait déjà réalité et fiction?). Le roman débute avec l'arrivée dans une salle d'armes où le narrateur initial (Dumas, donc) se trouve, d'un personnage (un certain... Alfred de Nerval) dont l'auteur nous dit l'avoir croisé à plusieurs reprises lors de son voyage, en compagnie d'une femme mystérieuse, mais sans avoir pu lui parler. Lors du "souper" (dîner?) qui suit, Alfred raconte à Alexandre ses tribulations. Première phrase: "Tu sais, me dit Alfred, que j'étudiais la peinture lorsque mon brave homme d'oncle mourut et nous laissa à ma soeur et à moi chacun trente mille livres de rente".

Voilà une phrase qui suffit à me faire rêver, moi lecteur de 2023: un revenu de trente mille francs-or par an: pas trop nécessaire, avec un tel viatique, de gagner son pain quotidien à la sueur de son front. Cela pose le décor: on ne va sans doute pas nous parler de traîne-misère. p.42, Alfred, qui aussi des talents de marin, navigue en solitaire en Normandie à bord d'une barque à la recherche d'un paysage pittoresque, qu'il trouve sous la forme d'une abbaye en ruine jouxtant un château. Château qui se trouve par hasard appartenant à l'époux d'une femme jadis aimée par Alfred (la fameuse Pauline). Femme qui, paraît-il, vient malheureusement d'être assassinée dans le parc dudit château. Bien entendu, rien n'est simple ni limpide. Page 84, Pauline commence à raconter son histoire à Alfred (il l'a sauvée et ils sont alors installés en Angleterre comme frère et soeur grâce à un faux passeport), ce qui les occupe jusqu'à la p. 167. Le "méchant" (l'époux, bien sûr), c'est un certain Horace de Beuzeval, au demeurant parfait homme du monde, et qu'Alfred se fera un plaisir de tuer en duel p.194, peu avant la mort de Pauline (la vraie, cette fois-ci).

Voilà je vous ai tout dit (pirouette!). Si vous voulez connaître les détails de l'histoire, et surtout juger vous-même du caractère de notre jeune Pauline, que, je dois dire, j'ai trouvé sacrément "nunuche" (une jeune fille noble du XIXe siècle, pieuse et bien élevée et tout et tout...), à vous d'avoir la curiosité de lire cette oeuvre romantique et gothique à la fois (il n'y a pas de vampires, mais on y trouve des brigands, des morts violentes et une jeune innocente).

Et qu'on ne vienne pas me dire que "j'ai tout dit" dans un résumé de quelques lignes: je ne vois certainement pas en quoi "connaître en gros l'histoire" empêche de savourer la lecture d'un livre comme la vision d'un film: à ce compte-là, il faudrait se boucher les oreilles et les yeux pour systématiquement arriver "vierge" devant toute oeuvre avec laquelle on souhaite se distraire quelques heures, ou s'intéresser exclusivement à des oeuvres venant tout juste d'être proposées "au public"? Impossible, pour moi.

Sur Pauline, on peut par exemple lire le billet de Joëlle. Je mettrai d'autres liens au fur et à mesure que je les retrouverai! Moka et Fanny elles-mêmes viennnent de le chroniquer.

26 août 2023

Heat 2 - Michael Mann (et Meg Gardiner)

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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) rédige aujourd'hui ma deuxième participation aux challenges estivaux sur de "gros bouquins", tant celui, "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, que son parallèle, "Les pavés de l'été", organisé par Sibylline sur son blog La petite liste. En effet, contrairement à ce que pourraient penser au premier abord certains internautes inattentifs, le présent billet ne porte pas sur le film-culte Heat (1995), mais bien sur le "prolongement" que lui a donné le cinéaste sous forme romanesque (un « roman cinématographique »).

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Michael Mann et Meg Gardiner, Heat 2, Harper Collins (France) Noir, 2022, 704 pages

Le déroulé du livre "encadre", et éclaire, les événements qui, dans le film, se situaient "dans le présent" (1995, à Los Angeles). S'il ne contient pas de table des matières, il est divisé en parties qui nous donnent l'année où les chapitres se déroulent (1995, 1988, 2000...). Les six parties contiennent entre deux et 31 chapitres (97 au total), dont le plus court comporte une seule page. La première partie reprend les événements juste après la fin du film et suit la cavale du seul survivant de la bande (Chris) jusqu'à la frontière des Etats-Unis (60 pages). La deuxième partie, située en 1988, nous dévoile le passé de la bande avec les personnages du film et la biographie de leur adversaire, mais aussi voire surtout un nouvel antagoniste, qui ne figurait pas dans le film (jusqu'au chapitre 34 et à la page 245 inclus). Puis la troisième partie (100 pages en 12 chapitres) revient sur Chris, qui a "fait son trou" au Paraguay. En quatrième partie, retour à 1988 pour 120 pages en 16 pages, où le "premier amour "de Neil recontre son destin lors d'un coup fumant de la bande. La cinquième partie est la plus courte: deux chapitres et 16 pages, pour Chris au Paraguay, qui pense toujours à la femme qui lui avait fait signe de partir dans le film. La partie finale rassemble à Los Angeles, en 2000, les protagonistes survivants. Chris devient définitivement un "caïd" à Singapour. Mais la fin reste ouverte, avec un Hanna toujours sur sa trace...

Le roman illustre bien combien la connaissance de l'information (concurrence, partenaires, organisations, dispositifs...) est indispensable, quelles que soient l'action ou l'activité envisagées. J'avoue que je me suis un moment demandé si l'utilisation d'internet pour trouver des informations, vers le milieu des années 1990, n'était pas anachronique. Vérification faite, le web a été mis en place pour le public à partir de 1993... Je sais que je n'ai commencé à vraiment l'utiliser, personnellement, que quelque temps plus tard. Je pense que ceux qui sont "digital natives" n'imaginent pas qu'il a fallu "apprivoiser" et s'approprier progressivement ces nouvelles pratiques et les possibilités qu'elles offraient à nos vies d'adultes...

Dans une petite page d'avant-propos, Michael Mann donne quelques éléments d'interprétation de ce que représente ce livre: les "biographies" des protagonistes, qu'il avait créées afin, au moment du tournage du film, de les communiquer aux acteurs pour qu'ils donnent de l'épaisseur à leurs interprétations. Je le cite concernant Vincent Hanna et Neil McCauley: "Heat était une tranche de ces deux vies. Pour moi, Heat 2 est une opportunité fascinante de faire revivre leur passé et de se projeter intensément dans leur avenir". Dans les cinq pages de "remerciements" en fin d'ouvrage, Michael Mann dit en quelques lignes que "Meg Gardiner a été une collaboratrice extraordinaire", cependant que celle-ci le remercie de [l']avoir "invitée à se joindre à lui pour développer l'univers emblématique de Heat".

Il me semble que j'avais découvert ce livre grâce à un billet de la blogosphère cinéma, je ne sais plus où pour le moment... Voir en tout cas le blog Les pipelettes en parlent. Je rajouterai plus tard d'autres liens antérieurs à mon billet si j'en trouve. 

PS du 27/08/2023 pour essayer de répondre à Pascale (merci pour m'avoir incité à la réflexion!): j'ai apprécié de savoir ce qui s'était passé après le film pour les survivants de la confrontation qu'il racontait. Mais en suivant Chris, on rentre bien dans quelque chose qui n'a plus rien à voir avec un braquage de banque. J'ai été intéressé par tout ce qui est dit sur le passé des protagonistes du film et qui ne rentre pas en contradiction avec celui-ci. Mais j'ai été un peu ... (étonné? Perturbé? Dérangé?) de voir apparaitre un nouvel antagoniste (et quelques personnages et péripéties gravitant autour) auquel absolument rien dans le film ne faisait allusion (même s'il n'y a aucune contradiction pour autant). Enfin, j'aurais vraiment aimé en apprendre davantage (dans une loooongue introduction, par exemple) sur l'apport de la "co-autrice": a-t-elle juste fait de la "mise en forme romanesque" sur l'histoire de Michael Mann? A-t-elle pris part à une "co-construction" en apportant des personnages et des péripéties? Ce qui est sûr, c'est qu'elle était "au service" de Michael Mann. Donc, un peu de frustration à ce niveau-là. Á mon avis, il faudrait presque, maintenant, "rédiger" la novelisation de Heat en y intégrant (davantage que le film ne pouvait bien entendu le faire... en 1995!) les nouveaux éléments amenés par Heat 2.

21 août 2023

Islande: quatre fascicules (incitation au séjour)

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) voulais vous présenter, en "interlude" avant la suite des billets de photos de la maîtresse du blog, une "étude documentaire" basée sur le "matériel" que dasola (m')a rapporté de son séjour en Islande: de petits livres et des brochures achetés dans les musées locaux. Même si rien ne vaut le séjour sur place pour ce qui concerne les paysages, ils permettent de se faire une idée de l'histoire, des légendes et des arts et traditions populaires locaux. 

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Après lecture attentive, voici ce que j'ai retenu de chacun des opuscules. 

* Brève histoire de l'Islande, Gunnar Karlsson (traduction Catherine Mercy), 3ème édition 2019 (1ère éd. 2014, VO 2000), 84 pages

Un ouvrage dont la traduction, en excellent français, se lit fort bien. On commence par le début: la colonisation viking de cette terre d'Islande vierge de population humaine (même si connue dès l'Antiquité). Débutée aux tournants des IXe et Xe siècle selon les sagas, corroborées par des découvertes archéologiques, elle a conservé des liens avec la Norvège, mais les Islandais se sont "autogérés (dans le domaine judiciaire et législatif) jusqu'au XIIIe siècle et la mainmise politique du roi de Norvège à la faveur de luttes entre grandes familles. Puis les Anglais et les Allemands se sont intéressés aux eaux poissonneuses autour de l'Islande... A partir du XVIIe siècle, c'est le Danemark qui prend en main le destin de l'Islande, jusqu'aux velléités indépendantistes du XIXe siècle. L'indépendance est votée durant la Seconde Guerre mondiale. Les dernières pages couvrent la période contemporaine (jusqu'à 2018 inclus).
Merci à dasola pour m'avoir ramené ce "souvenir" que je recommande (apparemment, on peut le trouver sur internet - contrairement aux trois autres sauf erreur de ma part -, mais il paraît onéreux). 

* Le parc naturel de Thingvellir, guide officiel illustré, 2019, 36 pages

Haut lieu de l'Islande puisque ce parc englobe le site où s'est réunie durant des siècles l'assemblée suprème des Islandais (l'Alting), l'endroit nous est présenté sous différentes facettes: géologique (avec des illustrations très éclairantes sur les spécificités de la géologie de l'île), historique, archéologique, écologique (faune et flore)...

* Vu et entendu au musée de Skógar, 32 pages

Ce musée regroupe en fait plusieurs bâtiments dédiés à des collections thématiques: arts et traditions populaires, avec des objets artisanaux patiemment rassemblés et collectés, dont certains sont âgés de plusieurs siècles, architecture locale (maisons anciennes en tourbe), église en bois..., musée des transports... Tout y est très personnalisé (place importante faite aux collectionneurs et donateurs à l'origine du musée).  

* Les elfes et le peuple caché, douze contes populaires islandais (traduction Ólöf Pédursdóttir), 2022, 60 pages

Un petit livre qui m'a rappelé le livre de contes géorgiens chroniqué jadis. D'après l'introduction, les 12 contes présentés ont été collectés via la "tradition orale populaire" par le bibliothécaire Jón Arasón au XIXe siècle. Ces contes n'ont pas toujours de "happy end".

Je signalerai encore que, dans certaines pages des trois premiers ouvrages, on trouve aussi des allusions ou même des encadrés correspondant à tels ou tels mythes ou traditions rapportés par les sagas.

Bref, une intéressant petite sélection panoramique pour en savoir davantage sur la culture islandaise, en attendant la suite du reportage de la voyageuse...

14 août 2023

Tsunami - Marc Dugain

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) programme le présent billet pour qu'il paraisse une douzaine d'heures après sa rédaction, et sur un livre que j'ai eu en main il n'y a pas 24 heures, prouvant à la fois qu'il se lit vite et qu'il m'a intéressé.

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Marc Dugain, Tsunami, Albin Michel, 2023, 260 pages

Dans Tsunami de Marc Dugain, le premier livre que je lis de cet auteur (qui en a écrit ou co-écrit une vingtaine), le "raz-de-marée" est à la fois allégorie et menace réelle. Le roman à la première personne se présente en prologue comme une "chronique" durant les premiers mois d'un nouveau Président de la République, qui s'est faufilé à ce poste en remportant l'élection grâce au soutien des grandes multinationales (américaines) du numérique. Dans cette politique-fiction, la personne qui "tient la plume" n'est ni un conseiller, ni un ministre: c'est notre Président lui-même, un homme jeune ayant fait fortune dans une entreprise de biotechnologie, qui lui a permis de se constituer un carnet d'adresses intéressant. On apprend assez vite qu'il souhaite mettre en place, pour lutter contre le réchauffement climatique, un principe "pollueur-payeur" reposant sur le consommateur final, avec un bonus-malus fiscal incitatif. mais pour cela, tout doit être sous contrôle... avec les fameuses GAFAM qui participeront à la gestion des données. Nous le suivons, au jour le jour, durant quelques semaines. Notre héros m'a donné l'impression d'un talent certain pour slalomer entre les événements qui se déroulent, davantage qu'il n'en a l'initiative. Il doit faire face, jour après jour, à différentes affaires (privées, tant sentimentales que financières), aussi bien qu'à de petites ou grandes décisions politiques à prendre toujours dans l'urgence, comme pour le maintien de l'ordre public face aux réactions à son projet de loi. Il cotoie les grands de ce monde à défaut de leur parler d'égal à égal. Dans cette fiction dystopique, s'il rencontre un président des Etats-Unis, un chancelier allemand et Poutine, j'ai remarqué l'absence de MM. Erdogan ou Xi?

Je vais poursuivre ma présentation du livre par quelques citations sélectionnées (parce que correspondant à des thèmes qui m'ont "parlé"), mais bien entendu hors contexte du (court) chapitre qui les entoure (44 au total), et, a fortiori, de l'intégralité de ce court roman. Le président jugeant son Premier ministre, p.18: "c'est un fin politicien qui se fait une idée de la France qu'il garde pour lui-même pour ne pas se mettre en porte-à-faux lorsque ses capacités d'adaptation le mènent au-delà de ses convictions". Avec une prise de recul quelque peu désabusée, p.32: "c'est un peu le lot de tous les candidats à la magistrature suprême que de déployer une énergie extraordinaire à conquérir le pouvoir pour ensuite consacrer ce qu'il reste de cette énergie à maintenir les choses en l'état". À propos de la fameuse loi en préparation, p.65: "soixante-cinq pour cent des Français voient le traitement de l'urgence climatique comme une priorité, mais les premiers sondages donnent aussi soixante-cinq pour cent d'opposants au principe de l'individualisation de la responsabilité". Alors qu'il se rend en avion à Vancouver pour un "sommet" privé (un peu comme un Forum de Davos, donc?), p.111, il ne se prive pas de bons mots, sur "un de ces sommets depuis lesquels on voit le monde en attendant d'en redescendre", qui lui permet de croiser le Président des Etats-Unis pour un tête-à-tête assez court et chaleureux ("il me prend pour un allié, enfin pour un vassal plutôt fiable")... Il est même question, p.149, de la mortalité de personnes plus vulnérables que d'autres au Covid (pour cause d'obésité ou de diabète), en remarquant que "si l'on s'élève un peu plus, on comprend que, pour une partie non négligeable de son activité, la médecine soigne des maladies que la société crée elle-même par le stress, la pollution, la nourriture pathogène, situation contre laquelle les gouvernements craignent de lutter, de peur de contrarier les lobbies agroalimentaires". p.153, la rencontre avec le médecin-chef d'un nouvel hôpital psychatrique en banlieue est l'occasion pour celui-ci d'un long développement sur la perte de l'altérité (compétence dans les rapports sociaux avec les autres) dans la société contemporaine, à cause de ces fichus écrans. Enfin, p.183, qu'a-t-il à dire à propos du discours qu'il prononce pour ressouder la nation après un drame? "lorsque la fiction est la même pour tous, elle devient réalité". 

Bien entendu, je suis loin de vous avoir dévoilé tous les personnages ni toutes les péripéties auxquelles la France et son Président doivent faire face dans l'ouvrage. 

Après avoir fini ce livre (il m'a fallu peu de temps), je me suis dit que j'aimerais bien continuer à en lire la suite en "feuilleton", un chapitre par semaine, où le cadre dystopique se confronterait avec l'actualité réelle... Mais je ne pense pas que ce concept soit à l'ordre du jour (et puis, quel en serait le modèle économique? Je n'accepterais sûrement pas de payer pour cela...)!

Par contre, à l'occasion, et une fois lue mes PAL ou LAL les plus urgentes, je prendrai (ou donnerai) sans doute quelques heures pour lire des oeuvres antérieures de Marc Dugain.

Sibylline avait parlé de Tsunami (et je crois bien que c'est chez elle que mon attention a d'abord été attirée). Lizathène expose en quelques phrases qu'elle n'a pas aimé. Si j'en trouve, je ne m'interdis pas de rajouter par la suite des liens vers d'autres billets publiés avant le mien... comme Isabelle sur le blog "Fumet de lectures". Ou Géraldine.

7 août 2023

Merci Hannukah Harry - Wolinski / Barkats

En ce mois de vacances estivales, je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) vous présente (dans le cadre de mes "hommages du 7") une drôle de bande dessinée, que j'ai chinée lors d'un voyage en province avec dasola. Je passe ainsi d'un Harry à l'autre, et ne parlerai donc pas ici de mes co-Harry, même si celui-là est vert...

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Merci Hannukah Harry, Pierre-Philippe Barkats & George Wolinski (préf. Nicolas Hulot), éditions Jungle, 2007, 65 pages (dont 52 de BD)

Avant ces dernières semaines, je n'avais jamais eu cet album entre les mains (même s'il figure bien entendu dans les listes d'oeuvres complètes de Wolinski). Mais qui est donc le "fameux" Hannukah Harry? Tant dans les textes récitatifs que dans la bande dessinée elle-même, les deux auteurs (l'idée originale ayant été amenée à Georges Wolinski par Barkats, un avocat spécialisé en droit américain qu'il connaissait depuis une dizaine d'années) nous présentent cet être mythique comme (à ce que j'en comprends moi-même) un croisement entre Prométhée et le Père Noël. Il a fait aux hommes, naguère, un cadeau (le feu) qui a pour lointaines conséquences, aujourd'hui, d'empoisonner notre planète terre. Que faire, donc?

D'abord, présentons les choses dans l'ordre. Dans le cadre d'un scénario général plutôt imaginatif ("délirant" m'était venu à l'esprit... mais c'est marqué p.58!), l'album est divisé en "chapitres", certaines saynettes ne comptant qu'une seule planche, une autre jusqu'à six, mais la majorité (sur un total de 15) en comportant au moins quatre. L'album est bourré de personnages variés et, selon ce que j'ai cru détecter, de références. On y croise ainsi un diablotin (qui a un peu la tête de Sarko tel que le dessinait notamment Cabu?). L'atmosphère familiale du prologue, tout comme l'ambiance générale, pourraient évoquer (en plus trash?) les contes de La divine sieste de papa scénarisés par Maryse Wolinski... et illustrés par Georges. La "machine à climat" au coeur de l'intrigue m'a fait un peu fait songer à une aventure des Schtroumpfs (Le schtroumpfeur de pluie). Il y a même un ouvrier rondouillard en salopette rayée, qui traite le monde d'enfoirés: Coluchon! Un important personnage avec un bonnet rouge peut évoquer un écologiste mondialement connu (surtout en France et aux Etats-Unis). Ou encore le prince Album de Manac, qui n'arrive pas à se faire prendre au téléphone par sa "cousine" la reine d'Angleterre (himself!). 

Au fil des pages, on découvre que réparer une machine en panne n'est pas simple (le problème, plutôt que la solution, venant davantage du machinisme lui-même), cependant que l'organisme "à l'origine du monde" est désormais bien malade... De quoi décourager un bon génie, si bienveillant soit-il au départ. 

Comme à mon habitude, voici ci-dessous quelques extraits en guise de citations du bouquin.  

P1160631 pp.36-37, quelques intellectuels mobilisés par notre héros pour sa cause. 

P1160628 p.11... P1160629 ... et p.12: comment, selon la légende, H....h H aurait donné ce bienfait qu'est le feu à l'humanité. Cela n'a pas été sans me rappeler Le premier amour (film de Marcel Pagnol non tourné).

P1160630 Un "bonnet rouge" au pôle (rappelons que l'album remonte à 2007!). 

P1160634 P1160633 pp.55 & 57: et retour à la case départ...

P1160632 p.64: signé Wolinski, un "message divin" qui me paraît parfaitement crédible.  

Pour en savoir plus et mieux que ce que j'ai pu dire, écoutez Wolinski lui-même: il en parlait gentiment, le 30 mai 2007 à 13 h, sur la 2 (les cinq dernières minutes). Et si le site www.mercihannukaharry.com cité en 3ème de couv' ne renvoie, en 2023, à rien du tout, on trouve encore une "mini-interview des auteurs en 10 questions" accessible via un vieux skyblog datant d'avril 2007 (aujourd'hui blog de Skyrock) dont on ne sait trop qui l'avait créé. Cet album m'a aussi rappelé qu'il faudra que je chronique, un mois ou l'autre, l'Inspecteur la bavure dessiné en 1980 par Wolinski sur un scénario dont, me semble-t-il, il n'était pas l'auteur...

En tout cas, Merci Hannukah Harry, oeuvre plutôt atypique, "polar polaire" comme dit la couverture, précédait de quelques années, et sous une forme originale, beaucoup de livres catastrophistes qui fleurissent de plus en plus à mesure que le climat se détraque visiblement. Il mérite lecture, ne serait-ce que pour Wolinski!

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