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Le blog de Dasola
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litterature anglophone
1 février 2009

La pluie, avant qu'elle tombe - Jonathan Coe

La pluie, avant qu'elle tombe (The rain, before it falls), voilà un titre qui sort de l'ordinaire. Ce bout de phrase constitue les derniers mots de ce roman de Jonathan Coe (Testament à l'anglaise, le Cercle fermé, Bienvenue au club) que je vous recommande vivement. Venant juste de paraître aux Editions Gallimard, c'est mon premier coup de coeur de l'année 2009. En Angleterre, dans le Shropshire, Rosamund, une vieille dame de 74 ans, vient de décéder. Sa nièce Gill trouve dans la maison de sa tante des cassettes audio que cette dernière a enregistrées juste avant de mourir (suicide?). Gill n'était pas la destinataire de ces cassettes. Dans ses dernières volontés, Rosamund les destinait à une certaine Imogen, sa petite cousine (et une de ses héritières), jeune fille aveugle que Gill avait rencontrée plus de 20 ans auparavant (Imogen est aujourd'hui introuvable). Rosamund avait une grande affection pour Imogen dont elle s'était un peu occupée pendant un temps. Ne pouvant résister à la tentation, Gill va écouter, en compagnie de ses deux filles, les cassettes qui retracent l'histoire de trois générations de femmes faisant partie de leur famille. Pour ce faire, Rosamund s'est aidée de 20 photos qu'elle décrit le plus précisément possible et qui lui permettent d'égréner ses souvenirs. Ce procédé fait que le récit est écrit sur un mode subjectif en discours indirect, nous n'avons que le seul point de vue de Rosamund, une femme qui préférait les femmes aux hommes. Durant la description narrative des photos, nous faisons connaissance avec la cousine germaine de Rosamund, Béatrix (enfant mal-aimée), mère de Théa (guère mieux traitée), et grand-mère d'Imogen (rendue aveugle par sa mère). L'histoire commence en 1940 (juste avant le Blitz sur Londres). En Angleterre, des centaines d'enfants étaient évacués de la région de Londres et confiés temporairement à des familles d'accueil. La 20ème et dernière photo a été prise pour les 50 ans de Rosamund en 1984. Je précise qu'avec toutes ces explications, je n'ai rien dévoilé des révélations qui émaillent le récit. J'ai vraiment été émue par ce roman de 250 pages, haletant de bout en bout, et qui s'avale d'une traite. Lisez-le, c'est une vraie réussite.

29 janvier 2009

L'amie du diable - Peter Robinson

C'est la première fois que je participe au tirage au sort de Masse critique Babelio. Dans la liste disponible, j'ai choisi ce roman policier car j'apprécie le personnage de l'inspecteur Alan Banks qui mène des enquêtes criminelles dans le Yorkshire, région des soeurs Brontë. L'amie du Diable vient de paraître en 2009 dans la série "Spécial suspense" d'Albin Michel. Je dis tout de suite que ce n'est pas le roman de Peter Robinson que j'ai préféré. Alan Banks est divorcé, avec deux grands enfants (schéma matrimonial récurrent de ce genre de polar: John Rebus chez Ian Rankin, Erlandur chez Indridason, etc.). Dans un des livres précédents, il a eu une relation sentimentale avec l'inspectrice Annie Cabott. Mais cette liaison ne s'est pas très bien terminée. Quand le roman débute, le corps d'une jeune femme violée et tuée est retrouvé dans une arrière-cour (Banks est chargé de l'enquête avec son équipe dont une grande jeune femme noire, déjà présente dans des enquêtes précédentes). Dans le même temps, au bord d'une falaise, une jeune femme tétraplégique est en train d'être picorée par des mouettes après avoir été égorgée avec un scalpel, c'est elle, l'amie du Diable (je ne dévoile pas grand-chose puisque cela nous est dit dans le début du roman). Le Diable en question est un homme qui avait violé, torturé et tué 5 jeunes femmes quelques années auparavant. Mariée avec cet homme, et accusée d'avoir été sa complice, Lucy Payne (tel est son nom) s'est jetée par une fenêtre au moment de son arrestation, d'où sa tétraplégie. Les deux crimes ne semblent avoir aucun rapport l'un avec l'autre. D'ailleurs le récit se déroule alternativement entre les deux enquêtes. Je ne vous dévoilerai bien évidemment rien de la conclusion de l'histoire mais je répète que j'ai connu Peter Robinson plus inspiré dans Saison sèche, Froid comme la tombe, Beau monstre, Ne jouez pas avec le feu. Si vous voulez vous familiariser avec Banks et le Yorkshire et avoir une bonne opinion de Peter Robinson, commencez par les titres cités ci-dessus.

17 novembre 2008

Mère disparue - Joyce Carol Oates

Après Florinette qui a aimé, je voulais faire un billet sur ce roman de Joyce Carol Oates (dédié à sa mère?). Mis en valeur dans ma librairie favorite, Mère disparue est paru en édition de poche Points Seuil. Cette histoire ne peut que vous toucher. En ce qui me concerne, certains passages m'ont rappelé des souvenirs personnels. L'histoire commence le jour de la fête des Mères 2004 dans la petite ville américaine de Mont Ephraïm au 43 Deer Creek Drive. Nous sommes dans la région du Lac Erié (d'où est issue J. C. Oates). A l'occasion de cette fête, Gwen (Gwendolyn) Eaton, veuve depuis 4 ans, reçoit des amis et ses deux filles: l'ainée, Clare, la quarantaine (professeur de lycée), mariée et deux enfants, et Nikki (Nicole), 31 ans (journaliste), qui a une coiffure "Punk" et un amant déjà marié. Deux jours plus tard, Nikki retrouve sa mère morte dans le garage de la maison. Gwen a été poignardée. On retrouve assez vite l'assassin (ce n'est pas cela l'important). Tout le roman (qui se déroule sur un an) est narré du point de vue de Nikki qui, avec ce drame, va radicalement changer en découvrant l'histoire de sa mère dont elle ignorait beaucoup de choses. Nikki retrouve même dans le grenier des lettres d'un amour de jeunesse qui s'est mal terminé. Le surnom de Gwen était "Plume", non parce qu'elle était légère mais parce que, pendant son enfance, elle essayait de ne pas se faire remarquer. Gwen s'occupait beaucoup des autres et restait toujours optimiste. Nikki, comme par mimétisme ou identification, se met à reproduire des gestes ou des actions de sa mère: fabriquer du pain, visiter des personnes âgées, etc. Elle en vient à vivre au 43 Deer Creek Drive avant que la maison ne soit vendue. Elle va aussi évoluer et peut-être mûrir dans ses liaisons sentimentales. En revanche ses relations avec sa soeur sont houleuses. Sous la plume de Joyce Carol Oates, Clare semble peu sympathique, mais pour elle aussi, sa vie est bouleversée car elle se sépare de son mari. Le roman en poche fait 513 pages. Il se lit très vite, sans ennui. On pourrait s'attendre à une suite. Pour ma part, c'est le premier de Oates que je lis. Je le recommande.

25 octobre 2008

Sur la plage de Chesil - Ian McEwan

J'attendais avec impatience le dernier roman de McEwan. Après Délire d'amour, Expiation et Samedi, qui m'avait tellement plu (mon billet du 21/07/2007), j'ai été un peu déçue. Roman en demi-teinte, Sur la plage de Chesil (éditions Gallimard) se passe en 1962, en Angleterre dans le Dorset. Edward et Florence, vierges jusqu'au jour de leur mariage, doivent passer leur nuit de noces dans un hôtel en bord de mer. Le fiasco est total. Edward et Florence se séparent et le mariage est annulé. Ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre. Lui la désirait, elle se serait contentée tout au moins au début d'une relation chaste, l'acte sexuel semble la dégoûter. Et pourtant leur rencontre fut belle. Florence est musicienne classique, lui préfère le rock. L'intrigue n'est pas forcément originale. McEwan l'aurait située de nos jours, au même endroit, on n'y aurait pas cru. L'histoire se passant il y a 46 ans, je comprends que dans ces années-là, les jeunes gens n'étaient pas tous préparés à cette nuit fatidique. Pour ma part, j'ai du mal à comprendre ce qu'a voulu nous dire le romancier, car, à part le fait de nous décrire un beau gâchis qui a changé à tout jamais deux êtres, le récit descriptif reste neutre. Aucune explication ne nous est donnée. Le romancier nous fait le constat d'un échec. Remarque personnelle, cela pourrait faire un très bon film. Voir l'avis de Dominique.

17 octobre 2008

Arlington Park - Rachel Cusk

Arlington Park de Rachel Cusk paru aux éditions de l'Olivier (1) en 2007 avait déjà attiré mon attention: il avait été mis comme "coup de coeur" dans ma librairie (aujourd'hui, après lecture, je dirais que, pour une fois, c'était justifié). De nouveau, il a été bien mis en valeur cette année pour sa parution en édition de poche Point Seuil. Je l'ai acheté et vient de le lire. Ce roman, c'est 263 pages d'instants de vie de quelques femmes, la trentaine, mères de famille à Arlington Park dans la région de Londres. Cela m'a fait penser de loin à "Desesparate Housewives". Mais c'est beaucoup moins drôle (cette remarque n'est pas négative, bien au contraire). La présentation/introduction du roman sort de l'ordinaire: il pleut à verse. Rachel Cusk, dont c'est le premier roman traduit en français, nous décrit cette ville bourgeoise sous l'eau. Tout est trempé. Avec son style serré, on le sent bien. Le roman est ramassé et on ne peut pas le lire en diagonale. Toutes les phrases sont essentielles. La moitié du roman qui se déroule sur 1 ou 2 jours se passe par temps de pluie. Les 7 ou 8 chapitres du roman nous font faire la connaissance de Christine, Maisie, Juliet, Maggie, Amanda, Solly (Solange) ainsi que de leur conjoint respectif en arrière-plan. Leurs vies d'épouse et de mère sont décrites comme une sorte d'aliénation, on les sent prisonnières de leur état. Pour la plupart, elles dépendent du mari du point de vue financier, elles s'occupent des enfants: pas moins de 2 pour chacune. Une en est à sa 4ème grossesse, une autre à sa 3ème. Elles se fréquentent les unes, les autres en se rencontrant chez l'une ou l'autre ou devant l'école, ou bien alors en allant à la galerie commerciale (qui se trouve dans une zone moins huppée). Certaines sont un peu "souillons" dans la tenue de leur intérieur. Maisie, par exemple, est dépressive. Les maris ne sont pas tous d'une grande aide. Quand le roman s'achève, on peut penser qu'il pourrait y avoir une suite. Remarquable de bout en bout, je recommande Arlington Park parce qu'il m'a vraiment beaucoup plu. J'attends le prochain roman de Rachel Cusk avec impatience.

(1) et non aux éditions Metailié, erreur que Cuné m'a fait remarquer avec justesse dans son commentaire ci-dessous.

25 septembre 2008

Une brève histoire du tracteur en Ukraine - Marina Lewinka

J'ai acheté Une brève histoire du tracteur en Ukraine de Marina Lewinka à cause du titre qui m'a intriguée et qui était classé dans les romans. Après avoir lu la 4ème de couverture, j'ai vraiment eu envie de le lire vite. En Angleterre, deux soeurs d'origine russe (comme l'auteure du roman), qui ne s'entendent pas, s'allient pour éviter qu'un événément cataclysmique ne provoque le chaos: leur père de 84 ans se marie avec une Ukrainienne de 36 ans à la poitrine en ogive nucléaire. Nadia, la plus jeune (la cinquantaine), est mariée avec Mike et a une fille. Vera, l'aînée, divorcée, a deux filles. Elles ont dix ans d'écart et les questions d'héritage (suite au décès de la mère) et d'autres plus anciennes (qui remontent à la 2ème guerre mondiale) les séparent. Mais là, l'ennemie est à leur porte en la personne de Valentina (accompagnée de son jeune fils), qui, par le mariage, espère obtenir leur naturalisation anglaise et obtenir de l'argent de Nikolaï. Le père de Véra et Nadia, veuf depuis 2 ans et ancien ingénieur, écrit sur une histoire du tracteur en Ukraine. Tout ne se termine pas si mal. J'ai été un peu freinée dans ma lecture par le dialogue oral qui contient des erreurs syntaxiques volontaires prononcées par certains personnages principaux qui appréhendent mal la langue anglaise (la traductrice a fait de son mieux pour cette retranscription en français). Ceci mis à part, ce roman est une agréable découverte.

27 juillet 2008

44, Scotland Street - Alexander McCall Smith

J'ai acheté ce roman (d'abord publié comme roman-feuilleton dans un quotidien écossais "The Herald") avant de lire la critique chez Amanda (blog disparu). 44, Scotland Street est un livre délicieux (au ton pince-sans-rire), idéal pour les vacances. Alexander McCall Smith précise dans sa préface qu'il s'est inspiré des "chroniques de San Francisco" d'Armistead Maupin. Tout le livre est composé de petits chapitres d'une page et demie ou deux avec un titre. On s'attache immédiatement aux personnages. Pat McGregor, jeune femme de 20 ans (dont le père est psychiatre) commence sa deuxième année sabbatique, après une première année sabbatique catastrophique (en Australie). Elle emménage en colocation avec un jeune homme, Bruce Anderson (dont elle croit tomber amoureuse), dans un grand appartement du 44, Scotland Street à Edimbourg. Dans cet immeuble vivent aussi Irène, Stuart et leur fils Bertie âgé de 5 ans. A cause de sa maman, Irène, qui a sur l'éducation des idées précises mais qui font frémir, Bertie joue du saxophone et apprend l'italien alors que son rêve, à lui, est de jouer au train électrique et au rugby. Il lui arrive quand même de faire les 400 coups dans son école maternelle. Il y a aussi une charmante dame de 60 ans, Domenica McDonald, qui roule dans une belle voiture. Veuve, elle mène une vie de rentière  et a son franc-parler, et elle se trouve être de bon conseil quand Pat vient pleurer chez elle. Bruce, lui, est un jeune homme narcissique, qui n'arrête pas de se regarder dans la glace pour s'admirer et de se mettre du gel capillaire. Il travaille dans une agence immobilière même si cela ne lui plaît pas trop. De son côté, Pat trouve un emploi dans une galerie d'art tenue par un jeune homme, Matthew, absolument ignorant en la matière et qui est un désastre ambulant en affaires (il a connu précédemment des faillites mémorables). Mais Matthew a la chance d'avoir un père homme d'affaires prospère (et qui aide financièrement la galerie). D'autres personnages apparaissent (comme le chien Cyril (qui dégage une odeur forte et qui cligne de l'oeil) et sa dent en or, accompagné de son maître, Angus), des liens se créent, une peinture joue un rôle important. Ces chroniques bénéficient d'un style simple très agréable à lire. J'en recommande vivement la lecture. D'ailleurs, une suite a été publiée (avec les mêmes personnages): Edimbourg Express, que je me suis empressée d'acheter et que je suis en train de lire. Les deux livres sont édités en 10/18.

15 juillet 2008

La maison muette - John Burnside

Ecrit par un écrivain écossais que je ne connaissais pas, je viens de finir La maison muette de John Burnside. Ce livre de 200 pages paru en poche aux éditions Metailié est absolument remarquable. Il raconte une histoire terrible avec un détachement qui m'a captivée et horrifiée en même temps. Dès le début, on connaît l'issue de tout ce que raconte le narrateur, Luke (on n'apprend son prénom que vers la fin du roman). L'histoire est divisée en trois parties: Karen, Lillian et Les jumeaux. Dès la première phrase du livre, Luke dit qu'il va tuer les jumeaux... Ce livre est un récit clinique qui brasse des problématiques de relation mère-fils, père-enfants, et de mort voire de meurtre. L'action se déroule sur au moins 3 ans, et se présente comme une confession. C'est absolument sinistre, des actes épouvantables sont amenés de manière à paraître naturels. Luke est fasciné depuis l'enfance par des expériences sur les êtres vivants. Cela vient peut-être de l'habitude qu'avait sa mère de lui raconter des histoires dont celle d'Akbar le Moghol qui a régné en Inde au 16ème siècle. Entre autre, Akhbar a fait bâtir "La maison muette" où des enfants en très bas âge ont été enfermés avec des serviteurs muets. L'expérience était "L'enfant vient-il au monde avec l'aptitude innée, divine à la parole?". Il s'intéresse d'abord à Karen et à son fils Jérémy. Ensuite, il séduit Lillian, de laquelle naîtront les jumeaux... Luke, socio- ou psychopathe, supprime tout ce qui le contrarie. Tout se passe dans sa maison. Je reste un peu mystérieuse à dessein. Le roman est très bien écrit (et traduit). Le style sans affèterie reflète bien la personnalité de cet homme sans état d'âme qui accomplit des actes odieux sans remord ni conscience. Et à la fin, il n'y a pas de raison que cela s'arrête. Cette histoire m'a fait un peu penser au roman de John Fowles, L'Obsédé (The collector), dont j'ai parlé dans mon billet du 28/02/07  et dont je vous conseille aussi la lecture.

PS: Suite au commentaire de Dominique ci-dessous, voici le lien vers son billet.

3 juillet 2008

L'affaire de Road Hill House - Kate Summerscale

Ce livre, L'affaire de Road Hill House de Kate Summerscale, éditions Christian Bourgois (2008), est le récit d'une affaire judiciaire qui a défrayé la chronique en 1860, en Angleterre dans la région de Bath. Dans une belle demeure bourgeoise, dans la nuit du 29 au 30 juin 1860, Francis Saville Kent, garçonnet plein de vie, est étouffé et poignardé. Son corps sera retrouvé dans la fosse septique (à l'écart de la maison) le lendemain. Sur place, des policiers font les premières constatations puis un détective de Scotland Yard de Londres est mandé sur place. Jonathan Whicher, tel est son nom, est un fin limier et presque une légende. Les premiers romans "de détective" publiés à cette époque (écrits par Wilkie Collins, Charles Dickens ou Mary Elizabeth Braddon) prennent Whicher ou un de ses collègues comme modèle. D'autres livres s'inspirant de l'affaire sont parus en grand nombre. Le livre de Kate Summerscale est une reconstitution précise et très bien documentée de toute l'affaire grâce aux archives judiciaires, journaux, magazines, livres et brochures. Kate Summerscale nous présente les protagonistes principaux qui ont vécu cette tragédie. Il y a le père de la petite victime, Samuel Kent, sous-inspecteur des manufactures, et sa deuxième épouse, Mary, enceinte au moment du drame. Sa première femme, Mary-Ann, morte prématurément, avait souffert de problèmes neurologiques. Cela n'a pas empêché Samuel de lui faire au moins 10 enfants dont seulement quatre ont survécu (trois filles et un garçon), qui vivent tous ensemble dans la demeure de leur père. D'ailleurs Mary, avant de devenir la deuxième Mme Kent, a été plus ou moins la nourrice de deux d'entre eux: Constance et William. A part le petit Francis, Samuel et Mary ont eu quatre autres enfants dont deux nés après l'assassinat. Cette même demeure abrite aussi trois jeunes domestiques. D'autres vivent dans le village voisin. Après un ou deux jours d'enquête, quelques interrogatoires et grâce à une pièce à conviction d'ordre vestimentaire trouvée et disparue ensuite, Whicher a rapidement une intime conviction, comme on dit en français, sur l'identité du ou de la coupable (quelqu'un de la maisonnée) mais il n'a pas de preuves. C'est seulement 5 ans plus tard, en 1865, lorsque l'affaire sera presque oubliée, que la personne coupable fera des aveux, sera condamnée à 20 de prison, finira sa vie en Australie et mourra centenaire (Kate Summerscale laisse planer un doute sur le fait que la personne ait agi seule ou avec quelqu'un qu'elle protège). Le mobile du crime (qui est prémédité) reste un peu flou. C'est vraisemblablement la jalousie au sein de la famille. Je tiens à ne pas tout dévoiler. Je complèterais en disant que Kate Summerscale évoque bien cette époque où la notion de "classe" est essentielle. Elle explique que l'intrusion de policiers dans ces grandes familles bourgeoises était vécue comme une atteinte à leur vie privée. Les policiers n'appartenaient pas au même monde. Elle montre aussi que Samuel Kent n'était pas très aimé par les villageois et les gens des environs de par sa profession d'inspecteur des manufactures. C'était une époque où les enfants travaillaient à l'usine dans des conditions épouvantables, mais le maigre salaire qu'ils rapportaient était nécessaire, et pourtant Samuel Kent en faisait renvoyer quelques-uns pour les sauver au grand dam des familles. Ceci étant, ce meurtre va bien évidemment laisser des séquelles au sein de cette famille qui déménage peu après et part au Pays de Galles. Kate Summerscale nous fait part de ce qui arrive à tous les personnages de l'histoire, détective compris. Elle complète son récit en publiant quelques photos d'époque. La photo de la couverture du livre (prise par l'écrivain) représente, en noir et blanc, la demeure de Road Hill, aujourd'hui. A mon avis, ce récit présente davantage d'intérêt qu'un roman policier classique.

PS: j'ai été très touchée de découvrir que M. Claude Le Nocher, qui reprend régulièrement certains de mes billets "polars" ou "suspense" dans une rubrique de son blog, a, cette fois-ci, rédigé une gentille introduction avant de publier intégralement mon billet.

25 juin 2008

2 "thrillers" religieux

Voici un billet qui porte sur deux romans à suspense qui se lisent facilement. C'est bien fait, les intrigues sont menées habilement et tambour battant. Je me dis que certains écrivains ont une imagination débordante mais pourquoi pas? Et ces deux romans sont nettement supérieurs (selon moi) à Da Vinci Code de Dan Brown (que j'ai détesté).

Le troisième secret de Steve Berry. Il s'agit du troisième secret de Fatima au Portugal en 1917. Il a été révélé sous le pontificat de Jean-Paul II. Dans le roman, un nouveau pape Clément (beaucoup inspiré par Benoît XVI) règne sur le Vatican. Un cardinal italien, Valendrea, qui aimerait bien prendre la place de ce nouveau pape, sait que ce 3ème secret n'a pas été dévoilé dans son intégralité. Ce message avait mis par écrit par la jeune portugaise pendant les apparitions de la Vierge Marie. Ce bout du troisième secret peut ébranler les fondements du catholicisme. Valendrea fait éliminer un vieux prêtre qui avait traduit l'intégralité du message du portugais en italien. Heureusement qu'un ami du pape en place, Michener, arrivera à se mettre en travers de la route de Valendrea. Le roman se termine avec un point d'interrogation (optimiste?) sur l'avenir de l'église puisque le secret (avec un nouveau pape) peut tout chambouler, mais ceci (pour l'instant) est de la science-fiction.

Dans Le dernier templier de Raymond Khoury, tout commence à New York lors de l'inauguration d'une exposition d'objets rares venus du Vatican. 4 hommes à cheval, déguisés en templiers, sèment la terreur (ils décapitent un garde) et s'emparent de divers objets de grande valeur, dont un "encodeur à rotors" (objet important pour la suite de l'histoire). Une jeune chercheuse assiste à la scène et découvre assez vite qui est l'instigateur de ce hold-up, un certain Vance. En parallèle, un envoyé du Vatican, De Angelis, suit aussi de près l'enquête. On se rend compte assez vite que c'est un homme dangereux et sans scrupule qui ne veut absolument pas qu'un secret découvert par les Templiers en 1291 et coulé au fond de l'eau au large de la Méditerranée refasse surface. Il en va de la survie de la chrétienté toute entière. La solution de l'énigme ne m'a pas choquée plus que cela. Et cela aurait été intéressant de voir la suite des événements si....

Ces deux romans se lisent donc dans le train, sur la plage, en pensant à autre chose. Ils sont distrayants dans leur genre. A vous de juger.

27 mai 2008

Le violon du diable - Lincoln Child & Douglas Preston

Lincoln Child et Douglas Preston sont deux auteurs américains qui écrivent en solo (par exemple, Le codex pour Douglas Preston et Deep Storm [sic, pour la traduction française] pour Lincoln Child). En France et ailleurs, ils connaissent le succès et la notoriété en écrivant à quatre mains et ce pour notre plus grand plaisir. Quand vous prenez Le violon du diable (deuxième livre d'eux que je lis, après La chambre des curiosités), vous ne le lâchez plus. Et pourtant, il fait presque 700 pages en édition de poche J'ai lu. Dans la banlieue de New York, un homme, critique d'art, est retrouvé par sa femme de ménage. Son corps s'est carbonisé de l'intérieur. La veille, il avait invité 4 personnes mais il semblait inquiet. Le FBI, en la personne d'Aloysius Pendergast, homme érudit et mystérieux (déjà présent dans La Chambre des curiosités, puis que l'on retrouve dans au moins 4 autres romans du duo), mène l'enquête avec un policier appelé Vincent d'Agosta. Celui-ci est redevenu sergent suite à une sombre histoire, après avoir été inspecteur. L'enquête les mènera jusqu'à Florence après que deux autres personnes aient été assassinées de la même effroyable manière. Un violon surnommé "Stormcloud" fabriqué par Stradivarius et un soi-disant pacte avec le diable sont les motifs de ces morts suspectes. Mais je dirais que Satan n'a rien à voir dans l'histoire, et un humain du 21ème siècle est le seul responsable. Même si on peut deviner assez vite qui est le "méchant", cela n'empêche qu'il faut attendre les 60 dernières pages pour que les pièces du puzzle se mettent en place et que l'on ait les dessous de l'intrigue. A la fin, on craint pour la vie de Pendergast, mais pas d'inquiétude, puisque d'autres aventures l'attendent.

17 mai 2008

L'étrange disparition d'Esme Lennox - Maggie O'Farrell

J'ai acheté par hasard ce roman, attirée par la couverture qui représente un beau portrait de femme prise au niveau du buste. Elle se tient les yeux baissés. L'Etrange disparition d'Esme Lennox est le 4ème roman de Maggie O'Farrell (publié aux éditions Belfond), mais c'est le premier que je lis de cette femme écrivain irlandaise. J'ai été touchée par cette histoire d'Esme (Euphemia) Lennox, enfermée plus de 60 ans dans un asile psychiatrique, à partir de l'âge de 16 ans, par ses parents qui n'ont pas supporté son comportement hystérique (suite à un traumatisme ignoré des siens). Ils ont considéré qu'elle avait un comportement qui ne sied pas à une jeune fille. La structure de l'histoire est éclatée entre des bribes du récit qui se passe pendant l'enfance d'Esme et de sa soeur Kitty, en Inde puis en Ecosse, jusqu'au moment du drame qui aboutira à l'enfermement d'Esme, et le noyau du texte qui se passe de nos jours, au moment où Esme va enfin sortir de cet asile fermant pour raison administrative. C'est une parente qui va la prendre en charge temporairement. Il s'agit d'Iris, sa petite-nièce. Iris ignorait jusqu'à l'existence de cette grande-tante. Elle-même connaît des problèmes sentimentaux, tiraillée entre Alex, son frère d'adoption, et Luke, un homme marié. Esme, de son côté, malgré tout ce qu'elle a subi, semble avoir toute sa tête, et des souvenirs remontent à la surface. C'est loin d'être le cas de Kitty qui souffre de la maladie d'Alzheimer et finit ses jours dans une institution spécialisée. C'est là que se jouera le drame final qui clôt ce beau roman que je recommande.

25 mars 2008

Les disparus - Daniel Mendelsohn

Prix Médicis étranger 2007 et prix 2007 du magazine Lire, Les disparus de Daniel Mendelsohn (Editions Flammarion) n'est pas un roman. Ce gros récit biographique de 630 pages décrit l'enquête de l'écrivain et sa recherche pour savoir ce qui est arrivé à un grand-oncle appelé Schmiel, sa femme Esther et leurs quatre filles à Bolechow, située en Pologne Orientale dans la province de Galicie (maintenant faisant partie de l'Ukraine), pendant la Seconde Guerre Mondiale. Au dos d'une vieille photo représentant Schmiel, le grand-père de Daniel Mendelsohn avait écrit que son frère avait été tué par les nazis. L'enquête qu'ont menée Daniel Mendelsohn et un de ses frères, Matthew, photographe, les a emmenés de par le monde, à Sydney en Australie, à Stockholm, à Copenhague, en Israël, à Vienne, en Ukraine et en Pologne. Pas à pas, grâce à des témoignages directs ou indirects de survivants interrogés et filmés qui ont connu ou cotoyé la famille de Schmiel, qui était boucher et un notable dans la ville, Daniel Mendelsohn s'approche d'une certaine vérité sur les circonstances qui ont fait disparaître cette famille. Des quelques 3000 juifs (dont faisait partie la famille de Schmiel) qui ont vécu à Bolechow avant la seconde guerre mondiale, seuls 48 ont survécu. Les presque 3000 autres ont été, au cours de 3 "Aktionen" entre 1941 et 1943, abattus et jetés encore vivants dans des charniers (la Shoah par balles). Quelques-uns, dont Esther, ont été envoyés au camp de Belzec en 1942. Les deux derniers survivants de la famille, le père et l'une des filles, se sont cachés entre 1942 et 1943 dans une cave grâce à des Polonais. Malheureuseusement dénoncés plus tard, ils seront pris et abattus. Tout le livre est illustré de photos prises par Matt. Ce sont le plus souvent des lieux visités ou des portraits de ceux qui ont apporté leur témoignage. Daniel Mendelsohn, au début du livre, raconte que, dès 1939, Schmiel avait appelé à l'aide, en envoyant une lettre  (demeurée sans réponse) à un membre de sa famille d'Amérique pour que ses filles soient rapatriées aux Etats-Unis. Au commencement de certains chapitre, Daniel Mendelsohn évoque, en caractères italiques, des passages de l'Ancien Testament: Caïn et Abel, Sodome et Gomorrhe, etc. Ces parenthèses bibliques, mises à part ce qu'elles évoquent, aèrent bien un texte qui, tant par le sujet que par le style, m'a paru un peu pesant. Mais, sur les 650 pages du livre, les 150 dernières sont vraiment captivantes avec la description d'un périple d'un des témoins interrogé qui est parvenu à s'enfuir de Bochechow. Plus de 60 ans après, on ne peut qu'admirer le travail titanesque de Daniel Mendelsohn pour évoquer des membres de sa famille disparus dans la nuit et le brouillard du génocide nazi.

9 mars 2008

La route - Cormac Mc Carthy

Prix Pulitzer 2007, La route vient de paraître aux Editions de l'Olivier. En ce moment, on parle beaucoup de Cormac Mc Carthy comme l'auteur de No Country for Old Men que les frères Coen viennent d'adapter au cinéma (voir mon billet du 23/12/2007). Si vous pensez que No Country for Old Men est violent et noir, alors La route, c'est autre chose. Nous sommes dans un futur proche? Depuis quelques années, un cataclysme inconnu a pratiquement rayé de la carte tout être vivant. Peut-être est-ce l'Apocalypse? Quand le roman commence, un homme et son fils (le petit) avancent sur La route. Ils poussent un caddie. Ils ne font que marcher. L'objectif du père est d'aller vers le sud, vers la côte, vers la mer. Il se guide avec une carte qui tombe en lambeaux. Quand ils s'arrêtent c'est pour dormir à la nuit tombée. Ils portent des masques en tissu sur le visage. Peut-être pour se protéger de l'air ambiant. Pendant ce périple, il faut se nourrir, se vêtir, se laver et se couvrir pour avoir moins froid. Sur leur chemin, ils arrivent à trouver, dans des maisons encore debout mais pillées, de la nourriture, des couvertures, de quoi faire du feu (il n'y a évidemment plus d'électricité) qu'ils entassent dans le caddie. Sinon, tout est mort autour d'eux, carbonisé, pourri: les arbres, les cultures, les hommes. Il n'y a plus d'animaux. Mais le danger qui les guette, ce sont les quelques groupes de survivants qu'ils évitent. Ces adultes, hommes et femmes (enceintes pour certaines d'entre elles) sont devenus cannibales. Il n'y a plus d'enfant car, dès leur naissance, les nourrissons sont cuits à la broche. La marche de l'homme et du petit dure pendant des jours et des jours, voire des mois. J'ai été très frappée par l'absence de repères chronologiques. Il pleut abondamment, le soleil est pratiquement absent (d'ailleurs il semble mourir lui aussi), les jours paraissent courts. Il fait froid. Ils arrivent au bord de la mer mais leur situation ne s'améliore pas, bien au contraire. L'un des deux meurt, l'autre arrivera peut-être un temps à s'en sortir grâce à sa rencontre avec des gentils (non cannibales). Le roman est écrit d'un seul tenant sans chapitre. Les paragraphes sont plus ou moins courts. Il y a a très peu de ponctuation (pratiquement aucune virgule) ce qui rend la lecture, tout au moins au début, pas très facile. Le texte descriptif est entrecoupé de dialogues en style direct sans guillemets. Quand j'ai refermé ce livre, j'ai eu une sensation de déprime. La vision d'avenir de Mr Mc Carthy est vraiment sombre. Je souhaite ne pas connaître ce futur un jour. Sinon, je retiendrai une phrase dite par un vieillard de 90 ans rencontré sur la route : "Quand on sera tous enfin partis alors il n'y aura plus personne que la mort et ses jours à elle aussi seront comptés" (p. 150).

PS: le film tiré de ce livre est sorti en 2009 (Cf. ma chronique du 19/12/2009).

5 mars 2008

Pensées secrètes - David Lodge

Ralph Messenger et Helen Reed sont les protagonistes de Pensées Secrètes de David Lodge (2001), 5ème livre de ma PAL (voir billet du 24/10/07). J'avais acheté ce livre en 2002 et puis je l'avais laissé de côté sans raison précise. J'avais tort. J'ai éprouvé un grand plaisir à cette rencontre et confrontation entre Helen Reed, veuve de fraîche date qui a du mal à s'en remettre, enseignante en littérature et romancière, et Ralf Messenger, spécialiste des sciences cognitives (étude systématique des sciences de l'esprit). Il s'est spécialisé dans l'IA (Intelligence artificielle). Ralph, marié à Carrie, est père de deux enfants et tient son journal en parlant à un dictaphone pour le retranscrire ensuite sur ordinateur. Helen Reed, quant à elle, vient d'accepter de faire un remplacement pendant un semestre pour animer un cours de maîtrise de Création littéraire - Récit en prose, à l'université de Gloucester (Université imaginaire). Elle aussi écrit son journal intime sur ordinateur. Une grande partie du roman est constituée par les pensées dévoilées alternativement de nos deux personnages qui ont une perception différente d'un même événement. Ralf, grand séducteur, a le béguin pour Helen et lui fait des avances. D'abord hésitante, elle cèdera, après avoir eu connaissance de certains événements. Sous des apparences de vies rangées, de respectabilité, il s'en passe de belles sur le campus de l'Université de Gloucester. Ralph, qui n'est pas un robot mais un humain, connaît les affres de la jalousie, de l'angoisse. Il ressent tous les sentiments et sensations (appelés "qualia" dans le roman) qui sont le propre de la conscience humaine et qu'il espère reproduire avec des robots. Mais parce que Ralph n'est qu'un humain, il aimerait aussi savoir ce que pense l'autre, Helen Reed. Sa curiosité lui coûtera cher. Le roman se lit agréablement (400 pages rapides en chapitres courts) mais il m'a donné du mal pour rédiger ce billet. David Lodge (qui m'avait été chaudement recommandé par une parente) est un écrivain à découvrir pour ceux (et celles) qui ne le connaissent pas. Tous ses romans parus ont été publié aux Editions du Seuil et sont maintenant disponibles en poche Rivages.

17 février 2008

Mal de pierre - Milena Agus / Un petit boulot - Iain Levison

Après les films vus et non commentés, j'ai décidé de faire la même chose pour les livres lus. Les deux ouvrages ci-après ont un rapport: ils se lisent vite et sont tous deux édités aux Editions Liana Levi. Je n'avais pas assez de matière pour faire deux billets (quoique...), mais cette formule de deux livres commentés d'un coup me convient bien.

J'ai terminé Mal de Pierres de Milena Agus, qui est un "best-seller" avec plus de 120 000 exemplaires vendus selon la jacquette. Il y est aussi indiqué qu'il s'agit d'une Bovary Sarde, etc. Pour ma part, j'ai été déçue par ce court roman de 123 pages et 20 chapitres ni passionnant, ni touchant. Je dirais que la narratrice est la petite-fille de l'héroïne du récit qu'elle appelle toujours "grand-mère". L'histoire se passe en Sardaigne, de la Seconde guerre mondiale jusqu'à nos jours. Cette grand-mère s'est mariée sur le tard avec un homme qu'elle n'aime pas. Elle souffre de calculs rénaux qui l'empêchent d'avoir des grossesses à terme, jusqu'à ce qu'elle fasse une cure thermale où elle rencontre "Le rescapé". Je m'attendais à du suspense, une révélation puisque sur la 4ème de couverture, il est indiqué "Mais sait-on jamais tout de quelqu'un, aussi proche soit-il..." Et bien je suis restée sur ma faim. Dommage.

Un petit boulot de Iain Levison, paru en édition de poche Piccolo, est l'histoire d'un chômeur, Jake, à qui l'on propose de devenir un tueur. Il a perdu son boulot suite à la fermeture de l'unique usine de la ville américaine où il vit. Il est endetté et sa petite amie l'a quitté. Tout va mal. Et donc, en plus d'un travail de nuit qu'un copain lui trouve dans une station-service, il accepte assez facilement, le "petit boulot" de supprimer des gens avec un fusil. Comme en plus il est doué, il ne rate jamais sa cible, et il y prend goût sans état d'âme. Il supprime même un "gêneur" pour son propre compte. Jake est le narrateur de l'histoire, ce qui donne à ce court roman un ton très détaché pour décrire les crimes commis, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. La fin n'en est pas une: Jake n'est pas arrêté et la dernière ligne du roman nous fait supposer que sa carrière de tueur est loin d'être terminée. Le constat est un peu amer.

19 janvier 2008

Je te retrouverai - John Irving

Je viens d'arriver à bout d'un gros pavé de 850 pages, écrit serré avec peu d'interligne (et cela ne va pas être simple d'en faire un billet d'une vingtaine de lignes). Je te retrouverai de John Irving (édition du Seuil, 2006), qui faisait partie de ma PAL depuis un an, est un roman qui se passe de 1969 à 2003. Le livre est composé en 5 parties. L'histoire commence dans les ports de la Mer du Nord et de la Baltique. Jack Burns, âgé de 4 ans, né à Halifax en Nouvelle-Ecosse, accompagne sa maman de port en port. Alice Burns est tatoueuse et son talent est reconnu, en particulier pour sa "Rose de Jéricho" qui a fait sa réputation. Mais le vrai but d'Alice Burns, selon les souvenirs de son fils, est sa recherche de William Burns, père de Jack, qui les aurait laissés tomber pour d'autres femmes. C'est un grand organiste qui s'est fait tatouer des partitions de musique dans chaque ville où il est passé. A part les mains, les pieds et le visage, il a des tatouages sur tout le corps. La recherche d'Alice reste infructueuse. Après leur retour au Canada, à Toronto, Jack grandit sans père. Il s'initie très tôt au théâtre et aux filles. Toute sa vie, il sera attiré par des femmes plus âgées. En revanche, avec sa meilleure amie, Emma Oestler, sa relation restera chaste, alors que les mères de Jack et d'Emma se mettront en ménage. Adulte, il s'expatrie à Hollywood avec Emma et devient acteur de cinéma. Il se spécialise dans les rôles de travestis. Emma, elle, devient écrivain et scénariste. Comme beaucoup de gens du spectacle, Jack suit une analyse. Le titre "Je te retrouverai" se rapporte au fait que Jack ne perd pas espoir de retrouver son père un jour, surtout après que sa mère soit décédée d'une tumeur au cerveau. Il refera le périple comme avec sa mère dans des villes telles qu'Oslo, Stockholm et même Amsterdam. Il apprendra que l'histoire n'est pas celle qu'il croyait, et que ses souvenirs d'enfant de 4 ans ne reflètent pas toute la vérité. Il retrouve son père et se découvre une soeur. Sa mère n'était pas tellement victime, mais a été plutôt bourreau. Rien n'est simple. En tout cas, le roman se lit bien mais il comporte (pour moi) des longueurs à la fin (une centaine de pages auraient pu être supprimées). Quand j'ai refermé le livre, je me suis interrogée sur les 850 pages décrivant 40 ans de la vie d'un homme. Je n'ai été ni émue ni touchée. En revanche, on en apprend beaucoup sur le tatouage et ses techniques. A ce point de vue, le sujet est original. Mais, de John Irving, j'avais préféré Une veuve de papier.

12 décembre 2007

L'histoire de l'amour - Nicole Krauss

Encore un livre qui faisait partie de ma PAL depuis un an (voir mon billet du 24/10/07)! J'ai lu en un jour avec un immense plaisir L'histoire de l'amour de Nicole Krauss (Ed. Gallimard), roman de 356 pages. C'est le premier roman traduit en français de cette écrivaine américaine qui, jusqu'à présent, a surtout écrit pour l'hebdomadaire The New Yorker. Le roman se compose de trois histoires dont le point commun est un manuscrit écrit d'abord en yiddish, puis traduit en espagnol et enfin retraduit en anglais appelé L'histoire de l'amour. Une jeune fille de 15 ans, Alma Singer, et un juif polonais émigré à New York au moment de la seconde Guerre Mondiale, sont les héros et narrateurs des deux premiers récits qui s'entrecroisent avec la 3ème histoire dont le personnage principal est un Polonais émigré au Chili. Le roman évoque la Shoah et les bouleversements que cela a provoqués. Le récit, l'histoire de l'amour, écrit par un des protagonistes, sera publié par un autre en se l'appropriant à la suite d'un concours de circonstances. Tout la structure du récit est limpide. Chaque récit est reconnaissable par sa structure. Celui d'Alma, par exemple, se compose de mini chapitres. Quand on a refermé le livre, on se dit que l'on aimerait bien rencontrer "pour de vrai" tous ces personnages très attachants. Un très grand roman.

4 décembre 2007

Le roi des Juifs - Nick Tosches

Paru en 2006 aux Editions Albin Michel, Le Roi des Juifs est le deuxième roman de Nick Tosches publié en français (après la Main de Dante). Il s'agit d'un roman foisonnant dont le point de départ est un homicide commis sur un homme, Arnold Rothstein, en novembre 1928. Personnage ayant réellement existé, Arnold Rothstein a été, entre autre, banquier de la pègre new-yorkaise dans les années 20. Son Dieu, c'était l'argent qu'il savait admirablement faire fructifier. Ce personnage sert de prétexte à Nick Tosches pour faire des rappels historiques sur l'origine des populations qui ont peuplé la partie sud-est "Lower East Side" de Manhattan. Au 19ème siècle un grand nombre de Juifs d'Europe centrale ont émigré vers les Etats-Unis. La famille d'Arnold Rothstein est issue de cette immigration. Nick Tosches en dresse la généalogie et si nous, lecteurs, on se noie de temps en temps dans cette énumération des membres de cette famille ou dans la description des lieux, lui ne perd jamais le fil de ce qu'il raconte. Si ce n'est qu'il saute souvent du coq à l'âne en évoquant des personnages politiques ou mafieux new-yorkais qu'il égratigne assez durement, dont certains que je ne nommerai pas. En fin de compte, il faut attendre la dernière page pour apprendre que le meurtre n'a jamais été résolu. On ne sait pas qui a tué Arnold Rothstein mais c'est sans importance vu que ce n'est plus vraiment le sujet du livre. Tous les protagonistes qui ont gravité autour d'Arnold, dont son ex-femme, ont disparu sans laisser de traces. Même si, comme je l'ai déjà dit, on se perd un peu dans la description des nombreux personnages (il m'est arrivé de revenir en arrière pour tout bien situer), j'ai pris énormément de plaisir à la lecture de ce roman (le deuxième à tomber des 25 recensés dans ma PAL - voir mon billet du 24/10/07).

18 novembre 2007

La bête qui meurt - Philip Roth

Grâce à une amie, j'ai découvert une partie de l'oeuvre de Philip Roth et je l'en remercie. Je viens d'achever un court roman publié en 2001, La bête qui meurt, où le narrateur est David Kepesh, héros de deux romans précédents de Philip Roth: Le sein (1975) et Le Professeur du désir (1977). Dans La bête qui meurt, David Kepesh, âgé de 70 ans (double de Philip Roth?), raconte sa brève mais torride liaison, 8 ans plus tôt, avec une jeune femme, Consuelo, âgée de 24 ans, fille d'immigrés cubains. Consuelo est belle et a des seins magnifiques. Jusqu'à présent, David Kepesh était un homme qui aime les femmes en trompant la sienne allègrement. Avec Consuelo, il connaît pour la première fois les affres de la jalousie car elle fréquente d'autres hommes et il le vit mal. Leur liaison dure un an et demi avant que Consuelo n'y mette un terme de façon brutale. Huit ans plus tard, elle reprendra contact avec lui dans des circonstances dramatiques. En plus de cette histoire, l'écrivain fait un plaidoyer sur le fait qu'un homme ne peut pas être fidèle. Il compare le mariage à la prêtrise pour ce qui concerne le voeu de chasteté. C'est une des raisons de son divorce. Le roman est très cru dans les termes employés mais pas vulgaire et l'écriture de Philip Roth est tellement brillante que je n'ai pas été choquée en le lisant.
Et, pour finir, voici un petit message personnel: ayant compris que Karamzin aime les romans de Philip Roth (voir son commentaire sous mon billet du 24 octobre 2007), je le lui conseille vivement à moins qu'il ne l'ait déjà lu.

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