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Le blog de Dasola
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cinema du monde
4 mai 2013

Hannah Arendt - Margarethe von Trotta

Hannah Arendt est un film que je recommande pour plusieurs raisons dont la principale est qu'il nous raconte une période dans la vie de la philosophe allemande Hannah Arendt (1906-1975), qui, en 1961, a suivi le procès d'Adolf Eichmann et en a fait un reportage (ce que j'ignorais). Je rappelle qu'Eichmann fut le principal organisateur de la "solution finale" qui a aboutit à l'élimination de 6,5 millions de Juifs entre 1942 et 1945. En 1961, Hannah Arendt donne des cours de langue allemande et de philosophie politique dans une université américaine. Elle vit à New-York avec son mari depuis de nombreuses années. Toute cette partie américaine baigne dans une atmosphère d'obscurité. Elle est chargée d'écrire pour l'hebdomadaire The New Yorker des articles (il y en aura 6) sur le procès qui se déroule à Jérusalem. Hannah Arendt, mariée depuis 15 ans, est entourée d'un petit cercle d'amis (qu'elle invite chez elle), dont beaucoup sont des Juifs allemands comme elle. A Jérusalem baignée de lumière éclatante, on voit Hannah Arendt qui suit le procès. Il faut noter que la réalisatrice Margarethe von Trotta a inséré des images du vrai procès où l'on peut voir le vrai Eichmann, petit homme dégarni avec des lunettes de myope qui n'arrête pas de regarder sur le côté. C'est assez fascinant de voir un homme aussi quelconque. Dès que les 6 articles paraissent, Hannah Arendt est en butte aux critiques virulentes face à l'expression qu'elle emploie pour qualifier les actes d'Eichmann: "la banalité du mal". Je m'arrête parce qu'il y a beaucoup de choses à dire sur ce film vraiment passionnant, interprétée par Barbara Sukowa absolument remarquable dans le rôle-titre. On peut trouver, en Folio Histoire, les articles d'Hannah Arendt, regroupés en un volume: Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la banalité du mal. Je l'ai acheté et commencé: la lecture me paraît assez accessible. Je ferai peut-être un billet sur cet ouvrage. Lire le billet très complet d'Alain.

4 avril 2013

The Sessions - Ben Lewin / Les amants passagers - Pedro Almodovar

Séance de rattrapage pour le premier et une grande déception pour le deuxième.

Je commence par The Sessions de Ben Lewin qui est un film d'une grande sensibilité, très pudique, sur un sujet très "casse-gueule", la question de l'amour physique pour un handicapé. En l'occurence, le réalisateur s'est inspiré d'un article écrit par Mark O'Brien, un universitaire atteint par la polio qui survit grâce à un poumon d'acier. A 38 ans, Mark décide de perdre sa virginité en louant les services d'une "sex surrogate" (en VO), une sorte de thérapeute qui apprend l'amour physique en six séances (sessions). En tant que spectateur, on ne se sent pas voyeur. C'est un film bourré d'humour avec des dialogues percutants comme ceux échangés entre le prêtre confesseur (très progressiste) et Mark. C'est un film sur l'amour physique et les sentiments joués par quelques acteurs épatants: la trop rare Helen Hunt, John Hawkes et William M. Macy. Je ne sais pas si le film est encore projeté mais s'il passe par chez vous, allez-y.

En revanche, évitez d'aller voir Les amants passagers de Pedro Almodovar surtout si vous payez un billet plein tarif. Il n'y a pas d'histoire: un avion qui a perdu son train d'atterrisage tourne en rond dans le ciel d'Espagne plutôt que de se diriger vers sa destination première, le Mexique. Trois stewards très "gays" s'occupent de la "business class" tandis que les passagers de la classe économique ont tous été endormis. On peut comprendre le film comme une parabole sur l'état pas très brillant de l'Espagne actuelle. C'est donc lugubre malgré les couleurs kitsch pas de très bon goût. Je m'attendais à voir une comédie, et bien pas du tout, ce n'est pas grand-chose.

26 mars 2013

Le mur invisible - Julian Pölsler

Ce film (sorti dans peu de salles et qui ne se donne pratiquement plus à Paris, malheureusement) est l'adaptation d'un roman du même nom (publié en 1963) de Marlen Haushofer (1920-1970), que j'avais lu il y a plusieurs années et que je vous conseille. L'univers du roman est à la limite du fantastique et de la science-fiction. A la fin du XXème siècle, une jeune femme s'installe dans un chalet d'amis dans les Alpes autrichiennes. Elle se retrouve, le lendemain matin de son arrivée, isolée du reste de monde (il n'y a plus aucun signe de vie humaine). En effet, pendant la nuit, un mur transparent s'est érigé, l'empêchant de repartir par où elle était venue. Ce mur assez haut, dont on n'arrive pas à voir les limites, forme une sorte de protection. Cette femme et les animaux autour d'elle semblent être les seuls survivants de cette région terrestre, où le paysage n'a subi aucun dommage et où l'on entend le brame du cerf. Pendant tout le film, on écoute parler la femme en voix "off". Elle s'adresse à nous en lisant son journal qu'elle rédige sur des feuilles volantes. Elle raconte sa nouvelle vie entourée de "Lynx", un chien, de "Bella", une vache, et d'une chatte, auxquels viendront s'ajouter un petit taureau et un chaton angora. Cette citadine se met aux durs travaux des champs suivant les rythmes des saisons. Quand le film se termine, 3 ans se seront passés. Elle n'a plus de papier pour écrire, des animaux sont morts mais la femme espère que quelque chose arrivera, elle en est sûre. On ne sent nul désespoir dans son comportement, elle continue. Martina Gedeck, présente de la première à la dernière image, est remarquable (elle jouait le rôle principal dans La vie des autres). Le film (le premier du réalisateur) n'est pas austère du tout et s'il passe par chez vous, allez le voir. Lire le billet d'Alex et celui de K.

17 mars 2013

No - Pablo Larrain

Après Tony Manero (que je n'ai pas encore vu) et Santiago 73, Post-mortem, voici No, le nouveau film de Pablo Larrain. C'est pratiquement du docu-fiction (l'histoire est vraie). Avec No, le réalisateur continue son exploration de la période de la dictature du Général Pinochet. En l'occurence, il filme la fin de ce régime en entremêlant images d'archives télévisées et fictionnelles de façon habile. Pour ce faire, le réalisateur a filmé en vidéo analogique avec une image de format presque carré et des couleurs baveuses. Pablo Larrain nous raconte comment la campagne publicitaire du "No" qui n'avait rien de virulente (elle prônait la joie du changement) a chassé du pouvoir le Général Pinochet en 1988. Le général avait eu l'idée d'organiser un référendum pour savoir si le peuple chilien voulait encore de lui. Le "No" a gagné et la démocratie a triomphé. Cette campagne du "No" a été orchestrée par un jeune publicitaire René Saavedra issue d'une famille militante de gauche, père divorcé d'un jeune garçon et passionné de skate-board. Quand on voit les bribes de film de la campagne pour le "No", on se demande comment le parti du "No" a fait pour gagner: c'est assez ringard et laid, mais elle a convaincu. Et nous spectateurs, on jubile. Je vous conseille donc d'aller voir ce film dont le principal atout est Gaël Garcia Bernal qui s'impose de plus en plus dans des rôles intéressant. Il a mûri et il est vraiment très bien.

8 mars 2013

La Demora (Le Retard) - Rodrigo Plà

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C'est dans des cas comme celui-là que je me dis que je suis contente de tenir un blog pour pouvoir défendre un film notable qui sort dans un circuit réduit et dont la presse parle peu.

Trois semaines après sa sortie, La Demora, film franco-mexico-uruguayen, n'est pratiquement plus à l'affiche à Paris (1 séance par salle et par jour) et c'est tout à fait dommage car le nouveau long-métrage du réalisateur de La Zona vaut vraiment la peine d'être vu. C'est un "petit" film qui peut toucher beaucoup de monde par le sujet traité sans aucun misérabilisme. Il nous raconte une histoire simple. En Uruguay, à Montevideo où le vent souffle et les nuits sont fraîches, Maria est une femme seule pour s'occuper de ses trois enfants et d'Agustin, son vieux père en bonne santé mais qui perd la mémoire. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle fait de la couture (elle coud des pièces en toile de jean) en tant qu'intérimaire pour une grande entreprise. Ayant peu de temps pour elle, elle se rend compte que son père qui n'est pas vraiment autonome représente une charge de plus en plus lourde. Son père accepte de partir dans une maison de retraite publique. Mais il n'est pas assez indigent pour être accepté. Peu de temps après, Maria prend une terrible décision: elle abandonne son père sans ses papiers dans une zone d'habitation très éloignée. Sans vous révéler la fin qui est belle, on sort émus de la projection dans laquelle il n'y a pas de jugement porté contre Maria malgré son acte répréhensible. Ce film nous parle de l'abandon des personnes âgées pour des bonnes ou mauvaises raisons. A mon avis, cela peut ou pourra arriver en France. Les deux acteurs principaux sont remarquables, surtout Carlos Vallarino, un acteur non professionnel qui joue Agustin. S'il passe par chez vous, allez le voir.

Lire le billet très positif de PierreAfeu.

9 février 2013

Wadjda - Haifa Al Mansour

Wadjda de Haifa Al Mansour, c'est le premier film (coproduit avec l'Allemagne) réalisé par une femme et tourné en Arabie Saoudite. Wadjda est le prénom d'une petite fille de 12 ans, assez délurée, qui marche en baskets et porte un jean, écoute du rock et n'en fait qu'à sa tête. Elle vit avec sa mère qui donne des cours pendant que son père, qui est absent pour de longues périodes, revient de temps en temps. Nous sommes donc en Arabie Saoudite, à Ryad, de nos jours. Les femmes sont voilées (la maman de Wadjda porte le Niqab pour sortir et faire du shopping). Les femmes ne conduisent pas (elles payent un taxi collectif pour se faire conduire là où elles veulent). Wadjda rêve d'avoir un vélo bien à elle pour faire la course avec un jeune garçon de ses amis. Faire du vélo en Arabie Saoudite n'est pas interdit aux femmes mais pas bien vu. Comme sa maman rechigne à cette dépense, Wadjda décide de préparer un concours de chant coranique dans son école bien qu'elle ne soit pas une élève très attentive à l'école et ait du mal à déchiffrer et à psalmodier la Sourate des femmes. Par petites touches, la réalisatrice nous fait bien sentir le carcan religieux qui pèse sur ce pays (et certainement dans d'autres), où tout tourne autour de la prière et du Coran; un pays où les collégiennes se cachent des hommes (des ouvriers), où il est interdit de laisser le Coran ouvert (je vous laisse découvrir pourquoi), où l'on se lève à 4H ou 5H pour la première prière, où l'on interdit aux filles les contacts physiques (se tenir par la main par exemple), où les femmes doivent obtenir une permission du père ou du mari pour beaucoup de choses. On apprend que si le père de Wadjda n'est pas souvent là, c'est qu'il s'apprête à prendre une deuxième épouse. Wadjda va gagner son concours mais vous verrez ce qui va arriver. Allez voir ce film que je vous conseille. Lire les billets de Ffred, de Mymp, et celui compilé par Alain.

3 février 2013

Rendez-vous à Kiruna - Anne Novion / Jours de pêche en Patagonie - Carlos Sorin

Dans les deux films que je chronique aujourd'hui, le point commun est de parler des rapports de filiation.

Rendez-vous à Kiruna d'Anne Novion (sorti le 30/01/13, et que j'avais vu l'avant-veille en avant-première) m'a permis de m'évader vers le grand nord de la Suède jusqu'à Kiruna. On fait ce périple en voiture en compagnie d'Ernest Toussaint (Jean-Pierre Darroussin), qui doit aller reconnaître le corps de son fils (qu'il n'a jamais vu) mort noyé accidentellement. Sur son chemin, Ernest prend en stop Magnus, qui parle français et qui souhaite rendre visite à son grand-père. Ernest Toussaint est un architecte ronchon qui pense d'abord et avant tout à son travail. Grâce à son portable, il appelle souvent son cabinet sans s'interrompre sauf quand il voit un élan majestueux passer devant lui. Cette scène vue dans la bande-annonce est très belle. Une scène poignant est celle des retrouvailles de Magnus et de son grand-père qui boit de l'aquavit cul-sec. Car au fil de son voyage, Ernest va s'ouvrir aux gens qui le croisent. Il y a beaucoup de pudeur, de non-dits, et pas mal d'humour. A part Jean-Pierre Darroussin et Anastasios Soulis, les autres acteurs parlent suédois avec des sous-titres, ce qui accentue l'impression de dépaysement. Dommage qu'à l'issue de la projection, Jean-Pierre Darroussin et la réalisatrice n'aient fait qu'une courte apparition sans qu'il soit possible de leur poser des questions comme sur les conditions et les lieux de tournage, la séquence de l'élan, le soleil de minuit, etc. Un très joli film que je vous conseille.

Dans Jours de pêche en Patagonie de Carlos Sorin (sorti le 26/12/12) d'une durée d'1H15, c'est un père, Marco, à la recherche d'un nouveau départ, qui tente de renouer avec sa fille qu'il n'a pas vue depuis des années. Le film traite un peu de la pêche au requin mais beaucoup des rapports humains et des relations parfois houleuses entre parents et enfants. Les tentatives de Marco pour renouer une relation avec sa fille ne sont pas un franc succès, pas plus que sa tentative de pèche au requin, qui le conduit à l'hôpital tellement il a le mal de mer. Il ne se décourage pas pour autant car il fait des rencontres sympathiques comme un entraîneur de boxe et un petit chien en peluche rockeur (très amusant). C'est le quatrième film de Carlos Sorin que je vois (après Historias minimas, Bombon el perro -mes deux préférés- et La fenêtre). Je vous conseille Jours de pêche en Patagonie pour découvrir ce réalisateur argentin que j'apprécie beaucoup. Lire les billets d'Oriane et de Chris.

31 janvier 2013

Blancanieves - Pablo Berger

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Avant d'évoquer Lincoln de Steven Spielberg (qui m'a assez déçue, c'est pourquoi j'ai du mal à en parler), je voudrais vous conseiller Blancanieves de Pablo Berger, ce très beau film espagnol sonore (très belle musique), muet et en noir et blanc. Il s'agit d'une transposition du conte "Blanche Neige et les sept nains" des frères Grimm dans l'Espagne des années 1910-20 dans le milieu de la tauromachie. Pour les "anti corridas" dont je fais plutôt partie, on ne voit aucune scène révoltante et un taureau est même épargné vers la fin du film. Lors d'une corrida, un grand torero, Antonio Villalta, est encorné. Gravement blessé, il survit tandis que le même jour, sa femme Carmen meurt en couches en donnant naissance à une petite fille. Elevée par sa grand-mère, la petite Carmencita voue une adoration à ce père absent qui s'est remarié à son infirmière, Encarna, qui se révèle être une femme belle mais très méchante. Après quelques péripéties, Carmencita, devenue une jolie jeune fille, deviendra toréro à son tour, entourée de six (et non sept) nains toréros. La fin du conte est tragique mais très belle. Il faut noter que les actrices sont bien mises en valeur, dont Maribel Verdù qui interprète la marâtre. C'est un cinéma expressionniste où les voix ne sont, en effet, pas nécessaires. Il y a des plans magnifique comme ceux des arènes de Séville où se déroulent les corridas. Un très grand film que j'ai vu dans une salle où les spectateurs avaient l'air aussi enthousiastes que moi. Lire les billets d'Alex et de Miriam.

10 janvier 2013

Au-delà des collines - Cristian Mungiu

J'ai enfin vu Au-delà des collines du cinéaste roumain Cristian Mungiu, qui dure 2H30. Il a été récompensé par le prix d'interprétation féminine pour les deux actrices et le prix du scénario au dernier festival de Cannes de 2012. Je l'ai trouvé un peu long mais captivant. Je me suis demandée pendant presque tout le film en quelle année se déroulait l'histoire. En effet, ce que nous montre Mungiu m'a fait penser que cela se passait dans les années 70: les trains, les voitures (particulières ou ambulances), les vêtements. Tout semble vieillot, hors d'âge, pauvre. Dans une communauté religieuse orthodoxe, par-delà des collines, vivent quelques femmes, une mère supérieure et un Pope. N'ayant pas l'électricité, ils s'éclairent avec des lampes à gaz ou à pétrole. Parmi ces femmes, on découvre Voichita, une orpheline qui a choisi d'aimer Dieu. Alina, son amie très proche, revient d'Allemagne pour la convaincre de repartir avec elle loin de cet endroit perdu au mileu de nulle part. Mais Alina ne s'en laisse pas convaincre. Pendant plus de deux heures, on voit Alina qui subit une descente aux enfers, si je puis m'exprimer ainsi, dans ce lieu consacré à Dieu. Mungiu fait une description assez terrible de son pays de nos jours (car il est en fait mention en effet d'internet à la fin du film). Il est dur d'être soigné quand on n'a pas d'argent, les superstitions religieuses restent tenaces. On assiste au calvaire d'Alina attachée à une planche qui ressemble à une croix. Le film aurait gagné à être un tout petit peu plus court, mais à part ça, il vaut la peine d'être vu. L'histoire est adaptée de faits réels.

20 décembre 2012

Amour - Michael Haneke

Préparée psychologiquement, j'ai enfin vu Amour de Michel Haneke, Palme d'or du dernier festival de Cannes. C'est un film que l'on peut trouver éprouvant mais je l'ai apprécié pour son interprétation et pour la distanciation que met le réalisateur entre nous et ce qui se passe à l'écran, afin de nous permettre de suivre l'intimité d'un couple face à la maladie, sans que cela tombe dans le voyeurisme et le larmoyant. Georges et Anne forment un duo indissociable jusqu'au bout. Tout le film se passe dans un lieu dont on sort jamais: l'appartement du couple où trône un piano. Anne donnait des cours de piano. Un jour, au petit déjeuner, elle semble "absente": Anne vient d'avoir une attaque. Paralysée du côté droit, sa santé va empirer. Comme l'a écrit Cocteau dans les dialogue additionnels des Dames du bois de boulogne de Robert Bresson (film de 1945 que je vous recommande), il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. Dans Amour, il n'y a que cela, des preuves d'amour: des gestes, des attitudes très touchants de la part de Georges, cet homme et époux qui fait ce qu'il peut pour soulager sa femme, jusqu'à l'acte final. Ce couple s'isole du monde, ne voulant la pitié de personne. Dans une scène, Georges dit à sa fille, venue lui rendre visite, que ce qui se passe ne la regarde en rien. Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant sont exceptionnels dans les rôles de Georges et Anne. On a vraiment l'impression qu'ils vivent ensemble depuis très longtemps. Je trouve que le film a mérité sa Palme d'or.

29 novembre 2012

Royal Affair - Nikolaj Arcel

Royal Affair est un film historique très agréable à regarder. Il narre une page d'histoire dont je n'avais jamais entendu parler qui se passe au XVIIIème siècle, entre 1766 et 1775. Un Allemand, Johan Friedrich Struensee, devint le médecin personnel du roi Christian VII du Danemark et de Norvège (qui avait un comportement excentrique), et, par la même occasion, l'amant de la jeune reine Caroline Mathilde dont il tomba follement amoureux (et c'était réciproque). "Ce ménage à trois" sous l'influence de Struensee (ce dernier imprégné des écrits des philosophes français du siècle des Lumières comme Voltaire, Rousseau et Diderot) a essayé de changer les choses pour le bien des Danois. Pendant une courte période, 30 ans avant la Révolution française, ils vont mener une politique libérale et humaniste dans un pays où l'Eglise et les nobles possèdaient les terres et avaient droit de vie et de mort sur les serfs. Comme dans beaucoup d'autres pays à cette époque, la liberté d'expression n'existait pas - au contraire de la torture et de la peine de mort. La plus grande partie du film se passe dans le château de Christianborg à Copenhague. Ce film a été l'occasion de voir Mads Mikkelsen, un de mes acteurs "chouchous", dans un rôle qui le change de ses dernières prestations. Il joue un personnage amoureux - mais pas seulement. Cette histoire passionnante dont l'issue est tragique nous permet d'admirer de beaux décors et l'on sent qu'il a été apporté beaucoup de soin aux costumes. Je vous recommande ce film, très bien filmé. Lire les deux billets de ffred et Wilyrah.

11 novembre 2012

Le jour des corneilles - Jean-Christophe Dessaint / Une famille respectable - Massoud Bakhshi / Augustine - Alice Winocour

Chaudement recommandé par Alex, Le jour des corneilles de Jean-Christophe Dessaint est un film d'animation français visuellement très beau qui parle d'amour, d'une histoire en particulier, celle de Courge qui a perdu sa bien-aimée (morte en couches). Vivant comme un ermite dans la forêt, cet homme fort comme un bûcheron élève son fils à la dure. Le fils de Courge vit presque comme un enfant sauvage. Avec trois poils sur le caillou, il découvre néanmoins un jour, avec l'aide des esprits de la forêt, que la vie existe ailleurs. Il va se frotter à la civilisation en la personne de la jeune Manon, la fille d'un docteur, et aussi à des gens hostiles. La période où se passe l'histoire est assez indéfinie. Dans le village pas loin de la forêt, on voit des soldats blessés, et des poteaux électriques font partie du paysage. Les corneilles du titre sont capables de prononcer deux mots et jouent un rôle important vers la fin de l'histoire. Je ne suis pas sûre que le film soit compris par les tout-petits mais je le conseille à tous les autres.

Une famille respectable de Massoud Bakhshi est un film iranien très noir que l'on pourrait sous-titrer "Laisse l'oseille et tire-toi". C'est une histoire de captation d'héritage (une grosse somme est en jeu) au sein d'une famille iranienne plutôt ordinaire. Un professeur d'université (c'est lui qui doit hériter), parti depuis plus de 20 ans à l'étranger (conséquence de la révolution islamique de Khomeyni ) et revenu à Chiraz afin de donner des cours, attend qu'on lui délivre son passeport pour qu'il puisse repartir. Il retrouve sa mère qui reste inconsolable de la mort de son autre fils mort adolescent et martyr de la révolution. Le réalisateur brosse un portrait peu reluisant de cette famille où les femmes portent le foulard et les gants même chez elles. Cela n'empêche pas la jeune génération de vivre avec son temps: le portable et internet. Le neveu du professeur, personnage avide, cache bien son jeu. Ce cinéma ne ressemble pas du tout à celui d'Asghar Farhadi. On ne ressent aucune sympathie pour aucun des personnages.

Augustine d'Alice Winocour commence bien, car j'ai été tout de suite prise par cette histoire qui se déroule pour une grande part à l'hôpital de La Salpétrière à Paris dans le service du docteur Jean-Martin Charcot dans les années 1880. Une jeune femme de 19 ans, employée de maison, souffre de crises nerveuses (elle souffre d'hystérie) qui la laissent paralysée de l'oeil droit (sa paupière ne s'ouvre plus) et plus tard de la main gauche qui se rétracte. Le docteur pratique l'hypnose et elle fait partie des malades auscultées lors de séances presque publiques. J'ai été interloquée que le docteur fasse un diagnostic sans jamais ni regarder ni s'adresser à ses patientes (comme si elles n'étaient pas douées de raison). Il ne considère que le cas clinique. Vincent Lindon dans le rôle du docteur et Soko dans le rôle d'Augustine sont très bien ainsi que Chiara Mastroianni qui joue la femme du docteur (que l'on voit assez peu). J'ai été un peu déçue par la fin. Le docteur n'aurait pas dû agir comme il le fait. Sinon, il faut quand même dire que ce n'est pas du grand cinéma du point de vue de la réalisation. Un film que je conseille pour ce qu'il raconte et pour la prestation de la jeune Soko.

La réalisatrice a dû s'inspirer d'un tableau, semble-t-il assez célèbre, qui montre Charcot et une de ses patientes hystériques. Cette scène ressemble assez à une de celles du film.

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PS : Sinon, n'allez pas voir Paperboy de Lee Daniels, un film épouvantable à tout point de vue (et je n'ai rien d'autre à dire). J'ai souffert pendant la projection.

3 octobre 2012

Monsieur Lazhar - Philippe Falardeau / Cherchez Hortense - Pascal Bonitzer

Comme je l'avais écrit dans mon billet "pause", je reviens sur deux films vus il y a un mois, - même si la "rentrée" des enseignants est déjà loin aujourd'hui.

D'abord Monsieur Lazhar d'un réalisateur québecois, Philippe Falardeau. Dans un collège à Montréal, Bachir Lazhar (arrivé d'on ne sait d'où) propose de remplacer, au pied levé, une jeune femme professeur qui s'est pendue dans sa salle de classe. Bachir Lazhar (formidable Fellag) se fait accepter par des élèves plus ou moins traumatisés, car c'est un bon professeur (j'aurais adoré avoir un prof comme lui). Mais Bachir n'est pas celui que l'on croit... Des secrets douloureux nous sont révélés. Les grands atouts de ce film sont sa sobriété, le jeu des acteurs (enfants compris) et j'ai apprécié d'entendre l'accent québécois. Un film vraiment à voir.

Quant à Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer, ce film est agréable à voir pour plusieurs raisons, mais il n'est pas exempt de défauts. Côté positif, on a le plaisir de retrouver Jean-Pierre Bacri (en prof de civilisation chinoise pour managers pressés) au mieux de sa forme et Claude Rich (qui joue son père) savoureux dans un rôle de grand commis de l'état qui sait profiter de la vie. Et on sait qui est Hortense vers la fin du film. Damien marié à Iva (Kristin Scott-Thomas), metteur en scène de théâtre, a un fils (rebelle et insolent). Le couple enfoncé dans la routine va mal. Bien que ses relations avec son père soient très distantes, Damien se décide à aller le voir pour intercéder en faveur d'une jeune sans-papier (Isabelle Carré), à la demande d'Iva. Les scènes entre les deux hommes sont ce qu'il y a de mieux dans le film. En revanche, dommage que les personnages féminins soient sacrifiés. Elles ne font que fumer pendant tout le film, et pas grand-chose d'autre. Un film à voir si vous aimez Bacri et Rich.

24 août 2012

A perdre la raison - Joachim Lafosse

Voici un film prenant et dérangeant. De nos jours, en Belgique, Murielle (Emilie Dequenne), une belle jeune femme professeur de français, tombe amoureuse de Mounir (Tahar Rahim), marocain d'origine et fils adoptif depuis plus de 20 ans du docteur Pinget (Niels Arestrup). Pendant 1H50, on assiste, la gorge nouée, au délabrement mental de Muriel qui sombre dans la dépression, entre un mari amoureux mais complètement dominé par son père adoptif et ce docteur, personnage au charisme certain mais terrifiant, qui s'est insinué dans la vie de ce couple (devenus parents de quatre enfants (3 filles et 1 garçon). Il vit avec eux dans une grande maison. Le docteur couve ce fils en le faisant travailler à son cabinet. Pinget est un homme insaisissable et toxique qui est capable de faire du chantage par l'argent et aussi du chantage affectif. On sent que Muriel étouffe entre ces deux hommes (dont on ignore quelles furent les relations avant que Muriel n'entre dans leur vie). Elle est prise dans un étau, toute volonté annhilée. Elle sait qu'elle ne va pas bien du tout et va commettre l'irréparable qui se déroule hors-champ. Le réalisateur nous fait très bien sentir ce malaise pendant tout le film. La séquence où Muriel s'effondre en pleurant sur le volant de sa voiture en écoutant "Femmes, je vous aime" de Julien Clerc est bouleversante. Emilie Dequenne a amplement mérité son prix d'interprétation féminine dans la section "Un certain regard" du festival de Cannes de cette année. Beau film mais assez éprouvant malgré tout.

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Sinon, dans deux jours (le 26/08/12) se termine l'exposition Ahae dans le jardin des Tuileries (lire le billet enthousiaste d'Aifelle). Je m'y suis rendue et je vais être un peu rabat-joie. En effet, bien que l'exposition soit belle (encore qu'elle ne soit pas exceptionnnelle), bien présentée (il s'agit de quelques dizaines de photos parmi les 2 000 000 que l'artiste coréen a prises pendant 2 ans de sa fenêtre) et que l'entrée soit libre, j'ai constaté, dans la boutique attenante à l'expo, les prix exhorbitants pratiqués sur des produits dérivés entièrement consacrés à l'artiste. Il s'agit de livres (reliés), posters, post-it, tapis de souris, cartes postales, marque-pages, foulards (très beaux), chocolats d'une grande marque (que je connais et qui sont très bons). Je serais curieuse de savoir si les livres/catalogues à 240 euros se vendent bien. Je me suis néanmoins consolée avec les cartes de visite (voir la première photo ci-dessous) que l'on trouvait à l'entrée et à la sortie. En prêtant l'oreille à une question d'un visiteur (étranger) enthousiaste, l'expo "tourne" et elle devrait se trouver au Château de Versailles l'année prochaine.

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12 août 2012

Terri - Azazel Jacobs / Laurence Anyways - Xavier Dolan

Voici deux films vus très récemment. Je n'ai eu de coup de foudre pour aucun des deux malgré de bonnes critiques.

Je commencerais tout d'abord avec Terri d'Azazel Jacobs sorti le mercredi 8 août dernier, dans quelques salles à Paris. Je m'attendais à autre chose au sujet de cette histoire sur ce grand garçon obèse. Terri ne sait pas ce que sont devenus ses parents, il va au collège en pyjama (ce vêtement dissimule ses rondeurs) et vit avec son oncle dont il s'occupe (ce dernier souffrant d'un début de maladie d'Alzheimer semble-t-il). Garçon sensible, Terri reste malgré tout assez imperméable aux quolibets dont il est l'objet de la part de certains de ses camarades. En revanche, à l'occasion de cette année scolaire, il trouve quelques alliés comme le directeur du collège et deux élèves, dont une fille, Heather qui le fascine. C'est un film qui dure 1H45 sans qu'il se passe grand-chose même si on peut deviner qu'au contact d'Heather, Terri quittera peut-être son pyjama. Cette histoire m'a laissée indifférente.

Maintenant, Laurence Anyways, qui est le troisième film du québecois Xavier Dolan (je n'ai pas vu les deux autres) qui a aussi écrit le scénario et monté ce long-métrage (2H50). Agé de 23 ans, ce réalisateur maîtrise son sujet, mais j'avoue n'avoir pas trop "accroché" à cette histoire qui se déroule sur 10 ans (entre 1989 et 1999), et où Laurence Alia (Melvil Poupaud), professeur de lettres, poète et marié, décide du jour au lendemain de s'habiller en femme car il ne se sent pas bien dans sa peau d'homme. Bien évidemment, sa vie va en être bouleversée: renvoyé du collège, il va devenir écrivain à temps complet. Il se sépare de sa compagne, Fred (formidable Suzanne Clément). Cet amour fusionnel qui ne peut durer entre ces deux êtres est au coeur du film. Mais je n'ai malheureusement pas été bouleversée (à la différence d'une collègue qui a déjà vu le film deux fois). Je pense que c'est peut-être le fait d'avoir croisé deux ou trois fois dans la rue des hommes habillés en femme (ils n'avaient pas l'air heureux). Cette vision m'avait paru pathétique. Et ils n'avaient pas le physique agréable de Melvil Poupaud.

3 août 2012

La vie sans principe - Johnny To / Rebelle - Mark Andrews et Brenda Chapman

Avant qu'il ne disparaisse définitivement des écrans, je veux évoquer La vie sans principe (1) du réalisateur hong-kongais Johnny To, un film assez jubilatoire (si, si) sur un sujet grave. En effet, en 2010, Hong-Kong est frappée de plein fouet par la crise financière européenne et surtout grecque car la bourse de Hong-Kong a spéculé sur l'Euro. L'essentiel de l'intrigue se passe dans une banque où des épargnants plus ou moins fortunés essaient de perdre le moins possible. Comme l'a très bien dit Alain Riou dans une récente émission récente du Masque et la Plume, ce film parle très bien de la cupidité humaine. Le film, qui m'a paru au début un peu confus, est constitué d'une suite de séquences qui forment un tout cohérent à la fin. J'ai surtout suivi le parcours de Theresa, une jeune employée de la banque. Sur le point d'être virée (elle ne fait pas assez de "chiffre", et pourtant elle ne ménage pas ses heures), elle va parvenir à s'en sortir grâce à une manne financière inespérée. C'est le premier film que je voyais de ce réalisateur. Je vous le conseille vraiment. Voir le billet très complet d'Oriane.

Et maintenant, voici Rebelle, le dernier né des studios Disney-Pixar, qui donne les deux rôles principaux à deux femmes: la mère, la reine Elinor, et sa fille, la princesse Merida, jolie rousse flamboyante et très bouclée. J'avais vu la bande-annonce qui m'avait moyennement attirée. Le film vaut nettement mieux que cela. En Ecosse, à une époque indéfinie, Merida, jeune princesse impétueuse, très douée à l'arc, va se rebeller contre sa mère, Elinor, qui veut qu'elle devienne une vraie jeune fille à marier. Le roi Angus, mari d'Elinor, regarde cela de loin. Pour tout compliquer, en Ecosse, dans cette période reculée, les légendes, les sorcières, les ours, les feux follets, les rivalités entre clans vont s'en mêler. Je ne vous dévoilerai rien de plus pour vous laisser la surprise. C'est un film qui peut plaire aux petits et aux grands. Je voudrais faire remarquer la grande qualité de l'animation. Les animaux comme les ours et le cheval Fergus sont très réussis. Le scénario original bien écrit n'est pas niais. Vraiment bien en 2D, mais la 3D existe. J'ai malheureusement vu le film en VF. Je pense que la VO vaut la peine d'être vue et entendue, car les acteurs qui font les "voix" sont tous d'origine écossaise.

(1) et non "Une vie sans principe" comme j'avais écrit initialement

22 juillet 2012

Films vus et non commentés depuis le 29/05/12

Voici trois films vus très récemment. Je vous conseille vraiment les deux derniers.

Autant j'étais sortie enchantée de Midnight in Paris, autant To Rome with love de Woody Allen a été une grosse déception dans l'ensemble, par la faute d'un scénario un peu faiblard. On assiste à une suite de saynètes pas très drôles sans liens véritables. Je ferais une exception avec les séquences où Roberto Benigni, un monsieur Tout-le-monde, se retrouve sous les feux des projecteurs de télévision et puis retombe dans l'oubli très vite (c'est vraiment très bien vu). Il faut noter que le film parle autant italien qu'anglais, et Woody filme relativement peu Rome.

Summertime (The Dynamiter) est un de mes coups de coeur estival. C'est le premier long-métrage d'un réalisateur à suivre, Matthew Gordon. Le film qui dure 1H15 suit au plus près des acteurs non-professionnels, dont William Ruffin, qui interprète Robbie Hendrick, le personnage central de l'histoire, un garçon de presque 15 ans. L'histoire se déroule de nos jours, pendant l'été au début des vacances scolaires, dans l'état du Mississipi (très pauvre). Dépressive, la mère de Robbie et de son petit frère Fess les a pratiquement abandonnés pour partir en Californie refaire peut-être sa vie. Livrés à eux-mêmes, ils  partagent une masure avec leur grand-mère mutique et un chien. Le film qui a été primé au dernier festival du film américain de Deauville ne tombe jamais dans le misérabilisme, bien au contraire. Il faut dire que Robbie est un garçon qui garde l'espoir que tout peut s'arranger. C'est lui qui tient sa famille à bout de bras. Il accepte un travail saisonnier fatigant dans une station-service. Il ne s'abandonne jamais au désespoir. Je vous laisse découvrir ce film qui en vaut vraiment la peine car on voit l'Amérique des gens de peu.

Quand je suis sortie de la projection d'Historias (des histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient) de Julia Murat, film franco-brésilo-argentin (sorti cette semaine dans deux salles à Paris), je me suis sentie agressée par les bruits de la ville. En effet, pendant 1H30, Historias nous plonge dans une histoire hors du temps qui se passe quelque part dans un paysage brésilien verdoyant où les seuls bruits sont ceux des insectes, des oiseaux et de la cloche de l'église. La dizaine d'habitants d'un hameau oublié du monde, Jotuomba, vivent au rythme de la messe quotidienne et du repas partagé avec le prêtre. Madalena est celle qui pétrit la pâte la veille pour livrer des petits pains (faits avec des oeufs et de la farine) dans le magasin d'Antonio le lendemain matin. Il faut la voir installer les petits pains dans une niche du magasin réservée à cet effet. Pendant ce temps-là, Antonio prépare le café (pas bon paraît-il) qu'ils boivent avant d'assister à la messe. Madalena, la soixantaine, veuve, écrit tous les soirs à la lumière d'une lampe à pétrole des lettres à son mari disparu. L'arrivée inattendue de Rita, une jeune femme photographe, ne va pas trop déranger ce rythme de vie immuable où quelques interrogations affleurent comme le fait que personne ne peut plus entrer dans le cimetière et que depuis plus de trente ans, le nom des personnes décédées ne sont plus inscrites sur un panneau de l'église. C'est un film magnifique sur le temps qui passe, la vieillesse, l'oubli et le souvenir. Je me suis sentie dans un état de "zenitude" quand le film s'est terminé. Cela m'arrive rarement.

16 juillet 2012

Les enfants de Belle Ville - Asghar Farhadi / Hommage à Patrick Dewaere

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Suite aux bons conseils d'Oriane (que je remercie) et du Canard Enchaîné, je suis allée voir, ce week-end, Les enfants de Belle Ville, le deuxième film (qu'il a tourné en 2004 et inédit en France) d'Asghar Farhadi (Une séparation, A propos d'Elly). Courez voir cet excellent film que je recommande aussi. De nos jours, à Téhéran, Belle Ville est un établissement pour mineurs délinquants où Akbar, qui vient de fêter ses 18 ans, est détenu depuis deux ans. Quand le film commence, il est transféré dans une prison d'adultes dans l'attente de son exécution. En effet on apprend qu'Akbar a tué une jeune fille quand il avait 16 ans. Son meilleur ami, A'la, qui lui vient d'être libéré après avoir purgé sa peine, décide d'obtenir le pardon auprès du père de la jeune morte. Il est aidé en cela par Firouzeh, la soeur d'Akbar, mère d'un petit garçon. Ce pardon permettrait qu'Akbar soit libéré. Malheureusement le père, Rahmati Abolghassem, homme très croyant, semble rester inflexible dans sa décision. Il est pour la loi du Talion. C'est vraiment un film magnifique qui émeut beaucoup et j'ai appris que dans le système juridique iranien, il existe le prix du sang (une sorte de dédommagement que l'auteur d'un crime peut payer à la famille de sa victime afin de se libérer de sa peine). Il faut noter que ce prix du sang est deux fois moindre si la victime est une femme que si la victime est un homme... (sans commentaire). Les acteurs sont tous magnifiques, mention à Taraneh Alidoosti (Firouzeh) qui joue aussi dans A propos d'Elly. Comme dans Une séparation, le film se termine par une interrogation.

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Ce 16 juillet 2012, je voulais rappeler qu'il y a exactement 30 ans, le 16 juillet 1982, disparaissait Patrick Dewaere, qui s'est suicidé d'un coup de carabine. Il avait 35 ans. Il avait mené une vie pleine d'excès dont ceux de la drogue. C'était un acteur de talent, fort et fragile à la fois, que j'avais beaucoup apprécié dans Série Noire, Beau-Père, Un mauvais fils, F. comme Fairbanks, Le juge Fayard dit "Le shériff", Coup de tête, Préparez vos mouchoirs (pour Les Valseuses, bizarrement, je n'en ai jamais vu l'intégralité). Il n'a jamais été récompensé par un César ou un prix d'interprétation alors qu'aujourd'hui un prix porte son nom. Il est une référence pour beaucoup de jeunes comédiens. Il est mort trop tôt mais on ne l'oublie pas. Je viens de lire, en une demi-journée, un livre qui lui est consacré, écrit par un journaliste, Christophe Carrière (Editions Balland, juin 2012). Je ne pense pas avoir appris grand-chose car il ne fait que survoler son sujet (à mon avis), mais il donne envie de revoir les films de l'acteur.

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4 juillet 2012

Starbuck - Ken Scott

Comme, en ce moment, je suis un peu paresseuse pour chroniquer des livres (et vu que je n'ai eu aucun vrai coup de coeur), je continue avec un billet cinéma. Surtout qu'actuellement, il y a sur les écrans quelques films assez divertissants: la preuve en est avec Starbuck (sans le "s" à la fin), surnom de David Wosniak, le père aux 533 enfants dont 142 qui veulent connaître ce géniteur inconnu. Dans la province de Québec, le David en question, 42 ans, fils d'un émigré polonais, est endetté jusqu'au cou et est poursuivi par des créanciers peu recommandables. David Wosniak travaille dans la boucherie familiale: il charge et décharge la viande (il oublie d'ailleurs souvent d'effectuer une tâche ou l'autre). A part ça, David est amoureux d'une charmante petite fliquette qui tombe enceinte de ses oeuvres. Monsieur Wosniak, qui aime faire le bien autour de lui, devient l'ange gardien de ces jeunes adultes (ils ont tous entre 18 et 20 ans) nés grâce aux dons de sperme que le jeune David a fait dans une clinique pendant deux ans presque 20 ans auparavant (cela lui a rapporté pas mal d'argent à l'époque). Je ne saurais trop vous conseiller ce film très sympathique, qui ne tombe jamais dans la niaiserie, et vous apprécierez les sous-titres qui émaillent le film... car la langue québécoise, ce n'est pas de la tarte, quand on n'est pas habitué. Film idéal à voir en ce début d'été.

Sinon, 4 ans et demi après mon billet sur la pub au cinéma, je trouve que la situation est bloquée à un pitoyable statu quo. Les pubs sont toujours les mêmes ou presque et elles sont toujours aussi laides. Je suis souvent excédée avant même que le film ne commence. Mention spéciale du mauvais goût à la pub Orangina.

16 juin 2012

Une seconde femme - Umut Dag

Le film Une seconde femme s'ouvre sur une séquence de mariage en Anatolie et se clôt peut-être par une réconciliation. Entre les deux, le réalisateur autrichien (peut-être d'origine turque?) nous raconte l'histoire d'Ayse, une jeune femme qui, par son mariage, devient la deuxième épouse de Mustapha, un homme nettement plus âgé. C'est Fatma, la première épouse, gravement malade, qui a décidé cet arrangement pour le cas où elle disparaîtrait: Ayse deviendrait une mère de substitution. De Turquie, toute la famille revient à Vienne en Autriche où elle est installée. Parmi les six enfants du couple, trois sont adultes, dont Hasan qui a accepté un subterfuge pour que Ayse puisse quitter la Turquie. C'est une famille traditionnaliste où toutes les femmes portent le foulard. Le premier tiers du film se déroule dans une atmosphère calme et paisible, même si Ayse, si jeune et si jolie, n'est pas acceptée par les filles de la famille. Juste après qu'Ayse ait accouché d'une petite fille, un événement tragique survient. Des secrets sont révélés ou découverts, la violence surgit mais la vie reprend son rythme. Il faut noter que la moitié du film se passe dans l'appartement familial. C'est un huis-clos mais qui n'est pas étouffant. Un film intéressant, très bien joué, et dont je suis loin de vous avoir tout raconté. Je le conseille.

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